ADER Nordmann. ENLUMINURES, LIVRES ANCIENS ET MODERNES

ENLUMINURES, MANUSCRITS LIVRES ANCIENS ET MODERNES Jeudi 16 novembre 2023

Ariane ADELINE Membre du SFEP 40, rue Gay-Lussac 75005 Paris livresanciensadeline@yahoo.fr Tél.: 06 42 10 90 17 Lots 1 à 11 Experts Éric BUSSER Librairie BUSSER Membre de la Compagnie Nationale des Experts en Art contactbusser@orange.fr Tél.: 01 69 21 05 47 06 08 76 96 80 Lots 12 à 282

vente auX enCHÈres publiques Salle des ventes Favart 3, rue Favart 75002 Paris Jeudi 16 novembre 2023 à 14 h eXposition publique Salle des ventes Favart 3, rue Favart 75002 Paris Mercredi 15 novembre de 10 h à 18 h Jeudi 16 novembre de 10 h à 12 h enluminures, manusCrits, livres anCiens et modernes En 1re de couverture : lot 11 - En 4e de couverture : lot 278 Téléphone pendant l’exposition: 01 53 40 77 10 Catalogue visible sur www.ader-paris.fr Enchérissez en direct sur www.drouotlive.com, interencheres.com et auction.fr

Lot 247

David NORDMANN Xavier DOMINIQUE Commissaires-priseurs Responsables de la vente Élodie DELABALLE Responsable du département elodie.delaballe@ader-paris.fr Tél. : 01 78 91 10 16 Lucie GUILLAUME Rapports de condition Ordres d'achat lguillaume@ader-paris.fr Tél. : 01 80 27 50 20

Lot 9

1 2 5 Enluminures et Manuscrits Enluminures et Manuscrits 1 [ENLUMINURE]. [PSAUTIER]. Feuillet enluminé extrait d’un Psautier. En latin, extrait d’un manuscrit enluminé sur parchemin. France du Nord, XIIIe siècle (première moitié). Texte copié sur 18 lignes, écriture gothique à l’encre noire, initiales à l’or bruni sur fonds bleu et rose foncé avec rehauts blancs, grande initiale I formée par un hybride zoomorphe (sorte de griffon) en rose foncé et bleu sur fond or, initiale en rouge sur fond or avec motifs floraux (2 lignes de hauteur). Dimensions : 164 x 128 mm 500 / 700 € Recto : Début du Psaume 113, « In exitu Israel… » [Quand Israël sortit d’Égypte…]. Verso : Début du psaume 114, « Dilexi quoniam exaudiet Dominus vocem orationis meae… » [J’aime, lorsque Yahvé entend le cri de ma prière…]. Feuillet provenant d’un Psautier démembré dont on trouve des feuillets connexes conservés dans des collections telle Saint Catherines (Canada), Brock University, RG 794 (Two leaves from a Psalter, early 13th century). 2 [ENLUMINURE]. [BIBLE]. Feuillet enluminé extrait d’une Bible dite « Chudleigh Bible ». En latin, extrait d’un manuscrit enluminé sur parchemin. France du Nord, Arras (Abbaye Saint-Vaast ?), XIIIe siècle (vers 1220-1230). Texte copié sur deux colonnes (chacune de 54 lignes), écriture gothique, lettres capitales rehaussées de rouge, initiale peinte en bleu avec décor filigrané rouge, chapitres indiqués en lettres romaines dans les marges, quelques rubriques en rouge pâle et inscriptions en rouge pâle dans les marges, titres courants en rouge et bleu, grande initiale M introduisant le Prologue du Livre de Josué formé d’hybrides zoomorphes et tracé de la lettre en bleu et rose avec décor ornemental blanc. Dimensions : 285 x 190 mm 600 / 800 € Texte : recto, fin de Deutéronome (partie du chapitre 36, chapitre 37-38) ; verso, début du Livre de Josué, Prologue. Feuillet extrait de la « Chudleigh Bible », dont plusieurs feuillets sont dans des collections institutionnelles. Cette Bible est nommée ainsi d’après un possesseur antérieur : Charles Oswald Hugh Clifford (1887-1962), 11e Baron Clifford of Chudleigh. La Bible fut vendue par Sotheby’s, The Property of the Lord Clifford of Chudleigh, 7 décembre 1953, lot 51. Le lot fut acquis par le libraire Maggs. Cette Bible fut de nouveau vendue par Sotheby’s, 8 juillet 1970, lot 104 ; puis Christie’s, 11 juillet 1974, lot 18. .../...

3 6 Enluminures et Manuscrits Elle fut démembrée dans les années 1980. Le texte de la Bible de Chudleigh est antérieur à la standardisation résultant de la diffusion de la Bible portative dite « Paris Bible » un peu avant le milieu du XIIIe siècle. Elle constitue donc un exemple intéressant de type de Bible produite entre les grandes Bibles romanes et les Bibles portatives des moines prédicateurs. Robert Branner évoque ce manuscrit qu’il rattache à son « Alexander Atelier » qu’il situe à Arras (voir Manuscript Painting in Paris during the Reign of Saint Louis : A Study of Styles, 1977, p. 30 n. 17). Des rapprochements iconographiques peuvent être faits notamment avec la Bible dite « Glazier-Rylands » dont les feuillets sont aussi dispersés (Ancienne coll. Glazier, New York, Pierpont Morgan Library ; Manchester, John Rylands Library ; Londres, Victoria and Albert Museum) ou encore un manuscrit associé à Tournai (Bruxelles, KBR, MS 2523). Arras et Tournai sont proches en distance et donc il semble probable que la Bible de Chudleigh ait été réalisée dans cette région, ou du moins que son artiste y ait été formé. On consultera Peter Kidd, The McCarthy Collection, III : French Miniatures (London, 2021), no. 17 pp. 69-73 pour une liste de feuillets connexes. .../... 3 [ENLUMINURE]. [DROIT CANON]. [GRÉGOIRE IX]. Feuillet extrait des Décrétales de Grégoire IX, Livre V, avec glose (certainement celle de Bernard de Parme?) et gloses et commentaires interlinéaires et marginales. En latin, extrait d’un manuscrit enluminé sur parchemin. Italie, Bologne (?), fin du XIIIe ou début du XIVe siècle. Texte copié sur deux colonnes, avec glose marginale, écriture littera bononiensis, rubriques en rouge, signes de paragraphes en rouge ou bleu, initiales en rouge ou bleu, certaines avec décor filigrané bleu foncé ou rouge, grande initiale P tracée en rose et orange avec rehauts blancs sur fond bleu et historiée introduisant le livre V, titre VI (8 lignes de hauteur) figurant un homme en buste, coiffé d’un chapeau vert, quelques dessins à la plume dans les marges. Dimensions : 310 x 208 mm 900 / 1 000 € Feuillet rogné court, avec atteinte aux textes des gloses). Ce feuillet est extrait du Livre V, Des peines et des procédures pénales. Recto : Décrétales de Grégoire IX, Livre V, titulus V (De Magistris…) [Ed. Friedberg, Corpus iuris canonici, II, 770771, Leipzig, 1879-1881] (chapitres IV-V). Suivi de : Décrétales de Grégoire IX, Livre V, titulus VI (De Judeis, Sarracenis et eorum servis) [Ed. Friedberg, Corpus iuris canonici, II, 771, Leipzig, 1879-1881] (chapitres I-II). Verso : Continuation des Décrétales de Grégoire IX, Livre V, titre VI (De Judaeis, Sarracenis et eorum servis) [Ed. Friedberg, Corpus iuris canonici, II, 772-774, Leipzig, 1879-1881] (chapitres II-VIII ; le texte s’interrompt au chapitre VIII). Les Décrétales de Grégoire IX furent compilées en 1234. Le Livre V, titre VI traite du droit des « juifs et sarrasins » d’employer à leur service des chrétiens (De Judeis, Sarracenis et eorum servis), ici théorisé par le Droit canon qui tente de définir par le droit les relations des chrétiens avec les non-chrétiens : le problème de l’Eglise était qu’elle n’avait pas de juridiction sur les non-chrétiens et devaient influer à travers les autorités temporelles, plus ou moins zélées selon les époques. Voir Freidenreich, David M. « Muslims in Western Canon Law, 1000-1500 », in Christian-Muslim Relations. A Bibliographical History. Volume 3 (1050-1200). - Sansy, Danièle, « Juifs et musulmans à la fin du Moyen Âge », dans Le mal et le diable. Leurs figures à la fin du Moyen Âge, N. Nabert (dir.), Paris, Beauchesne, 1996, pp. 125-144.

