ADER Nordmann. Paris. COLLECTION BRIGITTE ET ROLAND BROCA.

COLLECTION Brigitte et Roland BROCA Parties I & II

Lot 12 division du catalogue BEAUX-ARTS Nos 1 à 55 MUSIQUE ET SPECTACLE Nos 56 à 66 SCIENCES Nos 67 à 104 LITTÉRATURE - XVIIe-XVIIIe SIÈCLES Nos 105 à 117 MARQUIS DE SADE Nos 118 à 168 LITTÉRATURE - XIXe SIÈCLE Nos 169 à 225 ÉMILE ZOLA Nos 226 à 295 LITTÉRATURE - XXe SIÈCLE Nos 296 à 510 LOUIS-FERDINAND CÉLINE Nos 347 à 410 HISTOIRE Nos 511 à 609 LUNDI 17 JUIN Nos 1 à 295 MARDI 18 JUIN Nos 296 à 609 Abréviations : L.A.S. ou P.A.S. : lettre ou pièce autographe signée L.S. ou P.S. : lettre ou pièce signée (texte d’une autre main ou dactylographié) L.A. ou P.A. : lettre ou pièce autographe non signée lundi 17 juin - lettres et ManusCrits autograPhes i MarDi 18 Juin - lettres et ManusCrits autograPhes ii MerCredi19 juin - liVres jeudi 20 juin - PhotograPhies

COLLECTION briGitte et roland BROCA Parties I & II Lettres et manuscrits autographes vente aux enChÈres publiQues Salle des ventes Favart 3, rue Favart 75002 Paris Lundi 17 et mardi 18 juin 2024 à 14 h exposition privée Chez l'expert Uniquement sur rendez-vous exposition publiQue Salle des ventes Favart 3, rue Favart 75002 Paris Jeudi 13 et vendredi 14 juin de 11 h à 18 h Téléphone pendant l’exposition: 01 53 40 77 10 Catalogue visible sur www.ader-paris.fr Enchérissez en direct sur www.drouotlive.com et interencheres.com En 1re de couverture est reproduit le lot 109.

David NORDMANN Xavier DOMINIQUE Commissaires-priseurs Responsable de la vente Expert Marc GUYOT Responsable du département marc.guyot@ader-paris.fr Tél. : 01 78 91 10 11 Thierry BODIN lesautographes@wanadoo.fr Tél. : 01 45 48 25 31

5 Brigitte et Roland Broca : un engagement commun, une passion engagée Comment un psychiatre des hôpitaux aux multiples engagements politiques et sociétaux devient-il un collectionneur éclairé ? Comment du divan de Jacques Lacan, rue de Lille, le dernier de ses « analysants » (comprenez « en analyse ») s’est-il soudain pris de passion pour les manuscrits, les beaux livres, la reliure et ses artisans ? Comment devient-on un collectionneur éclectique d’Art Nouveau et de peinture du XVIIIe quand on a consacré sa vie à écouter pour les sauver des adolescents en perdition, des justiciables en souffrance, des parents défaillants ? Comment, de tribunes en commissions d’enquêtes parlementaires, ce défenseur infatigable du droit à une santé mentale plus humaine a-t-il pu devenir un collectionneur avisé et inspiré ? C’est sans doute qu’à côtoyer de près les aspects les plus sombres, les plus tragiques de notre humanité, on se prend à rechercher irrésistiblement ce qu’il y a aussi de plus beau et de plus génial en elle. Comme on cherche une consolation. Personnalité hors du commun, parfois un peu décalée et à certains égards romanesque, Roland Broca vit intensément ses passions, celle de son métier de psychiatre engagé comme celle de collectionneur. Mais ses deux passions ne sont totalement étrangères l’une à l’autre. Roland a passionnément collectionné les manuscrits de Céline, parce que son style, son audace, sa folie haineuse sans filtre ont fasciné le psychiatre qu’il est. Et ceux de Sade pour y scruter les perversions comme on disséquerait un organe malade. J’ai eu le privilège d’ouvrir aux côtés de Roland, des cartons ordinaires, en forme de boites à chaussures, empilés au pied de son divan et d’y découvrir avec une profonde émotion, les manuscrits, surchargés et raturés, de ces deux monuments de la littérature, véritables énigmes du fonctionnement psychique humain. Alors pourquoi le troisième géant, Zola ? Une histoire passionnelle encore : celle pour son épouse, Brigitte, grande admiratrice de Zola. Passion commune pour la littérature, passion mutuelle de l’un pour l’autre : c’est par amour pour Brigitte que Roland a constitué cette partie de la collection et c’est ensemble que ce couple magnifique a décidé de se séparer de la « collection Brigitte et Roland Broca » qu’ils ont tant aimée, si souvent visitée ensemble. Comment se séparer de ce qu’on a tant aimé? D’aucuns s’étonneront sans doute qu’un généticien soit invité à écrire ces quelques lignes. Car, c’est bien connu, psychanalystes et généticiens sont des « ennemis héréditaires !». Rien n’est plus faux ! J’ai rencontré Roland Broca dans un institut médicoéducatif qu’il dirigeait et où j’intervenais pour faire la part de l’organicité chez ces enfants autistes dont la maladie restait mystérieuse. De cette expérience unique de 25 ans, ont émergé non seulement des réponses rationnelles que la science peut - parfois - apporter aujourd’hui aux questions que se pose tout parent d’enfant différent. Il en est sorti aussi une profonde amitié et la conviction commune qu’écouter et comprendre l’autre, c’est lui rendre justice et dignité. « Tout chagrin est consolable quand on peut en faire le récit » (Jorge Semprun). Merci à Brigitte et Roland Broca pour une belle leçon de ferveur, d’amour, d’amitié et d’humanité. Arnold Munnich Mai 2024

