ADER Nordmann. ENLUMINURES, LIVRES ANCIENS ET MODERNES

27 Enluminures et Manuscrits Reliure de plein maroquin rouge du XVIIIe siècle, dos lisse orné de filets dorés et d’une dentelle dorée, avec pièce de maroquin citron rapportée et collée sur la longueur (voir ci-dessous), double filet doré et dentelle dorée en encadrement sur les plats, tranches dorées. Coins un peu émoussés, sans gravité ; quelques petites épidermures ; mors un peu frottés ; quatre petits trous de vers en queue de dos, sans gravité. Beau manuscrit en bel état de conservation. Au dos fut rajouté en long une pièce de maroquin citron avec les initiales suivantes : « M C D C R C L ». Ce chiffre (ou série d’initiales) est encadré par le chiffre « double phi » serti de fermesses. Une note corrective à la notice descriptive (catalogue de la vente de la bibliothèque de Richard de Vesvrotte, Dijon, 1886) attribue ce double phi à la famille Fouquet. La présence d’un ex-libris au nom de Gourgue sur le contreplat supérieur et le mariage d’un membre de la famille de Gourgue avec un membre de la famille de Fouquet explique peut-être ce chiffre et initiales rapportés (voir Provenance ci-dessous). Dimensions de la reliure : 167 x 118 mm ; dimensions des feuillets : 162 x 108 mm Provenance : 1 - Manuscrit copié et enluminé en France, sans doute à Tours ou dans la Vallée de la Loire sur des bases stylistiques. L’usage liturgique des Heures de la Vierge est celui de Rome, un usage commun à l’ensemble de la chrétienté. Une origine tourangelle supposée des enluminures a été suggérée par des catalogues anciens (1886, 1991). Une première analyse stylistique suggère plus des artistes ligériens puisant au répertoire de Jean Poyer. La présence de saints liés à la Bourgogne suggère un premier commanditaire, peut-être bourguignon ou franc-comtois, avec un suffrage consacré à saint Didier (ff. 86-87v) et un autre à saint Claude (ff. 80v-81v). Saint Didier fut évêque de Langres et donc est particulièrement honoré dans le Langrois. On soulignera aussi que saint Didier est inscrit au calendrier deux fois (deux saints distincts toutefois : saint Didier de Langres et saint Didier de Vienne) et que plusieurs églises en Bourgogne et en Franche-Comté sont placées sous le vocable de Saint-Didier. Une partie de la Bourgogne relevait de l’évêché de Langres. Il est intéressant de noter que le manuscrit a appartenu à une famille bourguignonne, bien que ce soit une possession plus tardive (voir infra). 2 - Inscription au recto de la première garde : « Richard de Vesvrotte ». En fin de manuscrit, on trouve un ex-libris armorié fin XVIIIe s. ou début XIXe s., D’azur au chef cousu de gueules, chargé de trois besants d’or (ex-libris gravé signé JB Scotin) contrecollé sur le contreplat inférieur, avec la devise et le nom suivants : « Quo justior eo ditior » et « Bibliothèque de M. le Comte Richard de Vesvrotte ». Il s’agit d’un membre de la famille Richard de Vesvrotte (issue des Richard de Ruffey), propriétaires entre autres du Château de Vesvrotte (Beire-le-Châtel) en Bourgogne : Charles-Marc-Rodolphe Richard de Vesvrotte (17571840), seigneur de Ruffey-lès-Beaune, de Trouhans et de Vesvrotte, président à la Chambre des comptes de Bourgogne, aventurier et voyageur, grand amateur d’art (on lui doit le sauvetage du tombeau de Philippe Pot). Un ex-libris très semblable (XVIIIe s.) est également gravé par « JB Scotin » pour son père Gilles Germain Richard de Ruffey (1706-1794), président de la chambre des comptes de Bourgogne, homme de lettres et de culture, ami de Voltaire, Charles de Brosses et Buffon. Le fonds d’archives de la famille Richard de Vesvrotte et Richard de Ruffey fut acquis par les AD de la Côte d’or en 2016 (cote : 145 J). Le manuscrit est décrit sous le no. 1187 de la vente de Dijon 1886 : Catalogue de la bibliothèque de M. le Comte de Vesvrotte…, Dijon, 1886, no. 1187 : « Les peintures appartiennent à l’École de Tours, elles sont aussi remarquables par la beauté du travail que par leur conservation ». La notice de la vente Vesvrotte indique aussi : « Reliure en maroquin rouge, dentelle, doré sur tranches au chiffre de Peiresc ». Il est intéressant de noter que l’identification de la reliure est corrigée dans l’extrait du catalogue découpé et contrecollé dans le manuscrit. Un propriétaire successif a barré l’identification « Peiresc » pour proposer « Fouquet » à la place. Ainsi le « Fouquet » ne se réfère pas au peintre tourangeau, évidemment, mais à Nicolas Fouquet, surintendant des finances, qui avait aussi comme chiffre un double phi. Le manuscrit a pu passer par descendance à Alphonse Richard de Vesvrotte (1802-1873), fils de Charles Richard de Vesvrotte, puis vendu dans le cadre de la vente organisée à Dijon en 1886. 3 - Inscription dans la marge supérieure du premier feuillet (calendrier, mois de janvier) : « Sarcelles ». .../...

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