AGUTTES NEUILLY. LETTRES & MANUSCRITS AUTOGRAPHES – LIVRES ANCIENS et MODERNES

15 mai 2024 LETTRES & MANUSCRITS AUTOGRAPHES

Vente aux enchères Aguttes Neuilly 164 bis, avenue Charles-de-Gaulle, 92200 Neuilly-sur-Seine Mercredi 15 mai 2024, 10h30 • 10h30 : Autographes - Dessins & Photographies Lots 1 à 143 • 14h : Lettres & Manuscrits autographes Lots 144 à 288 Exposition publique Lundi 13 et mardi 14 mai : 10h - 13h et 14h - 18h Assistante spécialisée Quiterie Bariéty +33 (0)1 47 45 00 91 bariety@aguttes.com Directeur du département Sophie Perrine +33 (0)1 41 92 06 44 perrine@aguttes.com Experts Lettres & Manuscrits autographes Thierry Bodin, membre du Syndicat Français des Experts Professionnels en Œuvres d’Art +33 (0)1 45 48 25 31 lesautographes@wanadoo.fr Pour les lots 144 à 277 Cartes de collection François Thierry +33 (0)1 84 20 04 14 thierry.consultant@aguttes.com Pour les lots 278 à 288 Enchères par téléphone Ordre d’achat bid@aguttes.com Relations acheteurs Marie du Boucher +33 (0)1 41 92 06 41 duboucher@aguttes.com Délivrances & Expéditions +33 (0)1 47 45 00 91 bariety@aguttes.com Département Marketing & Communication Clémence Lépine lepine@aguttes.com Relations médias Anne-Sophie Philippon +33 (0)6 27 96 28 86 pr@aguttes.com Relations Asie Aguttes 拍卖公司可提供中文服务 (普通话及粤语), 请直接联系 jiayou@aguttes.com Président Claude Aguttes Directeur général Philippine Dupré la Tour Associés Directeur associé Charlotte Aguttes-Reynier Associés Sophie Perrine, Gautier Rossignol, Maximilien Aguttes Aguttes (SVV 2002 - 209) Commissaires-priseurs habilités Claude Aguttes, Sophie Perrine, Pierre-Alban Vinquant, Jessica Remy-Catanese SELARL Aguttes & Perrine Commissaire-priseur judiciaire CONTACTS POUR CETTE VENTE Important : les conditions de vente sont visibles en fin de catalogue. Nous attirons votre attention sur les lots précédés de +, °, *, #, ##, ~ pour lesquels s’appliquent des conditions particulières. Cliquez et enchérissez sur aguttes.com 1 LETTRES & MANUSCRITS AUTOGRAPHES

LETTRES & MANUSCRITS AUTOGRAPHES Lots 1 à 111 Vendus en lots Consultation obligatoire pour enchérir Lots non décrits, non illustrés, aucun rapport de conditions transmis Les conditions et termes régissant la vente des lots figurant dans le catalogue sont fixés dans les conditions générales de vente figurant en fin de catalogue dont chaque enchérisseur doit prendre connaissance. Ces CGV prévoient notamment que tous les lots sont vendus « en l’état », c’est-à-dire dans l’état dans lequel ils se trouvent au moment de la vente avec leurs imperfections et leurs défauts. Une exposition publique préalable à la vente se déroulant sur plusieurs jours permettra aux acquéreurs d’examiner personnellement les lots et de s’assurer qu’ils en acceptent l’état avant d’enchérir. Les rapports de condition, ainsi que les documents afférents à chaque lot sont disponibles sur demande. The terms and conditions governing the sale of the lots appearing in the catalogue are set out in the general terms and conditions of sale appearing at the end of the catalogue, which each bidder must read. These GTC provide in particular that all the lots are sold “as is”, i.e. in the condition in which they are found at the time of sale with their imperfections and defects. A public display prior to the sale taking place over several days will allow buyers to personally examine the lots and ensure that they accept their condition before bidding. Condition reports, as well as documents relating to each lot, are available on request. 3 2 Lettres & Manuscrits autographes • 15 mai 2024 lot 146

DESSINS & PHOTOGRAPHIES Lots 112 à 143 112 DUPAS Jean (1882 - 1964) Études de femmes 3e version Dessin au crayon et à l'encre de chine sur papier monogrammé en bas à droite et daté 24 nov. 1920 (?) 39,5 x 31,5 cm à vue - sous encadrement 300 - 400 € 113 DUPAS Jean (1882 - 1964) Jeune femme de face Dessin à l'encre de Chine et crayon sur papier monogrammé en bas à gauche. 18 x 14 cm - sous passe-partout 120 - 150 € 114 DUPAS Jean (1882 - 1964) Le Vin, étude Dessin sur papier au fusain rehaussé de pastel sur papier monogrammé en bas à droite JD. 34 x 27 cm - encadré 400 - 600 € 5 Lettres & Manuscrits autographes • 15 mai 2024 4

118 LALIQUE René (Attribué à) (1860 - 1945) Projet de pendentif à décor végétal Gouache, encre de Chine et crayon sur papier vélin BFK Rives 14,5 x 6 cm 200 - 300 € 115 DUPAS Jean (1882 - 1964) Première esquisse pour la fête du salon des décorateurs 1928 Dessin à l'encre de Chine et crayon sur papier monogrammé en bas à droite. 18 x 14 cm - sous passe-partout 100 - 150 € 116 DUPAS Jean (1882 - 1964) Étude de femme Dessin à l'encre de Chine et fusain sur papier monogrammé en bas à droite et daté 43. 20 x 25 cm à vue - sous encadrement 400 - 600 € 117 DUPAS Jean (1882- 1964) Élégantes Dessin à l'encre de Chine et crayon sur papier contrecollé sur carton, signé et daté 1931 en bas à droite. 18 x 14 cm - sous passe-partout 150 - 200 € 119 ALBIN-GUILLOT Laure (1879 - 1962) Portrait de femme Photographie 21.5 x 16.5 cm - sous passe-partout 80 - 100 € 120 ALBIN-GUILLOT Laure (1879 - 1962) Portrait de Mme Cornelius Photographie 48 x 35 cm - sous passe - partout 200 - 300 € 121 ALBIN-GUILLOT Laure (1879 - 1962) Le Port Photographie 31.5 x 41,2 cm 200 - 300 € 122 ALBIN-GUILLOT Laure (1879 - 1962) Portrait de femme à la tête inclinée Photographie 28,8 x 23,4 cm - sous passe-partout 300 - 500 € 123 ALBIN-GUILLOT Laure (1879 - 1962) Femme aux voilages Photographie signée en bas à droite 14,8 x 9 cm 6 - sous passe-partout 100 - 150 € 124 ALBIN-GUILLOT Laure (1879 - 1962) Les gants Photographie. Cachet au dos 16.5 x 9 cm - sous passe-partout On y joint YENCESSE Hubert (1900 - 1987) Femme nue allongée Dessin à la sanguine, signé en bas à gauche et daté 46 19 x 41.5 cm - sous passe-partout 150 - 200 € 125 ALBIN-GUILLOT Laure (1879 - 1962) Portrait de la couturière J. Lanvin Photographie 16.2 x 10.2 cm - sous passe-partout 200 - 250 € 126 ALBIN-GUILLOT Laure (1879 - 1962) L'écrivaine Camille Belguise Photographie 22.5 x 16.5 cm - sous passe-partout 80 - 100 € 127 ALBIN-GUILLOT Laure (1879 - 1962) Tête inclinée