PESCHETEAU-BADIN . LIVRES ET MANUSCRITS – BIBLIOTHÈQUE DANIEL JOUVE

6 novembre 2024 Hôtel Drouot BIBLIOTHÈQUE DANIEL JOUVE & À DIVERS Experts Alain Nicolas & Pierre Gheno

BIBLIOTHÈQUE DANIEL JOUVE & à divers PARIS : BIRTHPLACE OF THE U.S.A. AMERICANA LIVRES ANCIENS & MODERNES AUTOGRAPHES & MANUSCRITS Vente aux enchères publiques le mercredi 6 novembre 2024 à 14h15 Hôtel Drouot Salle 7 9, rue Drouot - 75009 Paris

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3 BIBLIOTHÈQUE DANIEL JOUVE PARIS : BIRTHPLACE OF THE U.S.A. CONSTITUTIONS DES TREIZE ÉTATS-UNISDE L'AMÉRIQUE, 1783 John ADAMS, John Quincy ADAMS, Bejamin FRANKLIN, Thomas JEFFERSON, Henry LEE, Filippo MAZZEI, Gouverneur MORRIS, John STEVENS (avec Constitution fédérale), BARBÉ-MARBOIS, BRISSOT et CLAVIÈRE, HILLIARDD'AUBERTEUIL, MABLY, MIRABEAU, RAYNAL, L'HÉRITIER, Le Champ-d'asile, 1819 ANBUREY, BARTRAM, BAYARDDE LAVINGTRIE, BEVERLEY, BOSSU, CHASTELLUX, Michel CHEVALIER, CRÈVECŒUR, DOMENECH, GERSTÄCKER, Basil HALL, Samuel HEARNE, MONTLEZUN, William SMITH, Frances WRIGHT Lettres et pièces d'officiers de la guerre d'Indépendance : DUPORTAIL, LAFAYETTE, VAUGIRAUD DE ROSNAY IMPORTANT FONDS DOCUMENTAIRE DE PLUS DE 400 VOLUMES SUR LES RAPPORTS FRANCE-ÉTATS-UNIS AMERICANA FRANKLIN, Expériences et observations sur l'électricité, 1756, maroquin aux armes MACKENNEYet HALL, History of the Indian Tribes of North America, 1836-1844 MILBERT, Itinéraire pittoresque du fleuve Hudson, 1828-1829 CANADA: manuscrit d'un officier ayant servi en Nouvelle-France au xVIIIe siècle, illustré de 2 cartes, avec lambeaux de pavillon anglais Lettres et pièces d'Auguste BARTHOLDI, BUFFALOBILL, LAFAYETTE (Alabama, 1825), MENDÈS-FRANCE (New York, 1942), NECKER(au premier ministre anglais, sur l'Amérique, 1780) REGNAUDDE SAINT-JEAN-D'ANGÉLY(États-Unis, 1815-1816), TALLEYRAND(Philadelphie, 1796) LIVRES ANCIENS & MODERNES NICÉRONet MERSENNE, La Perspective curieuse [...] Avec L'Optique, 1663 MARDRUS, Histoire charmante de l'adolescente Sucre d'amour, 1927, ill. par F.-L. SCHMIED NOAILLES, Les Climats, 1924, ill. par F.-L. SCHMIED, rel. peinte par l'artiste SEGALEN, Stèles, Pékin, 1912, sur papier impérial de Corée, avec envoi TROTSKI, Histoire de la révolution russe, 1933-1934, avec envoi AUTOGRAPHES & MANUSCRITS L.-F.CÉLINE, JeanCOCTEAU, J.-M. de HEREDIA, J.-K. HUYSMANS, Max JACOB, Marcel JOUHANDEAU, Jean LORRAIN, Pierre LOUŸS, André MALRAUX, Roger MARTINDUGARD, Guy de MAUPASSANT, François MAURIAC, André MAUROIS, Prosper MÉRIMÉE, Octave MIRBEAU, Robert de MONTESQUIOU, Henry de MONTHERLANT, Paul MORAND, Jean MORÉAS, Joséphin PÉLADAN, Louis PERGAUD, Roger PEYREFITTE, Francis PONGE, Henri de RÉGNIER, Marie de RÉGNIER, Jehan RICTUS, Romain ROLLAND, Maurice SACHS, Ch.-A. SAINTE-BEUVE, Albert SAMAIN, Eugène SUË, Laurent TAILHADE, Paul VALÉRY Duc d'AUMALE, Louis deBROGLIE (sur sa carrière scientifique), LéonBLUM, Camille COROT, Charles de GAULLE, Jacques NECKER Auguste RODIN(portraits photographiques)

EXPOSITIONS PUBLIQUES Mardi 5 novembre de 11h à 18h Mercredi 6 novembre de 11h à 12h Hôtel Drouot Retrouvez plus d’illustrations sur notre site www.pescheteau-badin.com ORDRES D’ACHAT bids@pescheteau-badin.com EXPERTS Alain NICOLAS Expert près la Cour d'Appel de Paris Pierre GHENO Expert près la Cour d'Appel de Paris Librairie Les Neuf Muses 41, quai des Grands-Augustins, 75006 Paris 01 43 26 38 71 neufmuses@orange.fr