5 4 7 Enluminures et Manuscrits 4 [ENLUMINURE]. [DROIT CANON]. [GRÉGOIRE IX]. Feuillet extrait des Décrétales de Grégoire IX, livre IV. En latin, extrait d’un manuscrit enluminé sur parchemin. Italie, Bologne (?), milieu du XIVe siècle (?). Texte copié sur deux colonnes, écriture littera bononiensis, rubriques en rouge (mots d’attentes conservés dans les marges pour le rubricateur), signes de paragraphes en rouge, avec 10 initiales ornées en vert pâle, orange, bleu et rose sur fonds bleus (3 lignes de hauteur), 3 grandes initiales (5 lignes de hauteur) en rose ou bleu sur fonds bleu ou rose avec décor orné de feuilles de vigne ou avec hybrides zoomorphes (oiseau à la tête de chien ; sorte de poisson). Dimensions : 395 x 260 mm 700 / 900 € Feuillet complet, non rogné avec ses marges préservées. Recto : Décrétales de Grégoire IX, Livre IV, fin du titutlus VI (Qui clerici vel voventes matrimonium contrahere possunt), suivi du titulus VII (De eo qui direxit in matrimonium quam polluit per adulterium) [Ed. Friedberg, Corpus iuris canonici, II, 686-689, Leipzig, 1879-1881] (chapitres V-VII du titutlus VI et chapitre 1 du titulus VII). Verso : Continuation des Décrétales de Grégoire IX, Livre IV, titulus VII, suivi du titulus VIII (De coniugio leprosorum…), suivi du titulus IX [Ed. Friedberg, Corpus iuris canonici, II, 689-691, Leipzig, 1879-1881] (chapitres 2-8 du titulus VII, chapitres 1-3 du titulus VIII, chapitre 1 du titulus IX). 5 [ENLUMINURE]. [HEURES]. Feuillet extrait d’un livre d’heures. En latin, extrait d’un manuscrit enluminé sur parchemin. France, sans doute Paris (?), vers 1500. Texte copié à l’encre noire, écriture gothique (20 lignes), rubriques en bleu, deux initiales en bleu avec rehauts blancs sur fond rouge foncé (2 lignes de hauteur), bordures enluminées, en bas de page : deux scènes forestières cernées de colonnes dorées avec bestiaire, au recto deux singes dans la forêt, au verso un oiseau confrontant un hybride zoomorphe et un singe. Dimensions: 181x130 mm Texte : Extrait des Heures du Saint-Esprit (?), partie de matines et suivi au verso de l’antienne pour laudes des Heures du Saint-Esprit. 500 / 700 € D’autres feuillets de ce livre d’heures démembré sont connus, par exemple à Cleveland, Museum of Art, Jeanne Miles Blackburn Collection, 2006.13.a (anciennement Sotheby’s, Londres, 3 juillet 1984, lot 127).

8 Enluminures et Manuscrits 7 [ENLUMINURE]. Bordures décorées. Extraits de bordures provenant d’un manuscrit enluminé. Bandes contrecollées sur un parchemin de remploi ; au dos on lit : « Sentence pour dame Elizabeth Acton…». France du sud ? vers 1500-1520. Dimensions : 850 x 840 mm 200 / 300 € Rinceaux, grandes tiges, feuilles d’acanthe et fleurs sur fond réservé avec semé de petits pointillés, un personnage masculin et un lion. Petite branche avec fleurs séchées fixées au moyen d'un petit ruban vert. 6 [ENLUMINURE]. [HEURES]. Feuillet extrait d’un livre d’heures. En français et en latin, extrait d’un manuscrit enluminé sur parchemin. Nord de la France ou Paris, vers 14501475. Texte copié sur une colonne, écriture gothique, initiales à l’or bruni (1 et 2 lignes de hauteur) sur fonds rose et bleu avec rehauts de blanc. Dimensions : 120 x 80 mm 120 / 150 € Extrait des Quinze Joies de Notre Dame, prières en français, souvent incluses dans les livres d’heures. JOINT : Feuillet extrait d’un livre d’heures, sur parchemin, encre brune et rubrique à l’encre rouge, avec fin d’une prière incluse dans le texte dit Sept requêtes à Jésus Christ [Domine Ihesu Christe qui septem…], suivi d’une longue rubrique en français annonçant un texte de Boniface VI sur les indulgences. On notera la forme « tierch » qui rappelle les dialectes du nord de la France. Dimensions : 212 x 152 mm

