BIBLIOTHEQUE JEAN BOURDEL. DEUXIEME PARTIE

BIBLIOTHÈQUE JEAN BOURDEL Deuxième partie Jeudi 20 mars 2025 - 14h30 7 rond-point des Champs-Élysées Marcel Dassault 75008 Paris RTCURIAL Experts de la vente Emmanuel Lhermitte Philippine de Sailly

BIBLIOTHÈQUE JEAN BOURDEL Deuxième partie Jeudi 20 mars 2025 - 14h30 7 rond-point des Champs-Élysées Marcel Dassault 75008 Paris

Francis Briest Frédéric Harnisch EXPOSITION PUBLIQUE Téléphone pendant l’exposition Tél. : +33 (0)1 42 99 20 84 Samedi 15 mars 11h - 18h Lundi 17 mars 11h - 18h Mardi 18 mars 11h - 18h Mercredi 19 mars 11h - 18h Reproduction de l’intégralité des lots consultable sur internet : www.artcurial.com Graphistes Rose de La Chapelle Romane Marliot Photographes Fanny Adler Emmanuelle Foussat Nous remercieons Théophile Piquemal-Tabou pour son aide à la rédaction de ce catalogue. VENTE AU ENCHÈRES Jeudi 20 mars 2025 - 14h30 Commissaire-priseur Francis Briest Directeur Frédéric Harnisch Tél. : +33 (0)1 42 99 16 49 fharnisch@artcurial.com Administratrice Emeline Duprat Tél. : +33 (0)1 42 99 16 58 eduprat@artcurial.com Experts Emmanuel Lhermitte Tél.: +33 (0)6 77 79 48 43 emmanuel.lhermitte.expert@gmail.com Membre de la Compagnie Nationale des Experts Philippine de Sailly Tél.: +33 (0)6 21 30 22 21 pdesailly.expertise@gmail.com Membre de la Compagnie Nationale des Experts BIBLIOTHÈQUE JEAN BOURDEL Deuxième partie vente n°6039 Catalogue en ligne www.artcurial.com Comptabilité acheteurs Tél. : +33 (0)1 42 99 20 71 salesaccount@artcurial.com Comptabilité vendeurs Tél. : +33 (0)1 42 99 17 00 salesaccount@artcurial.com Transport et douane Marine Renault Tél. : +33 (0)1 42 99 17 01 mrenault@artcurial.com Ordres d’achat, enchères par téléphone Kristina Vrzests Tél. : +33 (0)1 42 99 20 51 bids@artcurial.com Assistez en direct aux ventes aux enchères d’Artcurial et enchérissez comme si vous y étiez, c’est ce que vous offre le service Artcurial Live Bid. Pour s’inscrire : www.artcurial.com Couverture, lot 203, Raoul LE FEVRE. Le recueil des hystoires de Troye... - p.56 Lot 197, [ JEAN d’ARRAS ]. Melusine nouvellement Imprimee… - p.48 Emeline Duprat

Lorsque, avec mes deux frères, nous avons décidé de disperser ta bibliothèque, nous nous demandions si nous ne reniions pas ta mémoire. Tes livres, tu les aimais un peu à la façon de tes petits-enfants. Nous nous souvenions de la brillance de tes yeux lorsque tu parlais de tes descendants de papiers. Mais nous voulions que cette collection extraordinaire qui avait occupé une bonne partie de ta vie et la majorité de tes occupations, soit connue du monde des bibliophiles. Que ton nom soit dorénavant attaché à l’amour des livres d’exception, au goût du beau, aux beaux objets, aux belles lettres, aux belles intelligences. La rencontre avec nos amis experts, Emmanuel Lhermitte et Philippine de Sailly, a achevé de nous convaincre. En eux, nous avions trouvé le prince charmant qui réveilla tes livres aux bois dormants ! Ta collection qui s’était endormie dans la bibliothèque familiale a reçu ce baiser tant attendu qui lui redonna vie ! Tant il est vrai, mais tu le sais si bien, qu’un livre assoupi dans une bibliothèque est un livre qui n’attire plus l’intérêt, un livre au cœur éteint et sans utilité. Emmanuel et Philippine ont merveilleusement redessiné leur cartographie intime et savante. Nous découvrions des auteurs de génie -peu reconnus- des histoires d’hommes, des amours inassouvies… le cœur de tes livres palpitait à nouveau. Toute cette érudition que tu n’as pas eu le temps de nous transmettre nous a été donnée par deux amoureux de beaux livres. Aux questions que nous nous posions : Le monde des amateurs répondra-t-il présent à ton rendez-vous ? Tes intuitions, tes choix, tes convictions seront-ils partagés par notre temps ? Les livres d’exception attirentils encore des hommes d’exception, les « honnêtes hommes » de notre temps ? La première vente y répondit comme à une première bataille et tel un chef d’orchestre expérimenté, notre commissairepriseur lui donna une belle harmonie. Nous avons pu le constater avec une véritable joie, ton amour avait passé les générations. Tes livres reprenaient vie dans de nouvelles mains, les yeux commençaient à se dessiller, les sourires marquaient d’autres lèvres… pour toi une jolie victoire ! Aujourd’hui nous abordons la seconde vente avec la certitude que notre choix a été le bon et que, de là-haut, tu nous regardes avec ton sourire bienveillant sous ta moustache grise. Tes livres, comme de grands bateaux blancs, ont hissé leurs voiles de papier pour gagner de nouveaux ports, de nouvelles destinations, de nouveaux rêves… si proches des tiens. Nous t’embrassons tendrement grand-père. Philippe Bourdel petit-fils de Jean Bourdel et frère de Louis-Jean et Christophe Bourdel La première partie de la bibliothèque Jean Bourdel, consacrée à la littérature française du XVIe siècle, fut dispersée le 19 juin 2024. Les 165 lots qui y figurent avaient non seulement, et bien légitimement, suscité l’enthousiasme des collectionneurs et amateurs, mais avaient également entrainé une question récurrente : les seconde et troisième parties de la bibliothèque seraient-elles d’une qualité équivalente ? Les ouvrages y seraient-ils aussi précieux et choisis, et de provenances aussi prestigieuses ? Il n’y a qu’à feuilleter ce deuxième catalogue pour s’en persuader. C’est précisément le choix que nous avons fait : ne pas dénaturer la collection constituée par Jean Bourdel et que chacune des trois ventes reflète à la fois les trois axes de sa bibliothèque (impressions gothiques en français, poètes et prosateurs), mais également sa qualité. On trouvera donc dans cette seconde partie, comme ce fut le cas dans la première, des ouvrages majeurs de la littérature et de la typographie françaises du XVIe siècle. Pour les impressions gothiques en français, nous continuons à suivre rigoureusement l’ordre alphabétique suivant la logique bibliographique que nous avons adoptée, et nous présentons ici les ouvrages référencés de la lettre F à la lettre L. Outre une rare réunion de huit ouvrages différents de Pierre Gringore, figure centrale du théâtre populaire de l’époque, on y trouvera deux éditions du Roman de la Rose de Lorris et Meung, le Champion des Dames de Martin Franc ainsi que des œuvres d’une savoureuse irrévérence qui illustrent parfaitement le débat connu sous le nom de « Querelle des femmes » : les Quinze joÿes de mariage, la Grand patience des femmes contre leurs maris, la Quenolle spirituelle de Jehan de Lacu, le Grant triumphe et honneur des dames et bourgeoises de Paris ou encore deux éditions de la Louenge et beaulte des dames. Ces ouvrages voisinent aisément avec les récits merveilleux des héros légendaires et mythologiques dont est truffé l’imaginaire collectif du début du XVIe siècle. On suivra donc ici, parmi d’autres, les aventures de la fée Mélusine, celles de son fils Geoffroy à la grande dent, de Lancelot du Lac, de Gyron le Courtois, des chevaliers Guillaume de Palerme et Guy de Warvich, des quatre fils Aymon, des héros troyens et d’Helayne de Constantinople... Quant à la poésie, si l’on y trouve encore logiquement les grandes figures littéraires qui ont traversé les siècles tels les poètes de la Pléiade réunie autour de Ronsard, elles voisinent avec d’autres gloires de la rime française des XVe et XVIe siècles. Ainsi Villon côtoie-t-il notamment Des Périers, Magny, Régnier, Scève et Vauquelin de La Fresnaye, mais également des poètes que la postérité jalouse a peu ou pas retenus et dont les noms nous sont moins familiers : Beaujeu, Buttet, Cornu, Des Roches, Forcadel, Guy de Tours, La Perrière, Saluste Du Bartas… Réunis ici, tous ces auteurs sont le témoignage de l’effervescence poétique du XVIe siècle et d’une littérature en partie façonnée par les troubles politiques et les guerres de Religion. Enfin la troisième partie, consacrée aux prosateurs, est ici placée sous la figure truculente de Rabelais dont on trouvera, entre autres, l’édition originale complète du Quart livre ainsi que les très rares éditions collectives des Œuvres, de 1553 et 1556. Elles y côtoient les grands mémorialistes du XVIe siècle, tels Commines, Goulart, La Marche et Monluc. En parallèle de la verve burlesque rabelaisienne et du sérieux des mémoires historiques, citons enfin le mythique Champfleury de Tory qui immortalise les recherches de l’époque sur la typographie, recherches également illustrées à merveille par plusieurs ouvrages imprimés en caractères de civilité. Enfin, quant aux traductions en français d’auteurs et historiens grecs et latins comme Héliodore, Homère, Platon, Plutarque, Thucydide et Xénophon, elles témoignent du goût de la Renaissance pour la culture antique. Il serait trop long de les citer tous. Nous ne pouvons que vous inviter, pour comprendre mieux la finesse du goût de Jean Bourdel, à vous plonger dans cette seconde partie. P.S. AVANT-PROPOS Lettre à Jean Bourdel, mon grand-père Jean Bourdel (1980 – 1971) D.R.