Photographie 21.5 x 16 cm - sous passe-partout 50 - 80 € 128 ALBIN-GUILLOT Laure (1879 - 1962) Étude de nu – femme Photographie 14 x 9 cm - sous passe-partout 200 - 300 € 129 ALBIN-GUILLOT Laure (1879 - 1962) Portrait du poète Léon Paul Fargue Photographie signée et datée 1937 16,5 x 12, 4 cm - sous passe-partout 100 - 150 € 130 ALBIN-GUILLOT Laure (1879 - 1962) Jeune femme à l'aspirine Photographie 19,5 x 12 cm (à vue) - sous encadrement 80 - 100 € 131 PAJOU Augustin (Attribué à) (1730 - 1809) Quatre feuilles d'études d'olifant et d'ornements d'après l'antique (l'un recto-verso) tirées des motifs de la colonne Trajane. Plume et encre grise, lavis de bistre sur traits de crayon noir et pierre noire, annotations de l'artiste 18 x 12 cm (rousseurs et mouillures) On y joint ALBIN-GUILLOT Laure (1879 - 1962) Nu en Buste Photographie 20,5 x 25,5 cm - sous passe-partout 400 - 500 € 118 115 116 117 7 6 Lettres & Manuscrits autographes • 15 mai 2024

132 DRTIKOL Frantisek (1883 - 1961) Composition de poupées Photographie 9,7 x 12 cm 400 - 500 € 133 LARTIGUE Jacques-Henri (1894 - 1986) Renée Perle au cube Photographie 8 x 6 cm - sous encadrement 100 - 150 € 134 LARTIGUE Jacques-Henri (1894 - 1986). Renée au béret et manteau noir Photographie 23,5 x 13,5 cm - sous encadrement 400 - 500 € 135 LARTIGUE Jacques-Henri (1894 - 1986) Renée sur la voiture devant le restaurant Les Palmiers Photographie 9 x 14,5 cm - sous encadrement 400 - 500 € 136 LARTIGUE Jacques-Henri (1894 - 1986) Renée Perle de profil au col de fourrure Photographie 34,5 x 29,5 cm - sous encadrement 400 - 500 € 137 LARTIGUE Jacques-Henri (1894 - 1986) Renée Perle au bord de la mer Photographie 17 x 10.5 cm - sous encadrement 300 - 400 € 138 LARTIGUE Jacques-Henri (1894 - 1986) Renée Perle à la plage Photographie 8,5 x 14, 4 cm - sous encadrement 200 - 300 € 139 LARTIGUE Jacques-Henri (1894 - 1986) Renée Perle à la plage Photographie 6 x 10 cm - sous encadrement 300 - 400 € 140 LARTIGUE Jacques-Henri (1894 - 1986) Renée Perle au col de fourrure Photographie 17 x 12.5 cm - sous encadrement 400 - 500 € 141 RUDOMINE Albert (1892 - 1975) La brodeuse Photographie 12.5 cm x 17.5 cm - sous passe-partout 100 - 150 € 142 VETROVSKY Josef (1897 - 1944) Nu agenouillé sur des cubes Photographie 14 x 9 cm - sous encadrement 100 - 120 € 143 VORISEK Josef (1902 - 1980) Mâts Photographie signée 29 x 28 cm - sous passe-partout 100 - 120 € LETTRES & MANUSCRITS AUTOGRAPHES Lots 144 à 277 132 9 8 Lettres & Manuscrits autographes • 15 mai 2024

144 BAC Ferdinand (1859 - 1952). MANUSCRIT autographe signé « Ferdinand Bac », Manuscrits divers, 1932-1934 ; cahier vert à dos toilé petit in-4 (22,5 x 17 cm) d’environ 120 pages, sous chemise dos percaline noire et étui à dos toilé avec pièce de titre. Manuscrit de premier jet et de travail de ses souvenirs et récits de voyages. Le manuscrit, à l’encre noire, principalement au recto des feuillets du cahier, avec des additions sur la page en regard, et des pages insérées, est abondamment raturé et corrigé. Paginé 1-116, il porte, sur la couverture, une étiquette en donnant le contenu ; à la fin du cahier, Bac a dressé un « Sommaire » avec renvois aux pages du cahier. En tête du cahier, Bac a noté : « A Caroline Octavie en souvenir de son compagnon de voyage. Ce cahier a été commencé le 8 Novembre 1932 aux Colombières à Menton avec une étude sur mon entrevue avec Mussolini » [Caroline-Octavie dite Jeanne LadanBockairy, née Jouain, inspiratrice de F. Bac, protectrice, avec son mari Émile, de Bac, qui créa pour eux le jardin des Colombières dans leur propriété de Menton] ; en regard, photographie de Mme Ladan-Bockairy. Le cahier commence par des Impressions de Rome (p. 1-3), fin de ses entretiens avec MUSSOLINI, « partiellement inédit », avec cette note en tête : « Le Fascisme ne pourra jamais être un régime pour la France. Le Français aime la liberté autant que l’Italien mais il ne se soumettra jamais à une Dictature comme l’Italie ». Suivent (p. 4-12) des notes sur des « Autographes inédits (concernant principalement Mad. Récamier », de la collection Caplain ; puis des notes sur ses entretiens avec RENAN et avec TAINE, puis avec le Prince Napoléon en 1885-1888 (p. 12-50), destinées à ses mémoires (inédits). Après une « Introduction pour les Fables de La Fontaine » (mars 1934, 2 p.), des souvenirs intimes sur « Le Prince de Galles à la Turbie » en 1896 (p. 52-55). Commence alors (p. 56-116) le manuscrit du « III volume de la série Promenades dans l’Italie nouvelle. La Sicile ». Bac a monté à la fin un « échantillon d’une page “travaillée” et annulée » (page dactyl. surchargée de corrections et d’additions). Ex-libris au chiffre J B dessiné par F. Bac. 500 - 600 € 145 CASSATT Mary (1844 - 1926). L.A.S. « Mary Cassatt », Château du Mesnil, Beaufresne (Oise), [vers 1894-95, à Camille PISSARRO] ; 4 pages in-8. Son frère qu’elle n’a pas vu depuis dix ans est chez elle, et elle a été très occupée. « J’ai vu de jolies choses de vous chez DurandRuel, surtout un moulin que j’ai beaucoup aimé. Je crois que ce que dit M. Durand est vrai, que l’année a été mauvaise, mais tout reprend je crois ». Elle va parler à Mlle Hallowell : « elle connait énormément d’amateurs. […] Les tableaux que vous aviez à Chicago ont été fort admiré, il me semble qu’on doit vous acheter tout ce que vous faites ». Elle a passé un été « détestable » sans pouvoir travailler : « Je pense avec désespoir à mon exposition à New York, j’ai si peu fait que je ne crois pas pouvoir exposé cette année. {…] J’espère que vous vous occupez de la gravure en couleurs cela se vend toujours, chez Durand-Ruel on m’a encore demandé des épreuves dernièrement, donc vous voyez que cela doit se vendre »… 600 - 800 € 146 DALI Salvador (1904 - 1989). DESSIN original, [1971] ; feutre bleu sur papier, 31,4 x 23,9 cm. Croquis indicatif pour la photographie prise à la piscine de Port Lligat, pour un numéro de Vogue dont Salvador Dali était rédacteur en chef (Noël 1971). On joint le numéro de Vogue de Noël 1971 (dont il est question ci-dessus), avec signature autographe de Dali sur la couverture et badge Dali Museums épinglé sur la couverture (ex. débroché) 1 500 - 2 000 € PROVENANCE Don de l’artiste à Jocelyn Kargere, directeur artistique de Vogue Paris, fait à Cadaquès en 1971. – Vente Artcurial 9 mai 2011, n° 215 (authentifié par M. Nicolas Descharnes). 