BIBLIOTHEQUE JEAN BOURDEL

BIBLIOTHÈQUE JEAN BOURDEL Première partie Mercredi 19 juin 2024 - 14h30 7 rond-point des Champs-Élysées Marcel Dassault 75008 Paris RTCURIAL Experts de la vente Emmanuel Lhermitte Philippine de Sailly

Mercredi 19 juin 2024 - 14h30 7 rond-point des Champs-Élysées Marcel Dassault 75008 Paris BIBLIOTHÈQUE JEAN BOURDEL Première partie

EXPOSITION PUBLIQUE Téléphone pendant l’exposition Tél. : +33 (0)1 42 99 16 58 Vendredi 14 juin 11h-18h Samedi 15 juin 11h-18h Lundi 17 juin 11h-18h Mardi 18 juin 11h-18h Reproduction de l’intégralité des lots consultable sur internet : www.artcurial.com Graphiste Pascal Cossu Catalogue en ligne www.artcurial.com Comptabilité acheteurs Tél. : +33 (0)1 42 99 20 71 salesaccount@artcurial.com Comptabilité vendeurs Tél. : +33 (0)1 42 99 17 00 salesaccount@artcurial.com Transport et douane Marine Renault Tél. : +33 (0)1 42 99 17 01 mrenault@artcurial.com Ordres d’achat, enchères par téléphone Kristina Vrzests Tél. : +33 (0)1 42 99 20 51 bids@artcurial.com Live Bid Assistez en direct aux ventes aux enchères d’Artcurial et enchérissez comme si vous y étiez, c’est ce que vous offre le service Artcurial Live Bid. Pour s’inscrire : www.artcurial.com VENTE AUX ENCHÈRES Mercredi 19 juin 2024 - 14h30 Commissaire-priseur Francis Briest Directeur Frédéric Harnisch Tél. : +33 (0)1 42 99 16 49 fharnisch@artcurial.com Administratrice Emeline Duprat Tél. : +33 (0)1 42 99 16 58 eduprat@artcurial.com Experts Emmanuel Lhermitte Tél. : +33 (0)6 77 79 48 43 emmanuel.lhermitte.expert@gmail.com Membre de la Compagnie Nationale des Experts Philippine de Sailly Tél. : +33 (0)6 21 30 22 21 philippinelhermitte@gmail.com Membre de la Compagnie Nationale des Experts Francis Briest Frédéric Harnisch Emeline Duprat Couverture, lot 37, [Eloy DAMERVAL], Sensuit la grãt dyablerie Qui traicte cõment sathan fait demõstrance a Lucifer de tous les maulx que les mõdains font selon leurs estatz vacations et mestiers. Et comment il les tire a dpnation… - p.50 Lot 78, Jean DORAT, Magnificentissimi spectaculi… - p.81 BIBLIOTHÈQUE JEAN BOURDEL Première partie vente n°4456

Jean Bourdel (1890 - 1971) D.R. De mon grand-père, Jean Bourdel, je garde comme souvenir ses yeux bleus céruléens. Des yeux qui vous transperçaient et vous rejoignaient au plus profond de votre être. Je pensais alors qu’il connaissait tout de moi, d’un simple clin d’œil. Aujourd’hui, je crois que c’était vrai. Son visage se poursuivait par un nez long et fin qui s’achevait dans une moustache que j’ai toujours connue grise et qui nous piquait la joue lorsqu’il nous embrassait. Jean Bourdel était d’une culture éclectique et presqu’infinie, comme l’était sa mémoire. Sous un caractère trempé, je me souviens d’un homme vif et drôle, qui savait aimer profondément ses petits-enfants même si la pudeur de son éducation lui interdisait de l’exprimer. La légende familiale veut qu’avant même de passer son bac, il arpentait déjà les quais de Seine à la recherche du livre rare, pour négocier auprès des bouquinistes les premiers exemplaires de sa bibliothèque. Il est vrai que quelques années plus tard, lorsqu’il reprit l’étude notariale de son père dans le 15e arrondissement de Paris, il réservait une journée de Cet après-midi là, je compris que la bibliophilie nécessitait l’utilisation de tous ses sens. Tout d’abord je le voyais humer l’air qui enveloppait son précieux livre, comme si des fragrances du XVIe siècle pouvaient pénétrer son nez. Je suis sûr qu’il pouvait reconnaître certains livres rien qu’à leur parfum. Une reliure, une encre un peu acide, quelques poussières de bibliothèques… Immédiatement après, il effleurait la reliure de ses mains blanches aux longs doigts puis entrebâillait le volume pour caresser le papier. Bien plat, plein, rond comme un fruit mûr. Aucun défaut. L’imprimeur vient, il y a quelques minutes, d’achever son travail, l’encre est à peine sèche. Ses mains sont exactement le 18 septembre 1527 à Paris chez Nicolas Couteau qui vient d’achever l’impression de la vie du chevalier Bayard ! Ses yeux d’acier scrutent avec application chacun des caractères, nets et précis, parfaitement formés, puis se régalent du titre rouge et noir : La tresioyeuse plaisante & recreative hystoire du bon chevalier sans paour et sans reprouches le gentil seigneur de Bayart. Il ausculte son livre comme un médecin ausculte son patient. Il aurait alors sorti un stéthoscope de la poche de son gilet, que je n’en aurais pas été étonné… Je le voyais goûter la joie du gourmet devant un beau menu. L’eau à la bouche, la lèvre gourmande, prêt à avaler son plat. Et le voilà qui tourne lentement les feuilles à la façon du prêtre qui déplie le corporal. Il y a dans son geste de la solennité, du respect, un peu de lenteur comme pour mieux entendre le bruit du papier qui se plie nonchalamment. J’ai alors la certitude que le son produit par les pages qui se caressent l’une l’autre, est pour lui, comme un concerto de Vivaldi délicat et léger, une grande source de joie. Jean avait dans ses mains un instrument d’époque et cela le ravissait ! Sa bibliothèque entière reposait dans le ventre d’un gros coffre et il n’en tirait régulièrement que quelques exemplaires pour remplir son carton et faire la joie de ses après-midi. Si j’ai souvent regretté qu’il nous ait quittés sans nous avoir instruits, je garde comme un trésor cet après-midi sans parole mais non sans émotion. Sans parole mais non sans émotion, n’est-ce pas le propre des livres anciens ? Jean Bourdel aurait certainement beaucoup aimé échanger avec nos experts, Emmanuel Lhermitte et Philippine de Sailly. Ils ont tous deux fait revivre avec une rare finesse et une grande exigence la bibliothèque de mon grandpère. Ils y ont découvert le caractère et la trempe de celui qui l’a construite. Je leur en suis très reconnaissant. Maintenant elle va vivre une nouvelle vie entre d’autres mains car une bibliothèque doit vivre et rendre heureux. Puisse-t-elle faire perdurer la mémoire de Jean mon grand-père. Philippe Bourdel, petit-fils de Jean Bourdel sa semaine pour fréquenter les marchands de livres parisiens et l’hôtel Drouot dès qu’une belle reliure pointait le bout de son nez ! On trouvait souvent dans sa salle d’attente nombre de bibliophiles cherchant son œil avisé. Je me souviens encore d’un après-midi d’automne que je passai en tête-àtête avec lui, je ne sais plus pour quelle raison. D’abord il s’installa à son bureau de travail et débuta une partie de cartes seul et sans un mot. Je le regardais impressionné par sa dextérité. Au sol un carton de déménagement s’appuyait sur les pieds de sa chaise. J’avais l’impression de voir un enfant qui ne voulait pas encore ouvrir son cadeau tout neuf et qui goûtait le temps qui précède la joie de la découverte. Après avoir perdu plusieurs parties et, je crains, tenté de tricher, mais en vain, je le vis se lever et quitter la pièce. Il revint quelques moments plus tard une serviette à la main, s’essuyant scrupuleusement les doigts un à un. Puis avec un sourire que je lui ai rarement vu aux lèvres, il se pencha sur le carton et en tira un in-quarto à la reliure de maroquin rouge rehaussée de motifs d’or.