Lot 256, Olivier de MAGNY. Les Odes. - p.109 Impressions gothiques en français Lots 166 à 214 - p. 10 Ouvrages de poésie Lots 215 à 296 - p. 74 Ouvrages en prose Lots 297 à 328 - p. 148

Impressions gothiques en français Lots 166 à 214 Lot 203, Raoul LE FEVRE. Le recueil des hystoires de Troye... - p.56

10 Bibliothèque Jean Bourdel RTCURIAL 20 mars 2025 14h30. Paris Bibliothèque Jean Bourdel RTCURIAL 20 mars 2025 14h30. Paris 11 166 Pierre FABRI. Le grand & vray art de plaine Rethoricque: Utile, proffitable et necessaire a toutes gens qui desirent a bien elegantement parler et escripre… — Le second livre de vraye Rethorique… Paris, en la rue neufve nostre dame à l’enseigne de la corne de cerf : et au palais en la galerie par ou on va a la Chancellerie / par Vincent Sertenas (in fine), Estienne Caveiller, 1539. 2 tomes en un volume in-8, veau marron, décor dans le genre Du Seuil, avec double encadrement à froid, fleurons d’angle dorés et fleuron central à froid, dos à 4 nerfs orné d’un petit fleuron à froid répété (Reliure de l’époque). Bechtel, 280/F-6 // Brunet, II-1150 // Renouard, ICP, 1411 // Rothschild, I-426. I. (2f.)-CLXIIIIf. / A-V8, X6 // II. (2f.)-LXIIIIf. / [ ]2, Aa-Hh8 // 27 longues lignes, car. goth. / 95 × 156 mm. Nouvelle édition ornée d’un titre en rouge et noir pour la première partie. On sait très peu de choses de Pierre Le Fèvre, alias Pierre Fabri, sinon que ce prêtre et poète rouennais fut curé de Meray, qu’il mourut vers 1520 ou 1540 et qu’il signa ses œuvres de son nom latinisé « Fabri ». Il s’attacha à explorer des formes poétiques nouvelles et singulières, sans pousser aussi loin que Gratien Du Pont l’amour de ces combinaisons extravagantes dont le moindre défaut était de rendre les vers absolument inintelligibles (Picot). Son œuvre principale est ce traité de rhétorique, paru pour la première fois en 1521 à Rouen et divisé en deux livres. Le premier concerne l’art de composer & faire toutes descriptions en prose : comme oraisons, lettres, missives, epistres, sermons, recitz, collations et requestes, tandis que le second est consacré entièrement à l’art poétique, côme champs royaux, ballades, rondeaulx, virelays, chansons, et forme une sorte d’anthologie avec de nombreux exemples de poèmes tirés des œuvres de Guillaume Alexis, Alain Chartier, Jean Molinet, etc., ainsi que de divers poètes normands de l’époque. Pour composer son Grand art de pleine rhétorique utile et profitable, Fabri utilisa et compléta un traité de la rime paru anonymement à la fin du XVe siècle et parfois attribué à Jean Molinet. L’adaptation de Fabri connut un grand succès et on compte au moins cinq éditions entre l’originale de 1521 et la nôtre de 1539. Exemplaire de la bibliothèque des princes d’Oettingen-Wallerstein portant leur cachet sur le titre et, au premier contreplat, une cote manuscrite à l’encre : D/253. Une note manuscrite attribue à cet exemplaire la provenance de Marcus Fugger, dont la bibliothèque composa en partie celle des Oettingen-Wallerstein. Celle-ci fut partiellement dispersée en quatre ventes en 1933-1935, et cet exemplaire figure dans la quatrième vente (n° 102), mais nous ne pouvons certifier qu’il ait auparavant appartenu à Marcus Fugger. Reliure tachée avec le dos anciennement restauré et début de fente aux mors. Mouillures angulaires à plusieurs feuillets en début et fin de volume, restauration angulaire au feuillet R8, soulignements à l’encre et quelques annotations au feuillet P6 et au cahier Q. Provenance : Princes d’Oettingen-Wallerstein (cachet, IV, 7 mai 1935, n° 102). 1 500 - 2 500 € 167 FARCE NOUVELLE. Moralisee A. XIII. Personnages. Cest assavoir Dieu Michel Doulx parler. Franc cueur… Paris, Nouvellement imprimee… en la rue neufve Nostre dame A lêseigne de lescu de Frãce (atelier Trepperel), s.d. (ca 1505-1513). Plaquette in-folio étroite, maroquin janséniste anthracite, milieu des champs biseauté, dos à 5 doubles nerfs, triple filet intérieur avec petits fleurons angulaires dorés, tranches dorées, étui (René Aussourd). Bechtel, 283/F-38 // Pettegree, n° 19366 // USTC, 57503 // Manque aux autres bibliographies. (30f.) / A8, B-E4, F6 / 55 ou 56 lignes, car. goth. / 85 × 270 mm. Unique et rarissime édition d’une farce jouée au tout début du XVIe siècle et publiée concomitamment par les Trepperel. Les farces, soties et moralités qui constituent le théâtre comique de la fin du XVe et du début du XVIe siècle étaient le plus souvent jouées dans les rues et, dans le même temps, publiées sous forme de brochures destinées aux directeurs de troupes, acteurs professionnels et amateurs. Elles étaient vendues bon marché, comme de la littérature populaire, raison pour laquelle peu d’entre elles sont parvenues jusqu’à nous. Jean Trepperel, puis sa veuve et ses héritiers, s’étaient fait une spécialité des publications populaires vernaculaires : Ils ont imprimé des romans de chevalerie, des mystères dramatiques, des poèmes. Ce sont eux qui ont le plus vulgarisé, par leurs éditions, notre vieille littérature populaire (Claudin, II, p.162). Comme le souligne Droz, la publication des farces et des soties a le mérite de nous renseigner sur le goût du public, et du public parisien en particulier ; car il ne faut pas oublier que Trepperel, imprimeur-libraire à Paris, était un commerçant avisé, soucieux des préférences de ses clients. La Farce Nouvelle moralisée à XIII personnages, dont on sait qu’elle fut jouée à Metz le dimanche de la Trinité en 1513 sur la place de la Chambre, en contrebas du terre-plein de la cathédrale (Droz), oppose, suivant le schéma classique du genre, des personnages allégoriques qui s’affrontent dans une joute verbale savoureuse. Ici, Franc Cueur, Feaulte et Doulx Parler font face à Langue envenimée qui, assistée de Danger, Satan, Bellezebut, Lucifer et Sultus (ou Le Fol), médit cruellement de Bonne Renommée en lui prêtant des aventures gaillardes : Autre chose ie ne procure / Fors que par tout mettre discors / Cest tout mon bien cest ma nature / que avoir tousiours langue hors. Dieu intervient alors, envoyant Michel, soutenu par Lame (ou Anima), au secours des héros afin de les guider : ク que ie donne la sentence Sur faulce langue envenimee Qui est orde et desfiguree Cette farce est connue comme la trente-quatrième pièce du recueil dit Recueil Trepperel, réunion composite de trente-cinq farces, moralités et soties, regroupées en un volume découvert à la fin des années 1920 par le libraire florentin Léon Olschki. Acquis en 1928 par Edmée Maus, le Recueil Trepperel fut divisé par la nouvelle propriétaire, qui fit relier séparément chaque pièce. Au moment de leur acquisition groupée par la BnF en 1974, il manquait deux pièces, dont cette farce à treize personnages. Eugénie Droz, qui étudia l’ensemble pour en donner une édition moderne en 1966, en souligne déjà l’absence et précise qu’elle a dû, pour établir le texte de cette farce dans son Recueil Trepperel : fac-similé des trente-cinq pièces de l’original, travailler d’après des photocopies. Dans son introduction, Eugénie Droz mentionne que la Moralité à XIII personnages… de langue envenimée présente des manques dus à des taches d’encre et des déchirures. Ces manques correspondent en tous points à ceux de notre exemplaire, ce qui nous permet d’affirmer que ce dernier est l’une des deux pièces manquantes au moment de l’acquisition par la BnF du Recueil Trepperel. Notre exemplaire semble donc le seul connu. Dos légèrement passé. 13 feuillets restaurés dont 8 sans atteinte au texte et 5 avec réparations importantes et manques de texte ; petites piqûres à une dizaine de feuillets. Provenance : Edmée Maus. 2 000 - 3 000 €