147 DELACROIX Eugène (1798 - 1863). L.A.S. « Eug. Delacroix », 29 décembre 1850, à l’architecte Jacques HITTORFF ; 1 page et demie in 8. Au sujet de sa candidature à l’Institut. « Il y a un mois que je souffre d’un rhume qui a dégénéré en inflammation de la gorge et depuis douze jours environ je suis consigné sévèrement de peur du froid extérieur. Je regrette bien vivement de n’avoir pu avant ce moment aller causer avec vous relativement à ma candidature », mais il se recommande à la bonté et à l’obligeance qu’il avait bien voulu lui témoigner… 600 - 800 € 148 DELACROIX Eugène (1798 - 1863). L.A.S. « Eug. Delacroix », 18 juillet 1857, [à l’architecte Laroche ?] ; 1 page in-8. Sur les travaux d’aménagement de son appartement et atelier de la rue de Furstenberg. Il adresse à son correspondant 6000 fr. à remettre à M. Candas. Il lui demande l’adresse de M. Bonneau « pour le cas où, à mon retour, j’aurais à m’entendre avec lui sans que vous-même vous fussiez ici. Je vous rappelle aussi que nous avons à passer sur les bas reliefs, trois bonnes couches d’huile de lin chauffée. Je vous serai bien obligé de le rappeler à M. Candas : c’est très essentiel pour la conservation »… 500 - 700 € 149 DENIS Maurice (1870 - 1943). L.A.S. « MD », [Landivisiau] 6 septembre [1928], à Gabriel THOMAS à Bellevue ; 1 page au dos d’une carte postale illustrée (calvaire de Loc-Mélard), enveloppe. Il vient de « terminer les quatre cartons des médaillons du Sénat » [pour le plafond du grand escalier], et s’apprête à faire son « pèlerinage annuel au Folgoat. Nous prierons pour vous et tous les vôtres. L’été continue d’être splendide. Je travaille le plus possible. Et je compte bien que je terminerai normalement mes vacances, que le Sénat ne me rappellera pas »… 100 - 150 € 150 DORÉ Gustave (1832 - 1883). L.A.S. « Gve Doré », 17 octobre 1873 ; 1 page in-8. Sur son tableau Le Néophyte. Il n’en existe aucune reproduction, « mais il y a une gravure de ce tableau qui est en voie d’exécution et qui sera terminée et publiée très probablement vers le commencement de l’année prochaine »… On joint un reçu signé de Paul VERLAINE (1893), une l.a.s. de Joseph CAILLAUX (1920) et une signature de Boris VIAN. 400 - 500 € Beaux-Arts 144 144 146 145 147 150 148 149 11 10 Lettres & Manuscrits autographes • 15 mai 2024

151 DUBUFFET Jean (1901 - 1985). L.A.S. « Jean Dubuffet » et L.S. « Jean Dubuffet » avec 7 lignes autographes, 1948-1949, à Joe BOUSQUET ; 4 pages in-8 et 2 pages in-8. El Goléa 28 février [1948]. Il a quitté Paris, « chassé par le froid ». Il remercie Bousquet des contes qui lui sont dédiés [dans Le fruit dont l’ombre est la saveur] : « Ce livre va m’être cher au-delà de tout ce qu’il m’est possible de dire et ensoleiller ma vie et mon travail pour tout le temps que j’ai à vivre ». À son retour en France, il ira visiter Bousquet dans sa chambre à Carcassonne. « El Golea est une oasis de l’extrême Sud, en plein milieu du Sahara. La population y est mêlée d’Arabes et de nègres soudanais, nichée dans de petites maisons d’argile ; […] les palmeraies sont immensément étendues et tout à l’entour c’est le sable sans fin. Je suis ici avec la gentille Lili qui est toute enchantée de ce lieu féerique, il nous a fallu plusieurs journées de voyage en auto-car sur les pistes du désert pour y parvenir […] Nous allons boire le thé chez les indigènes et ce matin nous le buvions sous des citronniers chargés de fruits, à la musique ravissante d’une flute de roseau à six trous dont jouait doucement notre hôte »… Etc. Paris 3 août 1949. Il envoie à Bousquet un tableau à rajouter à sa collection, et ne veut pas être payé. Le portrait qu’il a fait de Bousquet est exposé à New York. Il s’inquiète de l’intérêt que porte Max ERNST à son œuvre. Il travaille à « un petit album pornographique, dessins et texte. Le texte est très imbécile. […] Moi je déteste les idées ; je le trouve tellement creuses ! Je veux de l’art à la tête coupée »… Il termine sa lettre par ces lignes manuscrites : « Je n’ai nulle exposition en projet. Je suis fatigué de faire des expositions qui ne recueillent qu’horions et insultes. Ce que veut l’Européen c’est : des idées. Autre chose que des idées il ne croit pas (pas sérieusement du moins) que ça mérite attention. Moi les idées je m’en torche. » 1 000 - 1 200 € 152 DUFY Raoul (1877 - 1953). L.A.S. « Raoul Dufy », Vence 20 février [1921], à la galeriste Berthe WEILL ; 2 pages in-8, une enveloppe jointe de 1907. Au sujet de la centième exposition organisée par la Galerie Weill. Il espère qu’elle a pu se débrouiller et que son frère a pu lui remettre « une de mes toiles pour votre centième. Je n’ai pu rien vous envoyer d’ici, je n’avais encore rien de fini, mais je vous envoie quand même mes compliments pour cette mémorable circonstance ». 154 GAUGUIN Paul (1848 - 1903). L.A.S. « Gauguin », [Rouen vers la mi-août 1884], à Camille PISSARRO ; 2 pages in-8 à l’encre violette. Gauguin à Pissarro. Il s’inquiète d’être sans nouvelles de son ami, et craint qu’il ne soit fâché contre lui ; mais il n’a peut-être pas reçu sa lettre d’il y a 15 jours « avec 2 photographies de mes enfants »… Il a reçu la visite de Paul LAFOND, « un ami à DEGAS qui vient assez souvent à Rouen ; depuis deux mois il me cherchait »... Quant à Eugène MURER, « il est à Paris depuis pas mal de temps ; je crois que son affaire de l’hôtel ne va pas tout à fait bien. J’ai lu dans le journal un jugement qui le condamnait pour cette affaire avec la faillite. Maintenant je ne sais de quelle importance est ce jugement »… Correspondance (éd. V. Merlhès), t. I, p. 67 (n° 51). 4 000 - 6 000 € PROVENANCE Archives Camille PISSARRO (vente 21 novembre 1975, n° 66). Il lui demande l’adresse de Malpel [Charles MALPEL (1874 - 1926), avocat, vituculteur et collectionneur] à Montauban pour lui « demander de me prêter 2 toiles pour une exposition », à moins qu’elle puisse lui demander « s’il voudrait me prêter la baignade et la petite Rue pavoisée »… Il ajoute :« vous savez que je suis toujours l’homme de la dernière heure »… 200 - 300 € 153 FEININGER Lyonel (1871 - 1856). L.A.S. « Feininger », New York 14 avril 1941, à Mr Fabisch ; 1 page in-4, vignette gravée et coloriée en tête ; en allemand. Il remercie pour une coupe en aluminium : « Wie soll ich Ihnen danken für die schöne Alumium Schale die Sie mir durch Lux schenkten ? Wie wissen, wie schön ich Ihre Arbeit finde, und gerade diese Alumium Schale liebe ich besonders. Vielen, herzlichen Dank dafür ! »… La lettre est ornée en tête d’une gravure rehaussée à l’aquarelle. 800 - 1 000 € 151 152 153 13 12 Lettres & Manuscrits autographes • 15 mai 2024