Froissart, Gringoire, Lemaire de Belges, Matheolus, Molinet, Saint Gelais…, mais sont aussi présentes ici les histoires et aventures de Baudoin de Flandres, du chevalier Bayard, de Lancelot du Lac, d’Heleyne de Constantinople, de Tristan, de Perceval le galloys, d’Ogier le dannoys, du roi Perceforest ou de Robert le Diable… qui voisinent avec les classiques comme La Nef des folz de Brandt, Le Champion des dames de Franc, Le Roman de la rose de Lorris et Meung, tout ceci parsemé du Caquet des bonnes chambrières, de La Belle dame sans mercy, du Débat du jeune et du vieux, du Doctrinal des filles, du Souhait des hommes ou des Fatasies de mère Sote… Quant aux poètes, une très large part est réservée au plus grand d’entre eux, Ronsard, dans de rarissimes éditions, et à ses amis de La Pléiade, Baïf, Belleau, Dorat, Du Bellay, Jodelle, Pelletier Du Mans et Thyard, tous entourés de poètes plus ou moins modestes mais tous aussi rares tels Amboise, Aubigné, Brach, Coquillart, Des Autelz, Des Periers, Desportes, Grévin, Jamyn, Labé, Lasphrise, Marguerite de Navarre, Marot, Romieu, Scève, Vauquelin de La Fresnaye ou encore Villon. Enfin la troisième partie est consacrée aux prosateurs, qu’ils soient antérieurs au XVIe siècle ou de ce siècle, avec tout d’abord les ardents fondateurs et défenseurs de la langue française comme Du Bellay, Estienne ou Fauchet… aux côtés des auteurs classiques, Boccace, Colonna, Dolet, Montaigne, Paré, Rabelais… ces derniers accompagnés d’auteurs plus confidentiels comme Bodin, Boiardo, Colet, Chartier, Crenne, Gueroult, Minut, Tory… Une telle réunion d’ouvrages rares, dont nombre d’entre eux proviennent de bibliothèques prestigieuses, et dont certains font déjà partie de l’histoire de la bibliophilie française, nous obligeait à un certain respect dans leur dispersion. Nous avons décidé d’organiser celleci en trois vacations, chacune fidèle à l’ordonnance générale de la bibliothèque. Chaque vente présentera donc ces trois thèmes. Pour la partie relative aux impressions gothiques, nous avons adopté, dans un souci de cohérence bibliographique, l’ordre alphabétique général en présentant dans la première vente les ouvrages référencés de A à E, dans la seconde ceux allant de F à L et dans la troisième ceux allant de M à Z. La composition des deux autres parties a été faite avec le souci constant de garder un équilibre entre ces trois ventes et une harmonie qui reflètent l’esprit de la collection. Dernier détail : Jean Bourdel n’avait pas d’ex-libris. Sa famille a souhaité en faire imprimer un qui sera fourni avec chaque ouvrage, ceci afin que la trace soit gardée de la provenance de cette bibliothèque. Il est à présent temps de passer aux actes. Que le voile soit maintenant levé sur cette première vente et, pour notre plaisir à tous, que le rêve dont je parlais plus haut devienne réalité. E. L. La bibliothèque que nous avons l’honneur et la joie de présenter aujourd’hui est de celles dont on rêve. Elle fut patiemment constituée au siècle dernier, à une époque où il ne suffisait pas d’appuyer sur un bouton pour dénicher l’oiseau rare, mais où la quête était longue et demandait patience, érudition et finesse. Je n’ai pas connu Jean Bourdel mais j’ai connu cette race de bibliophiles qui, tel le chasseur, négligent les autres animaux pour ne se réserver que la plus belle proie. L’amateur d’alors, fort d’une solide érudition, connaissait les œuvres qu’il récoltait et savait, par les bibliographies, les catalogues de ventes, par ses prédécesseurs et par les conseils des libraires aussi, choisir les livres qu’il convoiterait. Jean Bourdel fut de ceux-là et l’on mesure, à la lecture du catalogue, combien il fallut de temps et de savantes recherches pour constituer, en quelques cinq cents titres, ce remarquable ensemble de la littérature française de la fin du XVe siècle et du XVIe siècle. La bibliothèque s’harmonise autour de trois axes qui sont les impressions gothiques en français, les poètes et les prosateurs. Concernant les impressions gothiques en français, Jean Bourdel a collectionné ici les romans de chevalerie, les romans et balades courtoises et les ouvrages de civilité, recueils de préceptes et conseils à l’usage des femmes, des filles, des hommes, pour la vie de tous les jours. Certaines œuvres sont signées de Bouchet, Chartier, AVANT-PROPOS

Lots 1 à 52 – p.9 Impressions gothiques en français Lots 53 à 131 – p.67 Ouvrages de poésie Lots 132 à 165 – p.121 Ouvrages en prose Lot 13, [Simon BOUGOUINC], Lespinette du ieune prince Conquerant Le royaulme de bonne renommee … - p.22

Lot 6, [BAUDOUIN DE FLANDRES], LHystoire et cronicque du noble et vaillant Baudouyn conte de Flandres lequel espousa le dyable - p.15 Lots 1 à 52 Impressions gothiques en français

