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VENTE HÔTEL DROUOT - MARDI 18 MARS 2003, à 14h15
Livres anciens, modernes & Manuscrits
BIBLIOTHEQUE D'UN AMATEUR ECLAIRE
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Les estimations sont données en euros. / The estimations are given in euros.
80 - Livre d'heures du comté de Bourgogne calligraphié & enluminé, réalisé aux alentours de la mort de Charles le Téméraire, duc & comte de Bourgogne (circa 1470-1490) est : 40 000 / 50 000 euros Description matérielle Livre formé de 62 feuillets de parchemin (vélin) : un cahier de 6 , 1 blanc, 7 cahiers de 8 (dont un manque). Dimension : 22 cm sur 16,5. Écriture gothique à l'encre sombre; réglures; rubriques; lettrines; 11 enluminures pleine page, 14 enluminures quart-de-page; marges enluminées; armoiries et composition héraldique. Reliure pleine basane du xviième s., dos à nerfs, toutes tranches dorées. Composition liturgique & distribution de l'illustration Calendrier 1 - 6 ( 7 : blanc, postérieur) Extraits des quatre évangiles 8 - 10 recto o selon saint Jean tableau saint Jean o selon saint Luc tableau saint Luc o selon saint Matthieu tableau saint Matthieu o & selon saint Marc tableau saint Marc Heures de la Vierge Marie 10 verso - 31 recto. o Matines image pleine page Annonciation de l'ange à Marie 10 verso - 14 recto o Laudes image pleine page Visitation de Marie à Élisabeth 14 verso - 18 o Prime image pleine page Nativité du Christ 19 - 20 o Tierce image pleine page Annonce aux bergers 21 - 22 o Sexte [image pleine page manquante Adoration des mages ?] [22 bis manquant ] - 23 o None image pleine page Présentation de Jésus au Temple 24 - 25 o Vespres image pleine page Fuite en Égypte 26 - 28 o Complies image pleine page Couronnement de la Vierge au Ciel 29 - 31 recto Heures de la Croix image pleine page Le Christ en croix, Marie & Jean. 31 verso - 33 Heures du Saint Esprit image pleine page La Pentecôte (à la colombe) 34 - 36 recto Les vii Psaumes de la Pénitence image pleine page Le roi David 36 verso - 40 Litanies lettrines formant bordure 41 - 43 in fine composition pleine page composition héraldique Office des morts image pleine page Absoute au cimetière 44 - 52 verso Oraisons diverses 52 verso - 62 o Oraison de Notre Dame tableau Vierge à l'Enfant o O intemerata tableau Piétà o Les xv joye nostre Dame tableau la Vierge Marie & Jésus enfant o Les vii requeste tableau la Sainte Trinité o Oraison de saint Sébastien tableau martyre de saint Sébastien o Oraison de saint Antoine tableau saint Antoine o Oraison de saint Nicolas tableau saint Nicolas o Oraison de sainte Katherine tableau sainte Katherine o Oraison de sainte Marguerite tableau sainte Marguerite o Oraison de sainte Barbe tableau sainte Barbe o Les vii versets de saint Bernard lettrine o Oraison dévote lettrine Illumination Gamme Ces Heures sont enluminées, à chaque page, par une ample gamme d'images, déclinées des plus imposantes aux plus discrètes : -images pleine page, bordées de marges fleuries; -tableaux quart-de-page; -marges fleuries : motifs floraux (roses, bleuets, coquelicots, pensées, pâquerettes, illets, chardons, fraises &c.), animaux (singes, escargot), oiseaux (paon), créatures fantastiques et anthropozoomorphiques, personnages (flutiste, cornemuseux), monstres, armoiries; -lettrines : grandes (à 4 lignes), moyennes (à 2 lignes) et petites (à 1 ligne); -bouts-de-lignes. Total Ce livre présente un total de 11 (sur 12 originelles) images pleine page à toutes marges fleuries, 14 tableaux, 1 composition héraldique pleine page, 26 grandes lettrines, 173 moyennes, 896 petites, 12 armoiries, 1 page à toutes marges fleuries, 14 marges extérieures (de grand-fond) fleuries (dont deux restaurées ou repeintes postérieurement). Distribution La distribution de l'illustration est conçue comme suit : -les images pleine page à toutes marges fleuries, ainsi que les grandes lettrines, introduisent les différentes heures; -les moyennes lettrines indiquent l'initium des oraisons et des psaumes, tandis que les petites marquent les versets. -en outre, l'enluminure des quatre marges apparaît au premier