7 La collection de lettres et manuscrits autographes formée par Brigitte et Roland Broca, et dont la vente sera complétée par deux ventes de livres et de photographies, peut sembler, au premier abord, quelque peu hétéroclite. Mais elle reflète bien cependant les intérêts et la personnalité du couple, et sa passion pour la littérature. La section Beaux-Arts rassemble plusieurs artistes contemporains de leur bel immeuble de l’avenue Rapp, comme Émile Gallé, Mucha ou Rochegrosse. Promeneurs, ils ont aimé feuilleter l’herbier formé par Jean-Jacques, « promeneur solitaire ». Un premier fil rouge se dessine, qui touche particulièrement la journaliste et politlogue ; c’est l’engagement politique de l’écrivain, du communiste Aragon jusqu’au monarchiste Charles Maurras, avec surtout le courage d’Émile Zola prenant la défense de Dreyfus. Le médecin a réuni un ensemble de scientifiques, où la psychiatrie et la psychanalyse sont mises en valeur, de Pinel à Charcot et à Freud. Le pédopsychiatre s’est particulièrement intéressé aux idées pédagogiques de Mme de Sévigné ou de Rousseau, aux lettres du tout jeune Marcel Proust dont la sexualité s’éveille, ou au roman de jeunesse de Montherlant. Le second fil rouge se tresse autour des liens mystérieux qui existent entre le génie et le délire, la folie ou la transgression, du marquis de Sade à Antonin Artaud (avec d’étonnantes lettres de Rodez), des textes d’André Breton sur « l’art des fous » aux excès haineux de Céline ou au brouillon du Balcon de Jean Genet. Trois grands ensembles ont été constitués autour de trois écrivains majeurs et controversés. Du marquis de Sade, près de 70 lettres, en grande partie inédites, retracent une cinquantaine d’années de sa vie, du jeune marié avouant à son oncle sa répugnance pour sa femme jusqu’au vieillard de l’asile de Charenton, en passant par les années de prison, de Miolans au donjon de Vincennes et à la Bastille. L’important recueil formé par Gilbert Lely côtoie d’intéressantes lettres familiales, notamment de sa femme et de sa redoutable belle-mère, la présidente de Montreuil. La centaine de lettres d’Émile Zola, qu’admire Brigitte Broca, permet de suivre le romancier depuis ses tout débuts de conteur et de journaliste, puis l’édification du cycle des Rougon-Macquart, ses échecs académiques, l’engagement en faveur de Dreyfus, jusqu’à la veille de sa mort. Trois manuscrits complètent l’ensemble, dont le Pro Domo mea en réplique aux attaques contre lui, et Sedan, qui préfigure La Débâcle. De Louis-Ferdinand Céline, le Dr Broca, qui a commencé sa carrière au dispensaire de Clichy où l’avait précédé le docteur Destouches, a réuni un ensemble exceptionnel de plus de 150 lettres, de 1914 à 1957, à divers correspondants : ses parents, Lucien Descaves, les actrices Junie Astor et Marie Bell, son traducteur anglais John Marks, Marcel Aymé, son ami Daragnès, l’acteur Robert Le Vigan, etc. L’itinéraire de Céline est retracé pas à pas, presque année par année : l’expérience du jeune soldat au front, le dispensaire de Clichy, le romancier à succès du Voyage et de Mort à crédit, le pamphlétaire antisémite, les lettres ouvertes aux journaux pendant l’Occupation, la fuite et l’exil au Danemark, la difficile genèse de Féerie, le retour en France et l’installation à Meudon, les derniers romans dont on trouvera ici quelques fragments, ainsi que le manuscrit du ballet Voyou Paul Brave Virginie. Ajoutons que le Béarnais Roland Broca, n’a pas oublié ses racines En témoignent les manuscrits de Francis Jammes, les documents historiques du siècle de Henri IV, et ceux des rois d’une Espagne chère à son cœur. T. B.

2 3 9 Beaux-arts Lundi 17 juin 1. Aloïse Corbaz dite ALOÏSE (1886-1964). Peinture et musique au théâtre Aloïse Corbaz 1941 [Innsbruck-Wien, Galerie Krinzinger et Galerie Nachst, 1984] : cahier oblong in-4 oblong, agrafé, 40 p. 100 / 120 € Reproduction en fac-similé d’un cahier de dessins aux crayons de couleurs. Accompagnée d’un bifeuillet impr. avec photo d’Aloïse et texte en allemand et français de Jacqueline Porret-Forel. 2. George BARBIER (1882-1932). 5 dessins de mode sur une page, signée au centre et datée 1923; encre de Chine, 30 x 24 cm. 200 / 300 € 4 femmes en robe ou manteau, avec au centre une tête de femme ; dessins joliment disposés sur la page. 3. Hans BELLMER (1902-1975). L.A.S., Castres 25 mars 1946, à un « très cher ami » ; 2 pages in-4. 800 / 1 000 € Intéressante lettre sur Jean Cocteau et sur Sade. Il craint d’avoir un peu froissé Cocteau, en l’interrogeant sur les « conditions de la collaboration proposé (ballet : La Fille de l’air), tout en ne lui cachant pas l’estime que je porte à Péret et Breton ». Il prie son ami d’écrire à Cocteau « que je pense au projet ballet avec un très vrai enthousiasme », et qu’il lui porte « une affection “instructive” […] que je suis incapable par exemple de porter à Michaux, à Char »… Il ne faut pas oublier que « Cocteau représente un peu “l’écume” de notre époque, victime et profiteur à la fois. Le sachant il reste charmant ». Mais Bellmer s’interroge sur la notoriété future de Cocteau, dans cent ans : « Moi, je crois qu’Oscar Wilde […] dépassera toujours Cocteau. Oscar Wilde ressemble infiniment plus à Sade qu’à Cocteau (Cocteau nie d’ailleurs le poids poétique du Marquis de Sade, entièrement)»… Il raconte ensuite l’étonnante histoire du manuscrit des 120 Journées de Sodome de Sade, qui avait été prêté avant la guerre par le comte de Noailles à « un écrivain des amis de Cocteau» [Jean Desbordes], auteur du Vrai visage du marquis de Sade ; Desbordes, arrêté par la Gestapo, est mort sous la torture. Le manuscrit a disparu, et reste toujours introuvable malgré les recherches effectuées par le comte de Noailles dans les archives de la Gestapo… Puis Bellmer revient à sa vie « impossible » : il attend que sa femme demande le divorce ellemême et «décampe»… Il revient sur l’idée d’un portrait que son ami pourrait proposer au journal Le Matin, et lui donne quelques idées d’angle d’attaque : « Si l’on supposait que j’ai fait deux personnages: 1) La mineure et 2) moi»…

