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RESULTATS VENTE ALDE MANUCE
ALDE MANUCE (1450 - 1515 ) Une collection.
HÔTEL D'ANGLETERRE - GENEVE (Suisse)
VENDREDI 19 NOVEMBRE 2004 à 15h
Expositions publiques GENEVE HÔTEL D'ANGLETERRE
17, quai du Mont-Blanc 1201 Genève. Les 17, 18 et 19 novembre 2004
POUR TOUS RENSEIGNEMENTS SUR LA VENTE
Tel. 33 (0) 1 49 49 90 11 / 33 (0) 1 49 49 90 08
VENTE AUX ENCHERES PUBLIQUES
par le ministère de Maître André Tronchet, huissier judiciaire.
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Éric Buffetaud -
Frédéric Chambre - Antoine Godeau - Raymond de
Nicolay 12, rue Drouot -
75009 PARIS Tél. 33 (0) 1 47 70 90 90
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" Et parce que presque tout ce que les hommes ont dit de mieux a été dit en grec. " Marguerite Yourcenar, Mémoires d'Hadrien. Alde Manuce est, avec Johann Gutenberg et William Caxton, l'un des trois seuls imprimeurs-éditeurs du XVe siècle à avoir acquis une notoriété mondiale. Autant les deux derniers évoquent la première génération de l'imprimerie et la révolution, à la fois technique et culturelle, qu'elle imposa à l'Occident, autant Alde Manuce a, de tous temps, été synonyme de la Renaissance, de l'humanisme en expansion, de l'universalisme, bref de la glorieuse Venise, capitale européenne de la liberté de pensée au tournant du XVe siècle. Alde naquit à Bassiano dans les Marais Pontins en 1450 et mourut à Venise le 6 février 1515. Après avoir achevé ses études latines à Rome où enseignaient ses premiers maîtres Gaspar de Vérone et Dominizio Calderino, il suivit à Ferrare les leçons du célèbre professeur de grec Baptiste Guarini. Il le remerciera chaleureusement dans sa préface du Théocrite de 1495 : " Tu es le Socrate de notre époque " (l'exemplaire de cette vente fut magnifiquement relié à l'époque et Vecellio en peignit les tranches avant 1590 pour Odorico Pilloni). Alde vécut et enseigna à Ferrare jusqu'en 1482, année où les terribles guerres qui ravageaient l'Italie le conduisirent à se réfugier à la Mirandolle, chez son ami le célèbre et très noble Jean Pic. Il devint le précepteur de son neveu Alberto Pio, Prince de Carpi, se lia avec le savant grec Emmanuel Adramyttenos. Il y fortifia ses connaissances de la langue et des manuscrits grecs, partageant entre amis nombre de discussions savantes et philosophiques. Depuis plusieurs générations, l'appropriation de l'héritage culturel grec était devenue la question cruciale des lettrés du temps. Un vaste champ d'interrogations et de combats d'idées avait été ouvert par les problèmes soulevés par les tentatives d'union des Églises d'Orient et d'Occident que la progression des Turcs en Asie Mineure rendait brûlants. Les conciles de Ferrare (1438) puis de Florence (1439-1445), la chute de Constantinople (1453) avaient entraîné l'arrivée massive de manuscrits grecs dans l'Italie du XVe siècle. Les lettrés de tous les pays d'Italie, de Naples à Florence, Venise et Milan, apprenaient le grec. Les textes de Platon, le culte de la beauté avaient été remis au goût du jour par le Florentin Marcilo Ficino protégé par les Médicis triomphants. Le cardinal Bessarion, jeune prêtre venu de Constantinople et figure de proue de l'hellénisme en Italie, faillit par deux fois atteindre au trône pontifical. Sa considérable bibliothèque de manuscrits grecs faisait l'admiration de tous. C'est vers 1490 qu'Alde, alors âgé de quarante ans, conçut son avenir d'éditeur comme voué au service d'une publication incontestable et systématique du patrimoine littéraire, scientifique et philosophique des Grecs et des Latins. Il s'assura le soutien d'Andrea Torresani, l'un des éditeurs vénitiens les plus célèbres depuis les années 1480 et dont il épousera la fille en 1500. Torresani lui procura la maîtrise technique susceptible de répondre au génie du graveur de caractères Sébastiano Griffo. L'impression en grec représentait en effet le cauchemar des imprimeurs : la perpétuelle variation des accents, pouvant transformer du tout au tout le sens d'un mot, rendait nécessaire la possession d'une importante quantité de caractères. Sébastiano Griffo les grava avec excellence. Cette maîtrise représentait cependant un coût et un pari financier considérables. Alde sut associer à son projet son ancien élève Alberto Pio, Prince de Carpi. L'argent était géré par la plus grande banque vénitienne de l'époque, la banque Agostino. Surtout, Alde sut réunir autour de lui un prestigieux comité éditorial qui contribua régulièrement aux différentes éditions. Il était constitué d'intellectuels de grande culture. Pietro Bembo, élevé au cardinalat par Paul III, fut l'artisan des éditions de Pétrarque et de Dante et à ce titre l'un des pères fondateurs de la langue italienne moderne. Alde imprima pour lui en février 1495 le De Aetna qui demeure un joyau inégalé de la typographie. Giorgio Valla, outre de nombreux services éditoriaux, fut en 1500 l'auteur d'une véritable encyclopédie des sciences. Le franciscain Urbano Valeriani publia en janvier 1497 chez Alde une grammaire grecque indispensable aux étudiants : il fallait en effet, non seulement publier les textes des classiques, mais aussi donner aux enseignants les instruments pédagogiques nécessaires à la diffusion du nouveau savoir. L'anglais Thomas Linacre participa à l'un des rares textes purement scientifiques d'Alde imprimé en 1499 et contribua, peut-être de loin, à la publication de l'édition princeps d'Aristote. Il fut en tout cas le fondateur de l'enseignement du grec en Angleterre et son université conserve encore de nos jours l'un des plus beaux exemplaires de l'uvre du Stagyrite. Erasme fut l'auteur d'une ode à la louange de l'Angleterre avant d'être hébergé par Alde qui publia ses Adages. Le poète et sénateur de Venise Andrea Navagero travailla sur les éditions aldines de Lucrèce et Ovide (1516) avant de devenir l'un des premiers conservateurs de la Marciana. Il faudrait encore rappeler les rôles de Lorenzo Maioli et Niccolo Leoniceno, ou de Girolamo Aleandro qui devint cardinal en 1531. Jean Lascaris comme le célèbre Marcus Musurus furent, avant et avec Alde, les propagateurs de la culture grecque en Occident. Les presses aldines doivent tant à ce dernier qu'il revendiquera, dans une préface à la grammaire posthume d'Alde Manuce (1515), un rôle de tuteur pour l'avenir. En 1500, ce comité de rédaction devint une Académie reconnue par l'empereur Maximilien - on se saluait en grec, on dînait au coin du feu en causant de poésie, de grammaire et de philosophie. Chaque mois, les presses aldines publiaient un volume imprimé à mille exemplaires comme le précise la préface de l'Euripide de 1503. Alde Manuce, son comité éditorial, leurs savantes et élégantes publications furent ainsi au fondement de ce que l'on a plus tard appelé la République des Lettres des XVIe et XVIIe siècles, soit la toute première véritable communauté scientifique moderne et internationale. La géographie de la place Saint-Marc rappelle que le trésor de Saint-Marc, fondateur de la permanence politique de la République de Venise, joint le Palais des Doges, et que celui-ci fait lui-même face aux splendeurs de la Marciana, l'une des plus belles bibliothèques du monde. Les célèbres manuscrits grecs du cardinal Bessarion, restés inaccessibles à Alde, y furent déposés puis montrés au public après bien des périples. Cette géographie spirituelle rappelle que la permanence du monde - en l'occurrence celui de la République de Venise - était autant assurée par le trésor de Saint-Marc, les tableaux et les fresques, que par les beaux manuscrits et les livres précieux. Au cours de ces vingt ans d'activité, Alde réussit de la sorte à imprimer la quasi totalité des grands textes classiques dans des versions fondées sur une connaissance remarquable de manuscrits anciens souvent disparus aujourd'hui. Le texte grec du majestueux Aristote en cinq parties in-folio, publié de 1495 à 1498, fit autorité jusqu'à l'édition Bekkers de 1831. Il est représenté dans cette collection par un exemplaire magnifiquement annoté par un lecteur contemporain. Mieux encore, Alde transforma la diffusion du savoir en inventant le format in-octavo des libelli portatile qui adaptait les chef-d'uvres de l'Antiquité ou de la littérature contemporaine à un format portable (plutôt que de poche). Les portraits de Bronzino nous montrent ces jeunes courtisans tenant négligemment l'un de ces petits livres. Débarrassés de toute forme de commentaires scolastiques qui encerclaient souvent les textes des incunables, ces livres sont le symbole, partout en Europe, de l'accès au pouvoir de toute une nouvelle classe de grands serviteurs des États nationaux naissants. Le premier livre publié sous ce nouveau format, le Virgile de 1501, l'un des plus rares de la production aldine, fut aussi le premier livre imprimé dans les caractères italiques inventés par Griffo pour Alde. La gloire éditoriale d'Alde trouvait en même temps sa traduction dans la qualité esthétique des livres qu'il publiait et dans leur typographie novatrice et soignée. Le Poliphile d'Alde, magnifique ouvrage publié en 1499, bien différent des textes latins ou grecs de la presse vénitienne appartient au petit groupe des plus beaux livres illustrés jamais imprimés (reliure italienne de vélin, du XVIIIe siècle). Aussi, les amateurs cultivés cherchèrent-ils aussitôt à démontrer par de luxueuses reliures l'importance qu'ils accordaient à une culture renaissante, comme le montrent différentes représentations de ces livres dans la peinture de l'époque. Et, depuis plus de cinq cents ans - ce qui est en soi un phénomène unique dans le marché de l'art - les collectionneurs de livres, à la suite de ceux du XVIe siècle comme Jean Grolier, Marcus Fugger (le Théodore Gaza de 1495 fut relié pour lui), Marc Lauweryn, le cardinal de Granvelle, Diego Hurtado da Mendoza, Benoît Le Court, Odorico Pilloni, de Thou et d'autres encore, sont restés attentifs à ce miracle. Les livres de cette collection présentent donc souvent des marques de provenances et attestent que, dès l'origine, la production d'Alde