155 LARGILLIÈRE Nicolas de (1656 - 1746). P.S. « De Largilliere », Paris 25 mai 1709 ; vélin oblong in-8, cachet fiscal. au verso. Rare document du peintre. Largillière, « Peintre ordinaire du Roy », reconnaît avoir reçu la somme de 125 livres, pour un semestre de 250 livres de rente sur les aides et gabelles. 500 - 600 € 156 LE CORBUSIER Édouard Jeanneret, dit (1887 - 1965). L.A.S. « Jeanneret », [Paris 2 janvier 1919], à Albert ADÈS ; 4 pages in-8, enveloppe. Il lui a fait envoyer Après le cubisme, écrit en collaboration avec OZENFANT. « Les idées qui y sont exprimées sont le résultat de beaucoup d’expériences dans la vie et nous nous sommes obligés à les écrire avec clarté, peut-être même avec une certaine sécheresse et un manque volontaire de lyrisme qui vous heurteront. Toutefois il est des choses indéniables à ce jour, qu’il faut dire pour cristalliser autour du flambeau splendide de notre époque, tant de volontés dévouées qui désirent le travail sérieux mais qui se sentent trop isolées. Je vous sais très fougueux ; je suis au fond parfois véhément et sous un calme apparent, violent. Mais je n’admets pas que l’art soit dévergondé alors que dans toute l’activité humaine, la discipline et la rigueur sont indispensables, facteurs de beauté, d’ordre, d’harmonie. De là à le mettre dans la peinture ? Il faut du moins une directive. Peut-être n’êtes-vous point d’accord du tout. Il nous serait bien agréable, qu’un artiste fort et ordonnateur comme vous jugeât notre travail, quitte même à vous opposer nettement à nos idées. Je crois la controverse utile sous ce thème, et je serais bien heureux de vous voir développer dans la Grande Revue ou ailleurs ces idées »… 800 - 1 000 € 157 LUCE Maximilien (1858 - 1941). L.A.S. « Luce » avec DESSINS, Mercredi [vers 1917-1918], à SON FILS Frédéric LUCE ; 2 pages in-4 sur un feuillet arraché d’un cahier, à la plume et encre brune (22 x 17 cm). Lettre illustrée à son fils. Il est allé voir BONNARD qui va bien : « J’ai fait plusieurs études avec lui. MATISSE est venu aujourd’hui avec deux amateurs qui m’ont acheté deux études de Bretagne 25 francs chaque, cela est un bon prix car c’était des choses que je vendais entre 100 et 120 »... Il est allé chercher des toiles à Lagny : « La journée d’hier était très belle. J’ai revu avec plaisir la plaine de Lagny c’était magnifique »… Au verso, deux dessins à la plume et encre brune. Paysage, champ avec des meules de paille ; scène avec un personnage (clochard ?) assis au premier plan, et au fond une femme s’avançant vers un comptoir. Luce note au bas de la feuille : « Pas fameux ma plume marchait mal et pas très en train »… On joint 2 feuilles de dessins avec notes autographes : – vue de ruines (14 x 16cm) annotée : « C’est encore une pâle idée de certaines photos de ruines »… ; – 2 paysages superposés : arbres, et bord de rivière (18 x 11,5 cm), avec cette note : « Lebasque ouvre son exposition chez Petit. Je vais pas y aller à cause du mauvais temps »… Plus une L.A.S. d’Ambroisine Luce à son fils Frédéric. 500 - 700 € 158 MAGRITTE René (1898-1967). L.A.S. « René Magritte » avec DESSIN, 3 janvier 1959, à Jacques DELCORDE et Luc De HEUSCH ; 1 page in-4 (27,5 x 21 cm) au stylo-bille noir (plis légèrement marqués, 2 trous de classeur dans la marge). Grand dessin occupant la moitié supérieure du feuillet (environ 15 x 17 cm), profil féminin à l’œil exagérément ouvert, variante du tableau intitulé La Femme du Maçon. Au-dessous, Magritte remercie pour leurs vœux ses correspondants, « chers apologistes en puissance. Georgette vous dit la même chose. [...] Merci aussi pour les essais photographiques – et à bientôt, espérons-le ». [C’est en 1960 que fut produit le documentaire Magritte ou La Leçon de choses, filmé par Luc de Heusch et scénarisé par Jacques Delcorde, qui explorait en une quinzaine de minutes la démarche artistique de Magritte, l’on y entendait notamment une interview de Georgette, l’épouse du peintre. Le dessin évoque, à travers l’œil cyclopéen de la femme, la caméra utilisée par les cinéastes.] 3 000 - 4 000 € 159 MAGRITTE René (1898-1967). L.A.S. »RM » avec 3 CROQUIS, [8 mars 1863], à son ami André BOSMANS ; 1 page in-4. Il propose l’édition d’une carte postale pour annoncer la revue Rhétorique [cette carte sera envoyée avec le n° 9 en juin 1963]. Il en DESSINE le recto et deux variantes pour le verso : un texte signé de lui, imprimé à l’horizontale ou à la verticale. Il fera un virement postal pour les frais d’impression... 500 - 600 € 15 14 Lettres & Manuscrits autographes • 15 mai 2024