4 4 10 4. Hans BELLMER (1902-1975) L.A.S., Castres 18 mai 1946, [à Joe Bousquet] ; 2 pages in-4. 800 / 1 000 € Lettre désespérée, notamment sur son divorce et l’incompréhension morale qui entoure son travail sur la Poupée. Il est très inquiet de ne pas avoir de nouvelles de Bousquet, « las de mon désespoir, de mes appels de naufrage ? […] – J’ai peur! – Toutes mes forces de création commencent à m’abandonner, mon système nerveux, ma résistance s’usent à une allure terrifiante. Il faut que je tranche, d’urgence, ce nœud de serpents, sinon j’y laisse ma vie. Mais quelle source de chicanes, d’horreur, de boue : le divorce avec, comme adversaire une canaille de la trempe de mon “épouse” ». Celle-ci l’attaque « naturellement et essentiellement sur le plan moral : ma “perversité” et mon “scandaleux”. […] Je ne suis ni d’un comportement “scandaleux” ni un “pervers”. Je suis le contraire. […] à tel point que sous forme de révolte, d’anti-obscurantisme etc. les éléments scandaleux et pervers rentrent dans ma production comme son moteur le plus efficace, presque comme un moteur unique»… Puis il parle des « lettres d’amour », contenant des « sous-entendus d’ordre érotique » qu’il a envoyées trop imprudemment, et qui pourraient être des pièges… Comment peut-il se sauver ? Il faut préserver de l’enfer qu’il vit « l’ensemble essentiel : ma vie, ce qui me reste encore à faire, à créer »… Il commence à évacuer ses affaires, mais cela prend du temps. « – Et mes eaux-fortes ? – Et les documents, les témoignages à réunir pour l’avocat ! – L’argent à gagner ! »… 5. Leonetto CAPPIELLO (1875-1942). L.A.S., Paris 9 juin [1928], à un journaliste ; 1 page et demie in-8 à son adresse. 80 / 100 € Il remercie de « votre intéressant article et des paroles aimables que vous avez eues pour moi. Les reproductions sont parfaites et les couleurs vives et fraiches comme les originaux »… 6. Rupert CARABIN (1862-1932). L.A.S., 26 février 1908 ; 1 page in-8. 400 / 500 € Au sujet d’une médaille qu’il a exécutée pour la Société des amis de la Médaille, dont Roger Marx est le secrétaire ; il n’en possède même pas une épreuve. «La société est seule détentrice des poinçons et coins»… 7. Emmanuel Poiré, dit CARAN D’ACHE (1858-1909). L.A.S., [janvier 1889, au peintre John Lewis Brown] ; carte oblong in-12 à son adresse. 150 / 200 € « Mon cher Maître, Voulez-vous me faire l’honneur et le plaisir de venir diner avec nous [...] Bonne année et meilleurs souhaits de votre affectueux admirateur Caran d’Ache ».

11 8. Eugène CARRIÈRE (1849-1906). 2 dessins au fusain sur une même feuille ; 25 x 25 cm., sur papier rouge brique, cachet d’inventaire et cachet d’atelier. 800 / 1 000 € Deux études pour une maternité, bien caractéristiques de la manière de Carrière Au dos, texte autographe, réflexions sur la ressemblance : «apprends que seule la ressemblance nous fait aimer [...] notre effort est stérile sans le contentement de nos semblables. Être regardé rassure l’homme de vérité mais trouble le menteur»… Etc.

9 11 12 12 9. Amédée-Charles-Henri, comte de Noé, dit CHAM (1819-1879). 2 dessins à la plume avec légendes autographes; 13 x 15 et 10,5 x 15 cm. 150 / 200 € « Promenade carnavalesque des hippophages»; dialogue entre un député et un huissier. 10. Charles CHAPLIN (1825-1891). L.A.S., Paris 21 juin 1878, à un ami ; 2 pages et demie in-8. 50 / 60 € Invitation à dîner « ensemble tous ici sans habit noir. J’écris à Hédouin et à sa sœur pour qu’il soit de la fête. Pas d’excuses, pas de dîners, pas de soirées, aucun rendez-vous. […] Le petit dîner des vieux amis doit passer avant tout »… 11. Georges CLAIRIN (1843-1920). Dessin avec L.A.S., Venise 27 avril [1888], à Henri Meilhac ; dessin à la plume, 13 x 21 cm. 400 / 500 € Amusant dessin envoyé de Venise où il séjourne avec son ami Paul Porel, pour féliciter Henri Meilhac au lendemain de son élection à l’Académie Française. On voit les deux compères voguant dans une gondole. Porel tient une boîte marquée Odéon, et Georges Clairin une palette avec des pinceaux. Dans un nuage, on aperçoit la coupole de l’Institut avec une banderole « Meilhac est élu ! ! ! ! ! ». Cet amusant dessin est envoyé «à Meilhac le nouveau membre! tous nos compliments, Giorgio Clairini et Paolo Porelli ». 12. Eugène COTTIN (1841-1902). L.A.S. avec dessin, Paris 4 février 1876, à Edmond Duranty ; plume et encre, 1 page in-4 (27 x 21 cm). 200 / 300 € Un homme, devant une table de café, lit le journal Le Bon Bock, sur lequel est écrite la lettre, invitant Duranty « à notre dîner artistique et littéraire » au restaurant Matte… Suit la liste des participants, parmi lesquels Carjat, Coquelin Cadet, Gill..

13 13. Salvador DALI (1904-1989). Manuscrit autographe signé, [1950] ; 4 pages in-4 avec ratures et corrections ; en français. 3 000 / 4 000 € Important texte de présentation de sa Madone de Port-Lligat, un de ses plus fameux tableaux, pour l’exposition à la Carstairs Gallery de New York (1950). « Ma madona que enfin fini, va etre expose pour la premiere fois au gran public, et la reponse a ma promese que je lui havait fait aux dernieres pages de ma vie secrete “incorpore l’expression surrealiste de ma vie a la grande tradition clasique de la peinture”. A present les simboles Daliniens qui parurent un jour aux gens superficiels le prototipe de larbitraire vienen soudainement de prendre la signification mhistique qu’ils poseda d’une façon latente, car deja Froid [Freud] lui meme m’apella un Fanatique ». Dali explique alors ces symboles : « Le Pain obsesion Daliniene enigmatique devien un simbole ebluisan de l’ecaristi », les œufs symboles de la Ressurrection... Il revient plus loin sur « l’espirituelle significance » de son tableau, et ajoute que Freud « fut le premier en découbrir en moi un etat d’esprit mhistique »... On joint 2 L.A.S. de Gala Eluard (qui allait devenir la femme de Dali), dont une avec 3 lignes autographes de DALI, et une carte postale de Gala de Cadaquès. .../...

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15 16 14. Antonin DAUM (1864-1930). Carte de visite avec 4 lignes autographes, Nancy 12 juillet 1910 (bordure de deuil). 100 / 150 € Antonin Daum Maître Verrier… « avec tous ses remerciements pour les aimables lignes et illustrations consacrées dans Art et Décoration à l’Exposition du Musée Galliera» 15. Eugène DELACROIX (1798-1863). L.A.S. (signée en-tête, à la 3e personne), 6 avril 1861, au Baron Haussmann ; 1 page in-8. 800 / 1 000 € « Mr. Delacroix » ne peut se rendre à l’invitation du Préfet et de Madame Haussmann. « Un travail trop continu dans l’achèvement d’un ouvrage fort pénible, vient de lui rendre une partie des accidents qui l’ont retenu si longtemps, mais dont il espère que le repos et le régime pourront le remettre ». [Delacroix terminait alors ses fameuses peintures de Saint-Sulpice, notamment le combat de Jacob avec l’Ange]. 16. Jules-Élie DELAUNAY (1828-1891). L.A.S., 2 février 1879, à un directeur ; 1 page in-8. 80 / 100 € Recommandation d’une peintre danoise Mlle Anne-Marie Brunyr, élève du professeur Roed, qui désire « étudier aux musées du Louvre et du Luxembourg»…. 17. Maurice DENIS (1870-1943). L.A.S., [1912] ; 2 pages oblong in-12. 200 / 300 € Au sujet de sa décoration du Théâtre des Champs-Élysées. Il demande à son correspondant «de venir voir ma coupole que je montre Dimanche prochain 11 heures (Théâtre Astruc, 15 avenue Montaigne). Je viens de la terminer [...] fatigué par ce long travail je compte aller me reposer dans le midi [...] Il faut beaucoup pardonner à un homme qui vient en 6 mois de couvrir 372 m. carrés de peinture ! » Il reprendra plus tard ses mercredis à Saint-Germain-enLaye.