feuillet du livre. -les tableaux et les marges fleuries extérieures (de grand-fond) apparaissent de part et d'autre des Heures : au début (péricopes évangéliques) et à la fin (oraisons). Ainsi, chaque partie liturgique de ce livre est marquée par une image dont l'importance lui correspond; elle est immédiatement "repérable". Graphisme & composition Le bloc d'écriture est composé de 24 lignes (108 mm sur 140). Il est imposé selon les usages traditionnels, de telle sorte que la marge intérieure (petit fond) soit en une certaine proportion avec la marge extérieure (grand fond) et avec la marge inférieure (blanc de pied). Le scribe a usé de deux tailles d'écriture, ayant réservé la plus petite pour les antiennes, et pour certains versets et répons. Analyse plastique Couleur On discerne dans ce livre d'heures une claire hiérarchie chromatique : o les deux couleurs majeures, autour desquelles les autres couleurs s'ordonnent, sont le rouge et le bleu. -outre leur alternance continue dans les lettrines, d'un bout à l'autre du livre, ces deux couleurs servent pour "poser" chacun des deux personnages principaux de chaque scène. Le bleu est ainsi réservé à la Vierge Marie, l'autre personnage étant vêtu de rouge : l'ange à l'Annonciation, Élisabeth à la Visitation, Joseph à la Nativité et à la Fuite en Égypte, Jean à la Crucifixion. Une exception à ce répondant entre le rouge et le bleu est visible dans l'enluminure de l'Annonce aux Bergers : si la bergère est vêtue de lie-de-vin, alors que le berger est en rouge, c'est afin que le lecteur la distingue du premier coup d'il d'avec la Vierge Marie; ainsi, Marie est-elle dans ce livre d'heures la seule femme vêtue de bleu. -dans les scènes à plusieurs personnages (Présentation de Jésus au Temple; Pentecôte), le bleu et le rouge sont complétés par les teintes ardoise et lie-de-vin. -lorsqu'il n'y a qu'un personnage (David, Absoute), le bleu et le rouge composent chacun une partie du vêtement. Le cas est particulièrement frappant pour le roi David. -l'enluminure du Couronnement de Marie présente Dieu et Marie vêtus l'un et l'autre de bleu; le rouge forme alors un vaste fond à la scène. Il ne s'agit pas ici d'une exception à la dualité plastique des deux couleurs : dans cette scène, en effet, la dualité n'est plus entre les personnages, le "mystère" représenté étant celui d'une certaine unité. o le bleu et le rouge sont ensuite déclinées chacun dans une autre couleur : le gris-bleu ardoisé, et le lie-de-vin. Ces couleurs déclinées sont utilisées pour les tuniques, les tentures etc. o en sous-teinte, apparaissent deux couleurs tendres : un vert tendre (varié du clair au sombre), dont le peintre use pour les plans horizontaux (le sol) et les feuillages; et un bleu tendre (varié jusqu'au très pâle), qui sert pour les plans verticaux (les ciels). o les éléments monumentaux d'arrière-plan (châteaux, rochers, murs, palissade, toiture etc.) sont composés tantôt d'un gris neutre, tantôt de différentes teintes de terre, certaines neutres, d'autres tirant sur la rouille ou la feuille morte. o enfin, le blanc et l'or sont comme l'ornement des enluminures : -le blanc, qui donne un aspect surnaturel aux visages (Gabriel, Marie ...), ou qui forme des aplats (moutons de l'Annonce aux Bergers, col d'hermines de David, aube du prêtre de l'Absoute et de saint Nicolas). -l'or, qui accroche aux plis des vêtements, aux tentures, aux herbages, aux feuillages et aux nuages, une lumière issue, par un faisceau de rais, des cieux (Visitation, Nativité, Annonce aux Bergers, Fuite en Égypte, Couronnement de Marie, David, Absoute) ou de la colombe spirituelle (Annonciation, Présentation au Temple, Pentecôte). Dans l'enluminure de la Crucifixion, la lumière n'est pas signifiée par des rayons : elle procède de la Croix glorieuse, elle-même rendue entièrement lumineuse par l'usage de la dorure. Le peintre s'est aussi servi de la peinture d'or pour certaines robes (Élisabeh, Dieu) et pour les auréoles de la Pentecôte. Il faut ainsi noter l'absence, dans ce livre d'heures, de toute dorure à la feuille. Néanmoins, l'or et la lumière sont omniprésents dans