160 MONET Claude (1840 - 1926). NOTE autographe, [1885 ?] ; 1 page in-8. Comptes divers de dépenses, dont sommes dues à TROISGROS (marchand de toiles et chassis), pour un total de 9209. Suit la liste, avec prix, des « Toiles livrées » le 6 mars : Effet neige (800) ; et le 2 avril : 8 panneaux à 100 (800), 9 à 300 (2700), 2 Jardin matin (2000), Giverny (800), Epte printemps (900), Italie neige (800), Citrons (700) ; soit un total de 9100. On joint un portrait photographique de Monet par Paul NADAR (14,5 x 10,5 cm, monté sur carte au nom de Nadar Paris, 17,5 x 13 cm ; qqs légères éraflures). Beau portrait de Monet fait dans l’atelier de Paul Nadar au début de décembre 1899. Dans une lettre au photographe (10 décembre 1903), Monet dira sa « prédilection pour les portraits de complète simplicité, sans aucun apprêt », tel qu’on le voit sur ce cliché. 600 - 800 € PROVENANCE Archives Claude Monet (coll. Cornebois, 13 décembre 2006, lots 194 et 225). 161 MONET Claude (1840 - 1926). L.A.S. « Claude Monet », Giverny 26 août 1889, à Paul GALLIMARD au manoir de Bénerville ; 1 page et demie in-8 ; enveloppe. « Je viens vous prier de me faire savoir à peu près quel jour vous comptez venir à Giverny, parce que je compte m’absenter pour une huitaine de jours de jeudi prochain au jeudi suivant je ne serai donc de retour que vers le 5 août »… 700 - 800 € 162 MONET Claude (1840 - 1926). L.A.S. « Claude Monet », Giverny 8 novembre 1891, à George de BELLIO ; 4 pages in-8. À un de ses premiers collectionneurs. Il évoque « la série de toiles que vous avez vendues au délicieux Paindesons. J’ai eu le bonheur de le rencontrer et ça a été une grande surprise pour moi d’apprendre cela. Vous avez assez de toiles de moi (et c’est votre droit d’en céder) pour faire un choix dans ce que vous avez, mais où je vous en veux un peu c’est de ne pas m’en avoir prévenu avant de conclure avec cet amateur éclairé, parce qu’il y a parmi ces toiles des choses que j’aurais été heureux de ravoir, ne fut-ce que comme souvenir. Vous m’auriez fait part de cela que nous aurions pu faire un échange quelconque. Il m’a dit que vous lui aviez vendu deux chemins de fer, j’en suis désolé, et doublement ». Il prie donc de Bellio de le prévenir quand il veut « épurer » sa collection. « Vous m’avez rendu de bien grands services en m’achetant de la peinture à une époque où peu d’amateurs en voulaient. J’ai du de mon côté me séparer pour vivre de tout ce que je produisais. Vous comprendrez donc la surprise et la déception que j’ai éprouvé ainsi que le désire que je manifeste si vous êtes dans l’intention de céder d’autres toiles. […] Vous avez eu le courage d’acheter ces toiles quand cela semblait un ridicule, il est bien naturel que vous ayez le droit de vous en déposséder ensuite ». Mais il regrette encore de n’avoir pas été prévenu… 800 - 1 000 € 163 MONET Claude (1840 - 1926). L.A.S. « Claude Monet », Giverny 16 juillet 1896, à M. Decouchy ; 1 page et quart in-8 à en-tête de Giverny. « Je suis désolé, confus d’avoir mis ce temps à vous écrire. Mais j’espère que vous voudrez bien m’en excuser. J’espère surtout que ces lignes vous trouveront encore à Paris et que vous pourrez m’annoncer votre prochaine venue à Giverny. Mais en tout cas je tiens à vous féliciter à l’occasion de votre prochain mariage »… 700 - 800 € 164 MONET Claude (1840 - 1926). L.A.S. « Claude Monet », Giverny 9 octobre 1917, à André BARBIER ; 2 pages et demie in-8 à l’adresse Giverny par Vernon, au crayon violet, enveloppe. Au peintre André BARBIER (1883-1970). « Je suis bien en retard comme toujours, pour vous répondre. Mais après la si mauvaise saison que nous avons, j’ai du profiter des admirables journées de sepbre pour travailler de plus en plus. Aussi suis-je rompu et à bout de force et je pars me reposer quelques jours au bord de la mer que je n’ai pas vue depuis longtemps. Je ne pourrai donc avoir le plaisir de votre visite que plus tard, car aussitôt mon retour et un bon repos je compte reprendre avec ardeur mon travail d’hiver. Vous voudrez bien alors me rappeler votre désir de venir, et j’espère sans y trop croire que l’ami Geffroy voudra bien vous accompagner »… 1 000 - 1 200 € 165 NADAR Félix Tournachon, dit (1820 - 1910). L.A.S. « Nadar », Paris 2 octobre 1870, à Paillard de Villeneuve de la Gazette des Tribunaux ; 1 page in-4 à en-tête République Française, Défense Nationale 18e Arrondt, Observations aérostatiques sous la direction des Citoyens Nadar-DartoisDuruof, cachet à l’encre rouge République Française, 1 Aérostiers Nadar-Dartois-Duruof. Siège de Paris. [Nadar a créé une Compagnie d’aérostiers pour la mise en place de la poste aérienne, depuis la butte Montmartre ; il s’agit ici d’un des premiers vols qui quittent Paris.] « Prière à l’ami P. de Villeneuve et à sa rédaction de m’adresser leurs lettres pour hors Paris (conformément aux prescriptions postales) avant demain soir, vu que nous avons un départ de fort aerostat après demain matin 7 heures mardi »… 500 - 700 € 160 161 162 164 165 163 17 16 Lettres & Manuscrits autographes • 15 mai 2024

166 PECHSTEIN Max (1881 - 1955). L.A.S. « Max » avec DESSIN, Berlin 28.X.1923, à Walter MINNICH ; 3 pages in-4 à l’encre violette ; en allemand. Lettre illustrée d’un grand dessin en tête. Au médecin et collectionneur d’art allemand Walter Minnich, sur ses malheurs personnels et les angoisses nées de la montée du nazisme. Pechstein venait d’être informé qu’un de ses amis, l’astronome allemand Erwin Finlay-Freundlich (1885-1964, collaborateur d’Einstein et directeur d’un observatoire à Potsdam), avait été contraint de quitter l’Allemagne. et avait émigré à Istanbul. L’un des frères de Pechstein décède, suite à d’anciennes blessures de guerre, et il doit lui-même s’occuper de sept proches avec un revenu en baisse constante... Même si les moments difficiles le submergent parfois, le bonheur sans nuages de nombreuses heures de travail l’élève vers le ciel… Le grand dessin en tête de la lettre représente un jeune homme qui sort de la mer d’un pas énergique. 2 000 - 2 500 € 167 PISSARRO Camille (1831 - 1903). L.A. (minute), [vers 1892 ?] ; 2 pages in-12. Il a reçu de Berlin « une invitation personnelle à une exposition d’une société que je ne connais pas le Verein Berliner Künstler dans Bellevuestr. 3. N’ayant aucun renseignement à ce sujet vous seriez bien aimable de me dire si cette société est sérieuse et si ma peinture ne serait pas trop en désaccord avec les artistes qui y exposent »… Il a pensé « à votre petit tableau », dont il a parlé avec Portier, qui est à nouveau alité suite à une nouvelle crise de sa maladie… Il espère qu’il ira bientôt mieux pour « nous occuper de notre petite affaire »… [Cette exposition organisée par l’Association des Artistes Berlinois eut lieu en 1892 ; elle fut la première de cette taille pour l’artiste, évènement qu’il qualifia lui-même de « sensation ».] 