16 Enluminures et Manuscrits Provenance : 1- Ce manuscrit est copié pour l’usage liturgique bien précis de Cambrai et il contient des litanies qui font la part belle aux saints honorés très localement dans le diocèse de Cambrai (voir Texte ci-dessous, ff. 76v-79v). Les nombreuses rubriques en français font état de particularismes liés à la langue du Nord de la France et plus particulièrement dans le Hainaut et Cambrésis. Toutefois, il apparait que ce livre d’heures fut peint à Valenciennes : on rappellera que Valenciennes relevait du diocèse de Cambrai. La présence de saint Jean-Baptiste au tout début des litanies, juste après les archanges et anges, avant saints Pierre et Paul, dénote une dévotion particulière à saint Jean-Baptiste, peut-être liée à l’abbaye Saint-Jean-Baptiste de Valenciennes. La litanie dans les présentes heures est particulièrement longue. On trouve dans un manuscrit plus tardif une litanie semblable, également fort longue (voir Heures de Guillaume Braque (vers 1520), réalisé pour un abbé de l'abbaye Saint-Jean-Baptiste de Valenciennes; Londres, Sam Fogg (1998) no. 32: recensé dans G. Clark, Beyond Use, LndnFoggInv04406/11685). Sur des bases stylistiques, les enluminures et décors sont à rattacher à Simon Marmion et son atelier (actif à Valenciennes de c. 1449-1489). On soulignera le style très particulier de bordures sur fonds réservés délimités par un filet doré, ornées de feuilles d’acanthe de couleur brun-doré et bleu laissant paraitre parfois les racines, de feuillages, de fleurs et d’oiseaux. Ce type de bordure caractéristique se retrouve dans d’autres manuscrits liés à Simon Marmion et son atelier, par exemple dans les feuillets provenant des Heures Berlaymont (San Marino, Huntington Library, HM 1173, Valenciennes, datable circa 14701475 ; voir Kren et McKendrick, 2003, cat. 12, pp. 108-110), dans les feuillets des Visions du chevalier Tondal (Los Angeles, Getty Museum, MS 30, Valenciennes et Gand, datable 1475 ; voir Kren et McKendrick, 2003, cat. 14, pp. 112-116), dans la Vision de l’âme de Guy Thurno (Los Angeles, Getty Museum, MS 31, Valenciennes et Gand, datable 1475 ; voir Kren et McKendrick, 2003, cat. 13, pp. 111-112) et dans la Vie de sainte Catherine (traduction de Jean Miélot), manuscrit acquis par la BnF en 2008 (Paris, BnF, NAF 28650, Valenciennes et Gand, datable vers 1475, voir Bousmanne et Delcourt, 2011, cat. 111, pp. 397-398). Il est intéressant de noter que Marmion et son atelier ont adopté ce type de bordure avant de s’aligner sur le modèle des bordures ganto-brugeoises. Sur le type de bordures dans les présentes heures, on consultera Hindman, 1992 et Hindman, 2023. 2- Sam Fogg, Londres (2013) et avant Galerie Les Enluminures, Paris et Chicago, Picturing Piety : The Book of Hours (2008), cat. 13, no. 22). Ce manuscrit est recensé dans la base de données G. Clark, Beyond Use (Sewanee), EnluminuresCat13#22. Ce manuscrit est certes fragmentaire mais il renferme des enluminures d’une grande délicatesse qui sont associées à Simon Marmion et son atelier. Il est réalisé selon la technique très prisée par Simon Marmion de “semi-grisaille.” Apparue au cours du XIVe siècle, la grisaille est une peinture en camaïeu utilisant toutes les tonalités allant du noir au blanc. Elle connait toutefois de nombreuses variantes, dont celle appelé aussi « semi-grisaille » ou « demi-grisaille », où le gris neutre se réchauffe subtilement aux teintes plus chaudes des visages et à différentes nuances présentes dans les fonds ou autres éléments (voir les travaux sur la grisaille d’Elliot Adam (Thèse « De blanc et de noir ». La grisaille dans les arts de la couleur en France à la fin du Moyen Âge (1430-1515)) et Hindman, 2023, p. 227). .../...
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