9 Enluminures et Manuscrits 8 BIBLE (Ancien et Nouveau Testament ; Interprétation des noms hébraïques). En latin, manuscrit enluminé sur parchemin. France, très certainement Paris, vers 1230-1240 (?). 375 ff., précédés et suivis d’un feuillet de parchemin, complet [collation : i16, ii16, iii16, iv16, v16, vi16, vii18, viii16, ix20, x12, xi16, xii16, xiii16, xiv16, xv18, xvi16, xvii16, xviii16, xix16, xx16, xxi14, xxii16, xxiii10, xxiv11 (12-1)], fine écriture gothique, texte sur deux colonnes, réglure à la mine de plomb (justification 140 x 86 mm), quelques réclames (en partie rognées, par exemple f. 148v), quelques signatures anciennes (chiffres romains au bas des marges inférieures, par exemple f. 95, f. 113, f. 129), titres courants en lettres capitales en rouge et bleu dans les marges supérieures (certains titres courants rognés), signes de paragraphe bleus ou rouges en alternance, chapitres « modernes » indiqués dans les marges en chiffres romains à l’encre rouge et bleue, chapitres « anciens » signalés dans le corps du texte par des initiales peintes en bleu ou rouge, plus grandes initiales peintes en rouge ou bleu (parfois aussi initiales « puzzle ») avec décor filigrané bleu ou rouge (introduisant en majorité les prologues), très grandes initiales « puzzle » en rouge et bleu avec décor filigrané bleu et rouge marquant le début des livres bibliques, petites initiales peintes en rouge pour les « Interprétations des noms hébreux », nombreuses annotations marginales et/ou corrections (mains contemporaines ou proches contemporaines). Quelques défauts au parchemin, avec petites coupures dans les marges, n’affectant pas le texte ; quelques réparations anciennes au parchemin ; certains feuillets avec une encre plus pâle (e.g. ff. 9, 16, 18v-19, 19v-20, 21v-22, 22v, 23v, 28, 36v, 37v-38, 38v-3939v, 40v-41) ; restauration de parchemin au coin inférieur droit du premier feuillet. Reliure de plein vélin rigide, dos à 5 nerfs, contre-garde supérieure décollée. Dimensions des feuillets : 198 x 132 mm; dimensions de la reliure: 210x135 mm 25 000 / 30 000 € Paris au XIIIe siècle fut le centre de diffusion d’un nouvel agencement de la Vulgate connu sous le nom de « Bible de Paris ». Cette Bible de Paris revêtait désormais une forme plus petite dite « portative » et se développe dans les milieux des ordres mendiants (dominicains, et franciscains). La nouvelle forme de bible se distingue des bibles monastiques et se développa selon de nouvelles normes de chapitrage, de mise en page et d’ordre des textes bibliques. Cette Bible se fixa progressivement entre circa 1200 et 1230 (Laura Light parle de « Proto-Paris Bible », avec un manuscrit daté de 1234 (Paris, BnF, latin 36) offrant une version de cette Bible de Paris qui désormais sera largement diffusée en France mais aussi en Europe (en Angleterre, en Espagne, en Italie). .../...

11 Enluminures et Manuscrits L’ordre des textes de la « Bible de Paris » suit en grande partie l’ordre des bibles actuelles sauf pour le Nouveau Testament où les Évangiles sont suivis des Épîtres pauliniennes, des Actes des Apôtres, des Épîtres catholiques et de l’Apocalypse. Ces textes sont précédés d’une série de 64 prologues répertoriés et qui dans la "Bible de Paris" sont généralement assez stables et fixes (répertoriés dans Stegmüller, voir Bibliographie ci-dessous). Tous ces critères sont ici rassemblés et font du présent manuscrit un beau témoin de ces bibles portatives parisiennes, décoré de belles initiales filigranées se rapprochant de décors datables vers 1230-1240. Le maintien des chapitres anciens indiqués dans le texte par des initiales peintes en rouge et en noir, plaide pour une date ancienne, au tout début de la diffusion de la "Bible de Paris", avec le nouveau système de chapitrage encore dans la marge et pas encore intégré au texte comme ce sera le cas dans la seconde moitié du XIIIe siècle. Provenance : 1 - Manuscrit copié et décoré très certainement dans le Nord de la France, sans doute Paris. La séquence des livres bibliques et des prologues retenus dans ce manuscrit correspond à la « Bible de Paris » élaborée à partir de 1200 (« Proto-Paris Bible » ; voir L. Light, 1994, 2011, 2012) et fixée avec ses chapitres modernes à partir de 1230 environ. D’un point de vue de datation, ce manuscrit semble avoir été copié assez tôt, vers 1230-1240 car il maintient encore les anciens chapitres indiqués au moyen d’initiales peintes en rouge ou bleu dans le corps du texte (non numérotés), tout en fournissant les chapitres « modernes » dans les marges extérieures (chiffres romains rouges et bleus). En revanche les « listes de capitules » (« capitula lists ») ont entièrement disparus dans ce manuscrit. Cette datation vers 1230-1240 est corroborée par le style des initiales filigranées qui correspondent au type de filigranes recensés et datés par P. Stirnemann, vers 1230-1250 (voir Stirnemann, 1990, cat. 25 à 30, ce dernier cat. 30 est un Missel à l’usage des dominicains, datables vers 1233-1243 ; le cat. 25 est une Bible dont les Interprétations des noms hébreux sont datées 1234). 2 - Nombreuses annotations et quelques essais de plume ou inscriptions sur la contregarde supérieure. En particulier relevons l’inscription suivante relatif à l’état sanitaire de Rome et attribué à Pierre Damien, cardinal au XIe siècle : « P. Damyani Cardinali / Roma ferax febrium necis est uberrima frugum / Romane febres sunt iure stabilique fidèles » [Rome fertile en fièvres, abondante en fruits de mort et à qui, par un pacte immuable la fièvre est toujours fidèle] (voir P. Damien, De romani febribus, écrivant au pape Nicolas II). 3 - Une inscription avec une date de « 1454 » (contregarde supérieure) et un début lisible : « Ego Nicolaus…hospitali Romae… ». 4 - France, collection particulière. .../... .../...

12 Enluminures et Manuscrits Texte : Recto de la garde supérieure : liste des livres de la Bible avec le nombre de chapitres de chaque livre. L’Ancien Testament occupe les ff. 1-266. – Le Nouveau Testament occupe les ff. 266-336v– L’Interprétation des noms hébraïques occupe les ff. 337-375. Ancien Testament: ff. 1-3, Saint Jérôme, Epistula 53 ad Paulinum, incipit (Prologie général), Frater Ambrosius mihi tua munuscula perferens detulit… (Stegmüller 284 ; ed. Hilberg, Sancti Eusebii Hieronymi Epistulae, in Corpus Scriptorum Ecclesiasticorum Latinorum CSEL, vol. 54, 1, Vienne, 1910, pp. 442-465. – ff. 3-3v, Préface au Pentateuque, incipit, Desiderii mei desideratas accepi litteras…(Stegmüller 285). – ff. 3v-19v, Genèse. – ff. 19v-31v, Exode. – ff. 31v-39v, Lévitique. – ff. 39v-51, Nombres. – ff. 51-61, Deutéronome. – ff. 61-68, Josué. – ff. 68-68v, Prologue Josué, Tandem finito (Stegmüller 311 : une note dans la marge du fol. 61 indique que le prologue manque au début du livre de Josué et se trouve à la fin « Prologus deficiens habetur in fine Iosue ». – ff. 68v-76, Juges. – ff. 76-77, Ruth. – ff. 77-77v, Prologue I Samuel, Viginti et duas (Stegmüller 323). – ff. 77v-87v, I Rois (I Samuel). – ff. 87v-96, II Rois (II Samuel). –ff. 96-105v, III Rois. – ff. 105v-114v, IV Rois. – f. 114v, Prologue I Chroniques, Si septuaginta (Stegmüller 328). – ff. 114v-122v, I Paralipomena (I Chroniques). – ff. 122v-132v, II Paralipomena (II Chroniques). – f. 132v, Prologue I Esdras, Utrum difficilius (Stegmüller 330). – ff. 132v-135v, I Esdras. – ff. 135v-139v, Néhémie. – ff. 139v-143v, II Esdras. – ff. 143v-144, Prologue Tobie, Chromatio et elyodoro (Stegmüller 332). – ff. 144-146v, Tobie. – f. 146v, Prologue Judith, Apud hebreos (Stegmüller 335). – ff. 146v-150, Judith. – f. 150, Prologue Esther, Librum hester (Stegmüller 341). – ff. 150-153, Esther. – ff. 153-153v, Prologues Job, Cogor per singulos ; Si aut fiscellam (Stegmüller 344 et 357). – ff. 153v-159v, Job. – Absence des Psaumes, ce qui est le cas dans plusieurs Bibles du XIIIe siècle. – f. 159v-160, Prologue Proverbes, Iungat epistola (Stegmüller 457). – ff. 160-165, Proverbes. – f. 165, Prologue Ecclésiaste, Memini me (Stegmüller 462). – ff. 165-167, Ecclésiaste. – ff. 167-168, Cantique des cantiques. – ff. 168-171v, Sagesse [à noter qu’il n’y a pas de prologue]. – f. 171v, Prologue Ecclésiastique (Introduction à Ecclésiastique faisant office de Prologue), Multorum nobis. – ff. 171v-182v, Ecclésiastique. – f. 182v, Prologue Isaïe, Nemo cum prophetas (Stegmüller 482). – ff. 182v-195v, Isaïe. – f. 195v, Prologue Jérémie, Ieremias propheta (Stegmüller 487). – ff. 195v-211, Jérémie. – ff. 211-212, Jérémie Lamentations. – ff. 212-212v, Prologue Baruch, Liber iste (Stegmüller 491). – ff. 212v-214, Baruch. – ff. 214-214v, Prologue Ezechiel, Ezechiel propheta (Stegmüller 492). – ff. 214v-228v, Ézéchiel. – ff. 228v-229, Prologue Daniel, Danielem prophetam (Stegmüller 494). – ff. 229-235, Daniel. – f. 235, Prologue Prophètes mineurs, Non idem ordo est (Stegmüller 500). – ff. 235-235v, Prologue Osée, Temporibus ozie (Stegmüller .../...