500 - 700 € 168 PISSARRO Camille (1830 - 1903). L.A.S. « C. Pissarro », « Rouen Hôtel d’Angleterre » 30 octobre 1896, à SA FEMME Julie ; 2 pages in-8. Il évoque les tensions entre deux de leurs fils Georges et Lucien : « Il vaut mieux ne pas faire attention à toutes ces blagues là, aussitôt que Georges sera mieux il ira en Espagne ou à Barcelonne ou à Sn Sébastian, mais je crains bien que ce sera avec Dario [de REGOYOS] la même mésaventure qu’avec Théo [Van RYSSELBERGHE] à Bruxelles, il ne faut pas aggraver les choses, laisses ces histoires stupides. J’ai bientôt fini mes tableaux, j’espère à présent que DEPEAUX ne va pas me faire trop attendre sa visite, je n’ai que juste l’argent pour aller jusqu’aux premiers jours de la semaine prochaine. Je vais faire mes caisses et je les enverrai à Eragny ». Il doit se procurer une nouvelle seringue, la sienne s’étant cassée. « Voilà le temps au froid, le gros paletot, le jersey ne sont pas de trop »… [En 1896, Camille Pissarro effectue deux séjours à Rouen ; il y réalisera notamment Les toits du vieux Rouen, temps gris. François Depeaux était un grand collectionneur rouennais.] 600 - 800 € 169 PISSARRO Camille (1830 - 1903). 3 L.A.S. « C.P. » (une incomplète du début, et 2 minutes dont une non signée), 1902 et s.d. ; 5 pages et demie in-8. Ensemble concernant la propriété de ses parents à Saint-Thomas aux Antilles, et des problèmes de succession. L.A.S. à son beau-frère ISAACSON (mari de sa demi-soeur Esther), non datée (brouillon, encre violette). Il évoque un problème de dette de son père, remercie Isaacson de recevoir son fils Georges et enfin promet un portrait de sa fille pour Esther... Fin de L.A.S. à sa femme Julie. Il évoque l’affaire de la succession puis termine : « J’ai visité plusieurs marchands de gravures, j’ai encore une recommandation de Duret pour un autre, je cherche un représentant parmi ces messieurs, je ne suis pas encore décidé, j’y réfléchis »... Paris 28 place Dauphine 3 janvier 1902. Brouillon autographe à son neveu Alfred, concernant la succession et la vente de la propriété familiale de Saint-Thomas. « Quant à la demande que tu me fais d’aller à St Thomas et à nos frais pour mettre un peu d’ordre dans la gestation de la propriété, j’accepte avec empressement ta proposition sachant bien que je ne saurais avoir un meilleur et plus juste représentant de nos intérêts et j’espère que nos cohéritiers sauront profiter aussi de cette bonne occasion. Pendant que tu serais à St Thomas je te saurai grés, mon cher Alfred de me mettre au courant de la vente de St Thomas aux États-Unis et des conditions qui seront stipulées »… 500 - 700 € 170 REDON Odilon (1840 - 1916). L.A.S. « Odilon Redon », 21 mars 1885, [à Émile HENNEQUIN]; 2 pages et demie in-8 (deuil). Il le remercie pour le « bienveillant article que vous avez fait sur mon dernier album. […] Vous avez activé mon ardeur à l’ouvrage un peu au-delà de mon zèle ordinaire, ce sont là de doux moments que je vous dois aussi. Vous êtes avec les premiers qui fassiez entendre une voix forte pour l’artiste un peu seul, que l’on oublie. Croyez bien Monsieur, qu’il est sensible doublement à ces éloges et qu’il n’oublie pas, lui, le sympathique écho qu’il vient d’éveiller »… ». 250 - 300 € 171 RENOIR Auguste (1841 - 1919). L.A.S. « AugRenoir », Paris Jeudi, à son ami et mécène Paul BÉRARD ; 1 page et demie in-8. Il a commencé ses recherches d’appartement : « Je suis allé au 29 rue des Martyrs, je n’ai pas vu l’appartement, le concierge n’ayant rien pu me dire au sujet du déménagement de votre ami ce qu’il y a de certain, c’est qu’il l’habite encore »… Il cherche autre part en attendant mais n’a encore rien trouvé… Il est allé revoir un tableau : « Je suis allé ce matin chez Ignace. J’ai trouvé le portrait acroché dans le salon à la grande satisfaction de tout le monde. Charles a trouvé que c’était un peu… (Cabanel). […] Les cailles sont arrivées à bon port et vous coûtent 75 centimes »… 600 - 800 € 169 170 171 19 18 Lettres & Manuscrits autographes • 15 mai 2024

Musique 172 TOULOUSE-LAUTREC Henri de (1864 - 1901). L.A.S. « Henri de Toulouse », [vers 1871-1872], à sa marraine Louise TAPIÉ DE CÉLEYRAN ; 4 pages in-8. Une de ses toutes premières lettres, inédite, à sa marraine. « Ma chère marraine Je suis sur de vous faire plaisir en vous disant que je vais aussi bien que possible et que je ne souffre pas. Je ne m’ennuie pas trop non plus et j’espère que vous ne vous tracassez pas trop à mon sujet car j’en suis indigne par ma maladresse. Je pense que dans le pays on appellera Miss Fides ma très honorable cuisine Fidèle ou Fidelou et qu’à la maison on lui donnera le nom de Fifi. Excusez-moi de cette philonomie mais je n’ai pas beaucoup de sujets pour faire travailler mon cerveau. Le docteur est enchanté de la perspective d’une cure. […] Adieu ma chère marraine je vous embrasse tant que je le puis et je vous prie d’être mon interprète auprès de tous. Nous venons de recevoir la lettre de Monsieur l’abbé, et attendons bonne maman et papa. Je vous prie d’être mon interprète auprès de tata oncle Amédée tante Alix les cousines les cousins les sorchiens Kiki et Gordon […] Votre filleul maladroit Henri de Toulouse ». 1 000 - 1 200 € 173 TOULOUSE-LAUTREC Henri de (1864 - 1901). L.A.S. « Henri de Toulouse Lautrec », Nice 13 janvier 1880, à la comtesse Raymond-Casimir de TOULOUSE-LAUTREC ; 4 pages in-8 (deuil). Charmante lettre à sa grand-mère paternelle, lors d’un séjour à Nice. [Il était en convalescence à Nice, après la fracture de ses jambes.] « Ma chère Bonne-Maman, Je m’y prends non pas un peu, ni beaucoup, mais incommensurablement trop tard pour vous offrir mes souhaits de bonne année. J’espère racheter ma faute en vous servant des nouvelles toutes chaudes. Nous avons passé une charmante journée à Cannes, Samedi ; la ville est très jolie, et l’installation de mon oncle est superbe. C’est une villa très-gentille au bord de la mer, dans le voisinage de la villa des Dunes séjour de l’impératrice. Mon oncle Odon monte à cheval, et il a loué un landau pour les après-midis, pour faire des courses dans la montagne. Nous y sommes allés avec eux, et sommes montés à un endroit d’où l’on voyait Nice et les côtes d’Italie, et puis une mer