les enluminures, par de multiples et fins soulignements. Ceci contribue grandement à la légèreté et à l'élégance de l'illustration de ce livre, ce qui le distingue de biens d'autres uvres de la même époque, un peu alourdies, voire épaissies, par l'usage abusif de la feuille d'or. Composition La composition des enluminures présente un plan principal, où se tiennent les personnages, et qui est parfois précédé d'un mince avant-plan (par exemple les moutons de l'Annonce aux Bergers). Les scènes d'extérieur se détachent sur un second plan, très monumental (châteaux ou rochers), tandis que les scènes d'intérieur sont rapidement bornées par un mur percé de jours (fenêtres ou colonnades). Enfin, on discerne (pour les extérieurs seulement) une frise lointaine composée de villes, maisons ou clochers, apparaissant aux confins d'un maigre glacis. Cette technique de composition permet la mise en évidence des personnages, tout en les insérant dans un ensemble cohérent. Les personnages sont campés de telle sorte que les épaules soient à mi-hauteur de l'enluminure; le regard se situe ainsi dans le troisième quart (en partant du bas). En largeur, les corps occupent un demi-tiers de l'image. Les scènes à deux personnages (les plus fréquentes) sont donc très aérées. La lumière vient de la gauche, ainsi que l'indique les ombres portées. Celles-ci sont particulièrement visibles, et finement représentées, dans les tableautins quart-de-page, alors qu'elles sont plus discrètes et diffuses dans les images pleine page. Les personnages sont longs, ce qui s'explique peut-être par une observation que l'on fait généralement, à savoir que plus le format de l'image est grand, plus le canon des corps est fin. Le Christ Crucifié accuse une finesse encore plus grande. Le drapé des vêtements est ample, fourni, vigoureux, tout en n'accaparant pas le regard. La composition des visages est fort originale : sur fond blanc ou carnation, le relief est rendu par le jeu des ombres; les yeux sont amplement cernés, les paupières un peu lourdes; trois traits étagent le regard (le sourcil, le creux de la paupière, le cil); l'il est formé d'une bille bleue, la narine d'un simple point noir. Le nez, très accusé, est tantôt droit ou busqué, tantôt légèrement retroussé, ce qui confère au visage un aspect austère, voire ingrat, ou au contraire très naïf. En général, il n'y a aucune recherche d'expression dans les visages. Il faut remarquer l'opposition entre la blancheur de certains visages et la carnation des autres (par exemple, la Vierge Marie comparée à saint Joseph); cette technique exprime non pas le sexe des personnages, mais leur âge : ainsi, saint Jean a-t-il un visage blanc, alors que les trois autres évangélistes ont le visage bien carnin; de même, sainte Élisabeth montre à Marie un visage que le temps a halé. Remarquons au passage l'âne de la Fuite en Égypte, particulièrement bien traité, à l'allure noble, presque majestueuse. La technique plastique utilisée pour les tableautins est différente de celle des grandes enluminures (visages, ombres ...). Cela est dû à la taille de l'image, et ne semble pas remettre en cause le fait que toute l'illustration du livre d'heures soit de la même main. Toutes les enluminures de ce livre sont de même qualité; néanmoins, le soin apporté aux détails est parfois légèrement inégal, ainsi qu'on peut s'en rendre compte par l'examen des grandes lettrines. L'image majeure, l'image-pivot du livre, est celle du Christ en Croix : un brin plus grande que les autres, elle a bénéficié d'une exécution plus fine, plus finie. La cité de fond est plus travaillée, les toîts sont soulignés d'or. Le corps du Christ est très long : au contraire des représentations souffrantes et "pendantes" de la même époque, Jésus apparaît debout, à tel point qu'il semble que c'est lui qui maintient la croix. Alors que dans les autres enluminures, des rais lumineux indiquent la source de la clarté, ici l'absence de tels rais concentre toute la lumière sur la croix d'or, la croix glorieuse. Par cette technique, le peintre place la croix du Christ comme source de la lumière de tout le livre. La place