ADER Nordmann. Paris. COLLECTION BRIGITTE ET ROLAND BROCA.

147 144. Donatien-Alphonse-François, marquis de SADE. L.A.S., [donjon de Vincennes février 1783], à sa femme ; 3 pages in-8, adresse à «Madame de Sade à Paris». 1 500 / 2 000 € Vigoureuse lettre de reproches du prisonnier à sa femme. «Vous me permettrés de vous dire madame, que si vous faisiez, non pas ce que l’amitié dicte (nous n’en sommes pas la) mais ce a quoi votre conscience et votre devoir vous obligent, vous vous donneries un peu plus de mouvement que vous ne faites pour la guerison de mon œil. Ni les magistrats ni les loix n’empechent une femme de rendre a son mari ce quelle lui doit, une insolente begueule de mere peut exiger des infamies mais a quarante ans, c’est a son mari et non a sa mere, qu’une fille obeit, quand elle n’est pas une imbecile ». L’état de son œil empire, et les remèdes des oculistes n’ont fait qu’aggraver le mal. « J’exige donc de vous Madame, sous la peine d’encourir a jamais mon indignation ma haine et ma vengeance, d’aller trouver ces charlatans la de ma part et de les prier de ne pas prendre votre mari, pour un sujet a experience, de me donner de quoi me guerir»… Il a aussi besoin de prendre l’air dans le jardin… Et il apostrophe ses persécuteurs : « Ah ! miserables coquins et scelerates que vous etes, qu’obtiendrez vous ? que pourrez vous vous flatter d’avoir obtenu par toutes vos horreurs ? sinon d’avoir retranché bien des années de ma vie – vile canaille ! vous m’assassinez a demi, et entre Cartouche roué, et vous, ridiculement honoré par des sots, toute la difference ne consiste pourtant, qu’en quelques gradations de plus, ou de moins, dans le meme genre de crime»…

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