20 17 18. Édouard DETAILLE (1848-1912). L.A.S., 7 mai 1894, à un ami journaliste ; 1 page in-12 (deuil). 100 / 150 € Au sujet de son tableau du Salon [Les Victimes du devoir], « qui n’a pas été commode à faire et que j’ai presque refait en entier à l’Exposition. Enfin ça a marché ! »… On joint 2 autres L.A.S. 19. André DUNOYER DE SEGONZAC (1884-1974). L.A.S., 18 août 1970, à Julien Cain ; au dos de 3 cartes postales (tableaux de Seurat), enveloppe. 150 / 200 € Il va lui envoyer «les 5 volumes qui vous manquent de mon catalogue de gravures. Un 8e et dernier volume doit sortir très prochainement », qu’il lui fera parvenir. Il est enchanté de sa visite à Louveciennes et « de votre sympathie à mon livre de Dessins – Votre jugement très indépendant et éclairé compte beaucoup pour moi»… 20. Gustave EIFFEL (1832-1923). L.A.S., Les Petites Dalles 28 août 1885, à M. Mulot ; 1 page et demie in-8 à son en-tête G. Eiffel, Constructions Métalliques, Levallois-Perret près Paris. 500 / 700 € Il le remercie de l’informer de l’obtention de « la récompense d’Anvers », et de la part qu’il a prise à la réussite de ce diplôme : il sait l’ardeur qu’il y a mise et a été très touché du bon souvenir qu’il garde de leurs bonnes relations. Il s’est réjoui par les journaux d’apprendre que « votre candidature à la députation de Dieppe a de grandes chances de succès. Je vous en félicite sincèrement et je fais des vœux pour la réussite finale »… On joint un beau portrait photographique, cliché E. Pirou pour la Galerie Contemporaine (in-4).

21 18 21. James ENSOR (1860-1949). L.A.S., Ostende 29 février 1932, à Georges Philippart à Bruxelles ; 1 page in-8. 600 / 800 € Au sujet d’une fête pour le cinquantième anniversaire de Franz Hellens, « notre messire flaireur et roi des jeunes ». Retenu à Ostende, Ensor ne pourra s’y rendre : « j’adresse à Franz Hellens notre grand coloriste et défenseur de mes bleus désuets et de mes pourpres nouvelles mes félicitations les plus vives »... 22. Georges de FEURE (1868-1943). L.A.S. et L.S., Paris 1922 et 1932, à Léon Riotor ; 1 page in-8 et 1 page in-4. 300 / 400 € 2 décembre 1922. Il remercie du bon accueil fait à son beau-frère A. Desboutin, et aimerait qu’il intervienne «pour faire acheter, par la Ville, une œuvre de ma sœur Mme van Roosen»… – 26 novembre 1932, recommandant pour le Salon d’Automne Mme Andrée Levy et Mme Van Rozen, «deux artistes remarquables qui exposent depuis longtemps […] des toiles et des sculptures personnelles, et d’un grand caractère »… 23. Jean-Louis FORAIN (1852-1931). L.A.S., 9 novembre 1920 ; 1 page in-8. 100 / 120 € Il ne peut participer à l’exposition de l’Araignée, « mon état de santé ne m’ayant pas permis cette année de dessiner comme je l’aurais voulu »... 24. Jean-Louis FORAIN (1852-1931). L.A.S., 22 octobre 1925, à Henri Roujon ; 1 page in-8, vignette du Cercle de l’Union artistique. 100 / 120 € Il a téléphoné à la maison Michel « de venir prendre mon dessin, pour le graver à la justification convenue entre nous, lui demandant de vous envoyer le cliché et une épreuve pour samedi»…

19 25. Émile GALLÉ (1846-1904). L.A.S., Nancy 9 février 1899, à un « cher ami et Maître » ; 4 pages in-8. 700 / 800 € Sur le théâtre à Nancy, et sur la politique. Il a fait de son mieux « pour défendre auprès du maire de Nancy et de nos amis, la cause d’ailleurs excellente de M. Brousseau », et se réjouit « comme tous les fervents de l’art ici, qu’elle l’ait emporté. Nous attendons beaucoup de lui pour la rentrée à Nancy de grandes œuvres proscrites en faveur de plaisirs idiots. Il est honteux pour une ville comme celle-ci qu’il faille aller à Paris ou passer la frontière pour entendre du Racine, du Molière, du Dumas, du Shakespeare, du Glück, du Weber ; la plupart des chefs d’œuvre dramatiques et lyriques de la scène sont inconnus à Nancy ». Il mentionne tout de même les excellents Concerts populaires dont ils bénéficient grâce à Guy Ropartz… Il parle longuement de l’état misérable de la société « sans humanité et sans justice […], sans vergogne, sans intelligence et sans courage »… Il dévie ensuite vers la politique, et s’indigne de la venue pour une conférence d’André Lebon à la Ligue de l’enseignement civique et républicain, dont un article devrait rappeler « ce personnage au souvenir des illégalités et des atrocités qu’il a commises », au ministère Méline et concernant l’Île du Diable [allusion à Dreyfus]… Il critique enfin les classes gouvernantes et l’armée, l’inégalité de la société, et revient sur ses engagements, notamment sur son adhésion à l’Union «de toute mon âme»… Etc.

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26. Émile GALLÉ (1846-1904). 2 manuscrits autographes (dont un signé) avec dessins, 1900 ; demi-page in-4 sur papier jaune, et 2 pages et demie oblong in-4. 1 500 / 2 000 € 28 août 1900, note pour un projet de vase, avec dessin, signée « Emile Gallé » : « 1 cornet en f[or]me de tube ou corolle trilobée avec 3 folioles caliginales en verre contourné […] Effets de soir. Marqueterie rameaux d’orobranche en verres polychromes gravés»… Dessin à la plume du vase dans la marge. Notes et brouillons, pour ses travaux sur les orchidées de Lorraine [il a notamment publié « Orchidées lorraines : formes nouvelles et polymorphisme de l’Aceras hircina », dans les Comptes rendus du Congrès international de botanique de 1900], avec de nombreuses ratures et corrections. Étude morphologique des fleurs de différentes orchidées (principalement purpurea, mais aussi militaris, intermedia, simia, anthropophora) et de leur labelle (pétale médian dont la fonction est d’attirer l’insecte pollinisateur), avec une quinzaine de dessins représentant diverses formes et tailles des labelles, annotés « trop gros », « trop grand », accompagnés de descriptions précises et de commentaires sur les variations de forme et la teinte des lobes. « L’influence d’un militaris ou d’un simia-militaris sur la forme du labelle est faible mais elle seule peut expliquer ces déformations, à moins qu’on veuille retrouver dans le labelle certains carac. de l’O. antropophora. Je ne crois pas à son inflce dans ce cas ». Il se réfère à de récents travaux, notamment ceux de botanistes allemands. Il s’intéresse aussi au système de fécondation par les lépidoptères et au système de reproduction par ovaires… Etc. Et il signe « Triangularis ».