devint objet de collection : " The history of Aldine collecting reaches back to the time of the press itself " (Ahmanson-Murphy collection, University of California press, 2001). Jean Grolier, figure tutélaire des collectionneurs de livres, posséda plus de 200 éditions aldines magnifiquement reliées. Dans son Utopia publiée à Louvain en 1516, Thomas More, parlant aussi de lui-même, décrit sa bibliothèque idéale sous le couvert de l'admiration éprouvée par les Utopiens pour les ouvrages d'Alde : " En partant pour la quatrième expédition, j'avais embarqué, en guise de pacotille, un honnête bagage de livres C'est ainsi qu'ils me doivent la plupart des traités de Platon, quelques-uns d'Aristote, l'ouvrage de Théophraste sur les plantes Comme grammairien, ils n'ont que Lascaris. Je n'avais pas emporté Théodore ni aucun dictionnaire excepté Hésichius et Dioscoride. Ils raffolent des petits traités de Plutarque et apprécient l'esprit et la drôlerie de Lucien. Parmi les poètes, ils ont Aristophane, Homère et Euripide, ainsi qu'un Sophocle dans le petit caractère des Aldes ; parmi les historiens, Thucydide, Hérodote ainsi qu'Hérodien Aiguisé par les lettres, l'esprit des Utopiens est éminemment propre à inventer des procédés capables d'améliorer les conditions de la vie. Ils nous doivent deux arts, l'imprimerie et la fabrication du papier Nous leur avons montré des volumes sur papier, imprimés en caractères des Aldes. " (Paris, 1987, pp. 187-188). C'est en Angleterre et en France, à la fin du XVIIIe siècle, que le goût pour la collection d'éditions aldines semble s'être renouvelé. La dispersion de l'ordre des jésuites offrit aux amateurs d'alors bon nombre d'occasions d'en acquérir et certains ouvrages de cette collection portent des marques de provenance manuscrite de la bibliothèque de tel ou tel collège de la Compagnie. Puis s'exerça l'influence discrète d'un précurseur oublié : le cardinal de Brienne qui fit imprimer à Pise en 1790 le catalogue de sa collection : Serie dell' edizione Aldine. Elle fut acquise en bloc par Antoine-Augustin Renouard, célèbre bibliographe et collectionneur d'Alde. Il sut mettre à profit les fabuleuses ventes révolutionnaires pour acquérir ou collationner un nombre considérable d'exemplaires et publia par trois fois, en 1804, 1825 et 1834, ses Annales de l'Imprimerie des Aldes qui font encore autorité aujourd'hui. Son superbe exemplaire relié par Simier, au XIXe siècle, de la grammaire grecque de Constantin Lascaris, premier livre imprimé par Alde, est l'un des fleurons de cette collection. La collection Renouard fut vendue à Londres en 1819 consacrant pour longtemps, malgré l'effort d'Ambroise Firmin-Didot, une forme d'appropriation britannique de la collection aldine - cette grammaire de Lascaris demeura d'ailleurs pendant plusieurs générations en Angleterre. Le catalogue de cette vente présente ainsi nombre d'exemplaires avec de célèbres provenances anglaises comme celle du duc de Grafton (1760-1844), celle de Beriah Botfield (1807-1853) tour à tour possesseurs du Théocrite de 1495, celle de George John comte Spencer (1758-1834) : " the choicest collection of Aldines existing in any library " (Seymour de Ricci, p. 76) ou celle du comte d'Ashburnham (1797-1878). Chacun de ces deux collectionneurs est curieusement représenté ici par deux exemplaires du Diaria de Bello Carolino d'Alessandro Benedetti imprimé en 1496. Le Thesaurus cornucopiae, de 1496 également, a appartenu aux ducs de Roxburghe (1740-1804) et de Sussex (1773-1843). L'Horace de 1501 fut celui du comte de Crawford, le Quintus de Smyrne publié en 1505 fut celui de William Beckford. " Throughout Europe, bibliophiles formed libraries whose cases and cabinets devoted space to Aldines " (Ahmanson-Murphy catalog, p. 13). D'autres provenances, comme celle de la mystérieuse Garden Library sur le rare Virgile de 1501, ou celle d'André Rodocanachi sur le Gaza relié pour Marcus Fugger montrent encore que la collection d'éditions aldines - ou pourquoi pas la serie pour reprendre le titre du catalogue du cardinal de Brienne - a, de tous temps, été considérée par les amateurs de livres comme le comble de l'élégance et de la culture. 1439-1445 Concile de Florence. 1453 Chute de Constantinople. 1462 Cristoforo Moro est élu Doge. Il meurt en 1471. 1467 Giovanni Bellini peint la Pietà (Brera). 1469 Début de l'imprimerie à Venise. 1474 Pietro Mocenigo est élu Doge. Il meurt en 1476. 1478 Giovanni Mocenigo est élu Doge. Il meurt en 1485. 1479 Traité commercial avec le sultan Mahommet II. 1481 Monument équestre de Bartolomeo Colleoni par Andrea Verrochio et Alessandro Leopardi (achevé en 1488). 1486 Agostino Barbarigo est élu Doge. Il meurt en 1501. 1489 Venise s'empare de Chypre. 1494 Charles VIII, roi de France, envahit l'Italie. 1495 Premier livre imprimé par Alde Manuce. v. 1495 Carpaccio peint Le songe de sainte Ursule, Deux Dames vénitiennes et Chasse dans la lagune. 1499 Batailles navales contre les Turcs. Venise perd Lépante, Modon et Coron. 1501 Leornardo Loredan est élu Doge. Il meurt en 1521. Giovanni Bellini fait son portrait vers 1501. 1504 Carpaccio peint la Naissance de la Vierge. 1506 Dürer peint La Fête du rosaire. Lorenzo Lotto, Jeune homme à la lampe. 1508 Guerres de la Ligue de Cambrai, elles s'achèvent en 1517. 1509 Bataille d'Agnadel : Venise est défaite par les armées du Pape, de l'Empereur, de la France et de l'Espagne. 1515 Mort d'Alde Manuce. 1517 Venise retrouve ses positions de la Terraferma. 1512 Titien, Portrait d'homme dit l'Arioste. 1527 Sac de Rome par les armées de Charles Quint, certains artistes et intellectuels trouvent refuge à Venise. 1537-1566 Renovatio du doge Andrea Gritti ; Sansovino construit. la Logetta (achevée en 1546), la Biblioteca Marciana (1564) et la Zecca (1566). |
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Lot 1 - LASCARIS, Constantin (1434-1501). Erotemata (grec et latin), et autres textes. Venise, Alde Manuce, 8 mars 1495, In-4 (206 x 147mm) Est : 80.000-120.000 e Résultat : PREMIER LIVRE IMPRIME PAR ALDE MANUCE. RARE. BEL EXEMPLAIRE LUXUEUSEMENT RELIE PAR SIMIER POUR ANTOINE-AUGUSTIN RENOUARD, LE CELEBRE BIBLIOGRAPHE D'ALDE COLLATION : a-r8 s4 A-C8 D2 : 166 feuillets. Caractères grecs Gk1:125 gravés par Francesco Griffo d'après l'écriture d'Immanuel Rhusotas, et romains R1:108. 24 lignes à la page. 2 bandeaux gravés sur bois à décor floral et 2 initiales également gravées sur bois dont l'une en grec CONTENU : a1r titre, a1v préface d'Alde Manuce en latin, a2v texte de Lascaris avec en a3r sa traduction par Johannes Crastonus en regard, s4v colophon : Finis Compendi octo orationis partium daté 28 février 1494 ; A1r seconde préface, A2r alphabet grec et texte d'Alde : De divisione litterarum graecarum, A8v abréviations grecques, B1v-4r Pater noster, Ave Maria, Salve Regina et In principio erat Verbum en grec et latin, B4r pseudo-Pythagore : Carmina aurea (grec et traduction latine), B7r Phocylide : Moralia (grec et traduction latine), C8v second colophon daté 8 mars 1495, D1r errata, D2r Emanuel Moschopoulos (vers 1265-1316) : Erotemata (grec) RELIURE SIGNEE DE SIMIER. Maroquin bleu nuit à grain long, roulettes d'encadrement dorées et estampée à froid sur les plats, dos à nerfs à motif de feuillage doré, gardes de soie beige, doubles gardes de peau de vélin, tranches dorées PROVENANCE : Johannes Baglionus (?) ex-libris manuscrit contemporain de l'impression au titre et en A2r, partiellement effacé - Antoine-Augustin Renouard, Catalogue de la bibliothèque d'un amateur, II, 1819, p. 9 et avec cette citation tirée de Renouard (I, p. 3) : " Le Lascaris est une des plus rares éditions de cet habile imprimeur " -- H. G. B., marque de provenance anglaise du XIXe siècle avec un prix de 4 guinées et cette mention au crayon : " I never saw a fine copy, it is wanting in most collections " -- Christie's Londres, 3 mai 1995 REFERENCES : HC *9924 ; Goff L-68 ; BMC V, 552 ; Legrand I, 12 ; Proctor 92-102 (XIV) ; Lowry (1979) pp. 224-225 ; Ahmanson-Murphy 1 Pâles rousseurs au titre, restauration aux derniers feuillets sans atteinte au texte Premier livre imprimé par Alde Manuce et acte de naissance de son atelier. Premier emploi par Alde des fameux caractères grecs de Francesco Griffo. Quatrième édition de la grammaire de Lascaris publiée pour la première fois à Milan en 1480, corrigée par l'auteur et traduite par Johannes Crastonus. Edition originale de la préface d'Alde. Edition princeps des fragments de Phocylide et du pseudo-Pythagore. Le Grec Constantin Lascaris (1434-1501) arriva en Occident lors de la chute de Constantinople. Après un séjour en Crète, il devint précepteur de la fille de Francesco Sforza, à Milan, où il publia ces Erotemata. Il voyagea ensuite à Rome où il fit partie de l'entourage du cardinal Bessarion, le grand passeur de témoin des textes de l'Antiquité grecque vers la jeune Renaissance. Puis, il se rendit à Naples et à Messine, où à la demande du pape Pie II, il occupa la chaire de grec. Alde se vit confier un manuscrit corrigé et augmenté, à Messine, par Lascaris lui-même pour deux de ses étudiants, Pietro Bembo et Angelo Gabriele. La préface d'Alde, particulièrement utile au lecteur de son temps, présente les difficultés qu'il pourra éprouver dans sa lecture du texte imprimé en grec. Il explique les diphtongues, les ligatures et les abréviations employées par les Grecs à la fin du Moyen Age. Alde Manuce propose ainsi un véritable manifeste grammatical de l'humanisme, prenant Dieu à témoin du service qu'il entend rendre au monde lettré en dédiant sa vie à la publication des textes du patrimoine culturel de l'Antiquité grecque. Alde vendait ce livre 4 marcelli, soit un tiers de ducat, comme le précise l'unique exemplaire de son catalogue de 1498 conservé à la BnF. La reliure de Simier, futur relieur du roi, dénote, par le luxe de son décor, par ses gardes de soie et de peau de vélin, l'attachement que Renouard portait à cette édition déjà reconnue depuis longtemps à l'époque comme un jalon majeur dans la vie de l'imprimeur vénitien et dans l'histoire du livre en Occident.