1 2 12 Bibliothèque Jean Bourdel RTCURIAL 19 juin 2024 14h30. Paris 1 André ALCIAT. Livret des Emblemes mis en rime francoyse presente a mon seigneur Ladmiral de France. Paris, Chrestien Wechel, 1536. In-8, veau estampé à froid avec multiples encadrements de filets ou petits bois juxtaposés et fleuron central, dos à 5 nerfs (Reliure de l’époque). Adams, Rawles et Saunders, F.005 // Bechtel, 11/A-70 // Brun, 107 // Brunet, I-148 // Fairfax Murray, 8 // USTC, 1056. (124 f.) / A-P8, Q4 / car. goth. / 110 x 161 mm. Première édition latine-française publiée par Wechel en 1536. L’auteur, jurisconsulte italien (1492-1550), professa le droit en France et en Italie, fixant son choix d’après les conseils de son avarice, qui n’avait d’égale que son intempérance (Larousse). Il laissa une trace dans l’histoire du droit en étant l’un des premiers à éclairer l’étude de cette science au moyen de l’histoire, des langues et de la littérature antiques. Il reste également célèbre pour ses emblemata qui connurent de très nombreuses éditions. L’ouvrage fut d’abord publié en latin en 1522, puis connut quelques rééditions avant d’être publié en français en 1536. On y trouve 113 emblèmes avec, pour chacun d’eux, une illustration gravée sur bois, un quatrain en latin imprimé en caractères ronds et la traduction française imprimée en caractères gothiques. Les bois sont pour la plupart une interprétation libre de ceux de l’édition d’Augsbourg (1531), et sont en partie attribués à Mercure Jollat. Il existe deux tirages à la date de 1536, qui ne diffèrent que par le titre et dont le corps d’ouvrage est identique. Les bibliographes ne s’accordent pas sur la préséance de l’un ou de l’autre. Notre exemplaire a la date imprimée en majuscules et en minuscules, remarque de premier tirage selon Adams et de second tirage selon Bechtel. Reliure anciennement restaurée. Mouillures dans la marge latérale des 8 premiers feuillets. Les gravures et le texte ont souvent déchargé sur le feuillet en regard et les décharges ont été un peu redessinées à l’encre sur 8 feuillets ; par ailleurs, on a masqué les parties honteuses sur 11 feuillets. Provenance : Édouard Rahir (V, 19-21 mai 1937, n° 1206). 1 000 - 1 500 € 2 [Guillaume ALEXIS]. Les faintises du monde. Lyon, Barnabé Chaussard, s. d. (ca 1520). Plaquette in-8, maroquin citron avec médaillon central doré, dos à 5 nerfs orné de fleurettes répétées, dentelle intérieure, tranches dorées (Trautz-Bauzonnet). Baudrier, XI-34 // Bechtel, 19/A-135 // Brunet, II-1757 // De Backer, 203 // Tchemerzine-Scheler, I-64b. (19 f. sur 20, le dernier blanc manquant ici) / A8, B4, C8 / 24 longues lignes, car. goth. / 84 x 130 mm. Rarissime édition de l’un des poèmes les plus connus d’Alexis. Il est parfois attribué à tort à Pierre Gringore. Guillaume Alexis, moine bénédictin de la seconde moitié du XVe siècle, semble avoir été le « bon moine » de l’abbaye de Lyre, dans le diocèse d’Évreux, puis prieur de Bussy (Bucy-le-Roi). Son poème est consacré aux tromperies (faintises) que sont les apparences des choses et des êtres (Bechtel). Alexis y décrit d’innombrables situations où hommes et femmes ne sont que le reflet de leur être véritable :

3 3 13 Bibliothèque Jean Bourdel RTCURIAL 19 juin 2024 14h30. Paris Autant la femme comme lomme Lune semble porter figure Destre femme tresque devote Que pour mieux courir la luxure Contrefait ainsi la bigote Tchemerzine cite la première édition en 1486 ou 1488 à Paris et décrit ensuite quatorze éditions publiées à Paris, Lyon, Rouen et Angoulême, jusqu’à la nôtre publiée vers 1520. Toutes ces éditions sont très rares. Bechtel indique, pour cette édition, un seul exemplaire connu, le nôtre. Nous n’avons pu mettre en doute cette assertion. Exemplaire très finement relié par Trautz-Bauzonnet. La marge supérieure a été très habilement restaurée sur l’ensemble du volume. Provenance : Baron Léopold Double (ex-libris, 24-27 mars 1863, n° 95), Ambroise Firmin-Didot (ex-libris) et Hector De Backer (I, 17-20 février 1926, n° 203). 3 500 - 4 500 € 3 [Guillaume ALEXIS]. Le grant blason de faulces amours. S. l. n. d. (Lyon ?, avant 1500 ?). Plaquette in-8 à toutes marges, maroquin rouge, triple filet en encadrement avec larges écoinçons aux petits fers, dos à 5 nerfs très joliment orné aux petits fers, dentelle intérieure (Bauzonnet-Trautz). Manque à Bechtel (13/A-81 et s.) // Tchemerzine-Scheler, I-31. (16 f.) / a-b8 / 25 lignes, car. goth. / 148 x 205 mm. Le Blason des fausses amours ou Grant blason de faulces amours est l’ouvrage le plus connu de Guillaume Alexis. Il existe plusieurs versions de ce poème, version longue ou version courte. C’est ici une version courte composée de 58 strophes de 12 vers, chacune fondée sur deux seules rimes. Le poème est précédé d’un feuillet portant le titre avec une grotesque mais ce titre est refait et, faute de comparaison, nous ne pouvons certifier qu’il était ainsi à l’origine. Guillaume Alexis, moine bénédictin de la seconde moitié du XVe siècle, semble avoir été le « bon moine » de l’abbaye de Lyre, dans le diocèse d’Évreux, puis prieur de Bussy (Bucy-le-Roi). Bechtel cite neuf éditions imprimées en caractères gothiques entre 1486 et 1534 et indique que l’on compte trente-cinq éditions anciennes de ce poème avant le XVIIIe siècle. Celle que nous présentons lui a échappé, comme elle a échappé à toutes les bibliographies, sauf peutêtre à Tchemerzine qui cite une édition qui semble lui correspondre et qu’il indique sortie sans doute des presses lyonnaises à la fin du XVe siècle. Il ne l’a manifestement pas vue et décrit un exemplaire relié par Trautz-Bauzonnet, peut-être le nôtre. Les fiches de catalogue des collections Benzon et Noilly, dont provient cet exemplaire, se répétaient et donnaient cette très rare édition probablement publiée à Lyon vers 1497. Premier feuillet en fac-similé, réparations marginales à plusieurs feuillets dont une angulaire plus importante. Provenance : Edmund-Ernst Benzon (21-23 avril 1875, n° 125) et Jules Noilly (ex-libris, 15-20 mars 1886, n° 189). 6 000 - 8 000 €

