ADER Nordmann. Paris. COLLECTION BRIGITTE ET ROLAND BROCA.

142 Il demande enfin une tablette de guimauve, le flacon d’eau de Cologne, des figues, et, le moment venu, « de bonnes pêches des Chartreux ». Mais surtout « vous m’obligerez sensiblement de m’obtenir de prendre l’air, car […] cest une infamie de priver quelqu’un du bien de tous les animaux. […] Dans l’ordure et la malpropreté jusqu’au col, mangé de punaises, de puces, de souris et d’araignées, servi comme un cochon, parce que la promptitude affectée avec laquelle on se sauve bien vite de ma chambre dès qu’on y a apporté mes repas, ne me laisse jamais ni le souvenir ni le temps de demander ce qu’il me faut, et les 3 marmitons de notre aubergiste toujours prets à faire feu dès qu’on ouvre ma porte, tout cela n’estil pas charmant, tout cela ne compose til pas un délicieux signal... un signal vraiment pathetique et touchant»… Ses cheveux tombent abondamment… Et il termine: «Que l’amie chérie qui seule pourrait encore adoucir la fin de ma carrière ne me laisse pas la douleur de lui survivre, et que ces êtres infortunés qui nous doivent l’existence puissent l’avoir reçue plus heureuse que nous : voila les seuls vœux que j’ose encor adresser à l’éternel, et les seuls dont l’accomplissement feroit naitre encor quelques roses sur les épines de ma vie ». Correspondance (Lély), CXIV. 139. [D.A.F., marquis de SADE]. 20 lettres ou pièces le concernant, plusieurs adressées à son homme de loi Gaufridy,1780-1798. 1 000 / 1 500 € * Joseph-Gaspard-Balthazar de SADE, bailli de l’ordre de Malte, grand-prieur de Toulouse (oncle du marquis) : P.S., en son château de St Cloud lez Carpentras 3 novembre 1787, nommant Gaufridy administrateur et juge de la terre et seigneurie de La Coste, en l’absence de son neveu le marquis de Sade (1 p. oblong in-fol., avec cachet de cire rouge à ses armes).* Jacques-François-Paul-Aldonse abbé de SADE (oncle du marquis) : notes autographes, en regard d’un mémoire de M. Olivier, greffier, concernant la donation de la seigneurie de Mazan (7 p. in-fol.). * Marie-FrançoiseAmélie de BIMARD, épouse de Joseph-David de SADE d’EYGUIÈRES [leur fille épousera Donatien-Claude-Armand, fils du marquis leur cousin, en 1808] : 9 L.A. ou L.A.S., Aix-en-Provence ou Paris 1785-1787, au notaire Cogordan à Riez, à propos d’affaires relatives à l’achat ou à la vente de ses biens, notamment ceux de Saint-Just qui pourraient « tenter quelques bourgeois riches »... ; plus une lettre de son mari, le comte de SADE, Eyguières 1780. * Louis, chevalier de SADE : 3 L.A.S., Malte 1787-1788, à Gaufridy, lui annonçant des envois de vin de Syracuse ou d’oranges pour l’abbé de Sade ou Mme de Raousset; Toulon 8 novembre 1788, à Bosc d’Antic au sujet de l’envoi par la poste d’échantillons naturalistes. * 2 lettres à Gaufridy par Reinaud aîné, Aix 1er septembre 1791 au sujet du remboursement de traites; et par Bourges, Avignon 7 germinal VI (27 mars 1798), précisant qu’il a déjà envoyé l’attestation de départ des Bouchesdu-Rhône demandée par Sade, «il est constant de tout cela que cn Sade battoit les fers de deux côtés ». * Joseph GASTALDY (futur médecin chef de l’hospice de Charenton) : P.A.S., Clichy 6 messidor IV (24 juin 1796). Il certifie donner ses soins au citoyen Sade, atteint d’une maladie grave et compliquée et nécessitant un traitement long et dispendieux. Tout retard dans l’envoi de ses revenus le force « à des privations ou à des inquiétudes très dangereuses dans sa situation ». * Gaspard GAUFRIDY : L.A.S., Apt 27 ventôse III (17 mars 1797), sur une radiation de la liste des émigrés. On joint une lettre adressée à Sade à l’adresse de Gaufridy, Arles 2 vendémiaire VI. 140. Donatien-Alphonse-François, marquis de SADE. L.A., [donjon de Vincennes 11 avril 1781], à sa femme ; 2 pages in-4, adresse à «Madame de Sade à Paris». 1 500 / 2 000 € Lettre de prison à sa femme, avec une liste de reproches. « Je te prie instamment ma chere amie de vouloir bien ne pas oublier au milieu de tous tes jolis petits poissons d’avril que la liste de commissions demandées pour le 14 du courant m’est d’une telle indispensabilité, que dussé-je aller remplir mes devoirs de pere et de citoyen à la caserne de Montelimard quinze jours après l’époque du 14, jour où ces provisions me sont necessaires, il me les faudroit tout de même. Mon linge est exactement à terre faute de cartons pour le mettre » ; il manque de bougies… « Envoye envoye je t’en conjure, et surtout des livres de seconde lecture n’en ayant plus un seul. Tu vas en recevoir un paquet enorme avec le manuscrit ». Elle devrait sentir « que je suis ici comme un aveugle – que je ne vois ni n’entends rien, qu’acoutumé depuis dix ans à etre trompé dans tout par un monstre qui se fait un jeu de tous les vices les plus dégoutans et les plus bas, tels que le mensonge la fourberie l’imposture &c &c &c &c &c &c &c &c je dois trembler sur tout ». Il doute qu’on agisse pour son bonheur ; ainsi on l’a obligé malgré lui à faire le voyage d’Aix… « allez votre train et ne m’écoutez pas. Voyiez l’avenir, voyiez vos enfants et ne me mettez ni moi dans le cas du reproche, comme ji suis sur tant d’objets aujourdhui ni eux dans le cas de vous maudire un jour»… Suit une liste de « Reproches surs » : « M’avoir fait prendre hotel de Dannemarch. – Vous etre pretée aux entortillages et aux infamies de votre mere. – M’avoir écrit trente lettres au lait pour ne m’apprendre que des rabachages. – Avoir melé et compromis l’innocente main de vos enfants dans toutes ces infamies là. – M’avoir fait sauver à Aix, pour l’unique et seul plaisir de me faire reprendre à la Coste »… Etc. Et de conclure : « Faites votre confession ces jours ci aussi exactement que cela, joignez y le repentir, la promesse de n’y plus revenir et vous irez au paradis tout droit »... Correspondance (Lély), CXXIII. .../...

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