Lot 2 - ARISTOTE. Opera omnia (grec). Venise, Alde Manuce, 1er novembre 1495 -juin 1498, 5 parties en 7 volumes in-folio (310 x 209mm) Est : 150.000-250.000 e Résultat : 151 844 EDITION PRINCEPS DES UVRES D'ARISTOTE. MONUMENT TYPOGRAPHIQUE DE L'HISTOIRE DES SCIENCES ET DE LA PHILOSOPHIE. BEL EXEMPLAIRE COPIEUSEMENT ANNOTE PAR PLUSIEURS HUMANISTES. LE SEUL EXEMPLAIRE AVEC ANNOTATIONS ANCIENNES PASSE EN VENTES AUX ENCHERES DEPUIS TRENTE ANS COLLATION ET CONTENU (abrégé) : Partie I (vol. 1), Organon : A-K8 L-N6 a-c8 d-e6 f-q8 r-s6 : 234 feuillets ; A1r trois poèmes, A1v dédicace à Alberto Pio, Prince de Carpi, A3r Universalia de Porphyre, B5r Catégories, D6v Herméneutiques, E8v Premiers Analytiques, a1r Seconds Analytiques, f1r Topiques et les Universalia de Porphyre, s6r colophon : Impressum Venetiis dexteritate Aldi Manucii Romani. Calendis nouembris 1495 Partie II (vol. 2), Philosophie naturelle 1 : 1-48 aa-z?8 &?8 A-B8 C6 D-I8 K6 : 300 feuillets ; 1/1r titre, 1/1v dédicace à Pio, 1/3r vie d'Aristote par Diogène Laërce, aa1r Physique, mµ1r De Caelo, s?1v De generatione, xf2r : Météorologie, D1r De Mundo, K6r colophon : Excriptum Venetiis manu stamnea in domo Aldi manutii Romani, & graecorum studios. Mense Februario 1497 Partie III (vol. 3), Philosophie naturelle 2 : aaaa-ii??10 ??10 ll??-zz??10 &&??10 AA-??10 ??11 SS10 FF10 XX8 [1]8 : 467 feuillets (sans le feuillet blanc après ??10), avec le petit becquet en ??10v ; aaaa1r titre en grec, aaaa1v dédicace à Pio, aaaa 2r dix-neuf traités d'Aristote dont le De animalibus, puis autres textes, XX7v colophon : Venetiis in domo Aldi Mense Ianuario 1497, [1]/1r note sur le nature des animaux, [1]/8r note au lecteur. Le cahier [1] est relié en tête Partie IV (vol. 4, 5 et 6), Philosophie naturelle 3 : [1]2 aaaaaa-zzz??? &&&??? AAA-CCC8 DDD10 AAAaaa-MMMmmm8 NNNnnn-???ooo10 aa-dd8 ee10 2aa-ßb6 2AAAaaa-???ooo8 PPPooo10 : 520 feuillets ; (vol. 4) : [1]/1r titre, [1]/2v dédicace à Alberto Pio, Prince de Carpi,[1]/2 blanc, aaaaaa1r Théophraste : De historia plantarum puis De causis plantarum, DDD10v blanc ; (vol. 5) : AAAaaa1r table, AAAaaa1v Aristote : Problèmes, aa1r Alexandre d'Aphrodise : Problèmes, ee10v blanc, 2aa1r Aristote : Mécanique ; (vol. 6) : 2AAAaaa1r Métaphysique, 2PPPooo10r colophon : Excriptum Venetiis in domo Aldi Manutii Calendis Iunii 1497 Partie V (vol. 7), Philosophie morale : 4a-?10 4?4 4?-f10 4?6 4?12 4?10 4A-B10 4G6 4?-I10 4K12 : 330 feuillets ; 4a1r titre, 4a1v dédicace à Pio, 4a2r Ethique de Nicomaque, 4?4 blanc, 4?1r Politique, 4?6 blanc , 4?1r Economique, 4?12 blanc, 4?1r Magna Moralia, 4?1r Ethique d'Eudème, 4K12v colophon : Venetiis 1498 Mense iunio Apud Aldum et hoc cum privilegio Caractères grecs Gk1:146 (corps plus fort que Lascaris - 125) et Gk2:114 (peu employés, inspirés de modifications dues à Gregoropoulos), caractères romains : R4:114, R1:108, R2:81. 30 lignes à la page et titre courant (la première partie n'a pas de titre courant) ORNEMENTATION : très nombreuses initiales grecques, bandeaux gravés sur bois à beaux décors d'entrelacs et de feuillage. Diagramme gravé sur bois au volume I RELIURE : dos de vélin ivoire PROVENANCE : quelques annotations marginales en grec et non rognées, d'une seule main, mais à deux encres, probablement du début du XVIe siècle, aux Catégories et à l'Herméneutique (partie I) ainsi qu'à la Métaphysique (partie IV) et à l'Ethique de Nicomaque (partie V) - annotations marginales en latin aux Premiers Analytiques (partie I), à la Physique (partie II) et au De anima (partie III, liv. II) - marges des Seconds Analytiques (soit 74 pages de la partie I), du dernier feuillet (s6v) de la partie I, des cinq premiers livres de la Métaphysique (soit 66 pages, partie IV, vol. 6) entièrement recouvertes d'une traduction et d'un commentaire en latin ou en grec, tracés d'une écriture vive, non rognée, rapide et fine, due à une seule main, sans doute de la fin du XVIe siècle, avec trois feuillets ajoutés à la fin du volume 6 et entièrement annotés de la même écriture serrée -- Bergame, église du Saint-Esprit : inscription en latin (partie II, titre et avant dernier feuillet) - Bologne, collège des jésuites : inscription en latin (partie IV, vol. 4, titre) -- Bruxelles, collège des jésuites, ex-libris manuscrit daté de 1638, avec cachet (partie IV, vol. 5, titre) - Christies Londres, 3 mai 1995 REFERENCES : HC *1657 ; Goff A-959 ; GW 2334 ; BMC V, 553, 555-6 ; Proctor 5547, 5555, 5553, 5556, 5565 ; Renouard p. 7 n° 5, p. 10 n°1, p. 11 n° 2, p. 11 n° 3, p. 16 n° 1 ; Ahmanson-Murphy 4-23-21-11-24 ; PMM 38 ; Lowry p. 75 Quelques trous de vers aux parties I, IV et V, quelques taches, déchirure à un feuillet du premier volume sans atteinte au texte, dernier cahier (partie III, vol. 3) relié en tête Cette monumentale édition princeps propose les uvres complètes d'Aristote en édition princeps, hormis la Poétique et la Rhétorique qu'Alde publiera pour la première fois en 1508. Il s'agit aussi de l'édition princeps de la majeure partie des uvres conservées de Théophraste et de quelques autres textes, comme ceux d'Alexandre d'Aphrodise. Cette publication représente non seulement une grande innovation en matière d'imprimerie, dans la mesure où c'est la première impression grecque de grande envergure et de large diffusion, mais aussi un moment-clé dans l'histoire de la pensée occidentale et dans l'intégration de l'héritage philosophique grec. Chaque partie comporte une épître dédicatoire à Alberto Pio (1475-1531), Prince de Carpi et neveu de Pic de La Mirandole, pour lequel Alde souhaitait la réalisation du gouvernement idéal de Platon : celui du roi philosophe. Ancien élève d'Alde, il assura sans doute le soutien financier de cette grande édition. Chacune de ces cinq parties constitue une entité typographique distincte, avec un colophon et une date d'impression à chaque fois différents. Selon le seul exemplaire subsistant, et conservé à la BnF (Einblattdrucke, 897), du catalogue à prix marqué d'Alde daté de 1498 (Libri graeci impressi), le prix de chacune des parties variait en fonction du nombre de feuillets. Soit de 1,5 à 3 ducats pour chacune des parties ou 11 ducats pour la série complète. L'édition princeps publiée par Alde était donc un livre particulièrement cher : " un ami personnel d'Alde, l'helléniste bolonais Codrus Urceus, en arrivait à se plaindre en 1498 d'avoir dépensé pour acheter son Aristote le prix de dix beaux manuscrits latins. " (Lowry, p. 125). Pièce maîtresse de l'ambitieux programme d'édition consacré aux textes grecs, cette impression étalée sur plusieurs années fut unanimement saluée par les humanistes du temps et l'édition d'Aristote établit d'emblée la réputation de l'imprimeur. Ce texte, immédiatement conçu comme référence, fit autorité, quoique parfois contestée, jusqu'aux éditions philologiques du XIXe siècle (Théophraste publié par J.G. Schneider en 1818 et Aristote par I. Bekkers en 1831). Martin Lowry a su détailler avec précision les qualités et les imprécisions du travail éditorial d'Alde (op. cit., pp. 242-246). En cette fin du XVe siècle, la publication des uvres d'Aristote en grec répondait à une vive nécessité ressentie par les humanistes, Aristote étant au fondement de la philosophie occidentale depuis le XIIe siècle. Peu après l'impression des derniers volumes, la création d'une chaire à l'Université de Padoue pour Niccolò Leonico Tomeo, centrée sur le texte original d'Aristote, témoigna du succès immédiat de l'entreprise d'Alde Manuce. Alde caressait aussi le projet, qu'il ne réalisa que partiellement, d'imprimer tous les commentaires sur Aristote. Le texte produit par la remarquable équipe d'éditeurs est proche des manuscrits. Il met en évidence à la fois l'importance du réseau crétois dans l'approvisionnement en manuscrits et cette ambiance de chasse aux manuscrits - et à leurs copies - qui caractérise le monde de l'édition et le marché du livre à l'époque. Alde s'est particulièrement servi de manuscrits récents, copiés dans l'atelier de Michel Apostoles. Celui-ci avait quitté Constantinople lors de la prise de la ville par les Turcs en 1453. Son fils, Aristoboulos (Arsenios) devint l'un des collaborateurs d'Alde et son élève Ionnes Gregoropoulos, l'un des principaux correcteurs de l'atelier. A ce petit groupe, il faut ajouter d'autres Crétois du même cercle : Thomas Bitzimanos, copiste de l'Ethique de Nicomaque, et Demetrios Moschos, professeur à Venise. D'autres manuscrits ont aussi été utilisés, notamment ceux de Florence, pour comparer les textes. Les autres collaborateurs d'Alde pour l'établissement du texte furent Alessandro Bondini (dit Agathemerus), copiste, futur membre de l'Académie d'Alde et auteur de l'une des préfaces en grec, et Lorenzo Maioli, ancien professeur de Pic de La Mirandole et d'Alberto Pio, Prince de Carpi, à Ferrare. Maioli assura notamment la collation du texte avec les manuscrits du médecin Niccolo Leoniceno. La collaboration du grand humaniste anglais Thomas Linacre, que d'aucuns citent, reste " indiscernable " (Lowry, p. 267). Le travail d'érudition fut ardu. Les manuscrits manquaient, notamment ceux, inaccessibles, de Bessarion. Pour certains traités, comme l'Economique, Alde regrette de n'avoir pu disposer de la totalité du texte grec traduit par Leonardo Bruni. Il avait sollicité ses amis dans toute l'Europe, mais rien qu'il ne possédât déjà ne lui parvint de Florence, de Milan et d'Angleterre. Cette vaine recherche retarda de cinq mois l'impression du dernier tome. Alde se nomme lui-même un nouveau Pisistrate : à l'instar de celui-ci, qui avait réuni et édité l'ensemble des vers homériques, l'imprimeur vénitien avait rassemblé le plus grand nombre de manuscrits possible et recherché les plus anciens. La complexité de l'édition d'Aristote par Alde, en cinq parties autonomes et vendues séparément à des prix différents, rend particulièrement rares les exemplaires constitués à l'époque de l'édition. La plupart des exemplaires connus, comme celui-ci, ont été postérieurement reconstitués, que ce soit au XVIIIe siècle ou plus tard. Ainsi : · L'exemplaire relié au XVIIe siècle pour Bigot : vente Freilich, Sotheby's 2001. · L'exemplaire à provenances hétérogènes relié à la fin du XVIIIe siècle et ayant appartenu à Edward Herbert, vicomte Clive : vente Garden, Sotheby's 1989 · L'exemplaire constitué à la fin du XVIIIe siècle pour le comte Revicky, ambassadeur de l'Empereur à Londres et l'un des pionniers de la collection d'éditions aldines en Angleterre, avec les armes du comte Spencer ajoutées au XIXe siècle : Sotheby's 1988 Cet exemplaire est le seul copieusement annoté passé en ventes aux enchères depuis près d'une génération et présente trois systèmes complexes de marginalia du XVIe siècle. Chacune des ces mains témoigne d'une lecture par un humaniste familier du grec. Chacune de ses provenances ecclésiastiques raconte la diffusion européenne de la pensée d'Aristote par Alde.