14 Bibliothèque Jean Bourdel RTCURIAL 19 juin 2024 14h30. Paris 4 Fauste ANDRELIN. Les faictz et gestes de tresreverēd pere en dieu monsieur le legat trãslatez de latin en frãcoys par maistre Jehan divri bachelier en medecine selon le texte de Fauste andrelin. S. l. n. d. (Paris, ca 1508). Plaquette petit in-8, maroquin janséniste rouge vif, dos à 5 nerfs, dentelle intérieure, tranches dorées (Trautz-Bauzonnet). Bechtel, 26/A-187 // Brunet, I-275, II-775 // Fairfax Murray, I-127. (12 f.) / a8-b4 / 26 lignes, car. goth. / 86 x 130 mm. Seconde édition de la traduction par Jean Divry d’un poème élégiaque en l’honneur du cardinal Georges d’Amboise. L’auteur, Fausto Andrelini, est né à Forli en Romagne au milieu du XVe siècle et est mort à Paris en 1518. Poète latin de son état, il fut couronné à Rome à l’âge de vingt-deux ans pour ses poésies intitulées Amours. Il vint à Paris en 1488, y enseigna la littérature ancienne et les belles-lettres et reçut le titre de poète du roi et de la reine (Louis XII et Anne de Bretagne). Ses poésies latines jouirent d’une grande notoriété à son époque. Les faits et gestes de très révérend père en Dieu monseigneur le légat sont un poème : A la louenge du tresnoble legat George damboyse de paix mediateur Et de Rouen archevesque et prelat Quon tient en france second guvernateur Le cardinal Georges d’Amboise, légat du Saint-Siège, en même temps que premier ministre de Louis XII, sut administrer sans augmenter les impôts et opéra de grandes réformes, prit des mesures contre la vénalité des charges et mit de l’ordre dans les finances. Il crut pouvoir succéder au pape Alexandre VI mais fut trompé par le cardinal de La Rovère qui se fit élire à sa place. Brunet date la première édition de ce poème vers 1509. Nous pensons qu’il fut publié plutôt vers 1508, la première traduction par Jean Divry datant du 20 mai 1508. La seconde édition de la traduction, que nous présentons ici, n’est pas datée et a dû être publiée en 1508 ou 1509. Elle ne contient pas le texte latin mais elle est, selon Brunet, plus rare que la première. Jean Divry, natif d’Heliencourt dans le Beauvaisis vers 1472, fut à la fois médecin, poète et traducteur d’œuvres de son temps. Les armes du cardinal d’Amboise sont imprimées au dernier feuillet. Exemplaire finement relié par Trautz-Bauzonnet. Provenance : Comte Raoul de Lignerolles (étiquette de la vente II, 5-17 mars 1894, n° 1181). 2 000 - 3 000 €

15 Bibliothèque Jean Bourdel RTCURIAL 19 juin 2024 14h30. Paris 5 [BAUDOUIN de FLANDRES]. Les Nobles prouesses et vaillances de baudoyn conte de flandres. et de Ferrant filz au roy de Portingal qui apres fut conte de flandres. Item aulcunes croniques du roy Phelippe en son viuãt roy de frãce et de ses quatre filz. Item aussi du roy sainct Loys et de son filz Jehan tristan… Lyon, Glaude (sic) Nourry, 1509. In-4, maroquin janséniste vert, dos à 6 nerfs, dentelle intérieure, tranches dorées (Leighton Brewer). Baudrier, XII-108 // Bechtel, 57/B-64 // Brunet, I-706 // Fairfax Murray, 25 // USTC, 79154. (48 f.) / a-m4 / 41 longues lignes, car. goth. / 170 x 245 mm. Septième édition en caractères gothiques signalée par Bechtel. Mise en prose d’un poème antérieur dont l’auteur nous est resté inconnu. Il conte l’histoire de Baudouin IX, comte de Flandres, qui épousa un diable, fut remis dans le droit chemin par un ermite, participa ensuite à la Croisade et resta prisonnier des infidèles pendant 25 ans. Il revint ensuite en Flandre où sa fille Jeanne, épouse de Ferrand du Portugal, le fit mettre à mort. Curieuse histoire romancée du véritable Baudouin IX, comte de Flandres, qui devint empereur de Constantinople en 1204 et fut tué en 1205. Un bois à mi-page représentant l’auteur offrant son livre, un bois à pleine page représentant Baudouin et sa femme diabolique, 75 illustrations dans le texte, dont 15 répétées, et nombreuses lettrines de différentes tailles. Exemplaire probablement cité par Brunet en mar. v. mais avec 2 ff. raccommodés… Seul exemplaire répertorié par USTC. Reliure passée, réparation marginale au titre et à un feuillet avec pertes de texte reprises à l’encre, réparations marginales sans atteinte au texte à de nombreux autres feuillets. Provenance : Fairfax Murray (étiquette, n° 25). 10 000 - 12 000 €

17 Bibliothèque Jean Bourdel RTCURIAL 19 juin 2024 14h30. Paris 6 [BAUDOUIN DE FLANDRES]. LHystoire et cronicque du noble et vaillant Baudouyn conte de Flandres lequel espousa le dyable. Paris, Michel Le Noir, s. d. (vers 1510). Petit in-4, maroquin bleu marine, triple filet avec supra-libris armorié de la bibliothèque de Mello au centre, dos à 5 nerfs joliment orné aux petits fers, dentelle intérieure, tranches dorées sur marbrure (Trautz-Bauzonnet). Bechtel, 57/B-65 // Brunet, I-7076 // Fairfax Murray, 26 // Hain, 2707 // USTC, 79155. (66 f.) / A8, B4, C8, D-E4, F-G8, H-L4, M6 / 38 longues lignes, car. goth. / 130 x 187 mm. Huitième édition en caractères gothiques signalée par Bechtel. Mise en prose d’un poème antérieur dont l’auteur nous est resté inconnu. Il conte l’histoire de Baudouin IX, comte de Flandres, qui épousa un diable, fut remis dans le droit chemin par un ermite, participa ensuite à la Croisade et resta prisonnier des infidèles pendant vingt-cinq ans. Il revint ensuite en Flandre où sa fille Jeanne, épouse de Ferrand du Portugal, le fit mettre à mort. Curieuse histoire romancée du véritable Baudouin IX, comte de Flandres, qui devint empereur de Constantinople en 1204 et fut tué en 1205. Édition abondamment illustrée avec un grand bois sur le titre représentant Baudouyn et le dyable, sa future femme, à cheval dans une forêt, un autre grand bois au dernier feuillet représentant le Jugement dernier, 54 bois dans le texte, dont 13 répétés, la marque de l’imprimeur au verso du dernier feuillet et de nombreuses lettrines. Très bel exemplaire relié par Trautz-Bauzonnet aux armes du baron Seillière. USTC ne répertorie qu’un exemplaire en mains privées et aucun dans les bibliothèques publiques. Réparations angulaires au titre et à 3 feuillets. Provenance : Nicolas Yemeniz (9 mai 1867, n° 2339), baron Achille Seillière (supra-libris, absent des ventes de 1887, 1890 et 1893) et Fairfax Murray (étiquette, n° 26). 12 000 - 15 000 €