bleue...!!!! Les bébés vont très bien et vont faire de grandes promenades avec Soué qui est enchantée. […] mon oncle Odon a acheté toute une collection de tableaux, et, à ce qu’il parait, on en trouve des masses. Quant à nous, nous n’allons pas trop mal. La pension n’est pas aussi gaie que l’an passé. Mais l’hiver est généralement plus beau, et nous nous promenons beaucoup. [...] Adieu ma chère bonne-maman, je vous souhaite une tardive bonne année en vous remerciant encore une fois de vos étrennes »… 1 000 - 1 200 € 174 TOULOUSE-LAUTREC Henri de (1864 - 1901). L.A.S. « H », [Paris juin 1892], à SA MERE ; 4 pages in-8. Lettre à sa mère. Il a bien reçu sa lettre : « Mon inquiétude venait de ce que j’étais à sec, et attendais votre lettre avec impatience pour taper Jalabert, et vous n’avez guère eu l’air de comprendre mon impatience ; la plus belle charité commence par soi-même ». Quant à Respide (château familial dans le Bordelais), « il n’y a rien à faire, laissez vos sentiments vous guider […]. Je suis, malheureusement, trop sceptique pour croire à la reconnaissance, mais il ne faut pas oublier que nous avons trouvé à Respide ce que nous avons vainement cherché ailleurs, un home. Je lutte contre la pluie et les modèles, sans aigreur comme sans enthousiasme ». Puis il parle d’un projet de déménagement avec Bourge, rue Mansart : « J’aurai une petite augmentation de loyer, mais ça n’est pas une affaire (200 ou 300 F) qui sont bien compensés par le coulage que j’aurais étant seul. – Tout ça nous vieillit »…. 800 - 900 € 175 BIZET Georges (1838 - 1875). L.A.S. « Georges Bizet » à une dame ; sur 1 page in-8. « Oui, non pas trois fois mais mille fois. À lundi et croyez toujours, Madame, à la respectueuse affection de votre sincère admirateur »… 200 - 300 € 176 BIZET Georges (1838 - 1875). Carmen. Opéra Comique en 4 actes Tiré de la nouvelle de Prosper Mérimée. Poème de H. Meilhac et L. Halévy. Musique de Georges Bizet (Paris, Choudens Père et Fils, s.d. [1875]). In-4 de (4)-351 pp. (titre lithographié, catalogue des morceaux et musique imprimés) ; reliure demi-basane fauve à coins (fortes rousseurs, accidents aux premier et dernier feuillets, réparations). Rare édition originale de Carmen (partition pour chant et piano). 200 - 300 € BIBLIOGRAPHIE James Fuld, The Book of World Famous Music, 4e éd (New York, 1995, p. 585) ; Hugh Macdonald, The Bizet Catalogue (en ligne). 177 DEBUSSY Claude (1862 - 1918). L.A.S. « Claude », Vendredi [22] février 1895, à Pierre LOUŸS ; 2 pages in-8, enveloppe. Belle lettre à son ami Pierre Louÿs. « J’espère que la beauté des paysages reflétée avec passion dans les yeux de tes diverses petites amies te retient assez, pour n’avoir nul souci de mon écriture ; je ne chercherai donc pas plus longtemps de vagues excuses ! Je travaille à des choses qui ne seront comprises que par les petits-enfants du vingtième siècle ; eux seuls verront que “l’habit ne fait pas le musicien”, ils arracheront les voiles des idoles, sous lesquels il n’y avait qu’un triste squelette (assentiment sur divers bancs du Ciel, à gauche). Je salue avec joie, ton entrée dans la Musique, dès maintenant. – Durand et fils – me prient de t’adjurer de leur garder la primeur de tes œuvres. Je n’ai pu à mon grand regret entendre Chilpéric, mais ce, soir j’irai entendre la musique de E. de Polignac, et j’espère que ceci remplacera cela. Décidément le 14me quat. de Beethoven est décidément une longue fumisterie ! malgré ce qu’en disent les jeunes métaphysiciens de l’Art et la Vie – Et que l’on ne nous embête plus avec les vieux meubles qui n’ont pas même gardé le parfum de leur siècle ! »… Correspondance, 1895-7. 500 - 700 € 172 173 174 175 176 177 21 20 Lettres & Manuscrits autographes • 15 mai 2024

178 179 180 181 183 184 23 22 Lettres & Manuscrits autographes • 15 mai 2024 178 LISZT Franz (1811 - 1886). L.A.S. « F. Liszt », Weymar 20 mars 1851, à un journaliste 4 pages petit in-4. Il rompt « un silence de plusieurs années », cédant « à l’intérêt que je suis en devoir de prendre à une pensée et une fondation qui, tant par les sympathies qu’elles ont déjà rencontré que par le patronnage qui leur semble assuré, s’annoncent comme destinées à occuper une large place dans le développement de l’art en Allemagne ». Il prie le journaliste de « trouver quelque moment pour parcourir ma brochure sur la Fondation-Goethe » [De la Fondation Goethe à Weimar (Leipzig, F. A. Brockhaus, 1851)], et de lui accorder « quelques colonnes de la Gazette d’Augsbourg, dont le haut crédit et l’universelle influence pourraient contribuer si efficacement à hâter la réalisation définitive de la FondationGoethe, et de donner des extraits traduits (de la 2de et 3me partie) de la brochure », qui avait intéressé M. Dingelstadt lors de son séjour à Weimar pour les fêtes de Herder et Goethe ; mais ce dernier n’a pas fait le résumé promis. Liszt rappelle à son correspondant « l’honorable proposition il y a 9 ans, d’accepter pour la Gazette d’Augsbourg, quelques correspondances, peu fréquentes, sur des sujets spéciaux de musique, datées de Weymar, et signées de mon nom ou marqué d’un signe particulier, selon que vous le jugerez à propos ? – Ma gaucherie invétérée en fait de maniement de la phraséologie allemande m’obligerait à écrire d’ordinaire en français, mais cette difficulté serait fort minime pour votre feuille et n’occasionnerait qu’à de rares intervalles un léger embarras de traduction »… En post-scriptum, il signale les passages de sa brochure qu’il conviendrait de citer… 1 500 - 2 000 € 179 MENDELSSOHN Felix (1809 - 1847). 