Lot 3 - GAZA, Theodorus (v. 1400 - v. 1475). Introductivae grammatices libri quatuor (grec), et autres textes. Venise, Alde Manuce, 25 décembre 1495, In-folio (314 x 213mm) Est : 30.000-50.000 e Résultat : 106 547 RARE EXEMPLAIRE D'UN INCUNABLE ALDIN AVEC UNE PROVENANCE D'ENVERGURE EUROPEENNE, RELIE A L'EPOQUE ET ORNE D'UN DECOR MOSAIQUE ET POUDRE D'OR : L'EXEMPLAIRE DU BANQUIER D'AUGSBOURG MARCUS FUGGER. EX-LIBRIS ANDRE RODOCANACHI Première édition de Gaza Introductivae grammatices libri quatuor et De mensibus (grec). Edition princeps d'Apollonius Dyscolus : De Constructione (grec), et du Pseudo Herodianus : De notis numerorum (grec) COLLATION : aa-1?8 a8 b10 AA-LL8 MM4 : 198 feuillets. Caractères grecs Gk1:125 et romains R3:83. Initiales et bandeaux à motifs végétaux et à entrelacs, de la même facture que ceux du Théocrite de 1496 et de l'Aristophane de 1498 ; les lettrines se retrouvent dans l'édition d'Aristote dont les bandeaux présentaient toutefois un aspect plus chargé. 31 lignes à la page CONTENU : aa1r : titre, aa1v : dédicace d'Alde, aa2r : grammaire de Gaza, a1r : De mensibus, AA1r : vie d'Apollonius, AA1v table, AA2v De Constructione, MM2v : De numeris, MM4r colophon : Impressum Venetiis in aedibus Aldi Romani octavo Calendas Ianuarias 1495 RELIURE FRANCAISE, MILIEU DU XVIe SIECLE, POUR MARCUS FUGGER. Maroquin brun clair, décor d'entrelacs courbes et rinceaux noirs, compartiments mosaïqués de maroquins verts et citrons, compartiment ovale central de maroquin marbré poudré d'or, dos long compartimenté, tranches dorées. Etui et chemise PROVENANCE : Marcus Fugger (1529-1595), avec signature au contreplat - Princes d'Öttingen-Wallerstein : vente, Munich, 6-7 novembre 1933, lot 35 - code de libraire français au contreplat inférieur, très certainement Thiébault et Noury - André Rodocanachi, ex-libris REFERENCES : HC *7500 ; Goff G-110 ; GW 10562 ; BMC V, 553 ; Proctor 5548 ; Renouard, p. 4 n° 2 ; Ahmanson-Murphy 5 ; H. M. Nixon, Sixteenth gold-tooled bookbindings in the Pierpont Morgan Library, New York, 1971, pp. 98-101 ; P. Needham, Twelwe century of bookbindings, New York, 1979, pp. 204-205 Cette édition, préparée par Marcus Musurus d'après une copie d'un manuscrit de Bessarion, fut l'un des grands manuels d'apprentissage du grec à la Renaissance. Elle exerça une influence féconde sur la formation des humanistes et accéléra le renouveau de la culture grecque. Marcus Fugger, célèbre banquier d'Augsbourg, est connu pour l'assistance qu'il porta à Charles-Quint. Son attachement à ses livres fut aussi manifeste que celui de Grolier aux siens puisqu'il apposait sa signature sur presque tous les volumes de sa bibliothèque et entreprenait même de les annoter au cours de ses lectures. On sait en outre que les Fugger agirent comme les correspondants commerciaux d'Alde : " Le fait que la maison Fugger ait sans doute été responsable d'une bonne partie du commerce avec les pays du Nord ne fait qu'ajouter un maillon de plus à la puissante organisation commerciale qui distingua l'imprimerie aldine dès ses débuts. " (Lowry, p. 107). Collectionneur et mécène, il est, avec Grolier et Mahieu, l'un de ceux à qui la reliure à décors doit son développement au XVIe siècle. En effet, pour certains des livres de sa bibliothèque, Fugger fit exécuter par de grands ateliers parisiens des reliures à décor doré et colorés particulièrement somptueux. Celui de la reliure de cet ouvrage a en outre deux caractéristiques très rares parmi les décors créés pour les amateurs les plus actifs de la Renaissance. D'une part, cette reliure présente un décor mosaïqué, c'est-à-dire constitué de pièces de peaux incrustées et non un décor formé de rehauts peints, d'autre part elle est enrichie d'un médaillon de maroquin marbré et poudré d'or selon une technique que l'on ne retrouve que sur certaines pièces très exceptionnelles. Cette reliure serait d'origine lyonnaise selon le catalogue de la vente Öttingen-Wallerstein de la vente de 1933. Il a été établi désormais que les reliures les plus luxueuses de Marcus Fugger sont parisiennes. Selon H. N. Nixon et P. Needham, elles y furent exécutées par deux ateliers, quelques-unes par " l'atelier des reliures de Wotton à la date de 1552 ", les autres par l'atelier de Claude de Picques qui, sous diverses métamorphoses, a dominé la reliure européenne de la Renaissance. Par analogie stylistique, on lui attribue aussi les reliures qui ne présentent aucun fer distinctif comme celle-ci qui comporte seulement un fer commun au dos. Il faut souligner que le décor de cette reliure est d'une extrême pureté graphique par l'absence remarquable de tout fer qui le distingue des compositions surchargées qui caractérisent les reliures avec fer de Marcus Fugger. Théodorus Gaza, humaniste né à Thessalonique vers 1400, fut l'un des grands lettrés grecs travaillant en Italie à l'époque humaniste. Après avoir enseigné à Constantinople, il arrive à Padoue en 1440, entreprend des études de latin à Mantoue, puis est nommé recteur de la toute nouvelle université de Ferrare en 1447 où son cours de grec connut un succès considérable. Il prit part aux conciles de Ferrare (1438) et Florence (1439) où se discutèrent la réunion des églises d'Orient et d'Occident. Refusant la chaire de grammaire grecque offerte par Côme de Médicis, il reçoit une chaire à Rome du pape Nicolas V et fait partie de l'entourage du cardinal Bessarion. Vers 1455, on le retrouve pour deux ans à la cour du roi Alphonse le Magnanime à Naples, puis en Calabre dans un bénéfice procuré par Bessarion et d'où il collabore à son ouvrage, In calumniatorem Platonis. De nouveau à Rome sous Paul II, il meurt et lègue presque toute sa bibliothèque à Demetrios Chalcocondylès. Gaza fut l'un des plus grands propagateurs du grec dans l'Italie du XVe siècle et sa grammaire imprimée par Alde, puis en partie traduite par Erasme, devint l'un des grands manuels des humanistes du XVIe siècle. Appolonius Dyscolus, père du grammairien Herodianus, enseigna la grammaire à Alexandrie à l'époque d'Antonin, puis vint à Rome sous Marc-Aurèle. De ses vingt-neuf ouvrages, la plupart sur la syntaxe grecque, quatre seuls subsistent. C'est cette uvre de grammaire qu'Alde publie ici pour la première fois, en même temps que Lascaris, et qui a été rééditée en 1981 par F.W. Housholder.
Lot 4 - GAZA, Theodorus. Introductivae grammatices libri quatuor (grec), et autres textes. Venise, Alde Manuce, 25 décembre 1495, In-folio (298 x 200) Est : 10.000-15.000 e Résultat : 25 830 EDITION ORIGINALE DE L'UN DES GRANDS MANUELS D'APPRENTISSAGE DU GREC AU XVIe SIECLE. Même collation, contenu et références que le lot précédent. RELIURE ANGLAISE, FIN DU XVIIIe SIECLE. Veau fauve estampé à froid, encadrement de fins motifs et d'une plaque crénelée, dos à nerfs, tranches dorées et ciselées PROVENANCE : annotations marginales en grec, parfois rognées, par une main contemporaine de l'édition - quelques soulignements en rouge des titres de paragraphe par une autre main contemporaine - Charles Barlow, de Cambridge, ex-libris armorié (fin du XVIIIe siècle) sur le titre Plats détachés Exemplaire pratiquement immaculé. Les premières annotations marginales, en grec, s'attachent aux phénomènes de rejet et d'enjambement, à la transitivité, aux conjonctions causales et aux ellipses.
Lot 5 - GAZA, Theodorus. Introductivae grammatices libri quatuor (grec) et autres textes. Venise, Alde Manuce, 25 décembre 1495, In-folio (303 x 210mm) Est : 20.000-30.000 e Résultat : 25 830 EDITION ORIGINALE, RARE EXEMPLAIRE EN BELLE RELIURE ITALIENNE DE L'EPOQUE Même collation, contenu et références que le lot précédent. RELIURE DE L'EPOQUE à ais nus, dos de maroquin brun orné de filets estampés à froid, inscription manuscrite Opera greca sur la tranche de gouttière, traces de fermoirs, garde volante inférieure conservée Petite restauration dans la marge intérieure du premier feuillet, quelques très légères mouillures ; maroquin du premier plat et mors refaits, garde supérieure renouvelée Exemplaire à grandes marges, avec annotations en grec contemporaines sur les premiers feuillets et au second plat.
Lot 6 - BEMBO, Pietro (1470-1547). De Aetna (latin). Venise, Alde Manuce, février1495 [1496], In-4 (200 x 142mm) Est : 100.000-150.000 e Résultat : 132 931 TEMOIGNAGE DU HAUT GOÛT DE CARLO ALBERTO CHIESA. PREMIER OUVRAGE IMPRIME PAR ALDE AVEC LES NOUVEAUX CARACTERES ROMAINS DE GRIFFO ET CELEBRE CHEF-D'UVRE DE TYPOGRAPHIE. RARE EDITION ORIGINALE D'UN RECIT DE L'ASCENSION DE L'ETNA PAR BEMBO, L'UN DES PLUS PROCHES AMIS D'ALDE. DANS UNE RELIURE DE CARMENCHO ARREGHI COLLATION : A-C8 D6 : 30 feuillets. Caractères romains R4:114. 22 lignes à la page et titre courant. Le feuillet B2 en second état, avec la faute qnia corrigée en quia, sans les corrections manuscrites d'Alde recensées par Bühler (Manuscript corrections in the aldine edition of Bembo's "De Aetna" dans Early books and manuscripts. Fourty years of research. New York, 1973, pp. 170-175) CONTENU : A1r titre : Petri Bembi De Aetna ad Angelum Chabrielem liber, D6v colophon : Impressum Venetiis in aedibus Aldi Romani mense Februario anno 1495 RELIURE DE CARMENCHO ARREGHI (non signée) : vélin ivoire à coutures extérieures sur renforts de parchemin translucide pliés en accordéon, plats réglés à la pointe sèche, emboîtage de carton blanc reproduisant le même motif PROVENANCE : ancienne foliotation à l'encre dans les angles supérieurs - Carlo Alberto Chiesa REFERENCES : HC *2765 ; Goff B-3004 ; GW 3810 ; BMC V, 554 ; Renouard, p. 7 n° 4 : " Livret extrêmement rare et d'une grande beauté. " ; Brunet I, 765 : " Petit volume imprimé en beaux caractères romains : c'est le premier livre tout latin qu'ait donné Alde. Il ne s'en est conservé qu'un très petit nombre d'exemplaires. " ; Ahmanson-Murphy 6 Au volume VII sont joints deux feuillets de parchemin portant des extraits du Doctrinale d'Alexandre de Villa Dei. Il s'agit des vers 582 à 688 de l'édition D. Reichling de Berlin (1893) provenant d'un manuscrit copié en Italie, vraisemblablement au XIVe siècle. On peut supposer que ce sont les restes de la première reliure de parchemin. D'après Manni, biographe d'Alde, cette grammaire versifiée, qu'il avait dû apprendre par cur, lui inspira un tel dégoût qu'il en eut l'idée d'inventer sa propre grammaire. Dans ce premier ouvrage imprimé entièrement en latin, Alde utilisa pour la première fois des caractères typographiques gravés à sa demande par Francesco Griffo d'après l'écriture de manuscrits appartenant à Bembo. Ces nouveaux caractères donnèrent aux pages imprimées un aspect aéré et harmonieux et assurèrent à ce petit livre une postérité extraordinaire. Modèles d'élégance et de beauté, ils ont autant inspiré Garamond que Granjon au XVIe siècle et continuent, de nos jours, à servir de modèle. Lors de la création en 1929 de la police Bembo par Stanley Morison, celui-ci considérait le De Aetna comme " the first modern book " marquant une nouvelle ère de la typographie. L'impression commandée par Bembo fut réalisée à ses frais. Alde remerciait ainsi, par un ouvrage en latin, la collaboration apportée par son ami au programme des publications en grec et tout particulièrement pour l'apport du manuscrit de la grammaire de Lascaris. Ce caractère romain, profondément renouvelé par Griffo, devint le signe de reconnaissance des humanistes militants. Il était imité de l'écriture caroline, confondue avec celles des Anciens par les humanistes florentins " qui se faisaient un point d'honneur de pratiquer l'authentique écriture latine et non l'écriture anguleuse et surchargée du Moyen Age tardif, coupable à leurs yeux d'avoir été celle des barbares " gothiques " qui avait détruit la Rome antique objet de toutes leurs affections. " (Lowry, p. 145). Pietro Bembo fit ses études dans les grandes cours d'Italie : à Florence, à Ferrare et à Urbino. Il suivit, à Messine, l'enseignement de Lascaris et, tout en se consacrant à la poésie et aux soins de sa bibliothèque, embrassa la carrière ecclésiastique. Il fut nommé secrétaire de Léon X, puis cardinal en 1539. Cet opuscule est dédié à Agnolo Gabriele, condisciple et ami d'études dans l'enseignement de Lascaris, et avec lequel Bembo gravit l'Etna. Il relate son ascension sous forme d'un dialogue entre son père, Bernardo, désigné par les lettres BP (Bembus pater) et lui-même, désigné par les lettres BF (Bembus filius). Bembo joua un rôle considérable auprès d'Alde. Il lui proposa l'ancre au dauphin comme marque typographique, prépara l'édition de La Divinia commedia en 1502 et des Cose volgari de Pétrarque, renouvela l'usage de la ponctuation, écrivit l'une des plus anciennes grammaires italiennes et publia chez lui Gli Asolani. Ce mince livret a généralement été incorporé dans des recueils composites par la suite généralement éclatés. Il est quasiment impossible de le rencontrer isolément en reliure d'époque. La reliure de vélin de cet exemplaire est un modèle moderne de reliure de substitution d'une justesse et d'une élégance suprême. Elle a été élaborée par une relieuse amie, Carmencho Arreghi, pour Carlo Alberto Chiesa et avec une certaine forme de dandysme selon son goût. Elle a été reproduite en accompagnement d'un hommage rendu à Carlo Alberto Chiesa dans le Bulletin du bibliophile (1998, n° 1, pp. 175-178). Exemplaires à belles marges, celui de UCLA a des dimensions plus réduites : 195 x 123mm.