507). – ff. 235v-237v, Osée. – f. 237v, Prologues Ioël, Sanctus ioel ; Ioel fatuel filius (Stegmüller 511 et 510). – ff. 237v-238v, Joël. – f. 238v, Prologues Amos, Ozias rex; Amos propheta; Hic amos (Stegmüller 515, 512 et 513). – ff. 238v-240v, Amos. – ff. 240v, Prologue Abdias, Iacob patriarcha (Stegmüller 519). – f. 240v, Abdias. – f. 240v-241, Prologues Jonas, Sanctum ionam ; Ionas columba et dolens (Stegmüller 524 et 521). – ff. 241-241v, Jonas. – f. 241v, Prologue Michée, Temporibus ioathe (Stegmüller 526). – ff. 241v-242v, Michée. – f. 242v, Prologue Nahum, Naum prophetam (Stegmüller 528). – ff. 242v-243, Nahum. – ff. 243-243v, Prologue Habacuc, Quatuor prophete (Stegmüller 531). – ff. 243v-244v, Habacuc. – f. 244v, Prologue Sophonie, Tradunt hebrei (Stegmüller 534). – ff. 244v-245, Sophonie. – f. 245v-245v, Prologue Aggée, Ieremias propheta (Stegmüller 538). – ff. 245v-246, Aggée. – f. 246, Prologue Zacharie, In anno secundo (Stegmüller 539). – ff. 246-248v, Zacharie. – f. 248v, Prologue Malachie, Deus per moysen (Stegmüller 543). – ff. 248v-249v, Malachie. – ff. 249v-250, Prologues Maccabées, Domino excellentisimo ; Reuerentissimo ; Machabeorum librum duo (dont Stegmüller 547, 553, 551). – ff. 250-259, I Maccabées. – ff. 259-266, II Maccabées. Nouveau Testament : f. 266, Prologues Matthieu, Matheus ex iudea ; Matheus cum primo (Stegmüller 590 et 589). – ff. 266-275v, Matthieu. – f. 275v, Prologue Marc, Marchus evangelista (Stegmüller 607). – ff. 275v281, Marc. – ff. 281, Prologues Luc, Quoniam quidem [Luc 1 :1-4 ici faisant office de prologue] ; Lucas syrus natione (Stegmüller 620). – ff. 281-290v, Luc. – ff. 290v-291, Prologue Jean, Hic est Iohannes (Stegmüller 624). – ff. 291-298, Jean. – f. 298, Prologue Romains, Romani sunt in partes ytalie (Stegmüller 677). – ff. 298-301v, Romains. – ff. 301v-302, Prologue I Corinthiens, Chorinthii sunt achaici (Stegmüller 685). – ff. 302-305v, I Corinthiens. – f. 305v, Prologue II Corinthiens, Post actam (Stegmüller 699). – ff. 305v-308, II Corinthiens. – f. 308, Prologue Galates, Galathe sunt greci (Stegmüller 707). – ff. 308-309, Galates. – f. 309, Prologue Ephésiens, Ephesii sunt asyani (Stegmüller 715). – ff. 309-310v, Éphésiens. – f. 310v, Prologue Philippiens, Philippenses sunt macedones (Stegmüller 728). – ff. 310v-311, Philippiens. – ff. 311-311v, Prologue Colossiens, Colosenses et hii (Stegmüller 736). – ff. 311v-312, Colossiens. – f. 312, Prologue I Thessaloniciens, Paulus apostolus…, Thessalonicenses sunt macedones (Stegmüller 747). – ff. 312-313, I Thessaloniciens. – f. 313, Prologue II Thessaloniciens, Ad thessalonicenses (Stegmüller 752). – f. 313, II Thessaloniciens. – f. 313, Prologue I Timothée, Tymotheum instruit (Stegmüller 765 (?)). – ff. 313-314, I Timothée. – f. 314, Prologue II Timothée, Item Tymotheo scribit (Stegmüller 772). – ff. 314314v, II Timothée. – f. 314v, Prologue Tite, Tytum commone facit (Stegmüller 780). – ff. 314-315, Tite. – f. 315, Prologue Philémon, Phylemoni familiares (Stegmüller 783). – f. 315, Philémon. – ff. 315-315v, Prologue Hébreux, Nunc primis dicendum (forme de Stegmüller 793). – ff. 315v-317v, Hébreux. – ff. 317v-318, Prologue Actes des apôtres, Lucas anthiocenses natione syrus (Stegmüller 637). – ff. 318-327, Actes des apôtres. – f. 327, Prologue aux Epîtres catholiques, Non ita est ordo (Stegmüller 809). – ff. 327-328, Jacques. – ff. 328-330, I Pierre et II Pierre. – ff. 330-331, I Jean. – f. 331, II Jean. – f. 331, III Jean. – f. 331-332, Jude. – ff. 331v-332, Prologue Apocalypse, Omnes qui pie (Stegmüller 839). – ff. 332-336, Apocalypse. ff. 337-375, Interprétations des noms hébraïques [Interpretationes hebraicorum nominum], rubrique, Hic incipiunt interpretationes nominum ebraicorum… [attribués à Bède le Vénérable (Pseudo-Etienne Langton), voir Stegmüller, nos. 7708-7709]. - f. 375v, feuillet blanc. Bibliographie : De Hamel, Christopher. The Book. A History of the Bible, London and New York, Phaidon Press, 2001, chapitre 5, « Portable Bibles of the Thirteenth Century ». – Light, Laura. « French Bibles c. 1200-30 : A New Look at the Origin of the Paris Bible » in The Early Medieval Bible : Its Production, Decoration and Use, éd. R. Gameson, Cambridge, 1994, pp. 155-176. – Light, Laura. « Versions et révisions du texte biblique », in Le Moyen Âge et la Bible, éd. Pierre Riché and Guy Lobrichon, Bible de tous les temps 4, Paris, Éditions Beauchesne, 1984, pp. 55-93. – Light, Laura. “The Bible and the Individual : The Thirteenth-Century Paris Bible,” in The Practice of the Bible in the Middle Ages, eds. Susan Boynton and Diane Reilly, New York, Columbia University Press, 2011, pp. 228-246. – Light, Laura. “The Thirteenth-Century Bible : The Paris Bible and Beyond,” The New Cambridge History of the Bible. Volume two, c. 600-1450, eds. Richard Marsden and E. Ann Matter, Cambridge, 2012, pp. 380-391. – Stegmüller, Fridericus. Repertorium biblicum medii aevi, Madrid, Consejo Superior de Investigaciones Cientificas, 1950-61 et Supplement, Madrid, 1976-80. – Stirnemann, Patricia. « Fils de la Vierge. L’initiale à filigranes parisienne : 1140-1314 », in Revue de l’art, 90 (1990), pp. 58-73.

