ADER Nordmann. Paris. COLLECTION BRIGITTE ET ROLAND BROCA.

123 122. Donatien-Alphonse-François, marquis de SADE. L.A., [août-septembre 1765], à son oncle l’Abbé de Sade ; 4 pages in-4. 1 500 / 2 000 € Curieuse lettre, où Sade, alors âgé de vingt-cinq ans, confie à son oncle sa répugnance pour sa femme. Sade s’explique d’abord sur son escapade dans le Midi avec une courtisane, la Beauvoisin... « Mon premier tort sans doute etait d’avoir choisi une telle compagne de voyage mais l’ayant, il etait dificile que je la laissas la [...] je ne vois mon honneur, ni ma probité compromis en rien [...] je ne me reproche nulles vilainies »... Quant aux problèmes d’argent, « le coquin de juif refuse de payer, il me semble que toute la mauvaise foi est de sa part et que je ne suis pas responsable de la coquinerie du juif »... Il en vient à parler des femmes... « les femmes que je vois peuvent me gater l’esprit, mais non pas le cœur ». Il ne peut aimer sa femme : « J’ai fait l’impossible, mon cher oncle, pour me vaincre sur la répugnance quelle m’a inspiré des le premier moment, je n’en ai jamais été le maitre ». Il rappelle les circonstances de son mariage, organisé sans son consentement... « ma bouche a promit ce que mon cœur ne pouvait tenir [...] J’ai cru que tout mon devoir consistait a cacher mes vrais sentiments je me suis presqu’abusé moi meme et l’obligation detre faux en engourdissant les vrais sentiments de mon cœur me fit un instant trouver mon devoir moins lourd en me deguisant la haine las detre si longtemps contraint et d’avoir dit depuis deux ans je vous aime sans le penser je cherchai a le penser pour avoir du plaisir a le dire. Je vis clair alors, mais en me reprochant davoir trompé, je projettais de tromper encor mieux [...] je suis plus digne detre plaint que detre blamé »...

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