Lot 7 - THEOCRITE. Eclogae triginta (grec), et autres textes - HESIODE. Theogonia, Scutum Herculis et Opera et dies (grec). Venise, Alde Manuce, février 1496, In-folio (312 x 212mm) Est : 50.000-80.000 e Résultat : 155 580 SEUL INCUNABLE ALDIN EN RELIURE D'EPOQUE AUX TRANCHES PEINTES PAR VECELLIO POUR LA CELEBRE BIBLIOTHEQUE PILLONE. IMPORTANT ENSEMBLE DE TEXTES POETIQUES GRECS. EXEMPLAIRE D'UN BLANC IMMACULE PORTANT SUR SA TRANCHE UN PORTRAIT D'HESIODE Autres textes : Dyonisius Caton (attribué à) Sententiae paraenetica distichi (grec, traduit du latin) - Sententiae septem sapientum (grec) - Théognide de Mégare. Sententiae elegiacae (grec) - Pythagoras (attribué à) Aurea carmina (grec) - Phocylide. Poema admonitorium [et uvres de poètes gnomiques] COLLATION : A.A-D.?8 E.E-T.G6 ZZ??10 AA.aa-??.dd8 EE.ee6 a.a-ß.b8 ?.c10 d.d-e.e8 : 140 feuillets. Premier état avant la correction aux cahiers Z.F et T.G signalée par Renouard et le BMC. Caractères grecs Gk1:125 et romains R3:83. 38 bandeaux gravés sur bois à motifs floraux et entrelacs (8 bois), 40 initiales gravées (20 bois) dont le E qui réapparaîtra dans le Songe de Poliphile CONTENU (en caractères romains) : A1r titre en grec et latin, A1v dédicace à Baptiste Guarino, A2r Theocriti Eclogae, G5v Genus Theocriti et de inventione bucolicorum, G6v blanc, ZZ1r Catonis Disticha dans la traduction grecque de Maximus Planudes, ZZ7r Sententiae septem sapientium, ZZ9r De individia, ZZ10r table, AA1r Théognis : Sententiae elegiacae, CC5v Sententiae monostichi per capita ex variis poetis, DD8r Aurea carmina Pythagorae, EE1v Poema admonitorium de Phocylide, EE5v Carmina Sibyllae erythraeae de Christo Iesu, EE6v Differencia vocis, a1r Theogonia d'Hésiode, c2r bouclier d'Hercule d'Hésiode, d1r Opera et dies d'Hésiode, e7v registre, e8r colophon : Impressum Venetiis characteribus ac studio Aldi Manucii Romani cum gratia 1495 Mense februario, e8v table pour Hésiode RELIURE DE " L'ATELIER DE BELLUNO A ", TOUT DEBUT DU XVIe SIECLE. Maroquin brun sur ais fendus, décor estampé à froid, compartiment central à croisillons et encadrements de motifs vermiculés, dos à nerfs à croisillons, bouillons et ombilic de cuivre (un seul sur le plat inférieur), deux fermoirs dont un intact, gardes de peau de vélin, gardes volantes de papier [Briquet 2491], tranches peintes PROVENANCE : Antonio Pillone (1464-1533) -- Odorico Pillone (1503-1594) - Giorgio Pillone (1539-1611) - Paolo Maresio Bazolle (antiquaire à Venise, 1874) - Sir Thomas Brooke (1830-1908), ex-libris - Mr Humphrey Brooke - Librairie Pierre Berès REFERENCES : HC *15477 ; Goff T-144 ; BMC V, 554 ; Proctor 5549 ; Renouard p. 5 n° 3 : " Cette édition est très rare, et la première de la plupart des ouvrages qu'elle contient " ; Ahmanson-Murphy 7 ; L. Venturi et P. Berès, Bibliothèque Pillone, Paris, 1957, n° 59 ; A. R. A. Hobson, " The Pillone Library ", The Book collector, printemps 1958, pp. 28-37 ; A. R. A. Hobson, Humanists and bookbinders, Cambridge, 1989, p. 18 Très pâles mouillures en haut de quelques pages et dans la marge des premiers feuillets Edition princeps de douze idylles de Théocrite, de la Théogonie et du Bouclier d'Achille d'Hésiode. Splendide reliure peinte par Vecellio avant 1590, le neveu de Titien, pour Odorico Pillone ou son fils Giorgio. Sur la tranche de gouttière, l'artiste a peint Hésiode en pied, vêtu de rouge, sur un fond vert et bleu ; les tranches de tête et de queue sont décorées de marbrures rouges sur fond gris vert. Cette admirable ornementation est caractéristique des livres de la bibliothèque Pillone. L'historique de cette collection de quelques cent soixante volumes, formée à Casteldardo près de Belluno par Antonio Pillone (1464-1533), a été publié par Pierre Berès en 1957 (Bibliothèque Pillone). L'année suivante, Anthony Hobson lui a consacré en 1958 une longue étude dans The Book collector. Les peintures de ces livres représentent, a dit Giorgio Fiocco, un chapitre capital "ed illuminante" de l'activité de Vecellio. De son côté, à propos de ce mode décoration des livres, Lionello Venturi a écrit : " L'idée de peindre avec des figures les livres des bibliothèques n'est d'ailleurs pas unique, elle révèle aussi d'une façon très particulière le caractère d'une civilisation à un moment et à un endroit où la peinture dominait les esprits (...) Dans cette condition historique, on reconnaît l'influence de Venise qui peignait non seulement l'intérieur mais aussi l'extérieur des palais comme on a fait ici pour les livres. " Au XVIe siècle, les livres étaient rangés dans le sens contraire d'aujourd'hui et les dos des reliures ne portaient pas encore de titres : tranche apparente avec nom d'auteur inscrit dessus. Il est remarquable que les Pillone aient été les seuls à l'époque à vouloir faire décorer de façon plus personnelle leurs livres. L'ensemble de ces livres, réunis dans un cabinet sans doute prévu à cet effet, présentait leur décor avec l'éclat que l'on peut imaginer. Ces livres des Pillone, restés réunis pendant trois siècles en Italie, furent acquis en bloc au XIXe siècle par le collectionneur anglais Thomas Brooke et conservés dans sa bibliothèque pendant plus d'un siècle. Venus en France en 1957, un grand nombre de ces livres sont d'ores et déjà entrés dans des bibliothèques publiques ou dans de prestigieuses collections. Ces livres, aussi dispersés que ceux de Grolier ou de Mahieu, présentent de nombreux caractères attachants, et sont précieux en tant que seul exemple ancien connu de la décoration extérieure des livres par un artiste célèbre. Une seule édition aldine post-incunable (Lucien, 1503), dans une reliure peinte pour Pillone, est passée sur le marché des ventes aux enchères. Ce Théocrite est de surcroît le seul incunable aldin de la bibliothèque Pillone. Cet exemplaire, d'un grand recueil de poésie grecque, à grandes marges et d'une extrême blancheur, dans sa splendide reliure pratiquement intacte et ornée par l'un des plus grands artistes du XVIe siècle, doit être rapproché de l'exemplaire Pirckheimer décoré par Dürer, vendu à Londres en 1966 et aujourd'hui à la Royal Academy of Arts, collection Henry Woodner.
Lot 8 - THEOCRITE. Eclogae triginta (grec) et autres textes - HESIODE. Theogonia, Scutum Herculis et Opera et dies (grec). Venise, Alde Manuce, février 1495 [1496], In-folio (288 x 196mm) Est : 20.000-30.000 e Résultat : 32 287 EXEMPLAIRE A GRANDES MARGES, EN PREMIER ETAT. PROVENANT DES COLLECTIONS DU DUC DE GRAFTON ET DE BERIAH BOTFIELD. RELIURE DU XVIIIe SIECLE Autres textes : Dyonisius Caton (attribué à) Sententiae paraenetica distichi (grec, traduit du latin) - Sententiae septem sapientum (grec) - Théognide de Mégare. Sententiae elegiacae (grec) - Pythagoras (attribute à). Aurea carmina (grec) - Phocylide. Poema admonitorium [et autres uvres de poètes gnomiques]. Collation, contenu et références : voir lot précédent RELIURE ANGLAISE VERS 1750. Veau fauve, large bordure jaspée, rectangle de veau fauve au centre des plats, encadrements estampé à froid et doré, dos à motifs dorés, tranches colorées au pinceau PROVENANCE : Chartreuse de Ravenne, avec ex-libris manuscrit du XVIIe siècle au titre - Quatrième Duc de Grafton (1760-1844) avec inscription au titre datée de 1782 - S. Hayes, mention au crayon sur la garde : acheté à la vente Grafton à Evans, le 6 juin 1815, pour 10£ -- Beriah Botfield, puis Marquess of Bath (Longleat), Christies, Londres, 23 juin 1993 - Gianfranco Alessandrini Restaurations marginales à trois feuillets ; coiffes frottées Cette remarquable impression est décorée de lettres ornées et d'ornements à motifs noués, parmi les plus parfaits de l'histoire du livre. Ces ornements à entrelacs semblent dériver du Pétrarque de Poggiano de 1476 et n'ont été, semble-t-il, utilisés par Alde que dans le seul Aristophane de 1498. Cet exemplaire, comme les deux autres de cette collection, est en premier état. Il s'agit du troisième livre dans lequel Alde utilise son premier caractère grec dans sa forme définitive. Cette édition réunit, entre autres, les éditions princeps de douze Idylles de Théocrite, de la Théogonie d'Hésiode et du Bouclier d'Hercule, les uvres de Bion, Moschus, Théognide de Mégare et de plusieurs autres poètes gnomiques comme Dionysius Caton, la Sybille, Pythagore, Phocylide, etc... Les dix-huit autres Idylles de Théocrite et Les Travaux et les Jours d'Hésiode, qui accompagnent ces pièces, avaient déjà été publiés en grec à Milan, par Bonius Accursius, vers 1480. Dans sa préface, Alde rend hommage à son ancien précepteur, Battista Guarino, fils du célèbre Guarino de Vérone : Es tu quidem aetate nostra alter Socrates, " Tu es le Socrate de notre époque ". Il anticipe également sur les reproches qui pourraient lui être adressés et insiste - c'est l'un de ses traits de caractère - sur l'humble prudence des éditeurs : " J'ai cru qu'il valait mieux donner ces textes tels quels plutôt que rien du tout ( ) plus tard, il ne manquera pas de personnes qui à loisir proposeront des corrections. " Alde s'intéressait depuis plusieurs années à Théocrite, comme en témoigne sa lettre à Codro Urceo, du 14 octobre 1492, à propos d'une leçon corrompue. Alde évoque aussi les circonstances de la publication des Disticha Catonis dans la traduction de Planude, à partir d'un manuscrit unique et grâce aux informations de son ami Francesco Rossi, de Vérone, qui devait lui procurer, en 1503, le manuscrit dont il se servira pour imprimer les Fastes d'Ovide.