12 Bibliothèque Jean Bourdel RTCURIAL 20 mars 2025 14h30. Paris Bibliothèque Jean Bourdel RTCURIAL 20 mars 2025 14h30. Paris 13 168 [Guillaume FILLASTRE ]. Le premier (Second) volume de la Thoison Dor… Auquel soubz les vertus de magnanimite et iustice appartenans a l’estat De noblesse sont contenus les haulx, vertueux et magnanimes faictz, tant des tres chrestiènes maisons de France, Bourgõgne et Flandres que Dautres roys et princes De lancien et du nouveau testament nouvellement imprimé. Troyes, Nicolas Le Rouge pour Jean Petit, On les vend a Paris en la rue sainct Jaques a lenseigne du Loup Devant les Maturins, 21 avril 1530. 2 tomes en un volume in-folio, basane acajou, triple filet doré, dos à 5 nerfs orné de doubles filets dorés, roulette intérieure, tranches dorées (Koehler). Bechtel, 290/F-96 // Brunet, II-1258 // Renouard, n° 904 // Renouard, ICP, 2091 // Tchemerzine-Scheler, III-245 // USTC, 75918. I. (2f.)-CXXXVIf. (avec des erreurs de foliotation) / A8, B-Y6, Z4 // II. (4f. dont un blanc)-CCXLIVf. (mal numérotés CCXLIII, erreurs de foliotation) / aa4, AA-YY6, AAA-SSS6, TTT4 // 27 longues lignes sur 2 colonnes, car. goth. // 203 × 275 mm. Troisième édition de cette histoire des grands hommes, souvent considérée comme un roman de chevalerie. Guillaume Fillastre, nommé par son seul prénom sur le titre de ce volume, fut abbé de Saint-Bertin avant d’être nommé évêque de Verdun à la demande de son protecteur Philippe III le Bon, duc de Bourgogne. En conflit avec la noblesse, la bourgeoisie et même le chapitre de cette ville au sujet de l’étendue de son pouvoir temporel et pour des raisons fiscales, il échangea son évêché contre celui de Toul où il connut les mêmes déboires, au point de devoir se réfugier à Bruxelles et d’en appeler au pape qui lui donna raison. Il accepta ensuite un nouvel échange de diocèse avec celui de Tournai, où il s’éteignit en 1473. Il fut, de 1461 à sa mort en 1473, chancelier de l’Ordre de la Toison d’or tout juste créé par Philippe le Bon. Si sa Thoison d’or, recueil très touffu mêlant histoires et mythologie (Bechtel), s’ouvre sur l’histoire de Jason et des argonautes, l’auteur dérive rapidement vers un exposé des vertus des grands hommes de l’Antiquité, pour en venir à traiter des rois de France et de leurs hauts faits, prenant également des exemples de bon gouvernement dans les figures bibliques. Resté amer et déçu de la nature humaine suite à sa propre expérience, Fillastre s’attacha à bâtir une œuvre littéraire fournissant sans ordre et sans chronologie des exemples de bonté, de piété, de justice, de pardon, de probité, bref de toutes les qualités qui font la noblesse d’un chevalier (Bechtel). La Thoison d’or parut pour la première fois chez Regnault en 1516 et fut réimprimée dès l’année suivante chez Bonnemère pour le même Regnault. Cette édition, la troisième, fut imprimée en 1530 à Troyes par Nicolas Le Rouge pour le libraire parisien Jean Petit. Quelques exemplaires existent à l’adresse de Poncet le Preux. L’ouvrage est illustré d’un titre gravé en rouge et noir dans un grand encadrement architectural avec L grotesque et marque de Jean Petit, et de 12 bois (en réalité 6 bois, certains répétés), dont l’Auteur ecrivant le texte (répété au titre du second volume), Jason face au dragon et des scènes bibliques ou historiques. De très nombreuses lettrines xylographiques, grandes et petites, issues de plusieurs alphabets distincts, illustrent également le texte. Parmi les 33 grandes lettrines (7 répétées), certaines appartiennent notamment à une suite à sujets animaliers. Exemplaire très frais, bien complet du titre du second volume qui manque souvent et dont un fac-similé a été fait dans les années 1930. Frottements à la reliure avec restauration en bas du dos, manques aux coins et dos passé. Fine restauration en pied du titre, tache d’encre marginale à un feuillet. Provenance : Léon Cailhava (21-31 octobre 1845, n° 858) ; d’après une annotation manuscrite, vente D.S. non identifiée en 1853 ; Joseph Renard (ex-libris, 21-30 mars 1881, n° 1576). 3 500 - 4 500 €