22 27. Paul GAUGUIN (1848-1903). L.A.S., [Tahiti] novembre 1891, à Paul Sérusier ; 3 pages et demie in-4 (fentes aux plis très bien réparées). 12 000 / 15 000 € Très belle lettre sur son travail lors de son premier séjour à Tahiti. Les lettres de son « cher Séruse » lui font plaisir dans sa solitude et il s’inquiète de n’avoir pas de nouvelles de « Morisse » [Charles Morice] depuis qu’il a quitté Paris, en lui laissant « le soin de mes affaires pendantes. 500 f que je lui avais prêté », plus 300 F que Jean Dolent devait donner pour le tableau qui était chez le père Tanguy. Plus les affaires chez Goupil et chez Portier... Ces inquiétudes le « gênent pour travailler Quoique cela, je suis attelé au travail dur et ferme. Je ne puis dire si c’est bien car c’est beaucoup et ce n’est rien. Pas encore un tableau – mais une foule de recherches qui peuvent être fructueuses, beaucoup de documents qui me serviront je l’espère pour longtemps en France. Par exemple à force de simplifier je ne puis bien juger le résultat maintenant. Il me semble que c’est dégoûtant. À mon retour toiles bien sèches des cadres etc… tous vêtements qui parleront et je jugerai ». Il se plaint de sa solitude « à 45 kilomètres de la ville, personne à qui causer art, ni même français » ; il essaie difficilement d’apprendre la langue du pays : « Que voulez-vous pas de mémoire et surtout la tête toujours ailleurs

23 perdue en rêveries sans fin ». Il y a eu des changements dans sa vie, « dans mes affaires et mes espérances. Le roi [Pomaré V] est mort, ce qui a été un désastre pour moi. Avec lui qui m’avait déjà pris en affection j’avais tout, argent et influence sur les naturels. Lui mort la colonie a changé en tout et pour tout et moi Je perds considérablement. Ah ! Si je savais encore torcher un tableau trompe l’œil comme les américains, je trouverais peut-être à vendre quelques toiles à bon prix mais je suis et sais faire ce que vous savez ». Il demande des nouvelles de Meyer [Meyer de Haan] et parle des travaux de Sérusier : « Vous êtes bien aimable de mettre sur mon dos vos progrès intellectuels ; j’en ai peut-être une petite part », mais il est convaincu que « les artistes ne font que ce qui est bien en eux. Les graines ne viennent qu’en terrain propice ». Gauguin aimerait enfin avoir des nouvelles, notamment de l’exposition du Champ de Mars : « ma sculpture y-a-t-elle figuré et faisait-elle bon effet. » Il a eu la « bonne idée d’emporter musique et mandoline, c’est pour moi une grande distraction. C’est à Filliger [Charles Filiger] que je dois cette idée de jouer cet instrument. Je crois que maintenant je dépasse Filliger haut la main comme virtuosité»… .../...

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28 32 26 28. Charles GIR (1883-1941). Dessin original, signé en bas à droite ; plume et lavis d’encre de chine, sur une enveloppe de Paris-Journal (14,5 x 11,5 cm.). 100 / 150 € Portrait du clown et fantaisiste Carl Baggessen (1868-1931), déguisé en maître d’hôtel, tenant une feuille de papier dans sa main droite ; la spécialité de Baggessen était le cassage d’assiettes. 29. Albert GUILLAUME (1873-1942). 4 L.A.S., 1905-1932 ; 3 pages in-12, et 1 page in-8 avec vignette. 100 / 120 €11 mars et 1er mai 1905, à Jérôme Doucet, au sujet de son article sur Guillaume. – Les Petits-Ponts 26 nov. 1931 et 14 fév. 1932 (au dos de cartes postales représentant sa maison), au sujet d’un portrait à exposer chez Charpentier. 30. Ernest HÉBERT (1817-1908). L.A.S., [Paris] 4 juin [1885] ; 2 pages et demie in-8. 100 / 120 € Il part samedi pour l’Italie, et viendra voir son correspondant au ministère « en sortant de l’école des beaux-arts où je dois présenter mes élèves à leur nouveau professeur M. Boulanger ». Il reviendra à Paris dans l’été, «car je ne vais à Rome en ce moment que pour prendre possession, et me rendre compte des améliorations désirables et possibles […] pour notre vieille et honorable Académie de France à Rome»… 31. Paul HELLEU (1859-1927). L.A.S., Jersey 189., à Armand Dayot ; 4 pages in-8, avec 2 vignettes de bateaux à vapeur. 300 / 400 € Il a passé deux mois en Angleterre, à Cowes (île de Wight), « pendant les régates et le séjour de l’empereur d’Allemagne. Il y avait là plus de 600 navires de plaisance c’était admirable » ; puis Southampton, Londres, Jersey « où j’avais l’intention de faire un tableau d’un certain bain de jeunes filles. Imaginez vous que ces pudibondes Anglaises se baignent en maillot collant de toile de toutes les couleurs claires rose, bleu, mauve. Je n’ai rien vu de ma vie de plus joli et de plus indécent que ces jeunes personnes nageant vu d’une certaine jetée. Mais je n’ai fait que quelques études »... 32. HERMANN-PAUL (1864-1940). Dessin à la plume, signé en bas à droite ; 18 x 12 cm. 200 / 250 € Portrait de femme en buste. 33. Jacques Onfray de Bréville dit JOB (1858-1931). L.A.S., Mérouvel [27.VIII.1923], au docteur Dijonneau à Bordeaux ; 1 page in-4, enveloppe. 100 / 150 € Il se repose dans un coin de Normandie. « Je vais, en lisant votre livre si précieusement documenté, revivre les bonnes heures passées près de vous à l’École de rééducation, les heures difficiles aussi dont votre admirable énergie, votre inlassable ténacité a franchi victorieusement et glorieusement les obstacles »... On joint une carte a.s. 34. Jean-Émile LABOUREUR (1877-1943). L.A.S., Kerfalher jeudi 21 octobre [1926, à Camille Bloch] ; 1 page petit in-4. 100 / 120 € Il remercie son ami pour l’envoi des 1000 francs, et s’inquiète de l’avancement de Couleurs [Remy de Gourmont, Couleurs, contes, gravures de Laboureur (Camille Bloch, 1929)]. Il envoie « les seize planches coloriées qui serviront de modèle. […] En outre il serait bon de me faire tirer une ou deux suites de cet état de traits par Vernant pour les recherches que je pourrais avoir encore à faire entre temps. Comme vous savez j’avais deux suites que j’ai utilisées pour cette recherche, elles vous reviendront, bons et mauvais essais, et je n’ai que deux suites intactes […] sur les bois que vous m’aviez fait envoyer et dont je vous ai retourné une. Naturellement je me mets à la gravure des planches dès mon retour»…