15 Enluminures et Manuscrits 9 Livre d’heures (à l’usage de Cambrai). En latin et en français, manuscrit enluminé sur parchemin. France du Nord, sans doute Valenciennes, vers 1475-1480. Avec 1 grande et 14 petites miniatures par l’atelier de Simon Marmion (1425-1489, actif de 1449-1489 à Amiens, Valenciennes et Tournai). 84 ff., précédés et suivis de 3 feuillets de garde de papier, manuscrit lacunaire, collation impraticable, écriture bâtarde bourguignonne à l’encre brune, texte copié sur 24 lignes par page, réglure à l’encre rouge pâle (justification 105 x 70 mm), rubriques en rouge, certaines capitales rehaussées de jaune, nombreuses initiales à l’or bruni sur fonds rose et bleu avec rehauts blancs (1 à 2 lignes de hauteur), bout-de-ligne aussi à l’or bruni sur fonds rose et bleu rehaussés de blanc, grande initiale peinte en bleu avec rehauts blancs sur fonds rose avec décor de vignes colorées (5 lignes de hauteur), 14 petites miniatures serties de bordures latérales marginales et 1 grande miniature inscrite dans une bordure enluminée, bordures sur fonds réservés délimités par un filet doré, ornées de feuilles d’acanthe de couleur brun-doré et bleu laissant paraitre parfois les racines, de feuillages, de fleurs et d’oiseaux, quelques mots ajoutés à une période postérieure pour pallier les textes incomplets. Reliure du XIXe siècle de maroquin rouge, dos à 4 nerfs cloisonné et fleuronné, plat avec décor doré à la cathédrale, contregardes de papier marbré, roulette dorée sur les contreplats, coupes guillochées, tranches dorées (coins un peu émoussés, mors supérieur un peu fragile, quelques épidermures mais néanmoins bon état général de la reliure). Quelques frottements ou décharges d’encre ; quelques taches éparses au parchemin. Malgré les lacunes, le texte et les enluminures sont en bel état de conservation. Dimensions des feuillets : 158 x 110 mm ; dimensions de la reliure : 164 x 122 mm 30 000 / 35 000 € .../...

16 Enluminures et Manuscrits Provenance : 1- Ce manuscrit est copié pour l’usage liturgique bien précis de Cambrai et il contient des litanies qui font la part belle aux saints honorés très localement dans le diocèse de Cambrai (voir Texte ci-dessous, ff. 76v-79v). Les nombreuses rubriques en français font état de particularismes liés à la langue du Nord de la France et plus particulièrement dans le Hainaut et Cambrésis. Toutefois, il apparait que ce livre d’heures fut peint à Valenciennes : on rappellera que Valenciennes relevait du diocèse de Cambrai. La présence de saint Jean-Baptiste au tout début des litanies, juste après les archanges et anges, avant saints Pierre et Paul, dénote une dévotion particulière à saint Jean-Baptiste, peut-être liée à l’abbaye Saint-Jean-Baptiste de Valenciennes. La litanie dans les présentes heures est particulièrement longue. On trouve dans un manuscrit plus tardif une litanie semblable, également fort longue (voir Heures de Guillaume Braque (vers 1520), réalisé pour un abbé de l'abbaye Saint-Jean-Baptiste de Valenciennes; Londres, Sam Fogg (1998) no. 32: recensé dans G. Clark, Beyond Use, LndnFoggInv04406/11685). Sur des bases stylistiques, les enluminures et décors sont à rattacher à Simon Marmion et son atelier (actif à Valenciennes de c. 1449-1489). On soulignera le style très particulier de bordures sur fonds réservés délimités par un filet doré, ornées de feuilles d’acanthe de couleur brun-doré et bleu laissant paraitre parfois les racines, de feuillages, de fleurs et d’oiseaux. Ce type de bordure caractéristique se retrouve dans d’autres manuscrits liés à Simon Marmion et son atelier, par exemple dans les feuillets provenant des Heures Berlaymont (San Marino, Huntington Library, HM 1173, Valenciennes, datable circa 14701475 ; voir Kren et McKendrick, 2003, cat. 12, pp. 108-110), dans les feuillets des Visions du chevalier Tondal (Los Angeles, Getty Museum, MS 30, Valenciennes et Gand, datable 1475 ; voir Kren et McKendrick, 2003, cat. 14, pp. 112-116), dans la Vision de l’âme de Guy Thurno (Los Angeles, Getty Museum, MS 31, Valenciennes et Gand, datable 1475 ; voir Kren et McKendrick, 2003, cat. 13, pp. 111-112) et dans la Vie de sainte Catherine (traduction de Jean Miélot), manuscrit acquis par la BnF en 2008 (Paris, BnF, NAF 28650, Valenciennes et Gand, datable vers 1475, voir Bousmanne et Delcourt, 2011, cat. 111, pp. 397-398). Il est intéressant de noter que Marmion et son atelier ont adopté ce type de bordure avant de s’aligner sur le modèle des bordures ganto-brugeoises. Sur le type de bordures dans les présentes heures, on consultera Hindman, 1992 et Hindman, 2023. 2- Sam Fogg, Londres (2013) et avant Galerie Les Enluminures, Paris et Chicago, Picturing Piety : The Book of Hours (2008), cat. 13, no. 22). Ce manuscrit est recensé dans la base de données G. Clark, Beyond Use (Sewanee), EnluminuresCat13#22. Ce manuscrit est certes fragmentaire mais il renferme des enluminures d’une grande délicatesse qui sont associées à Simon Marmion et son atelier. Il est réalisé selon la technique très prisée par Simon Marmion de “semi-grisaille.” Apparue au cours du XIVe siècle, la grisaille est une peinture en camaïeu utilisant toutes les tonalités allant du noir au blanc. Elle connait toutefois de nombreuses variantes, dont celle appelé aussi « semi-grisaille » ou « demi-grisaille », où le gris neutre se réchauffe subtilement aux teintes plus chaudes des visages et à différentes nuances présentes dans les fonds ou autres éléments (voir les travaux sur la grisaille d’Elliot Adam (Thèse « De blanc et de noir ». La grisaille dans les arts de la couleur en France à la fin du Moyen Âge (1430-1515)) et Hindman, 2023, p. 227). .../...

