ADER Nordmann. Paris. COLLECTION BRIGITTE ET ROLAND BROCA.

158 159 157. Donatien-Alphonse-François, marquis de SADE. 2 L.A., [Paris an VI : avril-juillet 1798], au citoyen Gaufridy père, «homme de loi» à Apt; 4 pages et demie et 1 page in-4, la 2e avec adresse. 1 500 / 1 800 € 3 floréal (22 avril). Il n’a plus un sol depuis le 1er mars, et « il a fallut employer touts les moyens pour se procurer de quoi vivre ». Il a dû emprunter à « 3 et 4 pour cent par mois », mais Mme Quesnet (sa compagne) a sacrifié ses économies pour rembourser « des empruns si onereux » et faire face aux dépenses d’avril. « Mde de Sade et son fils instruits, m’ont fait faire alors la proposition de leur abandonner, pour une pension convenue, la nue propriété de tous mes fonds et qu’à ces conditions ils viendraient a mon secours. Mais quelle extrémité grand Dieu ! Je redeviendrai en tutelle, plus un sol de disponible ! » Il s’est donc jeté dans les bras de ses créanciers, qu’il a fait patienter en signant des lettres de change ; et il est « reduit a ne plus avoir que la soupe et une cotelette, a voir languir et souffrir celle qui m’a tiré de peine et qui m’a sauvé la vie, a ne plus avoir de quoi payer un domestique »... Après avoir fait ses comptes, et dressé l’état d’une nouvelle urgence irrevocable, Sade conclut : « il n’y va bien decidemment pour moi que de mourir de faim ou d’etre arretté si la moindre negligence a lieu dans les epoques prescrites pour ces payemens. [...] Oh mon ami ! exactitude, celerité, ou desespoir ». Pour secouer l’ardeur de son avocat, il devient lyrique : « jamais les anges n’auront beni l’eternel... n’auront chanté ses louanges comme les votres le seront par les deux plus sinceres amis que vous ayez au monde. Mais si vous ne me rassurés pas [...] mes mânes errantes autour de vous, et qui jusqu’aux derniers instans de votre vie vous crieront... il t’aimait et tu l’as laissé languir... tu n’avais pas de plus sincere ami et tes lenteurs l’ont fait descendre au tombeau »... 19 messidor (7 juillet). « Encore une variation, oh ma foi je n’y tiens plus » ; Gaufridy avait dit qu’il irait à Arles ; « voila maintenant votre fils qui m’écrit que vous nirés plus que vous n’ayés reçu la surveuillance et ce car il faut donc que je vous repete, et pour la dernière fois ; que cette surveuillance était accordée sous promesse du payement vous me forcés à dire des choses que je ne devrois pas dire et qui peuvent tout gater mais il faut bien crier aux oreilles de ceux qui ne veulent pas entendre. Eh bien quand on a vu que Moïse ne pouvait effectuer ses promesses, on a retiré la surveuillance, et voila Moïse dans le plus grand danger ; pressés vous donc de lui faire passer 1 200 fr sans aucun délai »… 158. Donatien-Alphonse-François, marquis de SADE. L.A.S., [Saint-Ouen] 20 fructidor [VII (6 septembre 1799)] ; 1 page in-4. 2 000 / 2 500 € Rare lettre sur Justine, dont il nie être l’auteur. «Il est impossible que Md Quenet vous ait promis Justine, car non seulement elle n’en a aucune à sa disposition, mais bien convaincue que cet ouvrage n’est pas de moi, elle sait bien de meme que je n’en ai aucune à la mienne ; croyés moi Monsieur ne soyés point curieux de ce très mauvais livre, il fait fremir, et si j’avais eu dans un moment de delire, le malheur de le creer, j’aurais assés de raison aujourdhui pour couper la main qui l’aurait ecrite »... Il est « dans une disposition d’esprit bien cruelle », alors que Mme Quesnet est en Provence: « les affreux troubles de ce pais la me font fremir pour elle et mon inquietude est audela de toute expression »…

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