6 PARIS : BIRTHPLACE OF THE U.S.A. Le n° 41 du quai des Grands-Augustins, où eut lieu ma rencontre avec Daniel Jouve, s'avère un lieu prédestiné. Ce fut, dans la première moitié du xxe siècle, la propriété de Ch. Chadenat, le célèbre libraire américaniste et collectionneur de voyages évoqué par Blaise Cendrars dans Bourlinguer. Mais surtout, cet endroit du « quai des bouquins » comme l'appelait Diderot, abritait déjà à la fin du xVIIIe siècle une librairie à l'enseigne des Neuf Muses, alors spécialisée dans les livres de marine et de voyages. Le futur président américain Thomas Jefferson, bibliophile convaincu et alors ambassadeur à Paris, y acquit un certain nombre d'ouvrages qui rejoignirent ensuite la Bibliothèque du Congrès à Washington. C'est Daniel Jouve qui m'amena à cette surprenante découverte. Alors qu'il rédigeait son ouvrage Paris : Birthplace of the U.S.A. – A Walking Guide for the American Patriot, en collaboration avec son épouse Alice et avec Alvin Grossman (Paris, Gründ, 1995, 4e édition 2006), il pénétra pour la première fois dans ma librairie, au n° 41 du quai des Grands-Augustins, et me demanda avec émotion et délectation s'il pouvait s'y asseoir et respirer l'air d'un endroit où Thomas Jefferson venait acheter des livres. Daniel Jouve savait cela pour avoir consulté lui-même ses factures d'achats conservées à la Bibliothèque du Congrès – parmi lesquelles plusieurs portaient l'en-tête de la librairie Les Neuf Muses. Grande fut ma surprise, puisque j'avais choisi ce même intitulé pour de toutes autres raisons et dans l'ignorance de ce fait. Je trouvai alors pour ma part confirmation de l'existence de cette librairie parisienne du siècle des Lumières après une rapide vérification dans la célèbre collection de factures et d'enseignes de Roxane Debuisson. Hormis les délices de la sérendipité, Daniel Jouve vouait une inaltérable passion aux livres et documents, avec une prédilection pour l'histoire commune de la France et des États-Unis. Sa démarche bibliophilique prolongeait avec bonheur son engagement personnel auprès d'une épouse américaine, et illustrait sur le plan de la recherche savante le sentiment sincère d'une communauté de destin entre leurs deux nations. Parmi les livres anciens qu'il avait réunis, se retrouvent des textes cardinaux comme les Constitutions particulières des treize États fondateurs, la Constitution fédérale de 1787, ou le manuel du droit parlementaire de Jefferson, mais aussi de grandes œuvres théoriques et polémiques ayant structuré la réflexion politique française et américaine autour du régime démocratique des États-Unis – avec dialogues de part et d'autre de l'Atlantique –, par Adams, Franklin, Jefferson, Mazzei ou Stevens, d'un côté, et Brissot, Condorcet, Conseil, Dupont de Nemours, La Fayette, Mably ou Raynal, de l'autre. Des hommages réciproques, comme les éloges de La Fayette par Adams, de Franklin par Fauchet et Mirabeau, ou de Washington par Henry Lee, mêlent par ailleurs la reconnaissance officielle aux admirations personnelles. Figurent également en bonne place des histoires, mémoires et correspondances sur la guerre d'Indépendance des États-Unis ou la cession de la Louisiane, par Barbé-Marbois, Hilliard d'Auberteuil (dans l'exemplaire d'un vétéran français du siège de Yorktown), Jefferson, La Fayette ou Morris. Ne manquent pas non plus d'éclairants récits de voyages français et anglais ou autres monographies concernant les États-Unis, parus principalement dans les années 1770 à 1850, dont des livres de Chastellux, Montlezun, Crèvecœur, ou le rare Champ-d'asilede L'Héritier. Enfin, Daniel Jouve avait rassemblé un vaste fonds documentaire moderne explorant tous les aspects des liens entre la France et les États-Unis. Puissent les livres de cette passionnante bibliothèque franco-américaine continuer de bourlinguer aux quatre vents de France et d'Amérique ! Alain NICOLAS Librairie Les Neuf Muses

7 PARIS: BIRTHPLACE OF THE U.S.A. Number 41 Quai des Grands-Augustins, where I met Daniel Jouve, turns out to be a predestined place. In the first half of the 20th century, it was the property of Ch. Chadenat, the renowned Americanist bookseller and collector of travel books, mentioned by Blaise Cendrars inBourlinguer. More notably, this location on the « quai des bouquins » as Diderot called it, housed a bookstore at the end of the 18th century under the sign of Les Neuf Muses, specializing in marine and travel books. It was here that the future president Thomas Jefferson, a dedicated bibliophile and then ambassador to Paris, purchased numerous books which later found their way into the Library of Congress in Washington. It was Daniel Jouve who led me to this surprising discovery. While writing his book Paris: Birthplace of the U.S.A. – A Walking Guide for the American Patriot, in collaboration with his wife Alice and Alvin Grossman (Paris, Gründ, 1995, 4th edition 2006), he entered my bookstore at number 41 Quai des Grands-Augustins for the first time and, with emotion and delight, asked if he could sit and breathe in the air of a place where Thomas Jefferson himself had once come to buy books. Daniel Jouve knew this because he had personally consulted his purchase receipts, preserved at the Library of Congress – several of which bore the letterhead of the bookstore Les Neuf Muses. I was astonished, as I had chosen the name Les Neuf Muses for my bookstore for entirely different reasons, unaware of this historical connection. I then confirmed the existence of this 18th-century Parisian bookstore after a quick verification in Roxane Debuisson’s famous collection of invoices and signs. Aside from the delights of serendipity, Daniel Jouve nurtured an unwavering passion for books and documents, with a particular interest in the shared history of France and the United States. His bibliophilic approach happily extended his personal commitment to his American wife and illustrated, through scholarly research, the sincere sense of a shared destiny between their two nations. Among the rare books he gathered were foundational texts such as the Constitutions of the Thirteen United States of America, the Federal Constitution of 1787, or Jefferson’s Manual of Parliamentary Practice. He also collected major theoretical and polemical works that shaped both French and American political thought around the democratic regime of the United States—fostering dialogues across the Atlantic— by authors such as Adams, Franklin, Jefferson, Mazzei, and Stevens on one side, and Brissot, Condorcet, Conseil, Dupont de Nemours, La Fayette, Mably, and Raynal on the other. Mutual tributes, such as the praises of La Fayette by Adams, of Franklin by Fauchet and Mirabeau, or of Washington by Henry Lee, blended official recognition with personal admiration. Also prominently featured are histories, memoirs, and correspondences on the American War of Independence or the Louisiana Purchase by Barbé-Marbois, Hilliard d'Auberteuil (from the copy of a French veteran at the siege of Yorktown), Jefferson, La Fayette, or Morris. Additionally, there are enlightening travel narratives by French and English authors, or other monographs concerning the United States, published mainly between 1770 and 1850, including books by Chastellux, Montlezun, Crèvecœur, or the rare Champ-d'asile by L'Héritier. Finally, Daniel Jouve had assembled a vast modern documentary collection exploring all facets of Franco-American ties. May the books from this fascinating Franco-American library continue to journey and disperse across France and America ! Alain NICOLAS LibrairieLes Neuf Muses

8 Le souvenir indélébile des chars américains et des soldats libérant Paris, ainsi que l'accueil joyeux des Français en août 1944, ont profondément marqué Daniel Jouve dans son enfance. Il disait souvent : « On n’oublie jamais ça », exprimant ainsi sa profonde gratitude et son affection pour les Américains. Cette admiration l'a motivé à poursuivre des études à l'étranger, à la Harvard Business School de Boston, où nous nous sommes rencontrés pour la première fois. La passion inébranlable de Daniel et ses recherches minutieuses sur les liens entre la France et l'Indépendance Américaine ont été la force motrice derrière cette collection exhaustive et académique. En m'appuyant sur mon expérience de guide conférencière à Paris, Daniel, le directeur artistique Alvin Grossman, et moi-même avons collaboré pour donner vie à cette collection avec la publication de Paris : Birthplace of The USA – A Walking Guide for The American Patriot. J'espère sincèrement que cette collection offrira à d'autres une compréhension plus profonde et une plus grande appréciation de l'amitié unique et durable entre les États-Unis et leur plus ancien allié, la France. Alice Jouve The indelible memory of American tanks and soldiers liberating Paris and the joyous welcome by the French in August 1944 profoundly impacted Daniel Jouve as a young child. He often remarked, « On n’oublie jamais ça, » expressing his deep gratitude and affection for the Americans. This admiration motivated him to pursue studies abroad at Harvard Business School in Boston, where we first met. Daniel’s unwavering passion and meticulous research into the French connections with American Independence have been the driving force behind this comprehensive and scholarly collection. Drawing on my experience as an art historian and guide in Paris; Daniel, art director Alvin Grossman, and I collaborated to bring this book collection to life with the publication of Paris : Birthplace of The USA – A Walking Guide for The American Patriot. It is my sincere hope that this collection will provide others with a deeper insight and appreciation of the unique and enduring friendship between the United States and her oldest ally, France. Alice Jouve