majeure occupée picturalement, dans le livre d'heures, par l'image de la Crucifixion, reflète la théologie du mysterium salutis déroulé tout au long, depuis l'Incarnation salvatrice (Annonciation, Nativité) jusqu'à la Pentecôte, et qui culmine dans le sacrifice du Christ. De plus, le peintre a pris délibérément le parti de représenter autre chose que la souffrance, tant chez le Supplicié, que chez sa Mère et chez Jean. Ici, contrairement à ce que d'autres artistes de l'époque pratiquaient, il n'y a point de corps torturé, point de mines défaites, point de têtes qui se détournent. Il n'y a pas, non plus, de scènes annexes, où figureraient soldats et curieux. Ce faisant, le peintre a su donner à cette Crucifixion une note très contemplative. Le peintre L'étude des images de ce livre fait apparaître qu'elles furent réalisées par la même main, à l'exception peut-être des blasons dont le travail semble plus hâtif. Dans l'ensemble de la peinture du xvème siècle, nous avons là un artiste nouveau, dont nous ne connaissons pas, pour l'instant, d'autres uvres répertoriées. Quoique ne sortant pas des schémas traditionnellement reçus pour illustrer un livre d'heures, le peintre de ces Heures est loin de n'être qu'un "copiste d'images" : il est en possession d'une technique et d'un goût tout personnels, avec lesquels il "réécrit" chaque scène, leur conférant un style caractérisé. Vraisemblablement installé à Besançon (voire à Dole ?), ce peintre semble se situer dans la mouvance du "maître des prélats bourguignons", dont Madame Nicole Reynaud a révélé l'uvre et l'existence. On relève en effet quelques éléments stylistiques communs, en particulier dans les applats et le traitement des plis, ainsi que dans les fines touches d'or dont les fonds sont ornés. Accessoirement, on peut trouver une proximité technique avec Jean Colombe (en ce qui concerne le traitement du relief des visages par le jeu des ombres), ainsi qu'avec maître François (pour l'aspect monumental des seconds plans). En tout état de cause, nous avons affaire à un peintre bourguignon (comté ou duché) doué d'une bonne maîtrise plastique, et dont l'uvre, bien personnalisée, atteint une qualité certaine, ce qui place ce livre d'heures parmi les plus appréciables de ceux qui sortirent, pour des commanditaires qui ne fussent princes ni prélats, des ateliers de la "grande Bourgogne". Origine et datation Le calendrier, où les fêtes sont clairsemées, indique sans aucune hésitation à l'usage de quelle Église il fut établi : la mention, en lettres rouges, des saints archevêques Claude et Anthide (mois de Juin), des saints martyrs Ferréol et Ferjeux (ibidem), de la translation de saint Ferréol (mois de Mai, lettres brunes), montre qu'il s'agit du calendrier de Besançon. Ceci est corroboré par la dédicace de l'église Saint Jean l'Évangéliste (mois de Mai) et par celle de l'autel de saint Étienne (mois d'Octobre), patrons de la cathédrale de cette Église & de la ville. L'étude linguistique des prières en français (in fine) ne contredit pas cette localisation. Il faut noter toutefois que certains saints sont au propre non pas de Besançon, mais de diocèses voisins : par exemple, saint Philibert, fêté le 20 aôut aux diocèses de Chalon et de Mâcon, mais absent du propre de Besançon. On relève quelques curiosités : o certains noms sont précédés de "sancti", alors que la majorité des fêtes sont indiquées par le seul nom du saint (au génitif). Par exception, l'on trouve des noms au nominatif : sancta Anna (26 Juillet), sanctus Petrus (1er Août), sanctus Lazarus (1er Septembre) &c. o l'en-tête des mois porte une curieuse redondance française d'un mot latin : "Julius habet dies xxxi iours". Ce livre d'heures date du xve s., vraisemblablement du dernier quart du siècle, vers 1470-1490, c'est-à-dire aux alentours de la mort de Charles le Téméraire, cui Diex pardoint, duc & comte de Bourgogne. Destinataires Malgré le concours des plus grands spécialistes, les armoiries maintes fois représentées dans ce livre (d'azur à six coquilles d'argent 3, 2 et 1, accompagnées en cur d'un soleil vivant d'or. Et d'azur à la fasce d'or, accompagnée