18 Bibliothèque Jean Bourdel RTCURIAL 19 juin 2024 14h30. Paris 7 [BAYART]. La Tresioyeuse plaisante & recreative hystoire composee par le loyal serviteur des faiz, gestes, triumphes et prouesses du bon chevalier sans paour et sans reprouche le gentil seigneur de Bayart… Paris, Nicolas Couteau pour Galliot du Pré, 18 septembre 1527. In-4, maroquin rouge, supra-libris armorié de la bibliothèque de Mello au centre des plats, dos à 5 nerfs, dentelle intérieure, tranches dorées sur marbrure (Trautz-Bauzonnet). Bechtel, 57/B-69 // Brunet, III-182 // USTC, 31387. (4 f.)-XCVIII / A4, A-Z4, 4, ?2 / 39 longues lignes, car. goth. / 171 x 242 mm. Édition originale rare de l’histoire de Bayard, chevalier sans peur et sans reproche dont l’épopée est telle qu’elle figure au rang des personnages légendaires qui ont fait l’histoire de France. Il existe deux versions de l’histoire de cet illustre personnage. L’une écrite par Champier qui fut publiée pour la première fois en 1525 à Lyon, l’autre anonyme dont c’est ici la première publication. Elle est la meilleure et la plus recherchée. L’auteur en est maintenant connu en la personne de Jacques de Mailles, l’un des secrétaires de Bayard. Cette honnête biographie contient des comptes-rendus des batailles auxquelles Bayard participa, notamment celle de Marignan. Cette relation de la vie de Bayard ne sera publiée à nouveau que près de cent ans plus tard, en 1616. Titre en rouge et noir, armes de France au verso et lettrines dans le texte. Très bel exemplaire malgré de petits chocs aux coins supérieurs de la reliure et de très habiles restaurations aux 2 premiers et 2 derniers feuillets. Provenance : Baron Achille Seillière (supra-libris, 28 février - 4 mars 1887, n° 105). 6 000 - 8 000 €

19 Bibliothèque Jean Bourdel RTCURIAL 19 juin 2024 14h30. Paris 8 [Laurens BELIN ou Jean MAROT]. La Vray disant advocate des Dames. S. l. n. d. (Paris, Bossozel, ca 1532). Plaquette petit in-8, maroquin violine à long grain, triple filet en encadrement avec fleurons romantiques aux angles et chiffre AA au centre des plats, dos lisse avec le titre en long, tranches dorées (Reliure du début du XIXe siècle). Bechtel, 59/B-80 // Brunet, V-1382, Supplément II-934 // Fairfax Murray, 612 // Harrisse, 254 // Renouard, ICP, IV-339 // Tchemerzine-Scheler, IV-557 // USTC, 53738. (16 f.) / A-B8 / 26 lignes, car. goth. / 85 x 125 mm. Seconde ou troisième édition de cet ouvrage consacré à la défense, louange et victoire de l’honneur des dames. Il contient un prologue de deux pages puis, au verso du feuillet A2, commence le poème qui s’achève au feuillet B8 et est suivi d’un acrostiche. Tchemerzine cite la première édition vers 1530, tandis que Bechtel la situe vers 1525. Celle que nous présentons, seconde pour Tchemerzine et troisième pour Bechtel, contient l’acrostiche où le nom Laurens Belin apparaît. Ces éditions se distinguent également par le titre avec, pour la première, un bois représentant une femme tenant un vase accompagnée d’un homme et, pour la seconde, une femme debout et un couple allongé dans un lit. Tchemerzine indique l’édition publiée chez Lotrian mais elle fut, en réalité, publiée chez Guillaume de Bossozel d’après les matériaux utilisés, bois, lettrines et caractères. La pièce fut fortement revendiquée par Clément Marot pour son père Jean Marot : Répondez moi. Pourquoy, en vos devis Blasmez vous tant feu mon père honoré Que vostre sexe a tant bien décoré Au livre dit des Dames l’Advocate Elle fut imprimée dans le cinquième volume des œuvres des trois Marot publiées par Lenglet du Fresnoy (La Haye, 1731) mais c’était avant la découverte de l’acrostiche par Brunet qui en fait état dans son Manuel. On ne sait finalement qui, de Jean Marot ou de Laurens Belin, est le véritable auteur, Belin ayant pu être simplement l’éditeur de l’ouvrage. Fairfax Murray indique que ce serait ici le seul exemplaire connu. Tchemerzine cite, à tort, un second exemplaire décrit par Harrisse dans les Excerpta Colombiniana qui est en réalité un exemplaire de l’édition originale. On a relié dans l’exemplaire 40 feuillets blancs, sans doute pour épaissir le volume et avoir la place de mettre le titre au dos. Reliure anciennement reteintée. Feuillets abîmés et restaurés dans la marge latérale, cette marge parfois un peu courte atteignant les marginalia imprimés. Provenance : Adolphe Audenet (chiffre et ex-libris, 11 mars 1841, n° 1098) et Fairfax Murray (étiquette, n° 612). 2 000 - 3 000 €

9 10 20 Bibliothèque Jean Bourdel RTCURIAL 19 juin 2024 14h30. Paris 9 BEUFVES DANTHONNE nouvellement imprime a Paris. Paris, Michel Le Noir, 8 octobre 1502. Petit in-folio, maroquin vert, triple filet, dos à 5 nerfs joliment orné, dentelle intérieure, tête dorée (Reliure du XIXe siècle). Bechtel, 106/B-417 // Brunet, I-835 // Fairfax Murray, 35 // Renouard, ICP, I // USTC, 39048. (122 f.) / A-T6, U8 / 43 lignes sur deux colonnes, car. goth. / 167 x 247 mm. Seconde édition et première avec une date certaine de ce roman contant les aventures de Beuves d’Anthonne et de la belle Josienne. Il existe des versions italiennes des aventures de Buovo d’Antona ou anglaises de Sir Bevis of Hampton, sans que l’on soit sûr de son pays d’origine. Le roman daterait de la première moitié du XIVe siècle et serait l’œuvre d’un Florentin ou d’un Toscan. D’autres voient son origine en Angleterre. L’action de ce roman est antérieure à Charlemagne. Le héros descend de l’empereur Constantin et il est le bisaïeul de Milon d’Anglante, père du fameux Roland, dont les aventures ont été contées par l’Arioste. La première édition de ce roman de chevalerie fut publiée par Vérard entre 1499 et 1503. Cette seconde version est la première datée. Elle est illustrée d’un grand bois occupant le titre montrant le chevalier Beuves d’Anthonne à cheval à la tête de ses troupes, un bois au verso avec l’auteur devant un lutrin portant un livre, un autre grand bois au verso du dernier feuillet représentant la belle Josienne menacée par la mort dans un jardin et de nombreuses lettrines. Couleur de la reliure inégalement passée, coiffe supérieure manquante et petites éraflures sans gravité. 2 feuillets plus courts de marge (G3-G4), taches à plusieurs feuillets. Provenance : Fairfax Murray (étiquette, n° 35). 3 500 - 4 500 € 10 Jehan BOUCHET. Lamoureux transy sãs espoir nouvellement imprime a Paris. vii. Paris, a lēseigne Sainct Jehan baptiste en la rue neusve nostre dame / pres Saīcte geneviesve des ardans, Jehan Janot, s. d. (ca 1510). Plaquette in-4, maroquin rouge vif, triple filet, dos à 5 nerfs orné à la grotesque, dentelle intérieure, tranches dorées (Niedrée). Bechtel, 84/B-280 // Brunet, I-1154 // Renouard, ICP, III-34 // Renouard, 474 // Rothschild, IV-2826 // Tchemerzine-Scheler, II-10 // USTC, 89959. (34 f.) / A4, B8, C-E4, F6, G4 / 40 lignes sur deux colonnes, car. goth. / 122 x 182 mm. Seconde édition d’après Tchemerzine et quatrième selon Bechtel, du second ouvrage de Jean Bouchet. Elle est de toute manière d’une insigne rareté.