9 « MA PROFESSION DE FOI POLITIQUE» (John Adams à Benjamin Franklin) 1. ADAMS (John). Défense des Constitutions américaines, ou De la Nécessité d'une balance dans les pouvoirs d'un gouvernement libre. À Paris, chez Buisson, 1792. 2 volumes in-8, (4 dont celles aux verso blanches)- xxiv-547-(une blanche) + (4 dont celles aux verso blanches)-503-(une blanche) pp., basane porphyre, dos à nerfs cloisonnés et fleuronnés avec pièces de titre et de tomaison noires, triple filet doré encadrant les plats, coupes filetées, tranches dorées ; reliures usagées avec coiffes supérieures abîmées et mors fendus, déchirure anciennement restaurée au f. Ll 1 du premier volume (reliure de l'époque). 600 / 800 € PREMIÈRE ÉDITION DE LA TRADUCTION FRANÇAISE par le diplomate Pierre-Bernard Lamare. Elle est assortie de notes par Jacques-Vincent Delacroix (1743-1832), qui collabora au dictionnaire de jurisprudence de l'Encyclopédie méthodique(1782-1789), enseigna le droit public au Lycée de Paris, et fut juge au Tribunal civil de Versailles (1800). L'ouvrage de John Adams avait originellement paru sous le titre « A Defence of the Constitutions of Government of the United States, en décembre 1787 à Londres (où Adams occupait alors le poste d'ambassadeur), et avait été réédité immédiatement après à Philadelphie et New York. UNDÉBAT AMÉRICAIN INITIÉ PAR LA POLÉMIQUE SURVENUE ENTRE LE FRANÇAIS TURGOT ET LE GALLOIS RICHARDPRICE. Au début de 1776, dès avant la déclaration d'Indépendance des États-Unis, le pasteur Richard Price (1723-1791), philosophe et économiste qui fut l'ami de Benjamin Franklin et de John Adams, publia de retentissantes Observations on the Nature of Civil Liberty, the Principles of Government, and the Justice and Policy of the War in America, où il se montrait favorable aux libertés des colonies anglaises en Amérique. L'économiste physiocrate Anne-Robert-Jacques Turgot (1727-1781), qui fut contrôleur général des Finances (1774-1776), écrivit en 1778 une lettre à Richard Price sur la question des États-Unis d'Amérique, dans laquelle il critiquait les Constitutions des neuf premiers États qui s'en étaient dotés (1776-1777), notamment la forme tripartite de gouvernement adoptée (Chambre, Sénat, gouverneur) qui, selon lui, singeait les institutions anglaises et imposait une séparation inutile dans une nation égalitaire. Cette lettre fut livrée au public en 1784, en appendice à un nouveau libelle de Richard Price, Observations on the Importance of the American Revolution. De septembre 1786 à décembre 1787, John Adams composa la présente Défensecomme une réponse aux arguments de la lettre de Turgot, pour le lectorat éclairé européen, mais aussi pour peser dans le débat aux États-Unis, alors qu'était rédigée puis mise en discussion et votée la Constitution fédérale. Il affirme ainsi que pour élever la nation en une société égalitaire, il faut en passer par un pouvoir politique centralisé assorti de contrepouvoirs pour éviter la tyrannie. Moins inquiet du pouvoir d'un seul que d'une appropriation du pouvoir par une oligarchie dont il jugeait l'existence inévitable, John Adams explique que la cohabitation d'une Chambre des représentants et d'un Sénat permet seule de conserver un équilibre entre les deux ordres de la société, l'un aristocratique et oligarchique (Sénat), l'autre populaire (Chambre). Avec cette « profession de foi politique », comme il l'écrivait à Benjamin Franklin (« my confession of political faith»), John Adams s'engageait sur des questions de fond pour certaines extrêmement polémiques, et considérait que l'ouvrage allait le rendre impopulaire. Si sa publication ne l'empêcha pas d'être élu, elle provoqua cependant la controverse attendue : James Madison, notamment, reprocha à John Adams de suivre un penchant monarchique réactionnaire et une admiration excessive pour le modèle anglais. LA PARUTION DE CE TEXTE JOUA UN GRAND RÔLE AUX ÉTATS-UNIS POUR FACILITER L'ADOPTION DE LA CONSTITUTION FÉDÉRALE : signée en septembre 1787, elle fut ratifiée de décembre à mai 1790 par les 13 premiers États. SA PRÉSENTE TRADUCTION EUT QUANT À ELLE DE L'INFLUENCE EN FRANCE SURBOISSYD'ANGLAS, UN DES PRINCIPAUX RÉDACTEURS DE LACONSTITUTION FRANÇAISE DE L'ANIII (Directoire). UNDES «PÈRES FONDATEURS »DES ÉTATS-UNIS, PREMIER VICE-PRÉSIDENT (1789-1797) ET DEUXIÈME PRÉSIDENT (1797-1801), JOHN ADAMS (1735-1826) fut d'abord avocat à Boston, où il s'engagea très tôt contre la politique de l'Angleterre à l'égard de ses colonies américaines, et s'exprima régulièrement dans le débat public comme publiciste et comme membre de la Chambre coloniale du Massachussetts. Délégué aux deux Congrès continentaux, il convainquit ses collègues d'organiser la lutte armée sous le commandement de George Washington contre le pouvoir colonial anglais, et participa à la rédaction de la Déclaration d'indépendance. Il remplit ensuite des missions diplomatiques comme ambassadeur en Hollande (1780), France (1778, 1782), Angleterre (1787), et négocia conjointement avec John Jay et Benjamin Franklin le traité de Paris (1783). Vice-président aux côtés de George Washington, il devint un des chefs du parti fédéraliste et, élu président en 1796, il poursui-