en chef de trois pointes renversées d'or, et en abîme d'une quartefeuille d'argent boutonnée de gueules), n'ont pu être identifiées, ni le monogramme GG répété dans les marges ( 9 r° et v°, 52 v°, 54, 55 r° et v°, 58 v°, 59, 60 r° et v°). Ces armoiries sont contemporaines du livre, quoiqu'elles fussent parfois peintes sur les rinceaux et feuillages des marges. Ce livre d'heures fut vraisemblablement exécuté pour un foyer de la noblesse du comté de Bourgogne. Par le jeu des héritages, ce livre fut conservé jusqu'à notre époque dans une vieille famille française. L'on peut penser que l'enluminure manquante, l'Adoration des mages, représentait les commanditaires du livre, à genoux devant l'Enfant Dieu, et que ce fut pour cette raison qu'elle fut ôtée quand ce livre passa en d'autres mains. Au verso du dernier feuillet, d'anciennes inscriptions furent effacées, mais que la lampe de Wood permet de révéler : -03 ou 13 juin 1608 : mariage de Philibert de Mugnand avec Guyonne Racle, fille de Jean Racle seigneur de La Roche. -4 (?) avril 1609 : naissance de leur fils Jean François, parrain Jean Racle son grand-père, marraine Simonne Renard sa grand-mère. Baptisé à Colombier. -30 août 1610 : naissance de leur fils Jean Claude, parrain Claude de Mugnand sieur de Lessiez (?), marraine Valentine Jougnol (?) femme de Claude Terrier docteur ès droits à Vesoul. Baptisé à Colombier. Il s'agit de la famille chevaleresque des sires de Mugnans, au comté de Bourgogne. Philibert était fils d'Étienne de Mugnans et de Françoise Renard, elle-même fille de Simon Renard, ambassadeur en France puis en Angleterre pour Charles Quint. Guyonne Racle était fille de Jean Racle baron de La Roche, seigneur de Fouchecourt, et de Guyonne Jacquinot. En remontant "tout azimut" les ancêtres de ce couple jusqu'à la sixième génération, l'on n'a pas trouvé de famille qui eût porté, même approximativement, les armoiries représentées dans le livre. Défauts à signaler o manque un feuillet [22 bis], qui introduisait l'office de Sexte et portait une enluminure pleine page (Adoration des mages ?). o infime manque au 59. o la marge du 55 a été restaurée très anciennement, peut-être même contemporainement à la réalisation du livre. o trace de gommage aux armoiries du 14 verso o reliure postérieure, frottée. En résumé, le seul défaut important, est la disparition du 22 bis. En conclusion Écrit d'un seul jet (calendrier & Heures) sans rature ni surcharge, illuminé avec art et maîtrise dans le même atelier, intègre (mis à part l'Adoration des Mages, hélas manquante) et en excellent état, non rogné, très frais, sans ajout postérieur ni repeints, ce livre d'heures, remarquable par sa grande taille et partant par sa minceur, possède une grande unité et une indiscutable qualité. L'extrème sobriété de la reliure laisse toute place au déploiement de l'illustration intérieure, que la main d'un maître bourguignon a ordonnée de façon harmonieuse jusqu'à la faire culminer dans la Crucifixion. La grande composition héraldique, très rare dans un livre liturgique, le personnalise et l'enracine. Par sa nouveauté et sa spécificité, ce livre d'heures contribuera à faire mieux connaître l'histoire de l'enluminure bourguignonne. © Notice : Roch de Coligny. Nous remercions Monsieur François Avril, conservateur au département des manuscrits de la Bibliothèque Nationale, pour les éclairages qu'ils nous a donnés au sujet de l'origine bourguignone de l'atelier. Nous remercions aussi Mademoiselle Aliénor de Coligny, pour l'étude du calendrier ouvrant le livre d'heures. Nous remercions de plus Monsieur François-Louis à Weng, pour ses recherches généalogiques et héraldiques sur la famille de Mugnans et sur ses ascendants. 