10 11 21 Bibliothèque Jean Bourdel RTCURIAL 19 juin 2024 14h30. Paris Procureur à Poitiers, Jean Bouchet (1476-1557) fut un auteur très prolifique dont les œuvres furent très appréciées de ses contemporains. Il fut ami de Rabelais et protégé de Louis de La Trémoille dont il était le poète officiel (Bechtel). Il est le premier poète qui se soit astreint, dans la plupart de ses vers, au mélange alternatif des rimes masculines et féminines. Son Amoureux transy est un mélange de prose et de poésie dans lequel il traite divers sujets, d’amour bien sûr, mais également d’une complainte d’une femme dessus le cercueil de son mary, d’une lettre d’un certain M.D. à une demoiselle qui avoit promis le prendre en mariage, d’une autre lettre d’une fiancée à son fiancé, de l’amoureux transi parti faire la guerre à Naples, d’un dialogue où l’auteur fait intervenir le roi, l’église, le prince, de l’amoureux transi venant demander grâce et miséricorde à la Vierge Marie… L’ouvrage se termine par l’amoureux transy faisant la cronicque du feu roi Charles Huytieme de ce nom, puis par des Épitaphes d’ung lieutenãt en Poitou qui trespassa durãt le proces de son office lã mil. v cēs et deux. La première édition fut publiée chez Vérard vers 1507. Tchemerzine et Brunet décrivent ensuite celle que nous présentons. Elle est également donnée seconde édition dans l’Inventaire chronologique des éditions parisiennes du XVIe siècle dans lequel elle est datée de 1521 en raison de la marque de l’imprimeur Jehan Janot au dernier feuillet, marque reproduite par Renouard (n° 474). L’édition citée par Bechtel comme étant la seconde publiée chez Trepperel est datée par lui entre 1512 et 1525. Il est probable qu’elle fut publiée entre 1522 et 1525, après celle que nous présentons. Titre en rouge et noir et 19 bois dans le texte dont 7 répétés. Les bois sont de grande taille (3) ou de taille plus réduites (9). Le titre représente une femme et un homme dans un jardin, l’homme tendant une lettre à la femme. Minimes frottements aux charnières. Exemplaire court dans la marge supérieure, dernier feuillet restauré. Provenance : Alfred-Henry Huth (ex-libris, I, 15-24 novembre 1911, n° 857) et timbre sec de la librairie Gancia sur une garde. 5 000 - 7 000 € 11 Jehan BOUCHET. Le Panegyric du Chevallier sans reproche. Poitiers, Jacques Bouchet, 28 mars 1527. In-8, maroquin rouge, triple filet, dos à 5 nerfs joliment orné, dentelle intérieure, tranches dorées (Capé). Bechtel, 91/B-321 // Brunet, I-1158 // De Backer, 253 // TchemerzineScheler, II-49 // USTC, 8402. (18 f.)-CXCVI f. (mal chiffrés) / [ ]4 (dont un blanc), +8, A6, B-Z8, Aa6, Bb8, Cc6 / 32 longues lignes, car. goth. / 131 x 188 mm. Première édition très rare de cet éloge en vers et en prose du chevalier Louis II de La Trémoille (1460-1525) et récit des guerres d’Italie auxquelles il participa jusqu’au désastre de Pavie où il périt glorieusement. Ses contemporains l’avaient surnommé le chevalier sans reproche. Il avait servi sous quatre rois, s’illustrant aux batailles de Fornoue, d’Agnadel et de Marignan. Jean Bouchet (1476-1557) fut procureur à Poitiers, mais assuma aussi une carrière littéraire et ses œuvres furent très appréciées de ses contemporains. Il fut ami de Rabelais et le protégé de Louis de La Trémoille. L’édition est illustrée d’un beau titre gravé avec encadrement, sur les côtés et dans la partie supérieure, de bois rectangulaires à fond criblé à décors de vases, fleurs, statuaire et motifs foliacés avec marque de l’imprimeur, au verso un très beau bois représentant Louis II de La Trémoille entouré de blasons. Réparations aux 3 premiers feuillets. Provenance : Alfred-Henry Huth (ex-libris, I, 15-24 novembre 1911, n° 862) et timbre sec de la librairie Gancia sur une garde. 2 500 - 3 500 €

22 Bibliothèque Jean Bourdel RTCURIAL 19 juin 2024 14h30. Paris 12 [Jehan BOUCHET]. S’ensuyt le temple de bonne renõmée & repos des hommes et fēmes illustres trouve par le Traverseur de voyes perilleuses en plorãt le tresregrette deces du feu prīce de Thalemont unicque fils du Chevalier et Prince sãs reproche… Paris, en la rue neuve Nostre Dame, à l’enseigne de l’écu de France, Veuve feu Jehan Trepperel et Jehan Jehannot, imprimeur et libraire jure en luniversite de Paris, s. d. (vers 1516-1520). Petit in-4, maroquin rouge, triple filet, dos à 5 nerfs joliment orné, dentelle intérieure, tranches dorées sur marbrure (Trautz-Bauzonnet). Bechtel, 93/B-332 // Brunet, I-1155 // Tchemerzine-Scheler, II-19 // USTC, 63160. (4 f.)-LXVIII f. / +4, A-R4 / 38 lignes, car. goth. / 180 x 120 mm. Ami de Rabelais et protégé par Louis de La Trémoille dont il fut le poète officiel, Jean Bouchet (1476-1557), procureur à Poitiers, fut un auteur très prolifique. Son Temple de bonne renommée fait l’éloge de Charles, prince de Talmont, fils de Louis II de La Trémoille et mort à la bataille de Marignan. Il y reprend l’histoire des grands hommes et femmes célèbres… et [y] mélange un peu tous les sujets : on trouve même un chapitre intitulé « Tabernacle des arts et sciences » où il fait l’éloge de la langue française. C’est aux dires de Bechtel un des livres les plus rares de Bouchet.

23 Bibliothèque Jean Bourdel RTCURIAL 19 juin 2024 14h30. Paris Seconde ou troisième édition, aussi rare que la première qui fut publiée en 1516 chez Galliot du Pré. Les seconde et troisième éditions furent publiées concomitamment chez Jean Trepperel-Jehan Jehannot et chez Alain Lotrian. L’édition semble très proche de celle citée par Bechtel sous la référence B-332 qui donne la même collation mais quelques différences sont néanmoins à noter : différences dans l’orthographe du titre, le colophon au 4ème feuillet et 3 figures sur bois au lieu de 2. Titre en rouge et noir et 3 bois gravés, le premier sur le titre représentant un homme agenouillé priant devant un autel sous la surveillance d’un ange, le second au verso montrant le roi chassant au faucon et le troisième au verso du 4ème feuillet représentant l’auteur offrant son livre au roi. Sans que nous puissions l’affirmer et malgré les différences que nous avons notées plus haut avec l’exemplaire décrit par Bechtel, il s’agit très probablement de la même édition dont, toujours selon Bechtel, on ne semble connaître que deux exemplaires, celui de Firmin-Didot relié par Capé et celui de Rahir, le nôtre, relié par Trautz-Bauzonnet. Réparation à un angle. Provenance : Alfred-Henry Huth (ex-libris, I, 15-24 novembre 1911, n° 860), Édouard Rahir (ex-libris, II, 6-8 mai 1931, n° 429) et Fairfax Murray (sans numéro, grande étiquette From the library of Ch. Fairfax Murray). 10 000 - 12 000 €