17 Enluminures et Manuscrits Surnommé le “prince de l’enluminure” par le poète Jean Molinet dans sa Couronne margaritique (1505), né à Amiens en 1425 (son père Jean Marmion est peintre à Amiens), Simon Marmion s’établit à Valenciennes en 1458 pour se rapprocher des mécènes et commanditaires influents que furent les ducs de Bourgogne. Il a été suggéré que ce manuscrit a pu être peint dans un milieu proche de l'abbaye Saint Jean-Baptiste de Valenciennes. De plus amples recherches sont nécessaires et il contient en tout cas une série de litanies atypiques que l'on trouve dans au moins deux autres manuscrits liés à Valenciennes/Cambrai à savoir : Valenciennes, BM, MS 111 (mais qui est un Collectaire à l'usage bénédictin) et les Heures de Guillaume Braque, anciennement Sam Fogg, 1998, no. 32. L’abbaye Saint-Jean-Baptiste (diocèse de Cambrai) est fondée à Valenciennes en 662 : c’était une abbaye bénédictine située à proximité de l’actuelle place d’Armes. Jusqu’à la fin du XIIe siècle, c’est l’abbaye Saint-Jean-Baptiste qui détient le monopole scolaire à Valenciennes. Elle possède tous les pouvoirs d’ordre spirituel sur les écoliers et sur les clercs résidant à Valenciennes. Elle connut la réforme d’Arrouaise au XIIe siècle et donc l’abbaye abritera des Chanoines réguliers d’Arrrouaise. Nous savons que cette abbaye Saint-JeanBaptiste commissionna des tableaux attribués à Simon Marmion (maintenant disparus, brûlés dans l’incendie qui ravagea l’abbaye en 1520 ; voir M. Hénault, « Les Marmion (Jehan, Simon, Mille et Colinet). Peintres amiénois du XVe siècle », in Revue archéologique, 4e série, t. IX : « Tableaux de l’abbaye de Saint-Jean. - Comme dernier travail exécuté par Simon Marmion à Valenciennes, nous citerons, sans pouvoir du reste en donner les titres, plusieurs tableaux qui ornaient l’abbaye de Saint-Jean. Les historiens contemporains ou quelque peu postérieurs sont unanimes à déclarer que ces peintures étaient « fort exquises » - ce qui tendrait à faire croire que Simon Marmion, habile enlumineur, traita le plus souvent .../...

18 Enluminures et Manuscrits ses sujets de tableaux comme les miniatures, c’est-à-dire sur des toiles de dimensions restreintes. Ces oeuvres d’art remarquables furent détruites lors de l’incendie qui se déclara le 11 juin 1520 » (p. 138)). Sur cette abbaye, on consultera Louis Le Merchier, Abbregé de la naissance et progrez de la maison et Abbaye de S. Jan en Vallencienne, Douai (1635). Ce manuscrit fut réalisé par un artiste qui se situe au-dessus du lot et nous parait proche de Simon Marmion, très certainement membre de son atelier. Il est important de souligner que les bordures sont les mêmes qu’un petit groupe de manuscrits tous attribués à Simon Marmion et datables des années 1470-1475. À propos des Heures Berlaymont qui présentent ces mêmes bordures, citons T. Kren : “The book has a rare style of decorative border that appears only in manuscripts illuminated by Marmion, notably Les Visions du chevalier Tondal (cat. no. 14), La Vision de l’âme de Guy de Thurno (cat. no. 13), L’Histoire de Madame Sainte Katherine (France, private collection) [depuis Paris, BnF, NAF 28650], L’instruction d’un jeune prince (Cambridge, Fitzwilliam Museum)” (Kren et McKendrick, 2003, p. 109). Les figures des miniatures sont étonnamment proches de celles peintes par Marmion et la palette retenue (vert malachite, rose saumoné, bleu profond et brun avec des rehauts dorés) est celle adoptée par Marmion dans les années 1470-1480 : il faut voir dans cet artiste un collaborateur proche du grand peintre de Valenciennes. Dans tous les cas, les présentes heures reflètent bien le travail d’atelier autour de Simon Marmion, à une date (vers 1475) où Marmion réalise au moins trois de ses chef-d’œuvres à savoir les Visions du chevalier Tondal (Los Angeles, Getty Museum, MS 30), la Vision de l’âme de Guy Thurno (Los Angeles, Getty Museum, MS 31) et la Vie de sainte Catherine (traduction de Jean Miélot), manuscrit acquis par la BnF en 2008 (Paris, BnF, NAF 28650). Citons aussi un feuillet provenant d’un livre d’heures et figurant la Vierge à l’Enfant devant un donateur, avec des bordures semblables (Paris, École nationale des Beaux-arts, M. 130 ; voir Avril et Reynaud, 1993, no. 41, p. 89 : “La bordure aux belles acanthes touffues bleu et viel or, entremêlées de fleurs d’un rouge et d’un bleu éteints aux tiges et feuillages dorés, est tout à fait apparentée à celles des Heures de Berlaymont (San Marino, Huntington Library, HM. 1173)…”). Sur l’atelier de Simon Marmion, on consultera les travaux de Marc Gil et son article consacré à un livre d’heures peint au sein de l’atelier (Paris, BnF, NAL 3214 ; Gil, M. « Un livre d’heures inédit de l’atelier de Simon Marmion à Valenciennes », in Revue de l’art (121), 1998, pp. 43-48 ; voir aussi Gil, M. « Picardie-Hainaut : Quelques remarques sur les livres d’heures produits par le Maître de Rambures et Simon Marmion », in Books of Hours Reconsidered ed. S. Hindman and J. H. Marrow, London, 2013, pp. 265-277, avec une liste en appendice : “Livres de devotion pour lesquels Simon Marmion a participé, en partie ou en totalité, à la décoration” – le présent manuscrit est listé p. 276. Texte : ff. 1-3v, Heures de la Vierge, avec sexte, antienne, In prole mater ; capitule, Gaude Maria ; répons, Dignare me (manuscrit lacunaire mais cela correspond à sexte des Heures de la Vierge selon l’usage de Cambrai). ff. 4-24v, Heures abrégées des jours de la semaine, avec pour mardi, Heures de tous les saints (ff. 4-7v), avec rubrique, S’ensieuent les heures de tous les sains lesquelles on doit dire les mardis a matines ; pour mercredi, Heures du Saint-Esprit (ff. 8-11v), avec rubrique, Chy apres s’ensieuent heures du saint esperit lesquelles se dient les merquedis a matines ; pour jeudi, Heures du Saint Sacrement (ff. 11v-15v), avec rubrique, Chi après s’ensievent les heures du sacrament lesquelles se dient les yoedis ; pour vendredi, Messe pour les morts (il manque matines et laudes) (ff. 16-20v) ; pour samedi, Heures de la Vierge (ff. 21-24v), avec rubrique, S’ensieuent les heures de nostre damme pour le sampdy a matines. ff. 25-28v, Heures de la Vierge, fin de laudes, suivi de Prières pour la Paix et tous les saints. ff. 29-32, Messe de la Vierge (manque le début). ff. 32-35, Extraits évangéliques. ff. 35-35v, O intemerata (manque la fin). ff. 36-46v, Office des morts (fragmentaire). On relève toutefois les répons suivants : VII, Si facta mea ; VIII, Memento mei ; IX, Libera me. ff. 47-51, Suffrages aux saints : Marguerite (manque le début), Elisabeth, Apolline, Marie-Madeleine, Barbe, Ursule, Tous les saints et Saint-Esprit. ff. 51v-52, Sept vers de saint Bernard, rubrique, Chy après s’ensieuent les .viii. [sic] vers saint Bernard”. ff. 52-53v, Prière pour des indulgences, Ceste orison qui s’ensieult fu trouvée deriere l’autel saint piere a romme et li pape Jehan de ce nom .xii. donna a tous cheulx et celles qui devotement diront ceste orison qui s’ensieult en quelconques eglise ou chimentiere que ce soit avec ung pater noster et ave maria pour autant d’ans de pardons qu’il y a eult de corps ensepveli en le ditte eglise et chimentiere depuis le premier ensepveli jusques que on dira le ditte orison. ff. 53v-54, Sept paroles du Christ sur la Croix, rubrique, S’ensieuent les .vii. parolles que nostre signeur dist pendant en la croix. ff. 55-55v, Recommandation des âmes (“Prières des commandasses”), rubrique, S’ensieuent les commendes des ames. ff. 55v-84v, Psaumes et prières, suivis des litanies (ff. 76v-79v). Relevons les saints et saintes suivants honorés dans le Cambrésis et Hainault : saint Jean-Baptiste (fol. 76v, le premier saint nommé après les archanges et anges, avant saints Pierre et Paul), Lambert, Vaast (évêque d’Arras et de Cambrai), Géry (Gaugericus, évêque de Cambrai), Aubert (évêque de Cambrai), Vindicien (évêque de Cambrai), Amand, Eloi, Ghislain, Landelin (fondateur des abbayes de Lobbes et de Crespin), Wasnulphe, Acarius, Humbert, Ragenfrède ou Renfroie, abbesse de Denain, Maxellende de Caudry, Gertrude, Aldegonde, Waudru. .../...

