ADER Nordmann. Paris. COLLECTION BRIGITTE ET ROLAND BROCA.

134 133. Donatien-Alphonse-François, marquis de SADE. 2 L.A.S., [donjon de Vincennes 25 mai et 1er juin 1778], à sa belle-mère la présidente de Montreuil ; 3 pages et 1 page et demie in-4. 2 000 / 2 500 € Avant son transfert à Aix pour y être jugé. 25 mai. « Si vous ne m’aviez fait l’honneur de m’ecrire, Madame, je n’hazarderois pas de vous importuner par une nouvelle epitre, apres le mepris dans lequel vous tenez celles que vous ont également adressés mon desespoir et ma sensibilité ». Elle a refusé de recevoir sa lettre cachetée. Elle lui envoie maintenant « un conseil envoyé par votre famille » [Bontoux], qui est en fait envoyé par le gouvernement : « à l’entendre, cet homme, Madame, je n’ai plus personne dans le monde qui se mêle de moi, c’est la police, c’est le gouvernement… Plus d’appui dans les parents de ma femme, je ne dois plus compter que sur les soins de l’état. […] Mes larmes coulent avec trop d’abondance […] et la douleur d’avoir perdu mon père et ma mere se renouvelle trop vivement dans mon cœur lorce qu’apres ce malheur affreux pour moi il ne me reste meme plus l’espoire de rendre a Mr de Montreuil et a vous des noms si chers a prononcer […] et me voila donc l’enfant du gouvernement quand je ne voulois etre que le votre. […] Si les temps passés pouvoient renaitre, combien vos motifs de haine s’adouciroient peutetre, et combien j’ose le croire au moins, vous finiriez de rendre si malheureux quelqu’un qui n’a jamais cessé de vous aimer »… Il implore sa pitié : « après six ans de malheurs et d’infortune, deux detentions, et 16 mois d’une solitude horrible, je vais donc me voir reduit a une telle extremité de misere, que je serai contraint a regretter les odieux murs de ma prison dont malgré mes cris et mes larmes, on va venir (je le sens) m’arracher pour me conduire en spectacle au milieu de ma province, achever de ruiner et perdre ma reputation, mon honneur et me precipiter dans un autre cachôt confondu parmi les criminels destinés a perir sur la roue »… Etc. 1er juin. «Cest a vous meme, Madame, que j’ai entendu dire mil fois, que le plus petit prononcé quelconque d’un parlement fletrisoit un homme a jamais; ne m’y exposez donc pas je vous en conjure et songez que vous m’avez promis que ma tete et mon honneur serait en sureté ; qu’on me fasse souffrir ici tout ce que j’ai a souffrir (quelque dure que soit ma position) afin qu’en paraissant là bas je puisse etre lavé tout de suite, et qu’il n’y ait aucune queue ». Même si le parlement d’Aix ne fait rien exécuter, et le roi commue, « le deshoneur sera prononcé »… Il redoute d’aller à Aix, où son père avait déjà des ennemis, ainsi que les conditions du voyage… Il demande « tous les papiers de cette affaire, le desistement des filles, la deposition des apoticaires, le mémoire que vous eutes la bonté de m’envoyer il y a trois ans avec copie de la procedure, et la requete &c»…

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