ADER Nordmann. Paris. COLLECTION BRIGITTE ET ROLAND BROCA.

160 159. Marie-Constance QUESNET (1757 ?-1832) née Renelle, dernière compagne de Sade. L.S. et L.A.S., an VII (1799), au citoyen Gaufridy à Apt ; 3 pages in-4 chaque, la 2e avec adresse. 300 / 400 € Paris 19 pluviôse (26 janvier). Elle rend compte des démarches faites chez le ministre de la Guerre en faveur du fils de Gaufridy… « nous sommes sans le sou et dans la plus grande détresse, puisque j’ai tout mis en gage ». Elle rappelle ses nom et adresse: «Constance Renelle femme Quesnet propriétaire à St Ouen […] place de la liberté n° 3»… 3e jour complémentaire (19 septembre). Sur leur situation financière catastrophique : Sade ne peut payer les arrérages dus à ses créanciers, tant que le gouvernement n’aura pas rétabli les rentes foncières… 160. Donatien-Alphonse-François, marquis de SADE. L.A.S., Saint-Ouen 6 mai 1800, au citoyen Gaufridy ; 2 pages in-4. 800 / 1 000 € La lettre est intitulée : « Arrangemens definitifs proposés au Citoyen Gauttridi ». « On lui offre la ferme generale de toute les possessions de M. de Sade en Provence. Aux conditions suivantes : – il se chargera de payer l’arrierré de tous les creanciers et pour cela on lui abandonnera tout ce que la nation doit depuis l’appossition du sequestre et ce qui pouvait être du avant le dit sequestre […] – On lui abandonne la créance Ripert, les réclamations sur la devastion de la Coste, et generalement tout ce que M. de Sade a à pretendre tant du passé que du present et de l’avenir à la seule exception des rentes foncières si elles sont retablies. – On ne veut entendre parler, ni d’entretien ni de reparations sous quelque pretexte que ce puisse être, et sous quelque denomination que cela existe. – Il faira quitte et net à M. de Sade 5 000 F (cinq mille francs) par an […] A ces conditions generalement tout sera cédé au Cit. Gauttridi avec lequel on faira un bail à vie c’est à dire celle de M. de Sade pere. […] M. Gauttridi sera maitre de faire tout ce qu’il voudra dans le bien de M. de Sade. Les payemens toujours faits en matierre d’or ou d’argent. On veut que la femme et les enfans signent le bail »… Gaufridy doit répondre au plus tard le 25 mai. « Sans cela il ne sera plus temps »... 161. Donatien-Alphonse-François, marquis de SADE. L.A.S., Paris [prison de Sainte-Pélagie] 3 thermidor X (22 juillet 1802), à sa femme, «Madame de Sade» à Paris; 3 pages in-4, enveloppe. 1 000 / 1 500 € Il apprend qu’elle vient de « faire oppossition sur le revenu des biens que je possède en Provence ; au ridicule effraiyant de cette demarche il m’est devenu facile de voir, et quels etaient vos conseils et à quel point ils étaient dangereux ! » Elle met une opposition sur Mazan et Saumane, alors que « le revenu de ces deux terres est spécialement et uniquement affecté aux payemens des créanciers de famille », arrangement qui a été difficile à faire accepter : « votre opposition en dérangeant l’equilibre de cette balance produit dans mes affaires une incendie que rien ne pourra plus éteindre», avec beaucoup de procès… L’opposition sur son bien d’Arles touche « le seul morceau de pain qui me reste pour vivre. Et c’est pendant que je suis dans les fers, pendant que je souffre tous les genres de supplices imaginables, que vous rangeant pieusement du coté de mes bourreaux, vous venez dévotement et tranquilement ajouter aux tortures qu’ils me font endurer, la religieuse gentillesse de me faire mourir de faim ? » C’est là un « projet conseillé par le diable »… Il revient sur les conditions de leur séparation, « separation exigée de vous, que je n’aurais jamais proposée et à laquelle je n’ai consenti qu’à mon corps defendant » ; elle avait alors promis de ne rien exiger de son mari… Il dénonce les scélérats qui la conseillent, et la supplie de renoncer à « l’execrable plan de ruiner a la fois et vous et vos enfans, en reduisant votre epoux a mourir lui-même de faim»… Enfin il l’engage à « ne point me faire repentir de ne vous avoir pas remboursé en assignats comme je l’aurais pu, de ne pas me forcer à devoiler surtout les motifs politiques qui desesperent et vous et vos enfans l’humeur que vous donne à tous, l’emploi que j’ai fait des fonds de la vente de la Coste, […] de ne point me forcer a divulguer tout cela »…

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