ADER Nordmann. Paris. COLLECTION BRIGITTE ET ROLAND BROCA.

151 le gouverneur et tous les officiers, moyen en quoi il n’y eut pas moyen d’entrer et tous mes effets furent pillés ». La conduite de sa femme est atroce ; elle a laissé piller « des manuscrits que je pleure tous les jours en larmes de sang... des ouvrages qui m’auraient fait une réputation dans la littérature... des ouvrages qui m’auraient beaucoup rapporté... qui m’avaient consolé dans ma retraite et qui en adoucissant ma solitude m’avaient fait dire... au moins je n’aurai pas perdu mon temps. […] Je retrouve pourtant quelque chose dans les districts ou furent jettés les papiers de la Bastille, mais rien d’important... des misères et pas un seul ouvrage un peu conséquent. Oh j’y renonce j’y renonce... juste Dieu ! C’est le plus grand malheur que peut me reserver le ciel... et pour adoucir cette plaiye, savés-vous ce qu’a fait l’honnête et sensible Md de Sade, elle avait aussi beaucoup d’ouvrages a moi... de manuscrits passés clandestinement dans ses visites ; elle me les refuse... elle dit que dans la crainte que ces ouvrages (trop fermement écrit) ne me fissent tort, a l’époque de la revolution elle les a confié a des personnes qui en ont brulé une partie... le sang bouillonne en entendant de telles réponses »... De plus, la « céleste dame […] a peine m’a-telle su dehors, qu’elle m’a fait signifier un acte de séparation [...] Toutes les infamies qui ont été dites contre moi dans les cabarets, dans les corps de garde, compilées dans les almanachs, dans les plats journaux, forment la base de ce beau mémoire, les indécences les plus atroces y sont scandaleusement inventées... calomnieusement rapportées... C’est un monument d’horreurs, de mensonges et de balourdises, aussi grossier, aussi obscur, que platement et betement écrit »… Il ne veut pas répondre à « ce monument d’impudences », et il sera « condamné par défaut... séparé de corps et de bien »... Mais il espère ne pas être ruiné, et que ses affaires de Provence lui donneront de quoi vivre… Il parle ensuite de son logement chez « une dame charmante » (« elle a 40 ans, je joins cette dernière circonstance pour vous faire voir qu’avec moi, qui en ai 50 – ce qui fait bien 90 à nous deux, il ne peut y avoir de danger »), de ses enfants, des spectacles parisiens… Correspondance (Lély), CXCIX (extraits). On joint 2 lettres de Sade au même : – L.A.S., [fin octobre1790] (1 p. in-4, adresse), réclamant de l’argent pour finir son année ; – L.A., 4 décembre [1790] (1 p. in-4, adresse), concernant l’argent qu’il attend et l’envoi d’une caisse, et sur la situation politique : « La faction orleanoise s’augmente chaqu jour ; le clergé fait des assemblées illicites, et tumultueuses chez le cardinal de La Rochfoucaut ; et l’on vient de distribuer a nos gardes nationaux des cartouches et balles. Vous voiyez que tout ceci annonce du mouvement»…

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