Lot 9 - THEOCRITE. Eclogae triginta (grec) et autres textes - HESIODE. Theogonia, Scutum Herculis et Opera et dies (grec). Venise, Alde Manuce, février 1495 [1496], In-folio (305 x 210mm) €15.000-20.000 Résultat : 24 215 EXEMPLAIRE EN PREMIER ETAT Collation, contenu, références, voir lots précédents RELIURE du XIXe siècle. Veau brun, frise dorée sur les plats, dos long à motifs floraux, tranches jaunes PROVENANCE : pagination à l'encre au haut des pages et notes bibliographiques au verso de la garde supérieure -- Jacobelus, cachet armorié sur le titre - H. C. Hoskier, avec signature datée de novembre 1902 Légères rousseurs marginales, restaurations à trois feuillets ; reliure frottée
Lot 10 - THESAURUS Cornucopiae et Horti Adonidis (grec). Venise, Alde Manuce, août 1496, In-folio (309 x 202mm) Est : 15.000-20.000 e Résultat : 16 144 EDITION ORIGINALE. CORNE D'ABONDANCE GRAMMATICALE DES ETUDIANTS. EXEMPLAIRE GRAND DE MARGES AVEC DE PRESTIGIEUSES PROVENANCES ANGLAISES : ROXBURGHE ET SUSSEX. COLLATION : *10 aa-z?8 &?4 AA-D?8 EE6 FZ8 GH-KK8.6 L?8 : 280 feuillets. Caractères grecs Gk1:125 et Gk2:114 (préface), et romains R4:114. 30 lignes à la page. CONTENU (simplifié) : *1r titre, *2r préface d'Alde aux étudiants, *3v lettre latine de Politien à Guarino, *5r préface en grec de Guarino à Pierre de Medicis, a1r textes de grammairiens grecs par ordre alphabétique dont Eustathe de Thessalonique, L8r colophon : Venetiis in domo Aldi Romani summa cura laboreq praemagno. Mense Augusto 1497 RELIURE ANGLAISE, FIN DU XVIIIe SIECLE. Maroquin rouge à grain long, armes au centre des plats, double encadrement de filets aux plats, dos à nerfs, tranches dorées PROVENANCE : Johannes Inner-Ker (1770-1804), 3e duc de Roxburghe, fameux pour la célèbre vente de ses livres en 1812, reliure à ses armes et portant sa devise - duc de Sussex (1773-1843), sixième fils du roi George III (lui-même concurrent de Roxburghe en son temps), ex-libris à ses armes, et avec une note à l'encre " From the Sussex library " -- Charles Jacques Stuart, ex-libris à ses armes - vente, Sotheby's, 1895 REFERENCES : HC *15943 ; Goff T-158 ; BMC V, 555 ; GW 7571 ; Ahmanson-Murphy 8 Dernier feuillet renforcé ; reliure légèrement frottée Seule édition d'Alde Manuce datée de l'année 1496 d'un livre qui joua un rôle fondamental dans la pédagogie du grec en Occident. Impression en grands caractères grecs, ceux de petit corps apparaissant pour la première fois, dans la préface. Le savant imprimeur établit cette édition avec Guarino Camertis de Favera, Carlo Antinori, Politien et Bolzanio Valeriano. Un autre collaborateur, Arsenios Aposteles, fils de Michel, libraire crétois par lequel Alde a obtenu plusieurs manuscrits grecs, n'est pas mentionné dans la préface, mais signe un poème et a dû participer au travail collectif. C'est dans cette préface qu'Alde affirme travailler depuis sept ans, sans une heure de repos, à son programme de publication des textes de l'Antiquité. Il y précise aussi que cette compilation de divers traités grammaticaux de trente-quatre auteurs grecs, dont Eustathe de Thessalonique ici en édition princeps, doit son nom de Thesaurus cornocupiae à l'abondance de bonnes choses qu'elle contient. Les uvres de Ælius Dyonisius, Pausanias et Jean d'Alexandrie y sont entre autres représentées ainsi que celle de Georgios Choiroboscos (IXe siècle). Il fut diacre, archiviste en chef, professeur de littérature à Constantinople et grammairien. Son uvre, véritable puits de science, est un conservatoire de fragments d'uvres perdues plus anciennes.
Lot 11 - BENEDETTI, Alessandro. Diaria de bello Carolino (latin). Venise, Alde Manuce, après le 27 août 1496, In-4 (204 x 152mm) Est : 15.000-20.000 e Résultat : 32 287 EDITION ORIGINALE. LUXUEUX EXEMPLAIRE DE GEORGE JOHN, COMTE SPENCER : " THE CHOICEST COLLECTION OF ALDINES EXISTING IN ANY LIBRARY " (Seymour de Ricci) COLLATION : a-h8 i4 : 68 feuillets. Caractères romains : R4:114. 25 lignes à la page. Avec les corrections signalées par Bühler et faite à la dernière minute dans l'atelier d'Alde : elles ont toutes été effectuées, corrigeant " im-" en g7. Les dix-sept corrections manuscrites ont également été suivies, sauf deux fautes mineures (b1 et d1). Les indications marginales en h3v et i1r ont été grattées et le papier renforcé CONTENU : a1r titre, a1v deux poèmes latins par Quintius Haemilianus (contre les Gaulois et à la louange de Benedetti), a2v dédicace de Benedetti au doge de Venise Agostino Barbarigo (1486-1501), a4r résumé du livre I, a4v livre I : De Tarrensi pugna, e4v résumé du livre II, e5v livre II : De obsidione urbis Novariae, i3v lettre de Benedetti aux sénateurs de Venise Sebastiano Badoer et Girolamo Bernardo, i4r privilège conféré par le Sénat de Venise : 1496 Sexto Cal.Septembres, i4v blanc RELIURE ANGLAISE, VERS 1830, ATTRIBUABLE A CHARLES HERING, EXECUTEE POUR SPENCER. Maroquin rouge à grain long, ancre aldine dorée sur les plats, dos à nerfs à motifs dorés, doublures de maroquin citron à grain long, encadrement de double filets dorés et de grands motifs latéraux à rinceaux et filets dorés, gardes de papier ciré bleu, tranches dorées PROVENANCE : George John comte Spencer (1758-1834), Premier Lord de l'Amirauté (1794-1801) et Home Secretary (1806-1807), avec son numéro d'entrée dans la bibliothèque d'Althorp inscrit à l'encre bleue au verso de la garde : 18588, laissant croire à une acquisition réalisée dans les dix dernières années de sa vie (cf. Seymour de Ricci, p. 77) - acquis par Mrs John Rylands avec la bibliothèque Spencer en 1892 : John Rylands University Library of Manchester, avec ex-libris daté de 1894, cachet à l'encre rouge et étiquette d'aliénation en avril 1988 : Sotheby's, Books from the John Rylands University, 14 avril 1988, lot 14 - Costia Zafiropoulos, Paris, 3 décembre 1993 REFERENCES : H *805 ; Goff A-389 ; BMC V, 555 ; GW 863 ; Proctor 5552 ; Renouard p. 260 n° 9 ; Bühler, Early books and manuscripts, "Stop-press and manuscript corrections in the Aldine edition of Benedetti's Diaria de bello Carolino", 1973, pp. 138-144 ; Ahmanson-Murphy 9 Les mêmes beaux caractères romains créés par Griffo pour le De Ætna de Bembo servirent à Alde pour imprimer cet ouvrage qui ne procède pas d'une initiative de l'éditeur. Ce récit contemporain de la guerre du roi de France Charles VIII contre la ligue de Venise est un véritable texte patriotique. D'un ton vif et polémique, l'uvre fut sans doute commandée à l'auteur par le Sénat de Venise. Le texte était prêt dès 1495 comme le prouve une lettre de Giorgio Valla à Benedetti. L'édition fut si clairement faite à ses propres frais qu'Alde n'y mit pas son nom. Cependant, Benedetti, ami intime de Valla, avait introduit Alde dans la haute société vénitienne. Il était donc normal que celui-ci voulût lui être agréable en l'imprimant. Médecin véronais réputé, Alessandro Benedetti (vers 1450-1512) avait exercé en Grèce avant d'enseigner à Padoue et s'était installé à Venise en 1495. Ayant servi l'armée vénitienne dans la campagne contre les Français à la bataille de Fornoue et au siège de Novare, Benedetti voulait, comme le rappelle Lowry (op. cit., p. 126), se faire un nom et contribuer à sa propre gloire par un récit personnel assaisonné d'éloges à des nobles influents.
Lot 12 - BENEDETTI, Alessandro. Diaria de bello Carolino (latin). Venise, Alde Manuce, après le 27 août 1496, In-4 (205 x 150mm) Est : 15.000-20.000 e Résultat : 16 144 EDITION ORIGINALE. BEL EXEMPLAIRE DE LORD ASHBURNAM Collation, contenu et références : voir lot précédent. Les corrections de Bühler ont toutes été effectuées sauf la faute insigna au feuillet g8, trois corrections manuscrites subsistent en b4v, h3v, i1v RELIURE SIGNEE DE F. ET T. AITKEN, VERS 1860. Peau vert olive à petit grain, encadrements dorés et estampé à froid aux plats, fleurons dorés et estampés à froid aux angles, dos à nerfs, tranches dorées et ciselées PROVENANCE : mention illisible à l'encre brune au contreplat (Catal Ahhend ?) avec date d'avril 1854 - Lord Ashburnam (1797-1878) avec la cote d'entrée dans sa bibliothèque à l'encre rouge au contreplat : 12 E : Sotheby's, Ashburnam sale, 26 juin 1897, lot 376 - Henry J. B. Clements, ex-libris : Sotheby's, Londres, 5 juillet 1966, lot 339 Quatre trous de vers au titre, bouchés, l'un continuant, petite galerie de vers dans les marges, bouchée de e3 à la fin Renouard disait le Diaria de bello Carolino " ni moins rare ni moins beau que l'Etna ". Seuls deux exemplaires, dont l'exemplaire Spencer présent dans cette collection, sont passés sur le marché des ventes internationales depuis 1975.