24 Bibliothèque Jean Bourdel RTCURIAL 19 juin 2024 14h30. Paris 13 [Simon BOUGOUINC]. Lespinette du ieune prince Conquerant Le royaulme de bonne renommee Nouvellement Imprime a Paris. Cum privilegio. Paris, Anthoine Vérard, 12 février 1508. In-folio, maroquin citron, grand décor à entrelacs mosaïqués de veau noir de style Renaissance, dos à 5 nerfs orné de même, doublure de maroquin vert prairie avec large dentelle aux petits fers et ex-libris armorié de la bibliothèque de Mello au centre, doubles gardes, tranches dorées sur marbrure (Niedrée-1844). Bechtel, 96/B-355 // Brunet, II-1062 // Cioranescu, 4534 // Fairfax Murray, 61 // Macfarlane, 90 // Tchemerzine-Scheler, II-437 // USTC, 8325. (124 f.) / a-v6, x4 / 43 lignes sur 2 colonnes, car. goth. / 190 x 269 mm. Édition originale fort rare d’un dialogue composé de près de 20.000 vers, la plupart de dix syllabes. L’auteur, Simon Bougouinc ou Bougoinc, poète et prosateur français du XVIe siècle, fut valet de chambre du roi Louis XII. Il traduisit plusieurs traités de Lucien, composa des pièces de théâtre et cette poésie allégorique qu’il signa au dernier feuillet par un acrostiche intitulé Le nom de l’auteur en manière de supplication où les premières lettres se lisent verticalement Symon Bougouync.

25 Bibliothèque Jean Bourdel RTCURIAL 19 juin 2024 14h30. Paris Le poème conte la rencontre de l’auteur avec un jeune prince pris par le mal d’amour. S’ensuit un long parcours semé d’aventures au cours desquelles sont abordés de multiples sujets dont l’amour et la vertu bien sûr, mais également des conseils de vie et d’éducation. Ils se rendent au chevet du père du prince qui, mourant, donne des conseils à son fils sur la société et la répartition des pouvoirs entre la noblesse, le clergé et les laboureurs (travailleurs). Puis leurs pas les mènent au Verger du monde où ils rencontrent la jeunesse et la folie avant de s’embarquer sur un navire, passent la mer périlleuse où est le lieu du salut et trouvent sur le bord de la mer un ermite nommé le père des vertus et un page nommé bonne compagnie. Sans entrer dans les détails, l’aventure continue plus loin avec la conquête de la ville de noblesse par le prince et le duc de brave amour, le couronnement du prince qui devient roi du royaume de bonne renommée et le couronnement de la reine nommée la dame de bon gouvernement ou Raison. L’ouvrage est abondamment illustré de gravures sur bois dont le titre avec une grande grotesque, 45 figures dans le texte, dont 15 prennent la largeur de la page et 30 plus petites, de nombreuses lettrines et la marque de l’imprimeur au dernier feuillet. Superbe exemplaire finement relié par Niedrée, relieur parisien qui obtint en 1844 une médaille d’argent le récompensant pour des reliures dans le style de la Renaissance… (d’) une telle exactitude de dessin… (qu’elles) surpassent les plus riches reliures des superbes bibliothèques de Henri II, du cardinal de Farnerie, de Henri III, de Grolier et de Thou. Petits frottements à une charnière et à 2 endroits du dos avec épidermures, une tache au second plat. 2 feuillets (f2-f5) plus courts de 7 mm dans la marge inférieure. Provenance : Armand Bertin (ex-libris, absent de la vente de 1854), baron Achille Seillière (supra-libris, II, 5-14 mai 1890, n° 449) et Fairfax Murray (étiquette, n° 61). 20 000 - 25 000 €

14 15 26 Bibliothèque Jean Bourdel RTCURIAL 19 juin 2024 14h30. Paris 14 [Simon BOUGOUINC]. Lhomme iuste & lhomme mondain, Nouvellement compose et imprime a Paris. Paris, Anthoine Verard, 19 juillet 1508. In-8, maroquin rouge, triple filet, dos à 5 nerfs joliment orné, roulette intérieure, tranches dorées (Reliure du XVIIIe siècle). Bechtel, 97/B-357 // Brunet, III-296 // Fairfax Murray, 61 // Macfarlane 88 // USTC, 26139. (229 f. sur 230, le dernier blanc manquant ici) / a-z6, 6, 6, A-M6, N8 / 39 lignes sur 2 colonnes, car. goth. / 147 x 201 mm. Première édition très rare de cet immense poème moral de 36.000 vers à 82 personnages, qui paraphrase Bien avisé, mal avisé (pièce morale du Moyen Âge mettant en scène le bien et le mal) et rapporte le Jugement Dernier d’un juste et d’un mondain (Bechtel). Simon Bougouinc, valet de chambre de Louis XII, est l’auteur de pièces de théâtre et d’ouvrages de poésie. Pour lui la morale siège au-dessus de l’amour et l’Amant reste fidèle au-delà du tombeau (Bechtel). Lettre grotesque au titre imprimé en lettres rondes, bois au second feuillet représentant l’auteur rédigeant son ouvrage et marque de l’imprimeur au dernier feuillet. Brunet signale l’ouvrage comme très rare et précise que les exemplaires existants sont souvent incomplets. Petite éraflure au premier plat. Titre taché avec trace d’écriture en partie effacée, petit trou et petit manque marginal, taches au second feuillet, traits d’encre dans les marges de 3 feuillets, dernier feuillet taché avec réparations marginales et inscriptions manuscrites. Provenance : Inscription manuscrite au dernier feuillet avec in fine appartient à hautefort. 2 500 - 3 500 € 15 Charles BOURDIGNÉ. La Legende ioyeuse maistre Pierre Faifeu Cõtenante plusieurs singularitez veritez, La gēntilesse subtilite de son esprit avecques les passetēps quil a faitz en ce monde comme vous pourrez veoir en lysant les chappitres cy dedens cõtenuz, Avecqs Une epistre envoyee des champs Helysees… Angers, s. n., 1er mars 1531-1532. Petit in-4, maroquin bleu nuit, sur les plats doubles filets s’entrecroisant formant un double encadrement avec petits fleurons aux angles, dos à 5 nerfs orné, dentelle intérieure, tranches dorées sur marbrure (Bauzonnet-Trautz). Bechtel, 96/B-353 // Brunet, I-1177, II-139 // USTC, 94531. LIV (mal chiffré LV) / a-n4, o2 / 35 lignes, car. goth. / 121 x 186 mm. Édition originale très rare de ce recueil de quarante-neuf contes populaires en vers. L’auteur, frère du chroniqueur Jean de Bourdigné, était prêtre à Angers, mais prêtre à la manière de Rabelais (Larousse). Ses dates sont inconnues mais le colophon nous indique qu’il vivait en 1531 ; Fin des faitz & dictz ioyeulx de Maistre pierre faifeu mis & redigez par messire Charles bordigne prestre le premier iour de mars lan mil. ccccc. xxxi. Bourdigné est le premier versificateur français, après Saint-Gelais, qui ait alterné assez régulièrement les rimes féminines et les rimes masculines. L’œuvre est une production plaisante qui rappelle les Repues franches de Villon. Elle relate les tours d’espièglerie de maître Pierre Faifeu qui ne vit que d’expédients où se mêlent la farce et l’escroquerie.