10 vit la politique de Washington. Lors des tensions élevées entre les États-Unis et le Directoire français, il parvint à maintenir la paix en contenant d'un côté les fédéralistes favorables à l'Angleterre et d'un autre côté les démocrates qui en tenaient pour la France. LAFAYETTE, « ONE OF THE MOST EFFECTIVE CHAMPIONS OF OUR INDEPENDENCE... » 2. ADAMS (John Quincy). Oration on the life and character of Gilbert Motier de Lafayette. Delivered at the request of both houses of the Congress of the United States, before them, in the House of representatives at Washington, on the 31st December 1834. Washington, printed by Gales and Seaton, 1835. In-8, 94- (2 blanches) pp., demi-basane maroquinée noire ; reliure usagée avec mors fendus et dos renforcé d'une pièce de cuir ensuite partiellement ôté ; feuillets avec rousseurs et mouillures (reliure ancienne). 400 / 500 € ÉDITION ORIGINALE. ÉLOGE FUNÈBRE DU MARQUIS DE LA FAYETTE DANS LEQUEL EST RETRACÉ LE COURS DE SA VIE ET NOTAMMENT SA PARTICIPATION ACTIVE À LA GUERRE D'INDÉPENDANCE DES ÉTATS-UNIS. John Quincy Adams insiste sur l'élévation des idéaux de liberté qui habitaient celuici : « He devoted himself, his life, his fortune, his hereditary honors, his towering ambition, his splendid hopes, all to the cause of liberty. He came to another hemisphere to defend her. He became one of the most effective champions of our Independence» (p. 83) Il en profite pour rappeler à grands traits les causes de cette guerre. À la suite sont imprimés les actes du Congrès relatifs aux honneurs funèbres votés à la suite de la disparition du marquis de La Fayette. SIXIÈME PRÉSIDENT DES ÉTATS-UNIS, JOHNQUINCYADAMS (1767-1848) était le fils du deuxième président, John Adams, et accompagna celui-ci un temps dans ses voyages en Europe. Sénateur de 1802 à 1808, il devint un des chefs du parti fédéraliste, s'opposant notamment à Andrew Jackson, mais, conservateur modéré et faisant preuve d'un esprit libre éloigné de la discipline de parti, il se rapprocha des démocrates. Il remplit ensuite des missions diplomatiques, comme ambassadeur en Russie (1809) et comme négociateur de la paix entre les États-Unis et l'Angleterre (1812), avant d'être nommé en 1817 secrétaire d'État par le président James Monroe : dans ces fonctions, il joua un rôle dans l'acquisition de la Floride (1819), dans la définition des frontières Nord et Ouest, et fut un des auteurs de la « doctrine Monroe » promulguée en 1823. Élu président en 1825, il connut un mandat difficile marqué par l'opposition du Sénat, puis fut élu en 1830 à la Chambre des représentants où, de convictions abolitionnistes, il se distingua par son action en faveur des noirs. PROVENANCE : AUGUSTUS BREVOORT WOODWARD(ex-libris manuscrit). Peut-être s'agit-il de cet ami de Thomas Jefferson, Augustus Brevoort Woodward (1774-1827) qui, lorsqu'il fut président de la Cour suprême du Michigan, définit le plan sur lequel la ville de Detroit fut reconstruite après le grand incendie de 1805, et joua un rôle courageux face aux Anglais lors de la guerre anglo-américaine de 1812. Il finit sa carrière comme juge en Floride. SOUVENIRS DE GUERRE ET DE CAPTIVITÉ ENAMÉRIQUE 3. [ANBUREY(Thomas)]. Voyages dans les parties intérieures de l'Amérique, pendant le cours de la dernière guerre. À Paris, chez Briand, 1790. 2 volumes in-8, (4 dont celles aux verso blanches)-396 + (4 dont celles aux versos blanches)- 480 [erronément chiffrées 1 à 464 et 455 à 470] pp., basane brune granitée, dos lisse orné de motifs dorés et à froid avec pièces de titre et de tomaison rouges et vertes, fine frise dorée encadrant les plats, coupes ornées ; dos refait ; mouillures, plus visibles dans le second volume (reliure de l'époque restaurée). 200 / 300 € PREMIÈRE TRADUCTION FRANÇAISE, par P. L. Lebas, de cet ouvrage originellement paru en anglais à Londres en 1789. Illustration gravée sur cuivre hors texte : frontispice représentant un « guerrier indien » et carte dépliante. 2

11 TÉMOIGNAGE D'UN OFFICIER ANGLAIS SUR SA PARTICIPATION À LA GUERRE D'INDÉPENDANCE ET SUR SON EXPÉRIENCE COMME PRISONNIER AUX MAINS DES AMÉRICAINS. Lieutenant dans le corps expéditionnaire anglais, Thomas Anburey servit d'abord en 1776 à Québec assiégée par les insurgés, puis, passé l'année suivante sous les ordres du général Burgoyne, il participa à la bataille de Saratoga où il tomba aux mains des Américains. Il fut alors retenu successivement par ceuxci à Cambridge dans le Massachussetts, Mystic dans le Connecticut, Charlottesville en Virginie, Frederick dans le Maryland et New York, avant d'être libéré en 1781. 4. [ANBUREY(Thomas)]. Journal d'un voyage fait dans l'intérieur de l'Amérique septentrionale. Ouvrage dans lequel on donne des détails précieux sur l'insurrection des Anglo-américains, et sur la chute désastreuse de leur papier-monnoie. ÀParis, chez La Villette, 1793. 2 volumes in-8, (4 dont celles aux versos blanches)-336 + (4 dont celles aux versos blanches)- 451 [erronément chiffrées 1 à 416, 415 à 428 et 433 à 453]-(une blanche) pp., bradel cartonné, dos filetés avec pièces de titre grenat, tranches mouchetées ; plats légèrement salis (ateliers Laurenchet). 200 / 300 € Nouvelle traduction française, avec commentaires, par François-Joseph-Michel Noël. Illustration gravée sur cuivre hors texte : 4 planches (3 dépliantes) dont une carte. Provenance : Féral ou Péral (signature ex-libris sur la première page de texte du premier volume). 3 4