40 27 35. Lucien LÉVY-DHURMER (1865-1953). 2 L.A.S., 1909 et s.d., à Mme Henri Cazalis ; 4 pages in-8. 100 / 150 € Martinvast. «Vous me promettez de beaux couchers de soleil – vous m’annoncez de la belle musique – et pardessus tout votre si bonne hospitalité ». Le Dr et Mme Keller lui ont pris une Pandore ; ils sont charmants « à cause du mal que vous dites de moi… aussi je vous gronde, chère Madame, vous et mon ami Jean Lahor»… – Juillet 1909 (après la mort du Dr Cazalis), il lui dit sa « réelle peine » et son souvenir ému : « Jean Lahor fit beaucoup pour moi – et cela ne s’effacera jamais »… 36. Frédéric-Théodore LIX (1830-1897). L.A.S., Paris 25 juillet 1895, à un conservateur ; 1 page in-8. 50 / 60 € Il demande « si je puis encore envoyer un petit tableau à l’Exposition de Strasbourg ». Il vient de le terminer et n’a pas eu le temps de le donner à M. Potier ; mais si cela est encore possible, il l’enverra à ses frais par grande vitesse… 37. Frans MASEREEL (1889-1972). L.A.S., Avignon 24 septembre 1942, à Charles Orengo ; 2 pages oblong in-8. 100 / 120 € « Louis Gillet est d’accord de faire quelques lignes de présentation pour mes dessins. Je compte vous envoyer 5 ou 6 esquisses d’une suite de gravures sur bois (20) que je prépare en ce moment, et qui sont de dimensions apocalyptiques des événements actuels (le titre de ma suite se bois gravés sera : Sous le signe de Mars) ». Il aimerait savoir quelles sont les conditions financières pour lui et Gillet, une fois l’accord avec L’Illustré convenu… Il attend une réponse d’Aragon à sa demande, qui ne devrait plus tarder… 38. Ernest MEISSONIER (1815-1891). L.A.S. à son cher Sallé ; 1 page et quart in-8. 150 / 200 € Il est « excessivement pressé d’avoir [s]on atelier pour pouvoir travailler », et donne des instructions pour la préparation des lambourdes… 39. Gustave MOREAU (1826-1898). L.A.S., Paris 27 août 1883 ; 1 page in-8. 100 / 150 € Il regrette de ne pas pouvoir exaucer la demande de son correspondant « d’avoir des dessins de moi pour la publication de l’Artiste » : cela lui est impossible en ce moment, car il n’envoie rien à l’Exposition Triennale, et « je suis en outre depuis plusieurs mois tout à fait pris par un gros travail qui, très probablement, me tiendra éloigné des Expositions pour longtemps encore» … 40. Gustave MOREAU (1826-1898). 3 L.A.S. à Mme Hortense Howland ; 2 pages et demie (deuil), 1 et 1 pages in-8, enveloppes. 500 / 700 € Absent de Paris, Moreau prie sa voisine de la rue de La Rochefoucauld de l’excuser pour « les ennuis de cet odieux voisinage [...] Un supplice, mais d’un tout autre genre, et qui a été pour moi bien pénible et bien dur, c’est cette destruction d’une partie de la maison de famille, construite par mon père, car ce n’est [...] que contraint par une impérieuse nécessité que j’ai dû prendre ce grand & douloureux parti ». Il n’a pas voulu mettre « une seule fois les pieds au chantier », mais il craint « que vous n’ayez pris en grippe, pour toujours, un voisin aussi gênant & aussi désagréable »... « Je suis très embarrassé, pour plus d’une raison, de savoir ce que je dois faire. Je veux donc, aujourd’hui vers 4 heures, aller vous consulter, vous, qui mieux que personne, avez le tact & le sens exquis de toutes choses »... « Vous êtes vraiment trop bonne, & c’est avec le plus vif empressement que jaccepte votre si gracieuse invitation : bien heureux, je vous assure, de pouvoir passer quelques moments près de vous»…

41 41 28 41. Alfons MUCHA (1860-1939). L.A.S. ; 1 page et demie in-8 ; en français. 800 / 1 000 € Il est à la campagne et va faire parvenir à son correspondant « un exemplaire de l’affiche Médée, et j’espère quelle ne vous arrivera trop tard. Seulement je vous prierai, si cela ne vous contrarierait pas, de la faire revenir dans mon atelier quand vous n’en aurez plus besoin, car j’en ai très peu, et je voudrais en garder quelques unes »... [Il s’agit de sa superbe affiche représentant Sarah Bernhardt dans la Médée de Catulle Mendès en 1898].

42 29 42. Félix Tournachon dit NADAR (1820-1910). L.A.S., Paris 3 novembre 1903, à un « ami bien cher » ; 4 pages in-8 à ses chiffre et devise Quand même! 500 / 700 € Il se remet grâce au traitement du docteur Gauthier : « cinq séances des irradiations violettes du dr. Gauthier ont déjà déterminé diminution de plus d’un quart du fibrôme ». Il a retrouvé la vue, et célèbre avec lyrisme l’œuvre du docteur Gauthier. Après une interruption due à « ce Nadar qui n’aura jamais su finir à temps quelque chose », il avoue : «température présente ou décrépitude mienne, je me débats péniblement sous une dépression». Retrouvant son enthousiasme pour peindre le succès de Gauthier, il ajoute : « Mme Vanderbildt fournit tous les millions pour créer dans Paris même un sanatorium ». Il termine en disant que « chez notre fils travaillent les chassis de vos tirages »... 43. Pierre PUVIS DE CHAVANNES (1824-1898). L.A.S., 18 juillet 1897, à Henri Mazel ; 1 page in-12, adresse au verso (carte-lettre). 200 / 250 € Il lui répond « sur la manière de traiter les monuments que le temps éprouve ; je pense qu’on ne saurait avoir trop de ménagements et de respect pour ce qu’il a épargné, et ne leur ajouter une pierre que pour en sauver dix»… On joint 2 autres L.A.S., 12 juin 1866 et 1er janvier 1887 (à Léo Delibes).

