ADER Nordmann. Paris. COLLECTION BRIGITTE ET ROLAND BROCA.

155 151. Donatien-Alphonse-François, marquis de SADE. L.A., [1792, à Gaspard Gaufridy] ; 2 pages oblong in-8. 800 / 1 000 € « Dans plusieurs hotels de princes et de grands seigneurs, le pain et la viande viennent au meme instant de doubler de près d’un tiers pour les prix ; tout est dans Paris en une affreuse fermentation et la crainte eclate sur tous les visages ». On lui demande des certificats, ce qui le fait courir dans tout Paris, avec des délais… Il reçoit « une nouvelle lettre de messieurs les jacobins de la Coste […] ils peuvent assurément être bien persuadé que vous m’avés bien plutôt engagé a venir, qu’a ne pas venir »… M. Lions lui réclame un certificat de résidence : « sans cela, mon mas de Cabane va etre sequestré ». Sade réclame à Gaufridy « un certificat d’impositions et servant de preuves a ce que je n’ai que quatre mil livres de rentes ». Il ajoute, pour finir : « Nous sommes là dans un grand moment d’agitation ; l’assemblée vient d’être instruite quil y a 30 ou 40 mil brigand repandus dans Paris, et chaque nuit des rassemblemens ». 152. Donatien-Alphonse-François, marquis de SADE. L.A., [Paris] 3 août [1793], à Gaspard Gaufridy « homme de loi » à Apt ; 3 pages et quart in-4, adresse (petite déchirure par bris du cachet). 2 000 / 2 500 € Sur son attitude pendant la Révolution et son action dans la Section des Piques. Après avoir examiné l’état de ses comptes et calculé ce que Gaufridy doit encore lui envoyer, il le presse de terminer l’affaire de la vente de Saumane et des blés d’Arles. Il s’inquiète aussi pour les certificats de résidence qu’il a envoyés. « N’oubliés pas surtout quand vous m’enverrez des assignats de ne plus en envoyer a la face du cidevant Louis 16 car il y a un decret formel qui les interdit, et ils n’ont plus absolument aucun espece de cours. N’envoyés plus jamais que des republicains »... Sade parle ensuite de la plainte qu’il avait adressée à propos du pillage de son château de La Coste au ministre de l’Intérieur Roland : « tout cela va bien lentement, le voila lui-meme inculpé, obligé de se justifier [...] il me parait que vous voyez mal en province sur la Bastille ; ici c’est un grand honneur que d’y avoir été, on s’en vante, on l’imprime, et cela vous vaut une sorte de considération ». Il supplie Gaufridy de lui envoyer de l’argent : « Je suis abimé, rendu, je crache le sang ; je vous ai dit que j’étais president de ma Section, ma tenue a été si orageuse que je n’en puis plus. Hier entre autres, après avoir été obligé de me couvrir deux fois, je me suis vu contraint a laisser le fauteuil à mon vicepresident. Ils voulaient me faire mettre aux voix une horreur, une inhumanité. Je n’ai jamais voulu ; dieu merci m’en voila quitte ». Il ajoute, à propos de sa belle-famille : « J’ai fait passer pendant ma presidence les Montreuils a une liste épuratoire. Si j’avois dit un mot, ils étaient mal menés, je me suis tu, voila comme je me venge ». Correspondance (Lély), CCXXX (extrait).

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