Lot 13 - LEONICENO, Niccolò (1428-1524) Libellus de Epidemia (latin et grec). Venise, Alde Manuce, juin 1497, In-4 (193 x 147mm) Est : 10.000-15.000 e Résultat : 12 108 EDITION ORIGINALE DE LA PREMIERE DESCRIPTION CLINIQUE DE LA SYPHILIS APPELEE " MORBUS GALLICUS " COLLATION : a-c8 d4 e2 : 30 feuillets. Caractères romains R5:87 (réduction de R2:114 : deuxième caractère gravé par Griffo pour Alde que Victor Scholderer définit comme " une copie plus fine " du premier) et R3:83, et caractères grecs Gk2:114(87) également réduits. 33 lignes à la page, emplacements d'initiales avec lettres d'attente CONTENU : a1r titre, a1v blanc, a2r dédicace de l'auteur à Giovanni Francesco Pico della Mirandola, a3r texte, d4r colophon Venetiis, In domo Aldi Manutii Mense Junio 1497, d4v blanc, e1r errata, e2 blanc RELIURE en vélin ivoire PROVENANCE : C. Giovanni Zampiccoli, ex-libris manuscrit du XVIe siècle au titre - H. F. Norman, ex-libris imprimé au contreplat : Christies New York, 18 mars 1998 REFERENCES : HC *10019 ; Goff L-165 ; BMC V, 557 ; Norman 1331 ; Garrison-Morton 2363 ; Renouard p. 14 n° 12 ; Ahmanson-Murphy 12 La syphilis réapparut en Occident en 1495 lors du siège de Naples par Charles VIII et ses troupes françaises. Elle causa des ravages lors des guerres d'Italie et provoqua la plus spectaculaire des épidémies qui trouva son miroir dans les langues européennes : elle fut appelée " mal français " par les italiens, " mal napolitain " par les français, " mal serpentin " par les espagnols, " mal allemand " par les polonais, " mal polonais " par les russes, " bouton des Francs " par les arabes, et " mal étranger " par les autres. Leoniceno montra qu'elle était connue depuis l'Antiquité et signale les erreurs des médecins arabes dans son identification. Ses analyses ouvrirent la voie à celles d'autres médecins célèbres comme Lopez de Villalobos, Alemenar et Girolamo Frascatoro. L'ouvrage suscita une ardente polémique, fut réédité à Milan et à Leipzig, et reçut plusieurs réponses. Leoniceno fit partie des médecins qui renouvelèrent les conceptions médicales du Moyen Age par un retour aux auteurs classiques comme par de solides observations peu habituelles aux conceptions anciennes. A la fois médecin et philologue, il fut le premier érudit à reprendre les textes grecs et donna une nouvelle traduction latine des Aphorismes d'Hippocrate et de plusieurs traités de Galien.
Lot 14 - JAMBLIQUE (vers 250-vers 325). De Mysteriis Aegyptiorum (latin et grec). Venise, Alde Manuce, septembre 1497, In-folio (307 x 210mm) Est : 8.000-12.000 e Résultat : 16 144 IMPORTANT CORPUS D'UVRES NEO-PLATONICIENNES. LA CONTRIBUTION DE FLORENCE A VENISE, ET DE MARSILE FICIN A ALDE NOMBREUSES PREMIERES EDITIONS à l'exception de Jamblique (1478), Alcinus Platonicus et du pseudo Pythagore COLLATION : a-i8 K4 L-M6 N-P8 q8 R-Z8 &10 : 185 feuillets sur 186, sans le blanc final. Caractères romains R4:114 et grecs pour les citations Gk2:114. 37 lignes et titre courant. Initiale A gravée sur bois, emplacements des initiales avec lettres d'attente. Deuxième feuillet correctement signé aii, dernier mot du feuillet K2 correctement orthographié absente CONTENU : A1r titre, A1v dédicace de Marsile Ficin au cardinal Giovanni de Medicis, A2r Jamblique De Mysteriis, f1v Proclus De Anima et daemone, h7r De sacrificio, h8r Porphyre De divinis atque daemonibus, L1r lettres de Ficin à Laurent et Pierre de Médicis du 15 avril 1489, L1v Synesius de Cyrène De Somnis, N1r Psellos De daemonibus, N8v Priscien et Ficin In Theophrastum de anima puis de phantasia , S6r Alcinus Platonicus De Doctrina Platonis, V8r Speusippe De Platonis definitionibus, X2v Pseudo Pythagore Aurea verba puis Symbola, X3v préface de Ficin sur Xénocrate, X4r Xénocrate De morte, X7v Marsile Ficin Liber de voluptate, &8v colophon : Venetiis mense Septembri 1497. In aedibus Aldi, &9r registre, &10 blanc RELIURE DU XIXe SIECLE. Demi reliure à coins de veau brun, plats de papier rose, dos long estampé de filets à froid PROVENANCE : soulignements manuscrits et petites notes marginales aux traités de Jamblique, Speusippe et Ficin REFERENCES : HC *9358 ; Goff J-216 ; BMC V, 557 ; Renouard p. 13 n° 6 ; Ahmanson-Murphy 15 Quelques taches surtout aux premiers feuillets, trace d'ex-libris au titre Ce traité sur la défense des rites magiques des Egyptiens et sur le monde intermédiaire peuplé de démons fut connu des humanistes grâce à cette traduction de Ficin. Il a été constamment réédité et exerça une influence profonde sur l'occultisme occidental jusqu'à nos jours. Marsile Ficin, personnage central de la redécouverte du platonisme en Italie au XVe siècle, sut concilier la redécouverte de la philosophie platonicienne de l'amour, la notion d'amitié chez Aristote et la charité de saint Paul en un seul corps de doctrine qui donna son cadre d'expression au culte de la beauté et de l'amour à la Renaissance. Les épîtres dédicatoires de cette édition témoignent de la protection accordée par les Médicis à Ficin. Ils lui permirent de travailler, entre 1460 et 1480, à ses traductions du grec. La BnF conserve le manuscrit de la main même de Ficin qui a servi à cette impression. Il a passé de Joannes Gregoropoulos, correcteur d'Alde, à Johannes Cuno de Nuremberg, un des premiers et célèbres amateurs de copies d'impression, puis à Beatus Rhenanus, son élève, et enfin au dix-huitième siècle au philologue strasbourgeois Richard Brunck.
Lot 15 - [CRASTONE, Giovanni (vers 1420-1498)]. Dictionarium graecum copiosissimum (grec et latin). Venise, Alde Manuce, décembre 1497, In-folio (300 x 200mm) Est : 6.000-8.000 e Résultat : 15 336 DE L'USAGE D'UN DICTIONNAIRE GREC AU XVIe SIECLE COLLATION : a-k8 l10 A-K8 L-O10.8 p-r8 s6 t8 : 244 feuillets. Caractères grecs Gk2:114, et romains : R4:114, R5:87. 42 lignes à la page, sur deux colonnes (ou trois, pour le lexique d'Alde), emplacements des initiales avec lettres d'attente CONTENU : a1r titre, a1v dédicace d'Alde à tous les étudiants (studiosis omnibus), a2r dictionnaire de Crastonus, L1v Joannes Philoponus (pseudo-Cyrille) : lexique des mots dont le sens varie selon l'accentuation, M1v Ammonius : traité des mots similaires, O4v Alde Manuce : lexique latino-grec, t7r registre, t7v colophon : Venetiis in aedibus Aldi Manutii, Romani Decembri mense MIIID, t8 blanc RELIURE DU XIXe SIECLE. Veau brun, dos à nerfs à motifs végétaux estampés à froid PROVENANCE : numérotation manuscrite à l'encre (XVIe siècle) des pages et des lignes du dictionnaire de Crastonus conformément au système de renvoi requis par le lexique d'Alde REFERENCES : HC *6151 ; Goff C-960 ; BMC V, 558 ; GW 7814 ; Renouard p. 13 n° 17 ; Ahmanson-Murphy 16 Quelques pâles mouillures angulaires touchant parfois le texte, restauration à l'angle inférieur des premiers feuillets, quelques trous de vers bouchés ; plat inférieur frotté Première édition aldine pour laquelle Alde et Marcus Musurus ont repris le texte de l'impression d'Accorsi (Milan, vers 1478). Alde n'indique nulle part le nom de l'auteur du Dictionnaire de sorte qu'il lui a été parfois attribué alors que seul le lexique latino-grec lui est dû. Dans ce lexique, les lèmes latins ont été réunis par ordre alphabétique et renvoient au dictionnaire de Crastonus par numéros de double page (le verso d'un feuillet et le recto du feuillet suivant ont le même numéro) et par numéro de ligne (sans indication de colonne). Ce système de renvoi a été reporté à la main par un lecteur anonyme du XVIe siècle. Johannes Crastonus (Giovanni Crastone ou Crestone en italien), pour réaliser son Dictionnaire, a corrigé et amélioré un travail de Constantin Lascaris à l'aide d'un second lexique du XVe siècle. Son uvre a largement circulé, sous forme manuscrite, avant d'être livrée à l'impression.
Lot 16 - VALERIANO, Bolzanio (1443-1524) dit Urbanus Bellunensis, O.F.M. Institutiones graecae grammatices (latin et grec). Venise, Alde Manuce, janvier 1498, In-4 (195 x 145mm) Est : 12.000-16.000 e Résultat : 25 830 EDITION ORIGINALE. PREMIER ETAT. PREMIERE GRAMMAIRE GRECQUE EN LANGUE LATINE. BEL EXEMPLAIRE EN RELIURE DE VELIN DU XVIe SIECLE COLLATION : a10 b-z8 &8 A8 B10 C2 : 214 feuillets. Caractères romains R4:114 et grecs Gk2:114. 27-28 lignes à la page. Premier état de l'errata (cf. Renouard), avec trois lignes au lieu de quatre sur le dernier feuillet. Une grande et des petites initiales gravées sur bois, emplacements d'initiales avec lettres d'attentes CONTENU : a1r titre, a1v blanc, a2r dédicace d'Alde à Giovanni Francesco della Mirandola, neveu du phénix de la science Jean Pic de La Mirandole, a3r texte, B10 r colophon : Venetiis in aedibus Aldi Manutii romani 1497 mense Ianuario, C1r errata ILLUSTRATION : diagramme grammatical gravé sur bois à pleine page décrivant le système phonétique du grec ancien : les voyelles, brèves, longues, diphtongues en haut et les consonnes en bas, avec un tableau du système consonantique par lieu et mode d'articulation RELIURE DU XVIe SIECLE. Parchemin souple à passes et à rabats, restes de lanières. Pièce de titre manuscrite sur papier, tranches bleues PROVENANCE : quelques notes marginales à l'encre brune, monogramme non identifié au titre et mention " Urbanus " au plat inférieur (début du XVIe siècle) -- sur un feuillet libre, note manuscrite à l'encre d'un collectionneur du début du XIXe siècle et lecteur de Renouard REFERENCES : HC *2763 ; Goff U-66 ; BMC V, 558 ; Renouard p. 11 n°4 ; Ahmanson-Murphy 22 Trace d'ex-libris au titre, pâle mouillure dans les marges de quelques cahiers; quelques modestes salissures à la reliure, garde supérieure renouvelée " Ce livre est extrêmement rare. Erasme, dans une de ses lettres, de 1499, dit que dès lors il lui fut impossible d'en trouver un seul exemplaire. " (Renouard). Le succès de cette grammaire fut considérable. Rédigée par Fra Urbano à la demande d'Alde et la première à donner les règles du grec en latin, elle connaîtra vingt-trois rééditions au XVIe siècle. Elle permit au large public humaniste, souvent peu en mesure de lire la grammaire grecque de Lascaris (1495), de découvrir le patrimoine littéraire grec qu'Alde publiait en même temps. Vers 1470, Fra Urbano voyagea en Grèce, Syrie et Egypte avec le futur doge Andrea Gritti. Rentrant par la Sicile et Messine, il étudia le grec à l'académie de Lascaris. A partir de 1484, Fra Urbano s'installa à Florence où il devint professeur de grec de Jean de Médicis, le futur pape Léon X. Il s'installa à Venise, ouvrit une école d'enseignement du grec et prit une place importante dans le monde intellectuel vénitien. Il est mentionné comme collaborateur d'Alde dans la préface du Thesaurus Cornucopiae et collabora avec Alde et Erasme pour la publication des Adagia.
Lot 17 - VALERIANO, Bolzanio. Institutiones graecae grammatices (latin et grec). Venise, Alde Manuce, janvier 1498, In-4 (195 x 145mm) Est : 6.000-10.000 e Résultat : 17 758 EDITION ORIGINALE. PREMIER ETAT. PREMIERE GRAMMAIRE GRECQUE EN LANGUE LATINE. BEL EXEMPLAIRE RELIE PAR BOZERIAN Pour la collation, le contenu et les références, voir lot précédent RELIURE SIGNEE DE BOZERIAN. Maroquin rouge à grain long et décor doré, grand motif d'éventail en écoinçons et encadrements aux plats, dos à nerfs à décors floraux et pointillés, doublures en tabis mauve, gardes de peau de vélin, tranches dorées PROVENANCE : Léon S. Olschki, célèbre libraire italien, avec son ex-libris au contreplat Restauration en bas du titre et aux premiers feuillets, petites galeries de vers bouchées, pâles rousseurs La reliure de Bozérian est de même facture que celles exécutées pour Renouard.