19 Enluminures et Manuscrits Illustration : Ce manuscrit contient une (1) grande miniature illustrant les Heures de la Vierge (sexte) f. 1, Adoration des rois mages. Suivent quatorze (14) petites miniatures : f. 4, Tous les saints. f. 8, Pentecôte. f. 11v, Procession pour la Fête-Dieu, en tête de procession, un clerc tonsuré portant un ostensoir (Fête du Saint-Sacrement). f. 21, Annonciation. f. 47, Sainte Elisabeth. f. 47v, Sainte Apolline. f. 48, Marie-Madeleine. f. 48v, Sainte Barbe. f. 49v, Sainte Ursule et les Onze Mille Vierges. f. 50, Tous les saints (Assemblée de saints). f. 50v, Ascension. f. 51v, Saint Bernard et le diable. f. 52v, La Mort (cadavre portant un cercueil et une pelle pour ensevelir). f. 53v, Crucifixion. Bibliographie : Ainsworth, M. W., “New Observations on the Working Technique in Simon Marmion’s Panel Painting”, in Margaret of York, Simon Marmion and the Visions of Tondal, ed. T. Kren (1992), pp. 243-256. – Avril, F. et N. Reynaud, Les manuscrits à peintures en France, 1440-1520, Paris, 1993, “Simon Marmion”, pp. 80-89. – Bousmanne, B. et T. Delcourt (dir.), Miniatures flamandes : 1404-1482, Pari et Bruxelles, 2012. – Clark, G.T. « Toward a history of use : Beyond saints : variant litany readings and the localization of late Medieval manuscript books of hours : the d’Orges Hours », in Books of Hours Reconsidered, ed. S. Hindman and J. H. Marrow, London, 2013, pp. 213-233. – Clark, G.T. “The Hours of Guillaume Rolin (Madrid, BNE, Res. 149) and Simon Marmion : A Reconsideration” in Lumières du Nord : Les manuscrits enluminés français et flamands de la Bibliothèque nationale d’Espagne, edited by Anne-Marie Legaré and Samuel Gras, 189-210. Lille, 2022. – Gil, M. « Un livre d’heures inédit de l’atelier de Simon Marmion à Valenciennes », in Revue de l’art (121), 1998, pp. 43-48. – Gil, M. « Picardie-Hainaut : Quelques remarques sur les livres d’heures produits par le Maître de Rambures et Simon Marmion », in Books of Hours Reconsidered ed. S. Hindman and J. H. Marrow, London, 2013, pp. 265-277. – Hindman, S., D’Ancona, M., Palladino, P. and Saffiotti, M. F. The Robert Lehman Collection, IV Illuminations, New York, 1997, pp. 61-72. – Hindman, S. “Chapter 11. The Case for Simon Marmion – Once Again», in Collectors, Commissioners, Curators. Studies in Medieval Art for Stephen N. Fliegel, ed. Elina Gertsman, 2023, pp. 213-232. – Kren, T., and McKendrick, S. Illuminating the Renaissance : the Triumph of Flemish Manuscript Painting in Europe, Los Angeles, 2003. – Kren, T., and. Wieck, R. S. The Visions of Tondal from the Library of Margaret of York, Malibu, 1990. – Legaré, A.-M. « L’héritage de Simon Marmion en Hainaut (1490-1520) », Valenciennes aux XIVe et XVe siècles. Art et histoire, sous la direction de L. Nys et d’A. Salamagne, Valenciennes, 1996, pp. 201-224.