15 16 27 Bibliothèque Jean Bourdel RTCURIAL 19 juin 2024 14h30. Paris L’ouvrage fut publié pour la première fois à Angers en 1531-1532 et non en 1526 comme l’indique Brunet qui ne vit pas le colophon et se laissa abuser par le feuillet de titre, orné d’un encadrement sur lequel se lirait la date de 1526. Ces facéties furent réimprimées par Coustelier dans la Collection des anciens poètes français au début du XVIIIe siècle. Le titre est orné d’un bel encadrement architectural avec putti, vasques, piliers, feuilles d’acanthe, fontaines. Au verso du titre un poème adressé au lecteur : Ballade aux lysans. Cet ouvrage est très rare. L’USTC ne recense que l’exemplaire de la BnF. Très bel exemplaire finement relié par Bauzonnet-Trautz. Réparations à 4 feuillets (i4, l3, m4, n4) avec pour 3 d’entre eux des décharges de colle de couleur un peu orangée. Provenance : Comte Wlgrin Taillefer (cachet sur le titre) et Ambroise Firmin-Didot (exlibris, 6-15 juin 1878, n° 208). 4 000 - 6 000 € 16 [Jehan BOUTILLIER]. Somme Rural tresutile en toutes cours de praticqs : proces et manieres de playdoiries. Corrige p[ar] trescientificq psõne maistre Jehã ds degres docteur en chm droit additionne de plusieurs loix & decretz aisicõme chascun pourra veoir cy apres. LXIX. Paris, Philippe Le Noir, s. d. (ca 1527). In-8, vélin à recouvrements, dos lisse avec le titre calligraphié à l’encre (Reliure moderne). Bechtel, 99/B-372 // Brunet, I-1187 // Renouard, ICP, III-1149. (300 f. avec pagination fantaisiste) / a6, e4, i4, a-f4, g8, h-r4, s8, t-z4, 4, A8, B-I4, K-L6, M-Q4, R8, S-V4, AA-VV4, AAA4, BBB6 / 40 lignes sur 2 colonnes, car. goth. / 126 x 182 mm. Rare édition de cet ouvrage de jurisprudence, sorte de code des usages […] d’une partie du nord de la France et de la Flandre (Tournoisis, Vermandois, Hainaut), voire au-delà (Bechtel). L’auteur, célèbre jurisconsulte français de la seconde moitié du XIVe siècle, fut d’abord bailli à Mortagne puis conseiller pensionnaire à Tournay, sorte de fonctionnaire chargé de rapporter toutes les affaires litigieuses et d’en faire des extraits. Leur connaissance des lois et du droit donnait une haute autorité à leur parole. Il devint ensuite lieutenant du grand bailli à Tournay. Le rôle que joua Jean Boutillier dans les diverses magistratures fut d’asseoir le pouvoir judiciaire royal au détriment du droit des seigneurs et de celui de l’église. Sa Somme rurale, un des premiers ouvrages de notre jurisprudence, est l’un des plus importants selon Cujas qui l’avait qualifié d’Optimus liber. Le mot rural ne signifie pas ici que l’ouvrage traite du droit rural mais qu’il fut composé à la campagne. Il traite de multiples sujets et problèmes fondés sur des décisions de justice tant civiles que pénales. La Somme rurale fut publiée pour la première fois en 1479 à Bruges et connut de très nombreuses éditions en français et en flamand. Celle que nous présentons est datée par Brunet vers 1525, mais Renouard dans l’Inventaire chronologique des éditions parisiennes du XVIe siècle la situe un peu plus tard, vers 1527, d’après la marque et l’encadrement. Titre en rouge et noir dans un bel encadrement gravé sur bois de type architectural avec dans la partie inférieure une curieuse vignette à plusieurs personnages représentant, probablement, un voleur puni de décapitation avec les différents acteurs de ce drame. Le chiffre romain LXIX sur le titre correspond au nombre de cahiers qu’il faut au volume. Marque de l’imprimeur à un feuillet (I4) et un feuillet (P1) plus large que les autres, replié, avec au verso un grand bois représentant l’arbre de consanguinité qui indique les impossibilités d’union entre parents. On trouve le schéma du même arbre au feuillet P4 et le volume contient également plusieurs lettrines à motifs foliacés. Inversion de feuillets au cahier L, feuillets brunis, trou au feuillet M4 avec pertes de quelques lettres. 1 200 - 1 800 €

28 Bibliothèque Jean Bourdel RTCURIAL 19 juin 2024 14h30. Paris 17 [Honoré BOUVET]. Larbre des batailles. Nouvellement imprime a Paris. Paris, Michel Le Noir, 24 janvier 1505. Petit in-4 non rogné, veau glacé bleu, triple filet, dos à 4 nerfs orné aux petits fers dans le goût du XVIIIe siècle, roulette intérieure, tranches dorées (Reliure du XIXe siècle). Barbier, I-265 // Bechtel, 100/B-379 // Brunet, I-379 // Renouard, ICP, I-1505-32 // USTC, 55520. (108 f.) / A4, B-Q6, R-S4, T6 / 38 longues lignes, car. goth. / 122 x 186 mm. Nouvelle édition de cet ouvrage qui est à la fois une histoire universelle des batailles depuis l’Antiquité et une sorte de traité sur les droits de la guerre, sur les droits et devoirs des personnes selon leur condition : roi, prince, baron, pèlerin, bourgeois, vassal, moine, serf, étranger…, les droits d’emprisonnement, les règles des batailles en champ clos… L’auteur, longtemps appelé Bonet ou Bonour par les bibliographes […], était prieur de Selonnet et docteur en droit (Bechtel). La première édition, non datée, fut publiée en 1477 selon Van Praet et Brunet. L’ouvrage connut un grand succès et fut maintes fois réédité. Celle que nous présentons est la cinquième édition en caractères gothiques. Elle est ornée d’un grand bois sur le titre représentant le siège d’une ville par une troupe de soldats sous le commandement du roi et de nombreuses lettres historiées dans le texte. Quelques frottements à la reliure, feuillets parfois un peu brunis le long de la marge latérale, rares taches marginales sans gravité, petit manque dans la marge intérieure du feuillet T5. Provenance : Jacques Richard (cachet sur le titre et au feuillet B1) et Henri de La Broise (ex-libris, avec cote n° 682). 2 500 - 3 500 €

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