ADER Nordmann. Paris. COLLECTION BRIGITTE ET ROLAND BROCA.

156 153. Donatien-Alphonse-François, marquis de SADE. L.A.S., [Paris] 30 frimaire II (20 décembre 1793), au citoyen Quinquin, notaire, à Avignon ; 3 pages in-4, adresse (petite déchirure par bris du cachet). 2 000 / 2 500 € Importante lettre écrite de la prison des Madelonnettes, affirmant son attachement à la Révolution et condamnant l’émigration de ses enfants. Sade charge Quinquin d’une affaire essentielle et importante. « On parle d’un decret tendant a mettre sur le champ sous le sequestre les biens de tous les peres et meres des emigrés qui ne pourront pas prouver avoir mis a l’emigration de leurs enfans toute l’oppossition qui pouvait etre en leur pouvoir, or personne dans le monde netant plus dans le cas de cette exception que moi», Sade va donc dresser un mémoire, et charge Quinquin de le confier à un des meilleurs avocats d’Avignon ; « il faira tout ce qu’il jugera a propos pourvu qu’il réusisse et vous le payerés dès qu’il aura réussi des premiers deniers qui échoiront de ma terre de Mazan ». La plus grande partie de cette lettre est occupée par le « Memoire a presenter au département en y ajoutant ou diminuant tout ce qu’il plaira au conseil que je prie le citoyen Quinquin de me choisir a cet effet », rédigé à la troisième personne. « Le citoyen Sade atteste qu’il ignore absolument quel est le sort de ses enfans ; privé treize ans de sa liberté, ces enfans qu’a l’époque de son arrestation, il laissa dans le plus bas age n’ont reparu devant leur pere qu’un seul jour, environ un an après sa liberté, c’est a dire a peu près vers le printemps de 1792. Dans cette seule et unique visite, il leur representa ce qu’ils devaient a un gouvernement qui brisait les liens de leur pere et il les engagea a lui temoigner leur reconnaissance en sacrifiant leur sang pour lui ; [...] ces enfans qui avaient ete elevés dans la famille de la femme du citoyen Sade, conseillés, dirigés par cette famille ou se trouvaient les plus mortels ennemis de ce citoyen, ces enfans qu’il n’avait jamais vu qu’un jour disparurent des le lendemain de cette visite, et furent rejoindre leur corps [...] Sade n’a jamais su des nouvelles de ses enfans depuis cette époque. Il apprit cependant leur faute, et revolté de cette atrocité, il écrivit sur le champ trois lettres, une a leur grand pere, une a sa femme dont il était separé de corps et de bien, la troisieme a eux [...] Sade ne leur a jamais ecrit depuis cette lettre fulminante qu’ils ne reçurent pas, il ne leur a jamais fait passer aucun fonds ; il ignore absolument ou ils sont ; il s’est publiquement, et fortement opposé a leur départ. Ce départ est l’ouvrage d’une famille qui seule les a éduqué, entretenu, logé, conseillé &c, d’une famille qui deteste le citoyen Sade, et qui n’a jamais cessé de le poursuivre, et de lui faire tort. Aucun espece de crime ne peut lui etre fait sur la desobeïssance formelle de ses enfans ; Sade implore donc a juste titre l’amendement du decret qui porte que de tels torts ne peuvent etre imputés a ceux qui se sont conduits comme il a fait, et il demande que le sequestre ne puisse etre mis sur les biens d’un homme qui comme lui

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