21 Enluminures et Manuscrits 10 Livre d’heures (usage de Rome). En latin et en français, manuscrit enluminé sur parchemin. France, Lyon, vers 1510. Avec 5 grandes et 5 petites miniatures attribuables au Maître de l’Entrée de François Ier (Entry Master) et son entourage. 214 ff., précédés et suivis de 2 feuillets de garde, deux feuillets lacunaires [collation : i12 ii7 (8-1, manque i), iii- xxiii8 xxiv7 (8-1, manque viii), xxv-xxvi8 xxvii4], écriture bâtarde à l’encre brune, 18 lignes par page, réglure à l’encre rouge pale (justification : 82 x 46 mm), quelques réclames en fin de cahiers, rubriques en bleu et en rouge, certaines capitales rehaussées de jaune, initiales ornées tracées en bleu avec rehauts blancs décorés de fleurs sur des fonds rose et or (3 à 6 lignes de hauteur), initiales peintes à l’or liquide sur fonds bleu ou rose foncé avec un décor floral ou végétal (1 à 2 lignes de hauteur), bout-de-lignes à l’or liquide sur fonds bleu ou rose, bordures enluminées dans les marges extérieures de certains feuillets avec motifs géométriques sur fonds réservés et fonds dorés avec fleurs, fruits, oiseaux et feuilles d’acanthe de couleur bleue, rouge et or, grandes miniatures inscrites dans des encadrements architecturés à colonnade avec putti, une petite miniature inscrite dans un encadrement à colonnes (fol. 185), cinq petites miniatures et cinq grandes miniatures. Reliure du XVIIIe siècle, maroquin rouge à décor doré, dos à 5 nerfs cloisonné et fleuronné (fer figurant une couronne répétée au dos), encadrement de double filets dorés sur les plats avec fleurons aux angles intérieurs, armoiries dorées poussées au centre des plats (Charles de Baschi, marquis d’Aubaïs), gardes de papier décoré (camaïeu d’or sur fond mauve), tranches dorées. Quelques restaurations à la reliure au XIXe siècle (?). – Quelques taches au parchemin, quelques défauts de peintures dans certaines marges, sinon en très bon état de conservation. Dimensions des feuillets : 143 x 84 mm ; dimensions de la reliure : 150 x 97 mm 15 000 / 18 000 € Ce manuscrit offre un bel exemple d’enluminure tournée pour partie vers le XVe siècle avec des compositions classiques et soignées, mais aussi vers une nouvelle esthétique Renaissance avec des encadrements architecturés et des initiales ornées qui annoncent les décors du XVIe siècle.. L’artiste lyonnais, baptisé “Maître de l’Entrée de François Ier”, qui peint les présentes Heures est l’un des deux artistes importants qui domina le marché du manuscrit enluminé à Lyon entre 1500 et 1520.. Il figura un temps dans la prestigieuse collection de Charles de Baschi, marquis d’Aubaïs dont on connait le goût pour les ouvrages historiques et artistiques de provenance méridionale. .../...

Provenance : 1 - Manuscrit copié et enluminé à Lyon par le Maître de l’Entrée de François Ier [Entry Master d’Elisabeth Burin, Manuscript Illumination in Lyon 1473-1530, Turnhout, 2001] ou un artiste de son entourage immédiat. Ce manuscrit renferme un calendrier dit “composite” parisien avec peu de saints honorés localement ou associés à une région donnée. Les Heures de la Vierge et l’Office des morts sont à l’usage “universel” de Rome. C’est donc sur des bases stylistiques que ce manuscrit peut être rattaché à la région lyonnaise ou fut-il peint à Lyon pour un commanditaire du sud de la France. 2 - Charles Baschi (1686-1777), marquis d’Aubaïs et baron du Cayla, reliure à ses armes (D’argent à une fasce de sable) et ex-libris armorié contrecollé sur le contreplat supérieur (Écartelé : au 1, d’or à six fleurs-de-lis d’azur, 3, 2 et 1, au 2, d’or à un ours de sable, armé et lampassé de gueules, ayant un baudrier du même, auquel pend une épée d’argent, au 3, parti : de gueules plain et un écusson d’argent au chef de sable posé en abisme, et fascé d’or et de gueules, au 4, d’azur, à deux jumelles d’or, acc. de six besants d’argent 3 et 3, sur le tout d’argent, à une fasce de sable ; voir OHR, pl. 452.2 [Olivier, E., Hermal, G., and de Roton, R. Manuel de l’amateur de reliures armoriées françaises]). Important bibliophile, Charles de Baschi fut historien et collectionneur, de souche huguenote mais le premier catholique de sa lignée. Il rassembla une importante collection d’imprimés mais aussi de manuscrits et s’est fourni chez plusieurs libraires lyonnais. Il composa lui-même de nombreux travaux, plusieurs restés sous forme manuscrite, d’autre publiés comme ses Pièces fugitives pour server à l’histoire de France (Paris, 1759). Charles de Baschi fut un membre de plusieurs académies dont celle de Nîmes et Marseille. Voir H. Omont, «La bibliothèque du marquis d’Aubais », Bibliothèque de l’école des chartes, vol. 76,‎ 1915, pp. 471-472. Après 1777, la fille de Charles de Baschi vendit une grande partie de la bibliothèque de son père à des érudits (voir Notice des principaux livres faisant partie de la bibliothèque de feu M. le marquis d’Aubais, dont la vente se fera mercredi 18 juin 1777, en sa maison, rue du Jardinet, Paris, Saugrain le jeune, 1777. Avant sa disparition, la bibliothèque du château d’Aubais était ouverte aux savants et Charles de Baschi a entretenu des liens amicaux avec Léon Ménard, l’érudit nîmois, avec lequel il collabora pour la rédaction des Pièces fugitives pour servir à l’histoire de France (1759). Voir Soubeiran de Pierres, Un grand lettré languedocien du XVIIIe siècle. Charles de Baschi, marquis d’Aubais et son château, Montpellier (1937). 3 - Inscriptions en fin de manuscrit, écriture cursive de grand module : “Diva Ioanna regina Sicilia” et “Divi heroes francis liliis cruceque illustris icedunt ingiter parantes ad superos iter”. Ces inscriptions renvoient à des bustes détruits de René d’Anjou et Jeanne de Laval son épouse à Tarascon avec la deuxième inscription au-dessus de la niche qui conservait les bustes dans la seconde cour du château de Tarascon. Voir Aubin-Louis Millin, Voyage dans les départements du midi de la France, vol. 3 (1808), p. 442. Texte : ff. 1-12v, Calendrier, en français, encres rouge, bleue et brune (calendrier composite de Paris, avec Octave de saint Jean au 3 janvier, pour usage en dehors de Paris (voir E. Drigsdhal, The Composite Paris Calendar). ff. 13-17v, Péricopes évangéliques, avec le premier feuillet lacunaire avec le début de l’Extrait évangélique selon saint Jean. ff. 18-21v, Obsecro te, forme masculine. ff. 21v-25v, O intemerata. ff. 25v-27, Prière “Saluto te beatissima virgo maria…”. ff. 27-37v, Passion selon saint Jean, suivi d’une prière “Deus qui manus tuas et pedes tuos...”. ff. 37v-41, Prière dédié au Christ : “Conditor celi et terre…”. ff. 41-43, Stabat mater, suivi de la prière “Interveniat pro nobis…”. f. 43v, feuillet blanc. ff. 44-99v, Heures de la Vierge, à l’usage de Rome, suivi de prières mariales. ff. 100-107, Hymne marial, “Salve sancta parens…”, suivi de la prière “Concede nos famulos tuos…”, un extrait du Livre de la Sagesse, Lectio libri sapientiae, “Ab initio et ante secula…”, un extrait de l’Évangile selon saint Luc, “In illo tempore…”, suivi de prières mariales. f. 107v, feuillet blanc. ff. 108-111, Heures de la Croix. f. 111v, feuillet blanc. ff. 112-115, Heures du Saint-Esprit. f. 115v, feuillet blanc. ff. 116-136, Psaumes de la pénitence et litanies. f. 136v, feuillet blanc. ff. 137-179v, Office des morts, à l’usage de Rome. ff. 180-181v, Prière, “O bone ihesu, o dulcissime ihesu…”. .../...

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