2 L.A.S. « Felix Mendelssohn Bartholdy », Frankfurt et Leipzig 17 mai et 21 septembre 1847, à l’éditeur N. SIMROCK à Bonn ; 1 page et demie et 1 page in-4, adresses ; en allemand. Lettres écrites l’année de sa mort, sur l’édition de son oratorio Elias. [Mendelssohn revient alors d’Angleterre, où il a plusieurs fois dirigé, avec un grand succès, Elias, son ultime chef-d’œuvre. Il mourra le 4 novembre.] Frankfurt a.M. 17 mai. Il remercie l’éditeur pour sa gentillesse à Bonn. Comme il semblait impatient de recevoir les corrections, Mendelssohn s’est immédiatement mis au travail et renvoie ce jour même la réduction de piano, et les parties de chœur de la première partie, corrigées. Il faut corriger toutes les erreurs qu’il a remarquées. Une fois cela fait, l’impression peut commencer. Il enverra tout ce qu’il a de la deuxième partie dans quelques jours, et demande qu’on lui envoie à Francfort, où il reste quelques jours, le reste de la 2ème partie (réduction du clavier), car cela lui sera utile pour corriger les parties de chœur… Puis il partira pour Vevey… Il n’a rien contre la publication de le très insignifiant chant du Rhin (« das sehr unbedeutende Rhein-Lied » [Warnung vor dem Rhein]). Puis il évoque une demande de l’Accademia de Sainte-Cécile à Rome, qui avait demandé à Mendelssohn d’être son représentant au Festival Beethoven de Bonn… Leipzig 21 septembre. Au sujet de la correction des épreuves. Il n’a revu que les endroits où plusieurs planches ont été réduites en une seule. Il faut vérifier que les erreurs constatées ont bien été correctement corrigées. Il n’a pas révisé ce qu’il avait déjà revu (« Ich habe nur die Stellen noch einmal durchgesehen, wo mehrere Platten in eine reducirt worden sind; haben Sie die Güte recht darauf zu halten, daß die angemerkten Fehler genau corrigirt werden. Die übrigen Platten habe ich nicht noch einmal revidirt »). Il signale une indication pour les cors ; dans les parties tout est correct. Il n’y a également aucune erreur dans les indications du métronome dans la première partie. En revanche, dans la deuxième partie ces indications n’ont pas été portés sur plusieurs morceaux, et ne réapparaissent que vers la fin ; il rectifie deux tempi, dans l’Allegro du n° 26 et l’Allegro moderato du n° 30, et l’indication métronomique du n° 32 (66 et non 60). Plus rien ne s’oppose désormais à l’impression de la première partie, et il renverra la deuxième partie dans les prochains jours, quand il l’aura reçue. Sämtliche Briefe, Band 12, n° 5751 et 5818. 1 500 - 2 000 € 180 PAËR Ferdinando (1771 - 1839). MANUSCRIT MUSICAL autographe signé « F. Paër », Le Dépit ; titre et 2 pages in-fol. Romance pour chant et piano, sur des paroles d’Eugène Hanappié : « Pourquoi me reprocher sans cesse d’être insensible à votre amour ? »… En sol mineur, à 4/4 (C), elle est marquée Andantino (l’indication Allegretto a été biffée), elle compte 21 mesures pour la voix avec l’accompagnement de piano, puis les 2 couplets avec la partie vocale seule. Le manuscrit, à l’encre brune sur bifeuillet à 16 lignes, présente des ratures et corrections. 100 - 150 € 181 PUCCINI Giacomo (1858 - 1924). P.A.S. MUSICALE, Paris 9 juin 1910 ; sur 1 page in-fol. Belle page d’album avec 3 mesures de La Fanciulla del West. Puccini a inscrit le titre en italien et en anglais : « La Fanciulla del West (The Girl of the golden West) », la ligne de musique, puis signé et daté : « Giacomo Puccini Paris 9.VI.10 ». 500 - 700 € 182 RAVEL Maurice (1875 - 1937). L.A.S. « Maurice Ravel », 27 novembre 1906, à Eugène DEMETS ; 3 pages et demie in-8. À son éditeur. « Ça avance, les copies ? » Il a des commissions à confier à Demets : envoyer à son ami Cipa GODEBSKI « l’exemplaire des Miroirs qui lui est dédié », et « au même, critique musicale de la Dépêche Tunisienne, une entrée pour la “Soirée d’art” de Jeudi prochain […] et, en général, pour les concerts que vous organisez ». Il prie aussi d’envoyer à sa tante Édouard Ravel, à Genève, un exemplaire du dernier numéro du Mercure musical « celui à l’article américain sur moi » [article d’Edward Burlingame Hill]. Enfin Gabriel GROVLEZ « pleure pour avoir des Miroirs. Je lui ai promis de faire mon possible auprès de mon rapiat d’éditeur pour lui en obtenir. Ce serait assez juste, car lui joue de ma musique »… L’intégrale. Correspondance, n° 170. 600 - 800 € 183 RAVEL Maurice (1875 - 1937). L.A.S. « Maurice Ravel », Montfort-l’Amaury 26 juillet 1922, à G. JEAN-AUBRY à Londres ; 4 pages in-8 à son monogramme et l’adresse Le Belvédère, enveloppe. Au retour de son voyage à Londres, il est depuis deux jours à Montfort-l’Amaury, « essayant de rattraper un sommeil qui ne se laisse pas faire. À force de me coucher, je finirai bien par l’avoir. Et puis, La musique et les Nations [ouvrage de G. Jean-Aubry] sont là, n’est-ce pas ? […] Vous savez sans doute […] qu’un beau soleil et une mer d’huile m’attendaient au bout de l’île, qu’ils m’ont accompagné jusqu’à la côte française, où ils ont pris gentiment congé de moi. Maintenant, après deux jours tropicaux ce sont des cataractes. La ménagerie des fourmis-lions elle-même est menacée. Et je ne vous ai pas encore remercié de tout le mal que vous vous êtes donné pour me rendre le séjour de Londres agréable et fructueux »… Il évoque, à propos d’En marge des marées, Joseph CONRAD (dont Jean-Aubry était le traducteur) : « Si vous voyez Conrad, dites combien j’ai été touché de son présent de cigarettes : c’est des choses qu’on n’oublie pas. J’ai même l’intention de lui envoyer une carte de remerciements si vous me donnez son adresse, et me dites s’il faut l’appeler “cher maître” ». Il a reçu la visite de Roland-Manuel qu’il a chargé de « la record’smusic » demandée par Aeolian »… L’intégrale. Correspondance, n° 1481. 500 - 600 € 184 ROSSINI Gioacchino (1792 - 1868). L.A.S. « Rossini », Passy de Paris 25 septembre 1864, au marquis Domenico CAPRANICA, « Celebre Compositore Dilettante di Musica » ; 1 page in-4, adresse (2 petites taches) ; en italien. Il ne laissera pas partir pour Rome le neveu de Capranica sans ces quelques lignes. Il espère le marquis en meilleure santé et qu’une rapide guérison lui laissera du temps pour s’occuper de musique (« ad’occuparsi un po di musica »). Quant à lui, il écrit de la musique pour tuer le temps comme on dit (« vado scrivere chi ando musica per tuer les temps comme si vuol dire). Il espère, s’il est encore de ce monde à la prochaine visite, si vivement désirée, du marquis à Paris mettre à contribution son indulgence pour entendre une de ses compositions (« mettere a contribuzione la di lei indulgenza per sentirme qualche brano »)... 500 - 700 € 182

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