44 30 44. Odilon REDON (1840-1916). P.A.S., Paris 24 mars 1891 ; 1 page in-4. 800 / 1 000 € Liste d’œuvres en vue d’une exposition. Les 11 œuvres mentionnées sont numérotées de 133 à 144. – «Peintures et pastels » : La Coupe de mystère, St Jean, Le Pilori (pastel, 200 F). – « Dessins » (150 F chaque) : Les Pleurs, Couple pervers, Tête fumante, Parque, Le Liseur, Paysage… – « Lithographies » : Yeux-clos, Le Voile « pas à vendre », Serpentauréole. Redon a daté et signé, et indiqué son adresse « 40 rue d’Assas ». 45. Georges ROCHEGROSSE (1859-1938). 27 L.A.S., [vers 1898]-1900 et 1921-1924, à Jérôme Doucet ; 60 pages in-8 ou in-12. 1 000 / 1 200 € Intéressante correspondance sur son travail de peintre et d’illustrateur. [Jérôme Doucet (1865-1957), écrivain et journaliste, était aussi bibliophile ; il a dirigé la société Le Livre et l’Estampe.] De nombreuses lettres concernent l’illustration de Salammbô de Flaubert (Ferroud, 1900), et l’ouvrage de Jérôme Doucet, Trois légendes d’or, d’argent et de cuivre : Sainte Marie l’Égyptienne, le Beau Visage de la Mort, l’Âme du Samovar (Ferroud, 1901). De Tunis, il se réjouit de faire cette illustration : « je vois cela très, très travaillé et je sais que cela me demandera beaucoup de travail et de… temps»; il va avoir «beaucoup d’ouvrage non pour Salambô que je ne livre que dans 2 ans » mais pour des choses qu’il a dû lâcher pour partir, et voudrait s’entendre avec Doucet sur le prix. Il le tient au courant de son travail ; frontispice, lettres ornées, culs de lampe ; il envoie ses dessins à René

45 31 Baschet dont il attend en retour des épreuves pour les colorier : « Je ne puis faire les coloriages sur les dessins, l’encre de Chine ne peut supporter l’aquarelle qu’au moins 1 an et demi ou deux ans après avoir été employée ». S’il est en retard « c’est la faute de Flaubert qui a fait passer Salambô en Afrique .[…] et que je trime depuis le matin jusqu’au soir à faire des armures au soleil – ce qui me met du reste les yeux en capilotade » ; le soir il est « trop éreinté pour travailler beaucoup à une chose aussi délicate que les dessins de la Morobovisage »… Il regrette de ne pouvoir illustrer ce bijou qu’est La Chanson des Gens dont les vers ciselés demandent une illustration très travaillée ; il réserve son temps « pour faire bien la Mort au Beau Visage et l’autre »… Il félicite Doucet pour Sextine « mais nul tuyau sur Sanart Bernah (si j’ose m’exprimer ainsi). Connais trop peu Clairin pour recommandation efficace. Vous savez j’ai commencé Mage au beau Visort, enfin ! » Il ne sait « pas quoi faire dans la lettre ornée du chap. II de “ La Mort ” [...] Je ne vois rien de “dessinable” », ni pour le dernier chapitre « réservant le veilleur de nuit pour le cul de lampe terminal »… Pour la légende de cuivre, il aimerait « quelque chose de très moderne, très mines de cuivre et très “machines” avec au travers passant des petits kobolds, personnes adonnées aux Mines, comme vous le savez, et très farces dans leur aspect ». Il attend des renseignements « sur les mines de cuivre de la Sibérie, que j’ignore de la façon la plus éclatante ». À propos des grands luxes des Légendes, «je ne demande pas mieux que de vous faire des croquis aquarellés », mot qu’il préfère sur le prospectus à aquarelles « qui me paraît trop “gros” pour le prix étant donné les 1 000 frs des exemplaires grand luxe de Salambô ». Il fait une commande de papiers peints pour son appartement. Il a fini Le Sphinx et Meloenis : « Je l’ai supposée éclairée par des lampes posées par terre comme les danseuses flamenco ». Après la mort de sa femme (1920), il signe en ajoutant l’initiale de son nom Marie ; les lettres sont écrites de Djenam Meryem. 21 février 1921 : de tous les deuils, « la perte de sa femme, quand on en a une vraie, c’est vraiment monstrueux contre nature […] j’ai absolument la sensation de l’amputation … et d’une blessure qui jamais, jamais ne se refermera ». Pour obéir au vœu de la morte, il continue à travailler et est prêt à faire ce que lui demande Doucet « mais je vous ferai les aquarelles un bon tiers plus grand ; vous en aurez ainsi le placement plus facile ». 7 mars : il préfère ne pas « discutailler par lettre » d’histoires de sous, et le verra à Paris en mai. 11 octobre : il regrette de n’avoir pu le rencontrer à Paris, mais a fui « cette fosse à purin morale et physique » ; il va faire l’aquarelle mais voudrait qu’il lui en laisse la propriété. 10 mars 1924 : très ému par la dédicace du livre et par « la charmante œuvre d’art qu’est le livre en lui-même»…

47 32 46. Georges ROCHEGROSSE (1859-1938). Ensemble de 110 gravures en couleurs, [1907] ; 29 x 22 cm. 400 / 500 € Ensemble d’épreuves d’état de ses illustrations pour La Tentation de Saint Antoine de Gustave Flaubert (Ferroud, 1907). 47. Félicien ROPS (1833-1898). L.A.S. « Fély » à « Mes chères petites amies », au bas de sa gravure « La Clef des Champs » ; 1 page in-fol. (32,5 x 23,5 cm). 1 000 / 1 200 € Épreuve d’état de la gravure (14,5 x 10 cm), sur laquelle Rops a inscrit à la mine de plomb le titre : « La Clef des Champs ». Au-dessous de la gravure, il a collé une coupure de journal, et écrit à l’encre : « Mes chères petites amies, Je vous envoie une petite histoire de ce matin, & l’accident arrivé à ce bon jeune homme m’arriverait sans aucun doute, si pressentant tous ces malheurs, je n’avais eu l’esprit de me faire Turc & Mahométan. Ce qui me permet de vous aimer toutes les quatre. Je vous envoie “les petits fours” comme je les ai couverts de baisers, sous les sentirez sur vos lèvres »… La coupure de journal relate le suicide d’un jeune homme qui a laissé une lettre expliquant son geste parce qu’il ne pouvait choisir entre trois jeunes filles qu’il aimait d’une égale tendresse…