12 L'HOMME QUI VENDIT LA LOUISIANE 5. BARBÉ DE MARBOIS (François). Histoire de la Louisiane et de la cession de cette colonie par la France aux ÉtatsUnis de l'Amérique septentrionale ; précédée d'un Discours sur la Constitution et le gouvernement des États-Unis. Paris, imprimerie de Firmin Didot, 1829. In-8, (6 dont les 2e et 4e blanches) -485 (une blanche) pp., demi-veau brun, dos lisse ponctué de filets dorés et listels marron, tranches mouchetées ; dos frotté et taché, mors fendus avec accroc (reliure de l'époque). 400 / 500 € ÉDITION ORIGINALE. Carte dépliante lithographiée hors texte avec rehauts de couleurs. La bibliographique de Joseph Sabin (n° 3306) cite également un portrait que l'on ne rencontre presque jamais. DIPLOMATE ET HOMME POLITIQUE SPÉCIALISTE DES AFFAIRES AMÉRICAINES, FRANÇOIS BARBÉDE MARBOIS (1745-1837) débuta dans la carrière en Allemagne. Il fut ensuite en poste à Philadelphie durant la guerre d'Indépendance, comme secrétaire de légation (1779-1782) puis comme chargé d'affaires en titre (1782) avec pour mission d'y organiser le réseau consulaire français : il s'y lia avec John Adams, George Washington, l'élite newyorkaise de Philadelphie, et y épousa une Américaine, fille du président du Conseil exécutif de Pennsylvanie. Protégé du marquis de La Luzerne (ambassadeur de France aux États-Unis, frère du ministre) et du maréchal de Castries, il fut fait intendant général de Saint-Domingue (1785-1789). La Révolution venue, il bénéficia de l'influence de son beau-frère le futur maréchal Kellermann, et fut désigné maire de Metz puis élu au Conseil des Anciens où il se lia avec le futur consul Charles-François Lebrun. Déporté en Guyane après le coup du 18 fructidor, c'est grâce à Lebrun qu'il put revenir en France après le coup du 18 brumaire, et qu'il entra au Conseil d'État avant d'être nommé directeur puis ministre du Trésor public (1801). Il participa activement à l'instauration du « franc germinal » (1803) et à la cession de la Louisiane aux États-Unis (1803), mais, ne parvenant pas à combler le déficit des comptes publics, il fut révoqué en 1806. Pour autant, son intégrité avérée le fit nommer l'année suivante premier président de Cour des comptes nouvellement créée, sénateur et comte d'Empire en 1813. Par la suite, il fut un des quatre sénateurs qui préparèrent la déchéance de Napoléon, fut à la demande de Louis xVIII un des rédacteurs de la Charte et fait pair de France. Chassé de Paris par Napoléon Ier sous les Cent Jours, il servit de septembre 1815 à mai 1816 comme ministre de la Justice de Louis xVIII qui le fit marquis en 1817. Il ne prit sa retraite de la Cour des comptes qu'en 1834. 5

13 CESSION DE LA LOUISIANE AUX ÉTATS-UNIS. Immense territoire au centre du continent nord-américain, couvrant l'étendue d'une vingtaine d'États actuels, la Louisiane fut intégrée à la fin du xVIIe siècle au sein de la « Nouvelle France ». À la suite des revers militaires de Louis xV dans la guerre de Sept Ans, les traités de Fontainebleau (1762) et de Paris (1763) divisèrent la Louisiane en deux : la partie orientale fut cédée à l'Angleterre, et la partie occidentale, gardant seule le nom de Louisiane, revint à l'Espagne. Napoléon Bonaparte, premier consul, souhaita reconstituer une part de l'empire colonial français, notamment outre-Atlantique : il se fit rétrocéder la Louisiane par l'Espagne en 1800 en concluant avec elle le traité de San-Ildefonso, mit fin à la situation de « quasi-guerre » avec les États-Unis en signant le traité de Mortefontaine (1800-1801), et lança en 1801 une expédition pour reprendre le contrôle de Saint-Domingue. Désireux de défendre leurs intérêts économiques et politiques sur le continent américain (dès avant la formulation de la « doctrine Monroe »), les États-Unis y redoutaient la présence d'une puissance européenne telle que la France ou que l'Angleterre au cas où celle-ci venait à s'en emparer dans le cadre d'une guerre contre Napoléon Bonaparte. Thomas Jefferson se déclarait favorable à l'acquisition de la Louisiane, ou tout du moins de La Nouvelle-Orléans, et en tout cas se montrait inquiet pour les droits de navigation sur le Mississipi. De son côté, Napoléon Bonaparte savait n'avoir pas les moyens d'une grande politique coloniale, et était conscient que l'esclavage, source de la prospérité en Louisiane, devenait problématique au regard des événements récents de Saint-Domingue. En outre, il se doutait que la paix d'Amiens signée en 1802 avec l'Angleterre n'était qu'un répit, et avait dans l'idée de vendre cette Louisiane si difficile à défendre par sa taille et par son éloignement : il s'agissait donc pour lui d'en tirer un profit financier tout en empêchant l'Angleterre d'agrandir ses possessions coloniales. Les négociations furent menées principalement en 1803 à Paris, du côté américain par l'ambassadeur Robert Livingston et l'envoyé spécial James Monroe (futur président), et du côté français par Barbé-Marbois qui avait pour consigne de demander un prix de cinquante millions. Malgré des difficultés légales et diplomatiques, notamment avec l'Espagne, la vente fut conclue en avril 1803 pour quatre-vingt millions dont vingt à mettre au compte des indemnités dues aux négociants américains pour des prises faites indûment sur eux pendant la quasi-guerre. 6. BARTRAM(William). Voyage dans les parties Sud de l'Amérique septentrionale ; savoir : les Carolines septentrionale et méridionale, la Géorgie, les Florides orientale et occidentale, le pays des Cherokées, le vaste territoire des Muscogulges ou de la confédération Creek, et le pays de Chactaws. À Paris, chez Maradan, an Ix [1800-1801]. 2 volumes in8, (4 dont celles aux versos blanches)-457-(3 dont les première et dernière blanches) + (4 dont celles aux versos blanches)-436-(2 dont la dernière blanche) pp., demi-basane blonde, dos mouchetés ornés de filets pleins et pointillés dorés avec pièces de titre et de tomaison brunes et marrons, plats cartonnés de papier rose à coins de parchemin vert, tranches jaunes (reliure de l'époque). 200 / 300 € Seconde édition de la traduction française, par Pierre-Vincent Benoist, d'abord parue en l'an VII, de ce récit originellement paru en anglais à Philadelphie en 1791. Le traducteur fut un temps au service de Danton qui le chargea de missions secrètes en Angleterre (1792), occupa sous le Consulat et l'Empire des postes à la secrétairerie d'État et au ministère de l'Intérieur, fut nommé conseiller d'État sous la première Restauration, élu député dans la Chambre introuvable, et continua sa carrière dans la haute administration, avant d'être nommé ministre d'État par Charles x. Illustration de 4 (sur 5) planches gravées sur cuivre hors texte dont 3 dépliantes, soit : un portrait, deux représentations botaniques et une représentation zoologique. Sans la carte hors texte. UN DES PREMIERS NATURALISTES AMÉRICAINS, WILLIAMBARTRAM(1739-1823) suivit la voie de son père John Bartram. Celui-ci, quaker de Pennsylvanie, explora la côte Est, recueillit des plantes pour créer un important jardin botanique à Philadelphie, se lia avec Benjamin Franklin, engagea une correspondance avec des savants européens dont Carl von Linné, et fut admis à la Royal Society de Londres. Également naturaliste, William Bartram fit de longs voyages dans le Sud de l'Amérique du Nord, d'abord avec père en 1765-1766, puis seul de 1773 à 1777. Il s'agissait pour lui, certes, de fuir ses créanciers, mais surtout de contribuer aux progrès de la connaissance scientifique tout en se livrant à l'exploration contemplative des beautés de la Création.