Lot 18 - ARISTOPHANE. Comoediae novem Venise, Alde Manuce, 15 juillet 1498, In-folio (318 x 208mm) Est : 15.000-20.000 e Résultat : 44 395 EDITION PRINCEPS DE NEUF PIECES D'ARISTOPHANE. BEL EXEMPLAIRE D'UN GRAND TEXTE DE LITTERATURE EN RELIURE DE L'EPOQUE COLLATION : p8 a-y8 d10 e-?8 ?10 p-?8 f6 ?-?8 ?-?8 ?6 ?-?8 ?4 ?-?8 ?10 ?-S8 ?6 : 348 feuillets. 42 lignes et titre courant. Caractères grecs Gk1:125 (texte) et Gk2:114 (commentaire), et romains R4:114. Initiales et bandeaux gravés sur bois, à décor floral et entrelacs CONTENU : p1r titre, p1v dédicace d'Alde à Daniele Clario, a1r Ploutos, e1r les Nuées, ?8 blanc, ?1r les Grenouilles, p1r les Cavaliers, ?1r les Acharniens, ?1r les Guêpes, ?1r les Oiseaux, ?1r la Paix, ?1r l'Assemblée des femmes, T1v colophon Venetiis apud Aldum 1498 Idibus Quintilis RELIURE FRANCAISE DE L'EPOQUE, VERS 1510. Veau brun à décor estampé à froid, deux encadrements et quatre bandes verticales d'une roulette à rinceaux portant les lettres RV, dos à nerfs, gardes avec filigrane semblable à Briquet 5007 [Mayence, 1523], restes de fermoirs métalliques REFERENCES : HC * 1656 ; Goff A-958 ; BMC V, 559 ; GW 2333 ; Proctor 5566 ; Renouard p. 16 n° 3 ; Ahmanson-Murphy 25 PROVENANCE : quelques pâles notes marginales - Jani Guidonis Voysinii, ex-libris manuscrit du XVIe siècle au titre - Gerald P. Mander, ex-libris - Sotheby's, 1er décembre 1993 Quelques brunissures dans les marges supérieures et aux gardes, galerie de vers dans une marge à partir du cahier N, trous de de vers continus des gardes au livre ; dos refait, travail de vers aux plats La dédicace d'Alde à Daniele Clario, professeur de grec et de latin à Raguse, est un manifeste de l'humanisme. Les lettrés doivent abandonner les traductions latines des auteurs grecs, corrompues et incomplètes, et revenir aux sources de la pure littérature : Aristophane, selon Théodore de Gaza, donne le meilleur exemple de la langue attique. Cette édition, monument typographique et littéraire et l'une des plus belles productions d'Alde, fut dirigée par Marcus Musurus, alors âgé de 28 ans. Elle suit la recension et les commentaires de Demetrios Triklinios pour les huit premières pièces. En 1965, Martin Sicherl a longuement étudié le fragment du manuscrit (Ploutos) ayant servi à l'édition et conservé à Sélestat, parmi les volumes de Beatus Rhenanus (ms. Bibl. Mun. 37 [K 1105e]). Ce manuscrit a été copié par le Crétois Zacharias Callierges d'après un manuscrit d'Oxford (Bodleian Libr., Holkham gr. 88) en utilisant le manuscrit de Modène comme correctif (Bibl. Estense, 127). Alde avait connaissance d'une dixième comédie (Lysistrata). Mais faute d'un manuscrit complet, elle ne fut publiée qu'en 1516 par Giunta à Florence, avec les Thesmophories, après la découverte d'un manuscrit dans la bibliothèque de Federigo da Montefeltro (aujourd'hui conservé à Ravenne). Les éditions aldines en reliure parisienne du début du XVIe siècle sont rarissimes. Le type de décor de cette reliure est la première manifestation à Paris d'un goût nouveau sur les couvrures des livres. Pour un possesseur parisien contemporain, il est évidemment en correspondance avec le caractère humaniste et novateur de cette édition. Cette reliure porte ainsi témoignage de la réception élitiste précoce à Paris d'éditions aldines bien avant la vogue dans les années 1530 après le retour des Français de l'Italie du Nord. Les initiales sur des roulettes Renaissance sont très rares. Il est généralement admis qu'elles désignent " le libraire propriétaire de la roulette ". Les initiales RV sont inconnues dans le relevé de Robert Brun (" Guide de l'amateur de reliures anciennes ", Bulletin du bibliophile, 1937, p. 217 et sq)
Lot 19 - POLITIEN, Angelo Ambrogini dit " Il Poliziano " Omnia opera Venise, Alde Manuce, juillet 1498, In-folio (314 x 215mm) Est : 10.000-15.000 e Résultat : 22 601 PREMIERE EDITION DES UVRES DE POLITIEN. APPARITION DES CARACTERES HEBRAIQUES D'ALDE COLLATION : a-p8 q-r10 s-t8 A-I8 K4 L-P8 Q-R10 S8 T10 V6 X-Y10 Z8 &10 aa10 aa-bb8 bb-hh8 ii6 ??10 : 452 feuillets. Caractères romains R4:114, grecs Gk2:114 et hébraïques. 38 lignes à la page. Cahier k signé ?, dii noté cii. CONTENU : a1r titre, a1v lettre d'Alde à Marino Sannudo, a2r index, a3r Epistolarum, A1r Miscellaneorum, K4 blanc, L1v Herodiani historiae, S1r In Epicteti stoici enchiridion, T1r ad Bartholomeu scala epistola, T4r Alexandri [d'Aphrodise] Problemata, X8r Amatoriae narrationes, Y1r Lamia, Z7r De ira, &1r In Homerum, aa1r Super Fabio Quintiliano, aa5v In Suetonium, aa1r Oratio, aa4v In Psalmos, aa8v Dialectica, bb1r Praelectio, bb5v Nutricia, cc8r Rusticus, dd8r Manto, ee5v Ambra, ff6r In Albieriam, gg2v Epigrammatum, ??2v épigrammes grecs, ??8v colophon : Venetiis in aedibus Aldi Romani mense Iulio 1498, ??9r registre RELIURE vers 1800. Dos et coins de vélin ivoire, plats de papier marbré brun PROVENANCE : quelques rares annotations contemporaines aux cahiers A-E, à l'encre rouge, par un lecteur avisé citant le De Asse de Guillaume Budé - manicule du XVIe, en marge de la dédicace, soulignant la phrase où Alde accuse les Florentins de cacher les uvres de Politien REFERENCES : HC *13218 ; Goff P-886 ; BMC V, 559 ; Renouard p. 17 n° 4 ; Ahmanson-Murphy 26 Quelques taches, feuillets Y9 à Z7 et kk10 réenmargés " Cette rare édition, l'une des plus belles qui soient sorties de l'imprimerie aldine " (Renouard) est la première tentative de publication des uvres collectives d'un auteur quasi contemporain. Politien, mort quatre ans auparavant, en avait préparé les matériaux quoique la préface signale l'important travail d'Alessandro Sarti et de " ses amis lettrés ". Giovanni Francesco della Mirandola en fut un autre artisan. Il reçut l'aide de Giovanni Mainardi, de Pietro de' Ricci il Crinito, fidèle disciple de Politien, et de Zanobi Acciaioli qui avait préparé une édition des épigrammes. C'est sans doute pour protéger la mémoire de leur maître que ces amis décidèrent de retirer les épigrammes obscènes ou de normaliser les poèmes amoureux homosexuels ainsi que supprimer les noms de savants favorisés par la France, comme Lascaris. Né en 1454, disciple de Ficin, ami d'Alde, de Pic de La Mirandole et de Raphael, aussi doué pour la poésie latine que pour la poésie grecque, traducteur de l'Iliade, Politien se vit confier à vingt ans l'éducation des deux fils de Laurent de Médicis : Pierre et Jean (le futur pape Léon X). Il est considéré, aux côtés de Boccace et de l'Arioste, comme l'un des poètes les plus délicats de la Renaissance et comme l'un des plus grands représentants de l'humanisme. Sa fable d'Orphée inspirera Monteverdi.
Lot 20 - [EPISTOLAE GRAECAE]. Epistolae diversorum philosophorum (grec). Venise, Alde Manuce, 17 avril 1499, 2 volumes in-4 (255 x 151mm) Est : 6.000-8.000 e Résultat : 17 758 IMPORTANT RECUEIL DE LETTRES DESTINE A L'ENSEIGNEMENT DE L'ART ESPITOLAIRE GREC COLLATION : vol. 1 : *6 a-?12 ?-?8 ?10 ?-t8 tt6 ?-?8 A-G8 ?4 : 266 feuillets ; vol. 2 : a-e8 ?-?6 ?-?8 ?6 : 137 feuillets sur 138, sans le blanc final. Caractères grecs Gk2:114 et romains R4:114. 26 lignes. Emplacements d'initiales avec lettres d'attentes CONTENU : cf. Ahmanson-Murphy ; Rhétorique et Poétique, absentes de la grande édition princeps d'Aristote, éditées ici d'après le manuscrit de la BnF RELIURE DU XVIIIe SIECLE. Dos et coins de veau fauve, plats de papier moucheté brun, dos à nerfs ornés et dorés, tranches rouges PROVENANCE : Raffaele Regio (?, né en 1440), marginalia au second volume - deux cachets du XVIIIe siècle, bibliothèque d'un monastère Bibliot S Silveo, au volume 2 seulement - cote du XVIIIe siècle apposée à l'époque de la reliure, à l'encre brune, aux contreplats des deux volumes REFERENCES : HC *6659 ; Goff E-64 ; BMC V, 560 ; GW 9367 ; Ahmanson-Murphy 30. Sur Regio : P. Eleuteri et P. Canart, Scrittura greca nell'umanesimo italiano, Polifilo, 1991, pp. 164-166, et spécimen d'écriture : Oxford, Bodleian Libray, Auct. T.3.14 [Misc. 231], f. 2v Vol. 1 : quelques mouillures, restaurations marginales aux tous derniers feuillets Edition princeps pour la grande majorité des lettres, établie par Marcus Musurus. La maîtrise de l'art épistolaire et de la rhétorique était nécessaire à tout homme accompli et divers recueils de lettres servaient déjà de modèles aux pédagogues. Musurus rassembla les écrits de 35 auteurs comme Platon, Isocrate et Eschine, Grégoire de Nazianze, Synesius de Cyrène, Alexandre le Grand, Basile de Césarée ou Julien l'Apostat. Il utilisa un manuscrit de ses collections pour les uvres de Basile et effectua plusieurs copies de manuscrits inaccessibles à Alde. Des manuscrits lui furent fournis par l'entourage de Michel Apostoles et le milieu crétois. Pour Ailanos, Enée et Procope, les lettres d'amour de Philostrate, c'est un manuscrit de l'Ambrosiana, copié par un Crétois, Paulos, relieur de Padoue et dont la BnF possède un fragment, qui a servi de modèle à la copie. Les annotations du second volume ont été attribuées à l'humaniste Raffaele Regio. Condisciple de Musurus à Padoue, il y enseigna avant 1492 et de 1503 à 1508, le grec, le latin et la rhétorique. Il occupa aussi une chaire latine à l'école de Saint-Marc à Venise pendant que Musurus tenait celle de grec. Outre ses travaux et traductions, il fut chargé de l'oraison funèbre d'Alde, aujourd'hui perdue. Ses annotations sont des conjectures, des corrections, mais aussi des collations : Ita habet .C. manuscriptus (a5r) ou encore nota in codice : Sal. |
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