81 - Condamnation d'une communauté juive du royaume d'Aragon (24-28 Novembre 1373) Au terme de quatre jours d'un procès intenté par les hommes du conseil de la ville de Fraga, contre les adelancos de l'aljama des Juifs de ladite ville ( représentés par leur procureur Icach Coscal, Juif ), au sujet d'un tribut perpétuel et annuel de cinquante sous, auquel était soumise la communauté juive, don Raimondo de Barbastre, lieutenant du Roi à Saragosse (Cesar Augusta), prononce au nom du Roi d'Aragon une sentence de condamnation à l'égard des Juifs de Fraga. Parmi les nombreux actes évoqués au cours de ce procès, il est rappelé que plusieurs Juifs, membres de l'aljama des Juifs de Fraga, auraient à se constituer otages en la cité de Barcelone, avec interdiction absolue d'en sortir. Sentence prononcée publiquement à Saragosse [ capitale du royaume d'Aragon ], le 28 Novembre 1373. Acte établi sur une grande feuille de parchemin (74 cm sur 67), munie du sceau de la justice du Roi d'Aragon, en cire rouge dans un berceau de cire brune, et appendu sur lacs de chanvre. Longues lignes à l'encre brune, en langue latine; lettrine, seing manuel du notaire. Petit trou dans le texte, entraînant la perte de deux mots; courte déchirure marginale; traces marginales de punaises; sinon acte en très bon état. Acte de parfaite forme juridique, rapportant les demandes et défenses des parties, les considérants, et le dispositif sentential. Grand parchemin en très bon état, bien complet de son sceau de cire. Rarissime et émouvant témoignage sur la vie & le destin des communautés juives du royaume d'Aragon, sur l'organisation des "aljamas" et leur personalité juridique. Les aljamas des Juifs -de même que les aljamas des Maures-, étaient, au sein des Espagnes médiévales, des communautés douées d'une certaine autonomie : elles possédaient leurs synagogues, leurs écoles, leurs cimetières etc. Les actes de cetté époque, en aussi bon état et sur ce sujet, sont de la plus extrême rareté. est : 15 000 / 20 000 euros Nota bene : une notice plus détaillée de cet acte pourra être remise à l'acquéreur. L'authenticité de l'acte est garantie par l'expert. 82 Mines d'or & de platine de Colombie Importants dossiers de la Société minière & coloniale de l'Ouest Africain (Henry Mollet & Cie), relatifs aux mines d'or et de platine situées sur les deux rives du rio Negro et du rio Cajòn, du rio Jamana, et du fleuve San Juan (district du Choco, département du Cauca, en République de Colombie). 1905-1910. Dossiers sous chemises, 35 cm linéaires. o nombreux plans, cartes, coupes de sondage, rapports d'ingénieurs et de prospecteurs, comptes-rendus de missions, plans de machines d'extraction. o correspondances, lettres. o titres de propriétés, actes notariés, transferts. o neuf photographies; quatre actions. Dossier complet des prospections réalisées au début du xixe siècle par une société française, et donnant des cartes et descriptions très précises sur la localisation et la richesse des mines d'or et de platine de cette région de Colombie. est : estimation sur demande 83 Serge Gainsbourg : Evguénie Sokolov Serge Gainsbourg. Manuscrits autographes d'Evguénie Sokolov. [circa 1979]. o Vingt-deux feuillets in-4°, entièrement autographes; o huit feuillets in-4°, dactylographiées avec nombreuses corrections autographes. Soit un total de 30 feuillets reliés sous pochettes de conservation dans un volume à structure japonaise, plats de plexiglas noir biseautés sur les champs et façonnés; titre et signature gravés à l'ser sur le premier plat, charnière et dos de chagrin chair; emboîtage de toile noire. [reliure exécutée en 1994-1995 par Janine Roblès, atelier Florimond Badier, 33 rue Romarin, à Lyon 1er arr]. Importants fragments, les seuls échappés du feu, de ce court récit qui parut chez Gallimard en 1980. Les 22 premiers feuillets constituent une bonne part du manuscrit de premier jet, abondamment raturé et corrigé à l'encre noire ou rouge, avec interrogations, indications et notes pour compléter, enrichir et modifier le récit. Le premier feuillet trace le plan de l'ouvrage, et indique le titre initialement donné : "L'homme à réaction". Les 8 derniers feuillets sont les corrections et ajouts apportés à une première frappe. On note un feuillet à l'en-tête de l'Hôtel Danieli Royal Excelsior (à Venise), et un autre à celui de Melody Nelson publishing (à Paris). Seuls fragments de l'unique livre écrit par Serge Gainsbourg. On joint un exemplaire de ce livre. est : 15 000 / 20 000 |
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