14 UN LIVRE DE SCIENCES ET UNE PROMENADE LITTÉRAIRE. Ce récit de voyage dans les régions du Sud, qui livre notamment une des premières descriptions scientifiques de la nature vierge des marais de rivière du Sud américain, se fonde sur le journal que William Bartram tint durant ses pérégrinations, mais avec de profonds remaniements. Il y est traité de botanique et surtout de zoologie : il comprend la liste d'oiseaux la plus complète de l'époque pour ces régions, soit 200 espèces, bien avant les travaux fondateurs d'Alexander Wilson. Il présente également un grand intérêt sur les plan archéologique et ethnologique, exprimant une attitude respectueuse envers les Indiens en partie inspirée des conceptions ayant cours chez les quakers. Souhaitant plaire et instruire, William Bartram accorde une attention particulière à l'expression pour demeurer d'une agréable lecture. LECTURE ENTHOUSIASTE PAR LES ÉCRIVAINS ROMANTIQUES. Publié tardivement en raison de la révolution américaine puis des tribulations de l'auteur, le voyage de William Bartram rencontra un grand succès auprès des romantiques anglais dont Samuel T. Coleridge, Robert Southey ou William Wordsworth qui lisaient avec délectation les passages où s'exprime une douce admiration pour les beautés de la nature. François-René de Chateaubriand y fit de nombreux emprunts pour écrire son Voyage en Amériqueet faire accréditer son prétendu passage en Floride. 7. BAYARD DE LA VINGTRIE(Ferdinand). Voyage dans l'intérieur des États-Unis, à Bath, Winchester, dans la vallée de Shenandoah, etc., etc., pendant l'été de 1791. À Paris, chez Batilliot ; à Toulouse, chez Sens ; à Strasbourg, chez Levrault ; à Poitiers, chez Catineau ; à Brest, chez Belloy Kardoik, an VI [1797-1798]. In-8, xxiii [mal chiffrées xxv]-(une blanche)- 347 [erronément chiffrées 1 à 344 et 347 à 349]-(une blanche) pp., demi-basane fauve marbrée à coins, dos lisse cloisonné orné d'un fer doré au vase antique répété avec pièce de titre rouge, tranches jaunes (reliure de l'époque). 500 / 600 € ÉDITION EN PARTIE ORIGINALE, parue l'année suivant l'originale, augmentée de passages consacrés à George Washington, mais où sont cependant insérées des lettres apocryphes de celui-ci. 6

15 Récit d'une excursion aux environs de Baltimore puis en Virginie, au cours de laquelle l'auteur se montra plus particulièrement intéressé par les mœurs – il critique notamment le matérialisme qu'il dit caractériser la société américaine. De nombreux passages déplorent en outre l'esclavage. ARISTOCRATE FRANÇAIS ACQUIS AUX IDÉES NOUVELLES, FERDINAND BAYARD DE LA VINGTRIE (1763-vers 1818) fut officier d'artillerie jusqu'en 1788. Désireux de s'installer aux États-Unis, il entra en rapport avec Thomas Jefferson qui lui conseilla de visiter le pays avant de confirmer sa décision. Il effectua alors un séjour aux États-Unis prolongé jusqu'en 1794, au cours duquel il fut en contact avec George Washington à qui il demanda en vain de permettre la formation d'un corps de volontaires américains destiné à se battre aux côtés des républicains français en butte à la première coalition de monarchies levée contre elle. Il rentra ensuite en Europe, effectua sous le Consulat des voyages en Italie dont il publia le récit en 1802, fut employé comme directeur de domaines des rois Joseph Bonaparte puis Joachim Murat dans le royaume de Naples, et rentra en France en 1814. 8. BAZON DE BAULENS (Jean de). Apostrophe aux Anglais sur les affaires présentes [...]. Poème héroïque. À Agen, de l'imprimerie de la veuve J. Noubel, 1781. In-8, 63-(une blanche) pp., basane brune, dos lisses, cloisonné et orné de fers à la grenade dorés avec pièce de titre verte, double filet doré encadrant les plats, coupes ornées, tranches dorées ; reliure un peu usagée et légèrement tachée (reliure de l'époque). 200 / 300 € ÉDITION ORIGINALE, en impression rare d'Agen. DIATRIBE POÉTIQUE ANTI-ANGLAISE PUBLIÉE EN PLEINE GUERRE D'INDÉPENDANCE DES ÉTATS-UNIS. Parent éloigné de Montesquieu, l'auteur servit comme capitaine dans le Royal-Artillerie. Il vante ici les mérites militaires de la Marine royale française par opposition à celle des Anglais. Cette pièce de vers, qui relate entre autres une anecdote maritime concernant le marquis de La Fayette, connaîtrait une seconde édition remaniée l'année suivante, sous le titre L'Héroïsme français dans la Marine, ou parallèle des Français et des Anglais sur les affaires présentes(des mêmes presses, sous la fausse adresse de Londres) 8