14 Bibliothèque Jean Bourdel RTCURIAL 20 mars 2025 14h30. Paris Bibliothèque Jean Bourdel RTCURIAL 20 mars 2025 14h30. Paris 15 170 Jehan de FLORES. La Deplourable fin de Flamete, Elegante invention de Jehan de Flores espaignol, traduicte en Langue Francoyse. Lyon, François Juste, devant nostre Dame de Confort, 1535. In-8, maroquin rouge, double filet à froid, dos à 5 nerfs orné de même, dentelle intérieure, tranches dorées (Duru - 1847). Baudrier, Supplément I, p. 98, n° 37 // Bechtel, 295/F-145 // Brunet, II1302 // Graesse, II-600 // Gültlingen, IV, p. 206, n° 26 // TchemerzineScheler, V-749 // USTC, 34522. 71f.-(1f. blanc) / A-I8 / 24 longues lignes, car. goth. / 92 × 143 mm. Édition originale très rare de la première traduction par Maurice Scève du Grimalte et Gradisa de Juan de Flores. Juan de Flores (1460 ?-1525 ?), diplomate espagnol dont on sait peu de choses, fut chroniqueur officiel des Rois Catholiques Ferdinand II et Isabelle Ière. Il est principalement connu pour deux romans sentimentaux, La Historia de Grisel y Mirabella, qui connut un grand succès et fut souvent traduit et réimprimé, et Grimalte y Gradisa qui parut dans une unique édition en 1495. S’inspirant de l’Elegia di Madonna Fiammetta de Boccace, Flores relate les aventures de la jeune Gradissa qui, bouleversée par les amours malheureuses de Fiammetta et de son amant Pamphile, rejette les avances de tous les hommes, y compris celles du beau et noble Grimalte. Ce dernier se met alors en quête de Fiammetta et cherche, sans y parvenir, à la réconcilier avec Pamphile avant qu’elle ne meure. Cet échec ne décourage pas Gradissa qui enjoint Grimalte à retrouver Pamphile ; c’est au fond d’une forêt que ce dernier erre seul au milieu des bêtes sauvages. À la demande de son amante, Grimalte, hanté par des visions de Fiammetta, rejoint Pamphile et partage son sort, en laqlle vie puis qu’elle plaicte a Gradisse de bõ cueur ie me cõsens. Cette première traduction française est due à Maurice Scève, poète lyonnais du XVIe siècle, qui fut à la fois avocat, jurisconsulte, poète, musicien, peintre, architecte et même antiquaire, et qui fut lié aux grands esprits de son temps. Cette traduction est sa première publication. L’édition porte sur le titre la devise de Maurice Scève Souffrir se ouffrir et au verso une Epistre proemiale du même, dans laquelle il expose aux lecteurs la nécessité où il était de traduire ce texte : cõme bõ et expert marinier en la naufrageuse mair d’amour, ク eschape q fus d’ycelle vous ay bien voulu communiquer ce present libvret… L’Épistre est suivi d’un huitain, également de Maurice Scève. Le texte est orné de 38 lettrines historiées gravées sur bois dont plusieurs répétées. L’exemplaire a été lavé au XIXe siècle mais le titre porte le fantôme d’un ex-libris : Des livres de N. Moreau / Sr d’auteuil & Torriau (?) / A Lami Son Cœur. On connaît plusieurs livres ayant appartenu à ce bibliophile Nicolas Moreau (1556-1619), seigneur d’Auteuil et de Thoiry, maître d’hôtel du roi, trésorier du duc d’Anjou et trésorier de France, qui laissait sur ses ouvrages l’anagramme de son nom : A Lami Son Cœur. Le dernier feuillet blanc porte des annotations anciennes en espagnol en partie effacées. Très bel exemplaire malgré de minimes frottements aux charnières et sur les coupes. Provenance : Nicolas Moreau (ex-libris manuscrit), Nicolas Yemeniz (ex-libris, 9-31 mai 1867, n° 2261) et petit cachet A.E. non identifié au verso du dernier feuillet blanc. 3 500 - 4 500 € 169 LA FLEUR ET TRIUMPHE DE CENT ET CINQ RONDEAULX contenans la constance, & inconstance de deux Amãs composez par aucun Gêtil Homme (…). Et adiouste. xiii. Rondeaulx differans. Avec xxv. Balades differentes cõposees par Maistre Iehan Bouchet aultrement dict le traverseur des voyes perilleuses... Lyon, en rue Mercire en la boutique de Iehan Mousnier pres du Maillet dargent, 1540. Petit-8, maroquin citron, triple filet doré en encadrement, dos lisse orné de filets et fleurettes dorés, tranches dorées sur marbrure (Reliure du XVIIIe siècle). Baudrier, I-293 // Bechtel, 294/F-134 // Brunet, II-1289 et IV-1372 // Graesse, VI-155 // Gültlingen, IV, p. 200, n° 9 // Manque à l'USTC. (48f. sur 56) / A-E8, (F8 manquant), G8 / 23 lignes, car. goth. / 72 × 118 mm. Rarissime troisième édition, la seule sous ce titre, des Rondeaulx nouveaulx iusques au nombre de cent et troys…, œuvre en vers faussement attribuée à Jean Bouchet ou Pierre Gringore, qui est en réalité d’un poète resté anonyme. La première édition parut vers 1529 à Lyon et cette troisième, que nous présentons, est augmentée de quinze rondeaux anonymes et vingt-cinq ballades par Jean Bouchet. Cet ensemble de rondeaux forme une sorte de petit roman d’amour (Bechtel). Notre édition s’ouvre sur une épître au Roi dans laquelle l’auteur se réjouit de lui présenter : Ce petit livre auquel sont cent rondeaux Et cinq avec fort ioyeulx ク nouveaulx Lesquelz sont faictz selon le mien advis Sur les propos, respõces ク devis Querent ensemble ung homme ク une dame Durant l’amour dêtre eulx que ie ne blasme Cet exemplaire, le seul connu et le seul référencé par toutes les bibliographies (Tchemerzine-Scheler, Brunet, Graesse, Bechtel…), a appartenu aux bibliothèques La Vallière, Méon, Lang, Heber, Nodier, Yemeniz et Firmin-Didot. Toutes les notices indiquent l’ouvrage complet en 48 feuillets. Seuls Tchemerzine et Firmin-Didot donnent la collation des signatures (A-E8, G8) sans indiquer que l’absence du cahier F serait un manque. À l’examen du texte, on note que les ballades V à XV sont pourtant bien absentes. Cela n’enlève rien à la rareté insigne de cette édition puisque cet exemplaire, dans sa reliure en maroquin du XVIIIe, semble le seul à être parvenu jusqu’à nous. Titre en lettres rondes et reste de l’ouvrage en caractères gothiques. Marge un peu courte en tête. Provenance : Duc de La Vallière (décembre 1783, n° 3102), Dominique Martin Méon (15 novembre 1803, n° 1557), Robert Lang (17-27 novembre 1828, n° 901), Richard Heber (IX, 1-14 avril 1836, n° 3546), Charles Nodier (ex-libris, 27 avril 1844, n° 365), Nicolas Yemeniz (ex-libris, 9-31 mai 1867, n° 1691) et Ambroise Firmin-Didot (ex-libris, 6-15 juin 1878, n° 206). 2 500 - 3 500 €