33 48. Félicien ROPS (1833-1898). 2 L.A.S. avec dessins, à Edmond Haraucourt ; 3 pages et 1 page et demie in-8. 1 200 / 1 500 € Paris mardi 19. Son marchand de gravures lui ayant fait faux bond, il demande à son ami, «devenu un de nos gros capitalistes », de lui prêter 600 francs : « au début d’avril j’ai de sérieuses rentrées, & je te rendrai le capital, & les intérêts en épreuves inédites ! » Il signe « Fély », et dessine, sur la double page intérieure, une « chandelle brûlant par les deux bouts avec la devise Vita per ignem ! », et une deuxième d’une « forme plus héraldique & chaudepissarde ! » Mardi. Il est en retard : « J’attendais des fonds, “des pépettes” comme nous disions, nous gens de guerre, – en Belgique. Et maintenant, voilà qu’il arrive un accroc à la planche de Guiches ! [pour La pudeur de Sodome 1888 ?] Et il faut la réparer ! Peux pas laisser ce malheureux Guiches avec sa planche inutile ! Mais cela sera fini demain soir, sans faute ! Donc Jeudi – Enfin ! Enfin ! ! ! ! ! » Il pourra le rejoindre à Contrexéville. Il se dessine assis à sa table de travail, vu de dos, avec la légende :« Rops réparant la planche de Guiches » et termine ainsi sa lettre : « Con de Rex de Ville que tu es ! ! ! Tu me rends gâteux ! ! » On joint 2 dessins à la plume (1 page oblong in-8 chaque, fentes au pli) : un cycliste sur un vélocipède à grandes roues, légendé : « Ne l’oubliez pas » ; et « La Muse S.B.[Sarah Bernhardt] couronnant la Vélopoésie. Nous vous attendons samedi matin ».

49 49 34 49. Dante Gabriel ROSSETTI (1828-1882) L.A.S., Chelsea 20 septembre 1864, à Miss Heaton ; 3 pages in-8, vignette à son monogramme et sa devise Francas non flectas ; en anglais (transcription jointe). 1 000 / 1 200 € Il espère qu’elle ne le voit pas comme un démon (« fiend ») : il aurait certes dû lui envoyer plus tôt Sir Galahad, mais il voulait aussi lui envoyer en même temps Joan of Arc, sur laquelle il progresse et qu’il lui enverra bientôt : «I am making the Joan as full in colour as you could wish »... Il a mis de côté quelques autographes pour elle, qu’il lui enverra quand il en aura trouvé plus… 50. Carlos SCHWABE (1866-1926). L.A.S., Barbizon samedi ; 3 pages in-8. 400 / 500 € Il demande qu’on lui prête de l’argent, en assurant qu’il va « avoir du travail pour des années». La comtesse de Béarn est venue voir Schwabe : « je vais lui faire un vitrail de 8 mètres et plusieurs décorations : en plus, elle désire avoir de moi une aquarelle qui est en ce moment à l’Exposition de Suède et qui est de 3 000 f et bien d’autres œuvres d’art »...

35 51. Carlos SCHWABE (1866-1926). 5 L.A.S., Barbizon [vers 1895-1896], à Jérôme Doucet ; 16 pages in-8. 1 500 / 2 000 € Mercredi. N’ayant pu trouver de quoi emballer les encadrements qu’il devait lui envoyer, voilà Doucet « obligé de venir casser la croûte avec nous plus tôt que prévu »… – Samedi. Il a expédié une caisse avec 4 encadrements. « Je veux absolument 30 épreuves de chacun de ces encadrements car ils sont très beaux et comme vous les avez pour presque rien », il espère qu’il lui accordera cette légitime demande : « 80 sur japon et 10 sur Watmann ». Il remercie Doucet pour son délicieux papier bien qu’il ait été surpris de ne pas y trouver « les épreuves de la première de mes planches ». Il ne faut pour rien au monde consentir « à la diminution de ces quatre encadrements, car je veux absolument que la décoration déborde sur la marge ». Il l’avertit que s’il lui apporte d’autres dessins de ce genre à faire, il refusera catégoriquement : « c’est trop dur à faire – il m’a fallu me casser le crâne pendant des journées avant de pouvoir me mettre à dessiner »… – Mercredi. Deux dessins sont abîmés : « Le pot au feu et Les Dents. […] Ce sont de petites taches brun pâle qui n’abîment pas la pureté du trait, mais qui abimeront complètement l’aquarelle ». Il faut les confier à un spécialiste. Il prie Doucet de lui envoyer la petite somme convenue, car il a 400 à 600 francs de retard. Il va écrire « quelques notes sur moi et je vous enverrai en même temps deux articles parus sur moi cette année»… – Dimanche. Il est très pressé pour le Champ de Mars, « et immédiatement après avoir livré, je dois me mettre à une série pour des amateurs de Lyon: donc beaucoup de besogne sur l’établit»… – Lundi. Il aimerait pouvoir enfin toucher la petite somme, qui a plus d’un mois de retard. De plus, il n’est pas content, car deux dessins lui sont revenus couverts de petites taches. « Dans votre intérêt, je dois vous dire que si je suis obligé d’aquareller là-dessus, ces dessins perdront la moitié de leur valeur. Souvenez-vous que plus tard, vous pourrez vendre ces pages à un très haut prix – je dis bien très haut : Holbein et Dürer sont les seuls ayant pu faire des décorations aussi belles (cela sans faveur). Donc, arrangez-vous avec le graveur, mais j’en suis dégoûté de ce manque d’attention »…

54 36 52. Théophile-Alexandre STEINLEN (1859-1923). L.A.S. à un « vieux ami » ; 1 page in-8. 150 / 200 € Il est « honteux comme le loup blanc [...] je ne peux plus tenir ma promesse. J’ai trouvé à vendre le dessin de la Mourène et je me suis laissé tenter. C’est veau. Mais quand on est pauvre ?... Je te gardais à la place “la mer parlait” – ce n’est pas la même chose tout de même – enfin on retrouvera bien moyen de refaire une Mourène qui sera à toi »... 53. Théophile Alexandre STEINLEN (1859-1923). L.A.S., Dimanche 3 juillet [1921], à Mme Camille Lefèvre ; 1 page in-8, adresse. 100 / 150 € Il regrette de ne pouvoir répondre à la sollicitation de sa chère amie : …« cette semaine encore je suis obligé de me boucler et de me refuser la moindre sortie ou distraction. Si ce que j’aurais dû avoir terminé hier ne l’était pas samedi prochain ce serait un désastre ». Mais il ne faut pas que M. Aveline repousse sa visite à l’orphelinat, où il aimerait tant pouvoir les accompagner. Il la prie de saluer pour lui les bonnes dames de l’orphelinat, dont il garde le meilleur souvenir… 54. Adolphe WILLETTE (1857-1926). L.A. avec dessin, Boisroger par St Malo 2 juillet 1920, à « Mon frangin Prosper » ; 1 page in-8. 150 / 200 € Amusante lettre illustrée d’un dessin représentant un homme tenant un rat et un trousseau de clefs, levant les yeux vers une enseigne de serrurier. Sa famille est arrivée saine et sauve : « j’avais le trac du déraillement, de la collision, dont à laquelle je préfère quelle m’arrive avec toi ou Adolphe devant le zinc aux nègres auxquels je te prie de faire part de mon meilleur souvenir », etc… Il lui envoie sa bénédiction et termine, en guise de signature : « Ainsi soit-il Buffalo Bil ! »…

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