16 4 planches gravées sur cuivre hors texte. UN DES PREMIERS OUVRAGES VÉRITABLEMENT ETHNOGRAPHIQUES SUR LES INDIENS D'AMÉRIQUE DU NORD. Jean-Bernard Bossu livre ici ses observations et réflexions dans le cadre du récit des deux premiers séjours qu'il effectua en Louisiane, entre 1751 et 1762, et au cours desquels il fréquenta les peuples établis le long du Mississipi, les Alibamons (Alabamas), les Chactas (Choctaws), les Chicachas (Chicasaw). Il s'attache à décrire ces tribus sous le rapport des mœurs, de la religion, de l'organisation politique, de la guerre ou encore du commerce. UN DES PRÉCURSEURS DE L'ETHNOLOGIE ENAMÉRIQUE, JEAN-BERNARDBOSSU(1720-1792) s'engagea dans l'armée, et fut blessé en 1744 au siège de Casteldelfino. Passé dans la Marine, où il obtint le grade de capitaine, il fut affecté à la garnison de La Nouvelle-Orléans. Il y fit deux premiers séjours entre 1751 et 1762 (séparés par un court retour en France en 1757), et explora la région en remontant le Mississipi. Il fut embastillé un mois à son retour en raison de ses remarques critiques sur le gouverneur de la Louisiane, mais fut réhabilité. Reparti une troisième fois à La Nouvelle-Orléans, en 1770-1771, il vécut un temps dans la tribu des Arkanças (Quapaws). Il publia deux récits, les présents Nouveaux voyages aux Indes occidentales (1768), consacrés à ses deux premiers séjours, et des Nouveaux voyages dans l'Amérique septentrionale (1777), pour rendre compte de son troisième séjour. Provenance : Désiré De Busscher, puis De Cock (ex-dono manuscrit ancien au verso de la première garde collée). 9. [BEVERLEY (Robert)]. Histoire de la Virginie. À Paris, chez Pierre Ribou, 1707. In-12, (8 dont la deuxième et la dernière blanches)-416-(20 dont les 2 dernières blanches) pp., tableau dépliant imprimé hors texte paginé 417, veau brun granité ; reliure frottée avec manques aux mors, coiffes et coins usagés (reliure de l'époque). 400 / 500 € PREMIÈRE ÉDITION DE LA TRADUCTION FRANÇAISE de cet ouvrage originellement paru en anglais à Londres en 1705. 14 planches gravées sur cuivre hors texte représentant des Indiens. Sans le frontispice. PREMIÈRE DESCRIPTION DE LA VIRGINIE À ÊTRE PUBLIÉE PAR UN AUTEUR QUI EN ÉTAIT ORIGINAIRE, offrant un témoignage précieux sur les colons et sur les tribus indiennes qui s'y trouvaient. LES PEUPLES VOISINS DU MISSISSIPI ENLOUISIANE FRANÇAISE 10. BOSSU (Jean-Bernard). Nouveaux voyages aux Indes occidentales, contenant une relation des différens peuples qui habitent les environs du grand fleuve Saint-Louis, appellé vulgairement le Mississipi. À Amsterdam, chez D. J. Changuion, 1769. 2 tomes en un volume in-12, xx-187-(une blanche)-(4 dont les 2 aux versos blanches)-193- (3) pp., demi-basane brune à coins ; dos et coins usagés avec restaurations, une main malhabile a mis en couleurs quelques éléments de la planche en frontispice du premier tome, une planche a reçu une légende manuscrite ancienne à l'encre (reliure moderne dans le goût de l'époque avec matériaux anciens). 500 / 600 € Édition parue l'année suivant la rare originale parisienne. 9

17 11. BRISSOT DE WARVILLE (Jacques-Pierre) et Étienne CLAVIÈRE. De la France et des États-Unis, ou De l'Importance de la Révolution de l'Amérique pour le bonheur de la France, des rapports de ce royaume et des États-Unis, des avantages réciproques qu'ils peuvent retirer de leurs liaisons de commerce, & enfin de la situation actuelle des États-Unis. Londres, s.n., 1787. In8, xxiv-xlviii-344 pp., demi-basane brune mouchetée à coins, dos lisse cloisonné et fleuronné avec pièce de titre brune, tranches mouchetées de rouge ; reliure usagée avec un mors fendu et coins émoussés (reliure de l'époque). 500 / 600 € ÉDITION ORIGINALE de cet « ouvrage dédié au Congrès américain, et aux amis des États-Unis, dans les deux mondes ». L'ouvrage reçut une permission tacite, malgré des propos très libéraux sur la politique intérieure de la France et une introduction où Brissot s'en prend à la censure et prône la liberté de la presse. LE MANIFESTE DE LA SOCIÉTÉ GALLO-AMÉRICAINE. Fondée en 1787 par Brissot, Clavière et des personnalités telles que Saint-John de Crèvecœur, elle avait pour but de promouvoir les relations économiques entre la France et l'Amérique (sans pour autant en exclure l'Angleterre), et de répandre en France les idéaux de liberté politique de la République américaine. L'ouvrage est extrêmement fouillé sur le plan commercial, denrée par denrée. « AMÉRICANISTE » CONSIDÉRANT LA RÉVOLUTION DES ÉTATS-UNIS COMME UN EXEMPLE, JACQUES-PIERRE BRISSOT (1754-1793) fut avocat, littérateur, publiciste lié aux milieux d'affaires, homme politique membre du comité de Constitution (1789) puis député à la Législative et à la Convention où il fut un des chefs de file des Girondins. Lors de la guerre d'Indépendance des États-Unis, il fut un des principaux rédacteurs de la gazette franco-anglaise Courrier de l'Europe, en grande partie consacrée aux événements d'Amérique, et, ardent défenseur des Insurgés, il publia le pamphlet Testament politique de l'Angleterre (1778). Franc-maçon convaincu, il défendait les principes de liberté et militait en faveur d'un régime légal fondé sur la morale. Il fut exécuté sous la Terreur. FINANCIER ET HOMME POLITIQUE GENEVOIS FIXÉ ÀPARIS, ÉTIENNE CLAVIÈRE (1735-1793) s'était exilé de Suisse après la révolution de 1782. Lié avec Mirabeau à Neuchâtel (alors domaine prussien), il devint un de ses collaborateurs, et attaqua la politique de Jacques Necker, avant d'être nommé ministre des contributions publiques, poste qu'il occupa de mars à juin 1792 et d'août 1792 à juin 1793. Après la chute de la monarchie, il fut en outre membre du Conseil provisoire, chargé des Finances, mais, personnalité saillante des Girondins, il fut acculé au suicide sous la Terreur. BRISSOTETCLAVIÈRE, UNE RELATION SOUS LE SIGNE DE L'AMÉRIQUE. Également entrés en relations à Neuchâtel en 1782, ils fondèrent en 1787 la Société gallo-américaine, puis, en 1788, la Société des amis des noirs : présidée par Clavière, celle-ci accueillit des membres de marque tels le marquis de Condorcet ou le marquis de La Fayette. Brissot fit en 1788 un voyage aux États-Unis, en grande partie financé par Clavière, avec des visées politiques, philanthropiques (concernant la question noire), mais aussi financières, pour étudier des pistes d'investissements et de spéculations, notamment sur la dette américaine – il en publia un récit en 1791, Nouveau voyage dans les États-Unis de l'Amérique septentrionale. Brissot et Clavière entrèrent aussi ensemble en 1790 dans la Compagnie du Scioto qui achetait des terres en Ohio pour les revendre avec profit à des migrants français. Ils furent également associés en 1788 dans la Compagnie royale d'assurance sur la vie, et Brissot écrivit encore plus d'un libelle en défense de la politique de Clavière quand celui-ci fut ministre. 10