16 Bibliothèque Jean Bourdel RTCURIAL 20 mars 2025 14h30. Paris Bibliothèque Jean Bourdel RTCURIAL 20 mars 2025 14h30. Paris 17 171 Martin FRANC. Le Champion des dames. S.l.n.d. (Lyon, Jean Du Pré, vers 1485). In-folio, maroquin janséniste bleu nuit, dos à 5 nerfs, dentelle intérieure, tranches dorées, étui (Chambolle-Duru). Bechtel, 299/F-175 // BMC, VIII-284 // Brunet, II-1368 // CIBN, I-F161 // Fairfax Murray, I-171 // Pellechet, II-4892 // Rothschild, I-446 // Tchemerzine-Scheler, III-349 // USTC, 57791. (185f. sur 186, le dernier blanc manquant ici) / a-x8, y-z6, A6 / 36 lignes sur 2 colonnes, car. goth. // 199 × 280 mm. Édition originale très rare de cet important ouvrage de Martin Franc qui met à l’honneur le sexe féminin et répond ainsi à l’antiféminisme affirmé par Jean de Meung dans la seconde partie du Roman de la rose. Martin Franc ou Le Franc naquit au début du XVe siècle à Aumale ou à Arras et s’éteignit à Rome vers 1460. Il embrassa l’état ecclésiastique et devint chanoine à Lausanne. Il fut ensuite secrétaire d’Amédée VIII (ou Amée VIII), duc de Savoie, qui devint pape en 1439 sous le nom de Félix V et le fit protonotaire apostolique. Le règne de ce pontife fut de courte durée et s’acheva par son abdication qui mit fin au schisme, mais Martin Franc conserva ses fonctions auprès du nouveau pape Nicolas V. Celles-ci lui laissèrent le temps de cultiver la poésie et on lui doit deux poèmes : Le Champion des dames et L’Estrif de fortune (cf. le n° 172 du présent catalogue). Le premier ouvrage, Le Champion des dames, est un important recueil de 34.000 vers sous la forme d’un débat entre Malbouche et Franc-Vouloir, qui argumentent pour ou contre l’autre sexe, finissant conjointement par l’apologie des femmes et surtout du mariage (Bechtel). L’auteur prend le prétexte d’un songe allégorique au cours duquel lui seraient apparues les visions qu’il chante. Les dames sont enfermées dans le château d’amours qui est attaqué par Malbouche et défendu par Franc-Vouloir. Ils décident tous deux de s’en remettre au jugement de Vérité. S’ensuivent des débats pour et contre le sexe féminin, vaste fresque où l’auteur mélange la philosophie, la mythologie et l’histoire contemporaine, où sont mis à contribution les philosophes païens, les poètes grecs et latins, les pères de l’église et où apparaissent des figures féminines célèbres historiques ou mythiques, telles Ève au jardin d’Eden, la papesse Jeanne ou Jeanne d’Arc. Malgré ses longueurs, [l’auteur] a su pourtant dépeindre la France d’alors déchirée par la guerre civile, ruinée par l’occupation anglaise et dire son admiration pour Jeanne d’Arc (Bechtel). Cette première édition, parue vers 1485, est la seule imprimée en caractères gothiques et sera suivie, plus de quarante ans plus tard, d’une nouvelle édition en caractères ronds, donnée par Galliot Du Pré en 1530 (cf. le n° 244 du présent catalogue). Publiée sans lieu ni date, l’impression incunable que nous présentons fut longtemps attribuée à Guillaume Le Roy, à Lyon, à cause de la conformité des caractères du titre avec ceux du Doctrinal de Sapience, mais elle est maintenant rendue à Jean Du Pré, imprimeur à Lyon, qui se fournissait en caractères et en gravures chez ses confrères. L’iconographie de ce volume se compose d’un L grotesque en première page, d’une gravure à mi-page représentant l’auteur offrant son livre, sans doute au duc de Savoie, d’un grand bois à pleine page représentant le château d’amours assiégé par Malbouche et défendu par des femmes qui tirent à l’arquebuse, à l’arbalète et lancent des pierres, et de 61 bois dans le texte, en réalité 34 dont 5 plusieurs fois répétés. Les grandes initiales, laissées en blanc dans le texte, ont été ici, pour 14 d’entre elles, rubriquées à l’encre rouge. Ce très beau volume est rare et, d’après Bechtel, on n’en connaît qu’une vingtaine d’exemplaires. Réparations n’atteignant pas le texte à 28 feuillets (g1 à h6, o5, y2 à z6, A2 à A5) et plus importantes, sans atteinte au texte, à 5 feuillets (a2 à a6) ; mouillures, en particulier aux cahiers i, l, m, p, t, u, z et A, et tache brune à deux feuillets (b7 et b8) ; trous de vers plus prononcés en début et fin de volume. Le volume malgré cela reste tout à fait séduisant. 25 000 - 30 000 €

