ADER Nordmann. Paris. COLLECTION BRIGITTE ET ROLAND BROCA.

178 193. Gustave FLAUBERT (1821-1880). L.A.S. « G. », [Croisset] Dimanche soir [15 janvier 1854], à Louise Colet ; 5 pages et demie in-8. 3 000 / 4 000 € Belle lettre sur le style, et sur la littérature, où Flaubert raille Musset. Il est « très peiné », et fait des excuses pour son jugement sur le poème de Louise, La Servante, quelle a trouvé « acerbe et injurieux. Mon intention a été tout autre. Il est vrai (comme tu me l’écris) que j’étais, dans ce travail, irrité. Il m’avait considérablement agacé les nerfs », en travaillant « au microscope. – Ce qui m’y a révolté, c’est de voir gaspiller tant de dons du ciel, par un tel parti pris de morale ». Il n’est pas « insensible aux malheurs des classes pauvres etc. Mais il n’y a pas en littérature de bonnes intentions : le style est tout. Et je me plains de ce que dans La Servante tu n’as pas exprimé tes idées par des faits ou des tableaux. Il faut avant tout, dans une narration, être dramatique, toujours peindre ou émouvoir, et jamais déclamer. Or le poète dans ce poème déclame trop souvent. Voilà ma plus grande critique. J’y joins la non-gradation des caractères »… Il revient ensuite sur quelques « critiques de détails »… Puis il parle d’Alfred de Musset [un des amants de Louise Colet] : « Je n’ai point du tout oublié la conduite du sieur Musset, et les sentimens que je lui porte sont loin d’être bienveillants. J’ai voulu seulement dire que le châtiment dépassait l’outrage. Il est certain qu’à sa place j’aimerais mieux recevoir un soufflet dans la rue que de tels vers à mon adresse».

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