18 12. BRISTED(John). Les États-Unis d'Amérique, ou Tableau de l'agriculture, du commerce, des manufactures, des finances, de la politique, de la littérature, des arts, et du caractère moral et religieux du peuple anglo-américain. Paris, chez Alexis Eymery, 1826. 2 volumes in-8, [dont les 9 premières chiffrées i à ix]-380 + 320 pp., demi-veau havane, dos lisses filetés avec pièces de titre et de tomaison noires, tranches marbrées ; dos un peu tachés, quelques feuillets tachés dans le second volume (reliure de l'époque). 200 / 300 € PREMIÈRE ÉDITION DE LA TRADUCTION FRANÇAISE de ce traité originellement paru en anglais à New York en 1818 sous le titre The Resources of the United States of America [...] – une réédition la même année à Londres porte le titre modifié America and her resources [...] Ouvrage très informé avec analyses poussées, écrit dans un esprit favorable aux États-Unis, même si John Bristed reconnaît à ceux-ci des défauts comme la présence de l'esclavage ou une vie intellectuelle moins développée qu'en Europe. Il se dit convaincu que le futur appartient à cette jeune nation, notamment face à l'Angleterre, mais développe sa comparaison de manière équilibrée : le comte de Liverpool, premier ministre de l'Angleterre (et ancien secrétaire d'État de la guerre en 1812 lors du conflit avec les États-Unis) en recommanda la lecture aux membres de son cabinet. GENDRE DU RICHISSIMEJOHNJACOBASTOR, JOHNBRISTED(17781855) était d'origine anglaise : fixé aux États-Unis en 1806, il exerça d'abord le métier d'avocat à New York, puis se fit pasteur anglican à Bristol (Rhode Island). Il se fit un nom comme écrivain et essayiste. 13

19 UNCAMPD'AVENTURIERS BONAPARTISTES AU TEXAS, MYTHIFIÉ EN REFUGE DE LA LIBERTÉ PERSÉCUTÉE 13. CHAMP-D'ASILE. — [L'HÉRITIER (Louis-François)]. Le Champ-d'asile, tableau topographique et historique du Texas, contenant des détails sur le sol, le climat et les productions de cette contrée ; des documens authentiques sur l'organisation de la colonie des réfugiés français ; des notices sur ses principaux fondateurs ; des extraits de leurs proclamations et autres actes publics : suivi de lettres écrites par des colons à quelques-uns de leurs compatriotes. Paris, Ladvocat, 1819. Petit in-8, viii-247-(une blanche) pp., demi-veau brun orné (Loutrel). 1 500 / 2 000 € ÉDITION ORIGINALE, RARE, publiée « au profit des réfugiés » du Champ-d'asile. UN INSTRUMENT DE PROPAGANDE DESTINÉ À RECUEILLIR DES FONDS ET À RECRUTER COLONS ET SOLDATS. Louis-François L'Héritier rappelle ici une histoire de ces « réfugiés » fixés au Texas, détaille la composition de leur groupe, avec notices biographiques sur le maréchal Grouchy, ainsi que les généraux Charles et Henri Lallemand et le général Antoine Rigau. Il explicite aussi l'organisation du camp en s'appuyant sur ce qui est présenté comme des témoignages d'officiers du Champ-d'asile. OFFRANT UN TABLEAU IDYLLIQUE DUTEXAS. Affirmant tenir ses informations d'un missionnaire français ayant résidé à San Antonio, Louis-François L'Héritier décrit la région du Champ-d'asile sous ses différents aspects : géographie, histoire naturelle (botanique, zoologie, minéralogie), ethnologie (nombreux détails sur la population indienne), présence limitrophe des Espagnols et des Américains. DÉTOURNEMENT MILITAIRE D'UNE ENTREPRISE COLONIALE CIVILE ACCRÉDITÉE PAR LE CONGRÈS AMÉRICAIN. À La Nouvelle-Orléans, où se croisaient des français immigrés pour des raisons diverses, naquit l'idée d'établir collectivement une colonie agricole vouée à la culture de la vigne et de l'olivier. Après une campagne de promotion dans un journal francophone, L'Abeille de La Nouvelle-Orléans, une société coloniale fut fondée (The Vine and Olive Colony) dont les actionnaires comprirent en tout une centaine de bonapartistes et révolutionnaires ayant quitté la France après Waterloo, environ deux cents réfugiés de la révolution de Saint-Domingue, et une centaine de personnes modestes ayant émigré pour raisons économiques. Cette société fut d'abord présidée par le général Lefebvre-Desnouettes, ancien commandant de la cavalerie légère de la Garde impériale, appuyé par d'autres exilés de marque dont le maréchal Emmanuel de Grouchy, les généraux Henri et Charles Lallemand (autres officiers de la Garde) ou le conventionnel régicide Joseph Lakanal. Après quelques mois de prospection, des terres furent choisies en Alabama. Le vice-président de la société, le négociant William Lee, ancien consul des États-Unis à Bordeaux et favorable à l'Empire, activa ses relais à Washington et obtint des soutiens politiques auprès de Thomas Jefferson, James Madison, James Monroe et Henry Clay : en février 1817, un décret du Congrès céda les terres en question à la Société coloniale à des conditions très favorables, les acquéreurs avaient 14 ans pour les mettre en valeur avant de les payer, et à un prix extrêmement bas. C'est Charles Lallemand qui, ayant succédé au général Lefebvre-Desnouettes, fut chargé de la répartition des lots. Dès l'automne 1817, cependant, ce général à l'esprit aventurier commença à organiser une expédition militaire contre le Texas espagnol, recrutant au sein de la société en prétendant avoir le soutien du Gouvernement américain : en décembre 1817, il se trouva à la tête d'un petit groupe d'une centaine d'hommes, vétérans français et européens des armées napoléoniennes, avec pour lieutenants à ses côtés son frère Henri Lallemand et le général Antoine Rigau. Il parvint à réunir des fonds de manière douteuse en obtenant de ses partisans qu'ils vendent leurs terres à un prix inférieur à celui qui avait cours aux plus gros actionnaires de la société coloniale, lesquels participèrent en échange au financement de l'entreprise. Charles Lallemand, dont les motivations étaient en fait peu claires, renversa ses buts militaires et affirma former une troupe d'appoint pour les Espagnols. L'expédition fut lancée par mer, parvint à l'île de Galveston au large des côtes du Texas, dont le corsaire et pirate français Jean Lafitte était le maître, puis, avec l'aide de celui-ci, se fixa à terre au Sud de la bande neutre de terre contestée entre la Louisiane et le Mexique, près de la Trinity River. Pour attirer de nouveaux fonds et des hommes, il organisa une campagne d'opinion présentant con camp militaire comme un « champ d'asile » de réfugiés ayant fui l'Europe pour des raisons de persécution politique : la presse francophone et anglophone américaine fut sollicitée, de même que les journaux anglais, ou la presse française libérale dont La Minervede Benjamin Constant – quelques fameux libelles dont celui-ci furent en outre publiés en France. Les principes affichés étaient collectivistes, égalitaires, libéraux, et les hommes du Champ-d'asile étaient présentés comme de vertueux soldats-laboureurs. Charles Lallemand, qui maintenait une discipline de fer et réprimait les tentatives de désertion de plus en plus nombreuses en raison de la détresse économique du camp, présentait au monde un tableau idyllique et idéologique inexact – mentait aussi à ses hommes en leur promettant l'arrivée de fonds et de renforts. En outre, l'esprit

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