18 Bibliothèque Jean Bourdel RTCURIAL 20 mars 2025 14h30. Paris Bibliothèque Jean Bourdel RTCURIAL 20 mars 2025 14h30. Paris 19 173 Jean FROISSART. Le Premier (Second, Tiers et Quart) Volume de froissart Des croniques de France. Dangleterre. Descoce. Despaigne. De bretaigne. De gascongne. De flandres. Et lieux circunvoisins. Paris, Anthoine Vérard, sur le pont nostre Dame a lymage saint Jehan levangeliste ou en la sale du palais au premier pillier Devant la chappelle ou lon chante la messe de messeigneurs les presidens, s.d. (ca 1495). 4 livres en un volume fort in-folio, veau marron, double filet à froid et petits fleurons angulaires dorés, grand fleuron central doré à entrelacs et fond azuré sur les plats, sur le premier plat mention dorée Philippes et sur le second Boyssot, dos postérieur à 5 nerfs orné de fleurons dorés avec petite étiquette de bibliothèque en pied, tranches de quatre couleurs différentes, rouge, blanche, jaune et bordeaux (Reliure de l’époque). Bechtel, 301/F-182 // BMC, VIII-88 // Brunet, II-1404 // CIBN, F-193 // Macfarlane, 111 // Pellechet, 4931 // Tchemerzine-Scheler, III-354 et s. // USTC, 53169. I. (8f.)-CCLXXIf.-(1 f. blanc) / a-z8, µ8, aa-ll8 // II. (8f.)-CCLXXIXf.-(1 f. blanc) avec des erreurs de foliotation / AA8, B-E8, F10, G6, H-X8, AA-PP8 // III. (6f.)- CCXXXIf.-(1 f. blanc manquant ici) / aaa6, bbb-zzz8, ククク8, ÞÞÞ8, aaaa-eeee8 // IV. (2f.)-CXIf.-(1f. blanc manquant ici) / [ ]2, AAA-LLL8, mmM10, NNN6, OOO8 // 46 longues lignes sur 2 colonnes, car. goth. / 230 × 328 mm. Rare édition originale, incunable, des Chroniques de Froissart, l’un des principaux monuments de notre langue (Larousse). Historien et poète né à Valenciennes vers 1333, Jean Froissart était fils d’un enlumineur, peintre d’armoiries du Hainaut. Il accéda à la prêtrise et bénéficia de l’éducation réservée aux clercs sans renoncer aux plaisirs de la vie : la chasse, la bonne chère, les femmes, le vin, la parure (Larousse). Il cultiva également le goût des lettres et, très jeune, entreprit de raconter les guerres de son temps. Il voyagea alors à travers 172 Martin FRANC. Lestrif de fortune et de vertu desquelz est souveraienement demonstre le povre ク foible estat de fortune contre loppinion commune. Paris, Michel Le Noir, a lenseigne de la Rose blanche couronnee, 28 juin 1519 (in fine : 25 août 1519). In-8, maroquin rouge, triple filet doré en encadrement, dos lisse joliment orné en long de tiges, feuilles et fleurettes formées de filets et petits cercles dorés, roulette intérieure dorée, tranches dorées (Reliure du XVIIIe siècle). Bechtel, 300/F-178 // Brunet, II-1369 // Renouard, ICP, II-2117 // Tchemerzine-Scheler, III-348-b // USTC, 26398. (102f.) / a8, b-e4, f8, g4, h4, i-m8-4, n6, o4, p8, q4, r8, s8 / 39 longues lignes, car. goth. / 117 × 174 mm. Troisième édition du second poème que nous laissa Martin Franc. Martin Franc ou Le Franc (mort vers 1460), prêtre et poète français, fut toute sa vie attaché à la maison de Savoie. Secrétaire du duc de Savoie, il lui resta fidèle lorsque ce dernier fut élu pape sous le nom de Félix V. Ses diverses charges lui laissèrent le loisir d’écrire une œuvre littéraire, en particulier son Champion des Dames, plaidoyer en faveur des femmes en réponse au Roman de la Rose (cf. le n° 171 du présent catalogue). Il composa également une querelle allégorique sous le nom de L’Estrif de fortune et de vertu. Dans ce texte, divisé en trois livres et qui fait alterner les passages en prose et en vers, l’auteur met en scène Raison arbitrant un débat entre Fortune et Vertu se disputant le gouvernement du monde. S’y mêlent références bibliques, antiques et issues de la littérature française. Le tiers ク dernier livre conclut que vertu et noblesse ne peuvent estre subiectz a fortune. Cette troisième édition, datée de 1519, est la seconde donnée par le libraire parisien Michel Le Noir après l’originale brugeoise de 1477. Elle est illustrée d’un beau bois sur le titre représentant la roue de la fortune (déjà utilisé dans l’édition de Le Noir en 1505), ainsi que de 3 grands bois à pleine page in fine : deux personnages dans une bibliothèque, l’auteur écrivant son texte et la grande marque de Michel Le Noir (Renouard, Marques, n° 621). L’édition est également ornée de nombreuses lettrines xylographiques appartenant à plusieurs alphabets différents. Bel exemplaire relié au XVIIIe siècle, malgré la marge supérieure un peu courte, des taches d’oxydation en pied du titre (traces probables d’un ex-libris effacé) et une mouillure angulaire ancienne. La page de titre porte un fantôme d’ex-libris ancien à l’encre, illisible. 3 lignes anciennes effacées au feuillet a2. 3 500 - 4 500 € toute l’Europe, rencontrant les principaux personnages de son temps, cherchant auprès des acteurs mêmes de ces hauts faits les récits des batailles afin d’en offrir la description la plus fidèle possible. On ignore la date exacte de sa mort, qui survint probablement entre 1400 et 1420. Il n’est pas un historien qui ait plus de charme et de vérité ; son livre est un témoignage vivant du temps où il a vécu… on y retrouve la couleur et le charme des romans de la chevalerie, cette admiration pour la valeur, la loyauté, les beaux faits d’armes, pour l’amour et le service des dames ; en même temps, le désordre, la cruauté, la rudesse des mœurs de ces temps barbares (Barante). L’ouvrage parut chez Antoine Vérard avant 1499 comme le prouve l’adresse « sur le pont nostre Dame ». Ce pont s’effondra, en effet, en octobre 1499, forçant le libraire à s’installer devant la rue neusve Nostre Dame. Vérard donna deux éditions non datées de ces Chroniques, la seconde étant copiée sur la première, nonobstant la grotesque des titres et le colophon du premier volume qui comporte la nouvelle adresse. Notre exemplaire comporte bien toutes les remarques de l’édition originale, à savoir la grotesque L à un seul visage sur les titres (Macfarlane, n° 4) et l’adresse primitive de Vérard à tous les colophons. L’édition est en outre ornée à la fin de chaque volume de la marque de Vérard (Macfarlane, n° LXXVII) et de petites lettrines qui conduisent ce bibliographe à proposer la date de 1495. La reliure, du temps, porte le supra-libris d’un certain Philippes Boyssot, bibliophile dont nous n’avons pas pu trouver la trace. Reliure très abîmée et frottée avec le dos et une partie des plats anciennement refaits et d’importantes restaurations. Mors fendus et coiffes arrachées. Exemplaire très frais intérieurement, malgré une rature importante au titre du premier volume, 4 feuillets tachés (vol. I, ff. k6, k7 et x3 ; vol. II, f. C6) et un feuillet déchiré (vol. I, f. n8). Une dizaine de feuillets des volumes I et II portent des soulignements et des annotations anciennes à l’encre. Provenance : Philippes Boyssot (supra-libris), annotation ou ex-libris ancien raturé au titre, général Thierry (?, annotation datée 1729 sur une garde), Quarré d’Aligny (ex-libris). 5 000 - 7 000 €

