ADER Nordmann. Paris. COLLECTION BRIGITTE ET ROLAND BROCA.

129 128. René-Pélagie de Montreuil, marquise de SADE (1741-1810). 6 L.A.S. et 5 L.A., 1774-1798, à Gaspard Gaufridy à Apt ; 25 pages in-4, 8 adresses avec cachets de cire aux armes brisés (mouillures à quelques lettres). 1 500 / 2 000 € Intéressante correspondance à son avocat et homme d’affaires. Octobre 1774. Elle annonce son arrivée prochaine au pays, mais « non pas pour y estre publiquement », et presse les travaux (porte cochère, cheminée du cabinet de Mr…). «Lon atent que le moment de la rentré des parlemens pour faire eclater la reabilitation de Mr de S. Mais lon exige la plus grande discretion »… 29 avril 1777, au sujet d’un jeune secrétaire, de l’autorisation donnée à Gothon de faire des vers à soie, des travaux… – 4 juin. Elle sait enfin où est Sade, et nourrit un projet de le faire évader… – 1er septembre, au sujet de domestiques. 7 février 1780. Elle accuse réception de la consultation ; la moitié de la lettre est écrite par Milli de Rousset (elle signe « Rousset Legoïste ») qui se vante d’avoir « des amoureux a linfini »… – 20 mai. Elle a besoin d’argent, mais ne demandera pas un sol à sa mère… – 8 septembre. Le diable se mêle de ses affaires ; son appartement est humide et a besoin de réparations ; il faut savoir ce que les blés vont rapporter… 1er mai 1787, sur les affaires avec le grand prieur ; elle n’a plus d’argent. 11 mai 1789. Elle transmet des demandes de son mari… Elle devient vieille et infirme, et peut à peine marcher. Nouvelles des États généraux et de Mirabeau… « La revolte ici est totalement apaisé mes tout est garni de troupe»; beaucoup de gens meurent de faim… An VI. 21 brumaire (12 nov. 1797). Sade, n’ayant pas de notaire à Saint-Ouen, va venir à Paris faire la procuration ; elle voudrait savoir si l’affaire d’Arles n’est pas préjudiciable à ses enfants. – 21 nivôse (10 juin 1798). Elle remercie d’avoir fait « rompre un marché honereux a Mr de Sade et à ces enfans », sur le bien d’Arles... On joint 3 autres L.A.S. de la marquise : 16 novembre 1776, à M. Blancard, au sujet d’un cheval ; 23 avril 1775, à des cousins, au sujet de leurs affaires ; 27 octobre 1783, à son oncle le grand prieur de Sade, sur le départ pour Malte de son fils le chevalier, Gaufridy et La Coste, la Gothon qui pille tout… 129. Marie-Madeleine Masson de Plissay, Mme Claude-René Cordier de Launay de MONTREUIL, dite la Présidente de MONTREUIL (1721-1789) épouse d’un président à la Cour des aides, belle-mère du marquis de Sade. L.A.S. « M. de M. », Paris 23 août [1775], à l’avocat Gaspard Gaufridy ; 4 pages et demie in-4. 1 000 / 1 200 € Longue et intéressante lettre dénonçant la conduite du marquis de Sade avec sa femme. « Il est des choses sur lesquelles elle [Mme de Sade] ne peut s’aveugler interieurement quelqu’envie qu’elle en ait. Il est de nécessité absolue de découvrir le monstre infernal qui cherche à l’abuser contre son propre interêt celui de ses enfans et de son mari même, en reveillant la haine et la discorde dans un temps surtout où l’union et la confiance seroit si nécessaire. Ce monstre, à mon avis, est Mr de S. [Sade] lui-même. […] Vous ne connoissez peut-être pas si bien que moi toutes les tournures dont il est capable quand il veut satisfaire ses passions, qu’elles qu’elles soient. […] ce n’est pas la première fois qu’il agit contre ses interêts pour suivre le transport qui le guide. Il sçait que Made de S. ne peut qu’estimer sa mere et tout ce qui l’entoure, et ne peut qu’être convaincue de la fausseté de toutes les noirceurs qu’il leur a imputées. […] Ne m’a t’il pas envoyé il y a trois mois sous la suscription de Madame, mais de son écriture a lui la copie d’une de ses lettres anonimes avec une grande colere (clairement simulée) et des citations que j’ai vérifié fausses. Dans le tout son style et ses vues percent »... Elle donne longuement son sentiment au sujet de ces lettres anonymes, et explique les raisons de ses soupçons, rapprochant les envois des lettres des déplacements de Sade entre Paris et La Coste ; sa fille lui a écrit « une lettre infâme, dictée ou soufflée par Mr dans sa colere », qui veut faire passer sa mère pour une persécutrice. Il faut absolument réussir à désabuser Mme de Sade, « de qui que viennent ces anonimes »… Il faut aussi « suivre en tout les ordres du Roy donnés par le Ministre »… Elle évoque encore « le nouvel incident », les bruits et les « furieuses craintes » dans la famille de Sade… Il faudrait que son gendre prenne conscience du danger avant qu’il ne soit trop tard : « Il devroit desirer lui-même le moyen le plus sur, et calculer qu’il est toujours avantageux de parer le danger du moment, et de sacrifier quelques années de liberté au repos du reste de sa vie, et de fournir des moyens au rétablissement de son honneur. À 35 ans on a encor bien du temps devant soi. […] Pour moi, qui n’en ai pas tant, fatiguée de toutes ces horreurs, ayant fait en toute circonstance l’impossible pour les sauver, n’en recevant que des injures et des infamies pour reconnaissance, voyant qu’ils veulent se perdre et leurs enfans, lasse d’y sacrifier mon repos et ma santé inutilement, j’abandonnerai tout, ils deviendront ce qu’il plaira à la Providence »… Ancienne collection Alfred Dupont (I, 11-12 décembre 1956, n° 308).

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