20 Bibliothèque Jean Bourdel RTCURIAL 20 mars 2025 14h30. Paris Bibliothèque Jean Bourdel RTCURIAL 20 mars 2025 14h30. Paris 21 174 [ GEOFFROY à la grande dent ]. Les FAITZ ク GESTES DES NOBLES CONQUESTES DE GEOFFROY a la grant dent seigneur de lusignen ク sixiesme filz de melusine et de raymondî cõte dud lieu. Paris, Jehan Trepperel, en la rue neufve nostre dame a lêseigne de Lescu de france, s.d. (vers 1530). Petit in-4, maroquin bleu avec large encadrement droit formé de filets, roulettes et fers juxtaposés à motifs de pélicans, petits navires dorés aux angles, dos à 5 nerfs orné, doublure de maroquin cuivre avec reprise de l’encadrement, doubles gardes, tranches dorées (Chambolle-Duru). Barbier, II-422 // Bechtel, 311/G-55 // Brunet, II-1536 et s. // Fairfax Murray, I-186 // USTC, 79177. (46f.) / A6 (avec A3 chiffré F4), B-E4, F6, G-I4, K6 / 38 longues lignes, car. goth. / 121 × 174 mm. Très probablement la plus ancienne édition de ce roman de chevalerie et sans doute le seul exemplaire connu. Sixième fils de Mélusine et de Raymondin, comte de Lusignan, Geoffroy à la grande dent, après avoir fait quelques exploits en France, alla secourir ses frères contre les Sarrasins, dont son frère Guy, roi de Jérusalem. Après de multiples faits de guerre et de glorieuses victoires, notamment au siège de Ptolémaïde, il retourna en France et, ayant appris que son frère Froimond était devenu moine en l’abbaye de Mailleres, il fit brûler celle-ci. Condamné par le pape et par le roi de France à la réédifier, il s’acquitta de sa tâche en élevant un bâtiment plus beau que celui qu’il avait détruit. Cette édition, publiée par Jean II Trepperel, est restée inconnue à Brunet qui cite à tort la première édition de ce texte à Paris chez Jehan Bonfons, sans date (vers 1550-1560), ou à Lyon chez Olivier Arnoullet en 1549. On peut dater l’édition vers 1530 d’après le colophon au nom de Jehan (II) Trepperel et à l’adresse de la Rue Neufve Nostre Dame a lêseigne de Lescu de France. Quand elle ne porte que son nom, on situe la production de ce libraire, successeur de sa mère la veuve Trepperel, entre 1527 et 1532. Jean Bonfons ayant exercé son activité de 1543 à 1566, il n’a pu publier son édition avant celle de Trepperel. L’édition est ornée sur le premier feuillet d’un très beau bois représentant Geoffroy a la grant dent à cheval, le sabre levé, et de lettrines appartenant à plusieurs alphabets xylographiques. Nous n’avons trouvé aucun autre exemplaire répertorié par les bibliographies et toutes les notices ne font référence qu’à cet exemplaire. Il a appartenu au baron Pichon qui a laissé une note autographe sur une garde indiquant l’erreur de Brunet et l’antériorité de cette édition, note en partie biffée peut-être par Jean Bourdel. L’ouvrage aurait appartenu à la bibliothèque de Fernand Colomb et porte le fac-similé de l’ex-libris de la bibliotheca Colombina. L’ouvrage n’est pas mentionné par Harrisse dans son Excerpta Colombiniana mais il a fait partie de la bibliothèque Pichon qui fut vendue du 3 au 14 mai 1897 (n° 970) où il est indiqué qu’il provient de la bibliothèque Fernand Colomb. L’ouvrage est ensuite mentionné par Harrisse dans l’article qu’il publia à la suite de cette vente, dans lequel il lista les ouvrages provenant de la bibliothèque de Séville qui avaient été dérobés et vendus sous le manteau à Paris (Toujours La Colombine ! Paris, s.n., 1897). On notera que cet article fait mention d’un petit navire que le baron Pichon faisait parfois frapper sur les reliures de cette provenance, très certainement pour en rappeler l’origine, navire présent sur les plats de ce volume. Enfin, la provenance Fernand Colomb est confirmée de manière quasiment certaine par la très habile restauration en pied du dernier feuillet. On sait que ce bibliophile avait pour habitude de noter, en pied du dernier feuillet de tous ses exemplaires, son prix d’achat et les circonstances de son acquisition. Dans ce volume, tout le bas du feuillet a été refait, très probablement pour faire disparaître cette notule. Très bel exemplaire dans une reliure doublée de Chambolle-Duru. Bas du dernier feuillet habilement refait avec reprise à l’encre de la dernière ligne. Provenance : Fernand Colomb (ex-libris en fac-similé « Bibliotheca Colombina »), baron Jérôme Pichon (ex-libris, 3-14 mai 1897, n° 970) et Fairfax Murray (étiquette, n° 186). 12 000 - 15 000 €

22 Bibliothèque Jean Bourdel RTCURIAL 20 mars 2025 14h30. Paris Bibliothèque Jean Bourdel RTCURIAL 20 mars 2025 14h30. Paris 23 175 LE GIROUFFLIER AULX DAMES. Ensemble le dit des douze sibilles. Avignon, Jehan de Channey, s.d. (ca 1525). Plaquette in-16, maroquin rouge avec grand décor de style Renaissance aux filets et fers azurés, dos à 5 nerfs orné, doublure de maroquin olive avec grand encadrement droit formé de multiples filets et roulettes dorés, gardes de soie vert olive, tranches dorées, étui (Brugalla - 1949). Babelon, 76 // Baudrier, X-297 // Bechtel, 321/G-146 // Bibliotheca bibliographica aureliana, XXXIII-24-24 // Brunet, II-1616 // Graesse, III-89 // Harrisse, Excerpta Colombiniana, 105 // USTC, 38930. (24f.) / A-C8 / 26 lignes, car. goth. / 88 × 127 mm. Quatrième édition française très rare dont on ne connaît que deux exemplaires. L’ouvrage, resté anonyme, est une réponse, sous forme de poème, aux attaques malicieuses contre les femmes énoncées dans le Roman de la rose de Guillaume Lorris et Jean de Meung. Au rosier, symbole des vices attribués aux femmes, il veut substituer le giroflier d’où Raison s’élance pour défendre le sexe faible : Tres maulvais mensongier Comment as-tu iamais ouse songier Que Dames soyent ainsi que tu as dit Toutes infames en ton livre mauldit Raison accorde des excuses à Guillaume de Lorris nommé Entendement, mais fait le procès de Jean de Meung et, pour ce faire, fait intervenir Malbouche, dame envie, dame fortune, dame jalousie, dame prudence, dame noblesse, dame jeunesse, etc. Le poème est suivi du dit des douze sibylles qui ont reçu du ciel la mission d’annoncer la venue du Christ. L’ouvrage est illustré de 28 bois dans le texte, dont le titre, au verso l’auteur offrant son livre, 11 bois représentant Raison en compagnie du facteur (Jean de Meung), d’Entendement (Guillaume de Lorris), de la princesse des fayes, d’envie, de fortune, de Malle-Bouche, de jalousie, de prudence, de noblesse et de jeunesse, de 2 bois représentant l’auteur, de 12 bois pour les 12 sibylles et de la marque de l’imprimeur au dernier feuillet. Cette édition est très rare. Elle n’est répertoriée par l’USTC qu’à deux exemplaires, le premier à la bibliothèque de l’Arsenal, le second à la bibliothèque de La Colombine à Séville. Le premier est cité par Brunet en maroquin rouge. Le second est cité par les bibliographes Harrisse (1888), Baudrier (ca 1900), Babelon (1913), Betz (1970) et Bechtel (2008) comme possédant des mentions manuscrites : au premier feuillet les chiffres 11400 et 14389 et au dernier feuillet, à l’encre brune, Este libro costo 7 dineros en Avinon a 17 de Marzo de 1535 y el ducado vale 570 dineros. Par ailleurs, les bibliographes indiquent par erreur sur le titre la mention Nouvellement imprime en Avignõ, mention qui se trouve en réalité au dernier feuillet. Après avoir confronté toutes les notices et en conclusion de toutes nos recherches, nous pensons que cet exemplaire provient de la bibliothèque de Fernand Colomb dont il possède les annotations manuscrites précitées qui ne font pas douter de sa provenance. Une notice fut établie avant 1852 par Bartolomé José Gallardo en vue du grand ouvrage bibliographique qu’il préparait. Elle fut ensuite recopiée par Henry Harrisse en 1888 dans ses Excerpta colominiana et celui-ci y introduisit une erreur dans le titre en y ajoutant la mention Nouvellement imprime en Avignõ, mention que l’on ne trouve que sur le dernier feuillet (cf. l’exemplaire de la bibliothèque de l’Arsenal). Harrisse indique dans sa présentation qu’il n’a pas vu tous les ouvrages. Vient ensuite Jean Babelon qui, en 1913, décrit le volume de visu et rectifie l’erreur dans son ouvrage La Bibliothèque de Fernand Colomb. Ici nous perdons trace de l’exemplaire qui a été ensuite acquis par le bibliophile espagnol Andres Roure, qui le fit relier par son relieur attitré Brugalla en 1949. L’ouvrage fut ensuite acquis par Jean Bourdel. Ravissant exemplaire de cet ouvrage d’une insigne rareté. Réparations aux 19 premiers feuillets avec parfois perte de lettres. Provenance : Fernand Colomb (annotations manuscrites) et Andres Roure (ex-libris). 8 000 - 12 000 €

24 Bibliothèque Jean Bourdel RTCURIAL 20 mars 2025 14h30. Paris Bibliothèque Jean Bourdel RTCURIAL 20 mars 2025 14h30. Paris 25 176 La GRÃD PATIÊCE DES FEMMES CTRE LEURS MARIS. S.l.n.d. (Lyon, Jacques Moderne, ca 1540). Plaquette in-16, maroquin rouge, triple filet doré en encadrement, dos à 5 nerfs joliment orné, dentelle intérieure, tranches dorées (Trautz-Bauzonnet). Bechtel, 595/P-78 // Brunet, II-1702 // Fairfax Murray, 202 // Gültlingen, VI, p. 89, n° 142 // Pogue, 108 // Quérard, Livres perdus, p. 47 // USTC, 38723. (4f.) / A4 (A2 seul signé) / 23 lignes, car. goth. / 83 × 134 mm. Édition originale, la seule parue, de ce très rare et curieux poème féministe, peut-être un des deux seuls exemplaires connus. Composé de 172 vers, ce poème prend d’abord la défense des femmes : Et qui de famme aulcun mal dit Il est de la bouche de dieu mauldit Lon dit par tout communement Que une famme ne vault rien Il y a en elles plus a gaigner Que vous ne scauries bien extimer. L’auteur donne la parole à différentes femmes exposant leurs plaintes. L’une est mariée au plus faulx villain / que soye decy au fleuve iordain / Ung homme qui tousjours me grõgne… quand l’époux d’une autre ne faict que crier ク braire / Quant il est en nostre maison (…) Si lestoit saige il se tairoit / Et iamais ne me tanseroit, et celui d’une troisième veult que ie soye subiecte / Comme est une brebiette / Qui nose aller ne hault ne bas / Sans son bergier vela le cas. L’auteur enjoint donc les époux, même si leurs femmes sont trop bavardes : Et parlent toutes a la foys / Mais quelles soyent deux ou troys / Ne se tairont pas pour le roy / (…) / Titi tata douze pour treize / Elles ont plus de babil que seize, à ne les ingiurier aucunement, les menacer ne battre vrayement. Cette sagesse prémunira les maris des cornes difficiles à éviter, véritable raison de ce poème ambigu: Il est bien heureux qui en eschappe Les plus ruses lon ny attrappe (…) Gardes vous bien destre cornus Et pource doncques iay voulu mettre La patiãce des fammes tout par lettre Quelle souffrent de leur maris (…) Car les fammes fault soustenir. Brunet mentionne que le poème doit être suivi d’un autre, également en 4 feuillets, intitulé La Grande loyauté des femmes. Un exemplaire de La Grande patience ayant appartenu à Robert Lang (vente en 1828, n° 884), puis Richard Heber (vente IX, 11-24 avril 1836, n° 1189), contenait en effet cette seconde pièce. Dans ses Livres perdus, Quérard note d’ailleurs que ces poèmes n’ont paru que dans les ventes faites en Angleterre. Rien ne prouve, en réalité, que ces deux pièces fassent partie de la même édition. Il paraît plus probable qu’elles soient issues du même éditeur à la même époque et qu’elles aient été réunies sous un seul volume dans l’exemplaire Lang-Heber. L’exemplaire que nous présentons a appartenu aux collections Yemeniz, Firmin-Didot et Fairfax Murray. Il est à ce jour, avec l’exemplaire Lang-Heber que nous n’avons pas réussi à localiser, le seul témoignage recensé de ce rare poème, puisque ce texte ne fut jamais réédité. Il est également très possible, puisqu’on n’en connaît pas d’autre exemplaire, que les deux plaquettes de l’exemplaire Lang-Heber aient été séparées et reliées au XIXe, la vente Yemeniz proposant également La Grande loyauté en maroquin rouge de Trautz-Bauzonnet, sous le numéro 1689. Marges des deuxième et troisième feuillets très habilement refaites. Provenance : Nicolas Yemeniz (ex-libris, 9-31 mai 1867, n° 1687), Ambroise Firmin-Didot (ex-libris, 6-15 juin 1878, n° 230) et Fairfax Murray (étiquette, n° 202). 3 000 - 4 000 € 177 La GRANT TRIUMPHE ET HONNEUR DES DAMES ET BOURGEOISES DE PARIS, et de tout le Royaulme de France: avec la grace, ‡ hõnestete: Pronostiquees dicelles. Pour lan Mil cinq cens xxxi. S.l.n.d. (Paris ou Rouen, ca 1533). Plaquette in-16, maroquin janséniste rouge, dos à 5 nerfs, dentelle intérieure dorée, tranches dorées (Chambolle-Duru). Bechtel, 728/T-131 // Brunet, II-1708 // Quérard, Livres perdus, p. 48 // USTC, 79178. (4f.) / A4 / 23 lignes, car. goth. / 90 × 128 mm. Unique édition et l’un des deux ou trois exemplaires connus de cet éloge en vers des femmes de France. Composé d’un sizain introductif que suivent quinze stances d’une dizaine de vers et un envoi final, ce curieux poème anonyme veut chanter le grant honneur es fêmes gallicaines et déplore le mal qu’on dit des femmes, sans distinction aucune : Qui est celuy qui en pourroit mesdire (…) Esse raison pour ung tas de merdaille Femmes de bien soyent cy vituperees… L’auteur vante ainsi les qualités et les vertus des femmes de France : La france a bruict sur toutes aultres villes Que y a femmes les plus gays & abilles Qui furent onc & qui soyent sur la terre (…) Pour avoir corps de femme si mignõne Cõme a lyon on ne trouve personne Sur les femmes de paris tant soyêt gayes… Il ne faut pas confondre cette amusante défense des femmes françaises avec Le Triomphe des Dames de Juan Rodriguez de La Camara, paru vers 1510, qui est un éloge des femmes en général, de diverses reines d’Espagne en particulier et de la Vierge Marie. Cette unique édition est ornée d’un bois gravé sur le titre représentant un roi et une reine accompagnés de deux enfants dont l’un salue le roi. Le verso du premier feuillet porte également une lettrine xylographique historiée. On ignore où et par qui l’ouvrage fut imprimé. Les bibliographes proposent Paris ou Rouen, cette dernière ville en raison du bois gravé sur le titre qui fut utilisé par l’éditeur rouennais Guillaume de La Motte vers 1540 pour son Museus ancien. Cette plaquette est d’une insigne rareté. Outre cet exemplaire qui est le seul recensé par l’USTC, on ne connaît aujourd’hui que celui conservé à la BnF (RES-YE-4088). Dans ses Livres perdus, Quérard en mentionnait un exemplaire relié avec d’autres plaquettes gothiques dans un recueil vendu lors des ventes Lavallière de 1783 (II, n° 2896). Il semble aujourd’hui intraçable et peut-être est-ce le nôtre, relié séparément au XIXe siècle. Très bel exemplaire malgré de minimes points de décoloration au second plat. Provenance : Comte Raoul de Lignerolles (II, 5-16 mars 1894, n° 1198) et Fairfax Murray (étiquette, n° 201). 3 000 - 4 000 €

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